19ĂšmesiĂšcle, PoĂšmes, Victor Hugo. Un groupe tout Ă  l’heure Ă©tait lĂ  sur la grĂšve, Regardant quelque chose Ă  terre : " Un chien qui crĂšve ! ". M’ont criĂ© des enfants ; voilĂ  tout ce que c’est ! Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait. L’ocĂ©an lui jetait l’écume de ses lames. " VoilĂ  trois jours qu’il ï»żNe dites pas mourir ; dites naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l’homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ; Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ; Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme Ɠil. On vit, usant ses jours Ă  se remplir d’orgueil ; On marche, on court, on rĂȘve, on souffre, on penche, on tombe, On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe. OĂč suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu, Impur, hideux, nouĂ© des mille nƓuds funĂšbres De ses torts, de ses maux honteux, de ses tĂ©nĂšbres ; Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est bĂ©ni, Sans voir la main d’oĂč tombe Ă  notre Ăąme mĂ©chante L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant, Tout notre ĂȘtre frĂ©mit de la dĂ©faite Ă©trange Du monstre qui devient dans la lumiĂšre un ange. Au dolmen de la tour Blanche, jour des Morts, novembre 1854.
Quec'est la seule joie ici-bas qui persiste De tout ce qu'on rĂȘva, ConsidĂ©rez que c'est une chose bien triste De le voir qui s'en va ! — Victor Hugo, Les contemplations. Du mĂȘme auteur. Les PoĂšmes de Victor Hugo de A Ă  Z. Lettrines photographiĂ©es sur des ailes de papillons par Kjell Sandved. À Alexandre D. À Alphonse Rabbe; À AndrĂ© ChĂ©nier; À Aug. V. À Canaris; À
Nombre de vues 463 Ce que c’est que la mort Ne dites pas mourir ; dites naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l’homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ; Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ; Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme oeil. On vit, usant ses jours Ă  se remplir d’orgueil ; On marche, on court, on rĂȘve, on souffre, on penche, on tombe, On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe. OĂč suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu, Impur, hideux, nouĂ© des mille noeuds funĂšbres De ses torts, de ses maux honteux, de ses tĂ©nĂšbres ; Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est bĂ©ni, Sans voir la main d’oĂč tombe Ă  notre Ăąme mĂ©chante L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant, Tout notre ĂȘtre frĂ©mit de la dĂ©faite Ă©trange Du monstre qui devient dans la lumiĂšre un ange. Victor HUGO 1802-1885
\n\n\n ce que c est que la mort victor hugo
1843est une année noire pour Victor Hugo. Le naufrage de "Les Burgraves" et la mort de sa fille entraßneront Victor Hugo dans l'incuriosité et le désamour pour la littérature et la création. C'est à partir de cette date que Victor ne créera plus rien jusqu'à son exil en 1851 : aucun poÚme, aucune piÚce de théùtre, aucun roman.
L’Ɠuvre fleuve de Victor Hugo met le gĂ©nie littĂ©raire au service de la dĂ©fense d’une humanitĂ© broyĂ©e par l’injustice. Elle donne une postĂ©ritĂ© aux damnĂ©s de la terre et de la mer. Leurs cris n’ont pas fini de rĂ©sonner. Victor Hugo. - Janvier 2016. Un camp de roms sous la passerelle du boulevard Ney, Ă  Paris. 400 personnes vivent alors le long de cette ancienne voie de chemin de fer, oĂč le souvenir napolĂ©onien tutoie une misĂšre bien actuelle. - RĂ©cit - Journaliste au service Forum PubliĂ© le 14/10/2021 Ă  1903 Temps de lecture 10 min En 1848, Victor Hugo monte Ă  la tribune de l’AssemblĂ©e nationale constituante. Il lance aux parlementaires de la toute neuve DeuxiĂšme RĂ©publique française Le XVIIIe siĂšcle a aboli la torture, le XIXe siĂšcle abolira sans doute la peine de mort ». Chez Victor Hugo, Robert Badinter aime retrouver l’étincelle du combat qu’il a emportĂ© il y a tout juste quarante ans, alors que la peine de mort trouvait encore un large appui dans l’opinion publique française. Le 9 octobre 1981, le Journal officiel publiait la loi qui abolissait la peine capitale. L’avocat Badinter devenu Garde des Sceaux venait de gagner sa plus belle plaidoirie, une victoire emblĂ©matique de l’ùre Mitterrand. Lors de rĂ©centes commĂ©morations organisĂ©es au PanthĂ©on, Emmanuel Macron s’est engagĂ© Ă  relancer le combat pour l’abolition universelle », au plan mondial donc, avec une rencontre au plus haut niveau », dĂ©but 2022. Ce n’est bien sĂ»r pas Victor Hugo qui a inventĂ© » l’abolition de la peine de mort. Il est question de tordre le cou Ă  l’application la plus extrĂȘme de la loi du Talion depuis le milieu du XVIIIe siĂšcle, moment oĂč le juriste Cesare Beccaria Bonesana mit en doute l’efficacitĂ© de l’exĂ©cution capitale dans Des DĂ©lits et des Peines. Il me paraĂźt absurde que les lois, qui sont l’expression de la volontĂ© publique, qui dĂ©testent et punissent l’homicide, en commettent un elles-mĂȘmes, et que pour Ă©loigner les citoyens de l’assassinat, elles ordonnent un assassinat public », Ă©crit ce Milanais qui prĂ©fĂšre l’esclavage perpĂ©tuel Ă  la mort. L’idĂ©e fait son bonhomme de chemin dans diffĂ©rents cĂ©nacles. En 1768, le grand-duchĂ© de Toscane abolit la peine capitale. Le royaume de Tahiti en fera de mĂȘme en 1824. Le signe spĂ©cial et Ă©ternel de la barbarie » Mais la France du docteur Guillotin, elle, n’est pas prĂšs de ranger la veuve » au musĂ©e. Le 15 septembre 1848, lorsque Victor Hugo prononce son discours abolitionniste devant la Constituante, la peine capitale va de dĂ©bats en dĂ©boires. Le moment est nĂ©anmoins important, car il s’agit de donner Ă  la trĂšs brĂšve DeuxiĂšme RĂ©publique sa Constitution Qu’est-ce que la peine de mort ?, lance Ă  ses pairs l’écrivain devenu parlementaire. La peine de mort est le signe spĂ©cial et Ă©ternel de la barbarie. Partout oĂč la peine de mort est prodiguĂ©e, la barbarie domine ; partout oĂč la peine de mort est rare, la civilisation rĂšgne. Ce sont lĂ  des faits incontestables. » Hugo reproche Ă  ses opposants de vouloir continuer Ă  exĂ©cuter les criminels de droit commun. Je vote l’abolition pure, simple et dĂ©finitive de la peine de mort », conclut-il. Cet engagement n’a rien de neuf pour l’écrivain français. En 1829, Victor Hugo Ă©crit Le Dernier Jour d’un condamnĂ© qu’il renonce d’abord Ă  signer. En un long monologue intĂ©rieur, le meurtrier qui attend le bourreau livre ses souvenirs, ses angoisses, ses regrets, ses souffrances, son rejet au ban de l’humanitĂ©. C’est en traversant peu auparavant la place de l’HĂŽtel-de-Ville, Ă  Paris, oĂč le bourreau graissait la guillotine en prĂ©vision d’une exĂ©cution, que l’auteur a conçu ce roman Ă  thĂšse, descendu par une partie de la critique, saluĂ© en revanche par Sainte-Beuve et Alfred De Vigny. La force de son plaidoyer rĂ©side dans le choix d’avoir anonymisĂ© le personnage du condamnĂ©, un homme comme les autres livrĂ© Ă  la mort pour un crime quelconque, ce parti pris renvoyant le lecteur aux grands principes plutĂŽt qu’au simple rĂ©cit. Hugo veut servir l’universel. Victor mĂȘme pas mort Victor Hugo est nĂ© le 26 fĂ©vrier 1802 Ă  Besançon et mort le 22 mai 1885 Ă  Paris. PoĂšte, dramaturge, Ă©crivain, romancier et dessinateur romantique français, il reste dans nos souvenirs comme ce grand-pĂšre immortalisĂ© par Nadar, lourd d’une vie de convictions et de travail. Et pourtant, Victor n’est pas mort. Ses craintes et ses combats assurent le relais posthume. En tĂ©moigne ce sondage Ipsos/Le Monde qui, en 2020, donnait 55 % de Français favorables au rĂ©tablissement de la peine capitale. Depuis, Eric Zemmour leur a donnĂ© raison, mĂȘme s’il estime qu’il y a tout de mĂȘme d’autres prioritĂ©s. Je ne pense pas qu’on ait bien fait d’abolir la peine de mort. Philosophiquement, j’y suis favorable », tranche le polĂ©miste. Aujourd’hui, Le Dernier Jour d’un condamnĂ© est toujours Ă©tudiĂ© dans les lycĂ©es français. L’Ɠuvre prĂ©sente l’avantage d’ĂȘtre accessible par sa concision, lĂ  oĂč Les MisĂ©rables pĂšsent leurs 365 chapitres, un par jour. Les deux rĂ©cits poursuivent cependant un objectif commun. Dans ses romans, explique Jean-Marc Hovasse qui a consacrĂ© une ample biographie Ă  l’écrivain français, l’ambition est de s’adresser Ă  tout le monde, aux Ă©rudits comme Ă  ceux qui ont un accĂšs plus limitĂ© Ă  la culture. Le but de Victor Hugo a toujours Ă©tĂ© d’élever le niveau de ses lecteurs. EnormĂ©ment d’ambition est venue de son humanisme. Il Ă©tait contre la littĂ©rature de pur divertissement, mĂȘme s’il en connaissait les ficelles ». Ses livres se sont Ă©normĂ©ment vendus de son vivant et par la suite, avant que le cinĂ©ma ne prenne le relais. En 1956, le rĂ©alisateur Jean Delannoy donne une nouvelle jeunesse Ă  Notre-Dame de Paris, avec pour acteurs principaux Gina Lollobrigida et Anthony Quinn. La musique, la comĂ©die musicale, le théùtre, des jeux vidĂ©os tous rĂ©citent aujourd’hui du Victor Hugo, adaptant et rĂ©adaptant au fil des annĂ©es cette Ɠuvre aux airs de conte dĂ©fait, mĂȘlant critique sociale et heroĂŻc fantasy dans l’ostentation d’un amour difforme. En 2019, l’incendie de Notre-Dame a remis le roman de Victor Hugo Ă  l’honneur. euros ont Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©s grĂące Ă  la vente de l’édition Gallimard du classique hugolien et donnĂ©s Ă  la reconstruction de la cathĂ©drale gothique. L’histoire renvoie ainsi ses balles. En 1831, alors que paraissait Notre-Dame de Paris, Hugo critiquait le sort rĂ©servĂ© au monument parisien. C’est ainsi qu’on agit depuis tantĂŽt 200 ans avec les merveilleuses Ă©glises du moyen Ăąge, Ă©crivait-il. Les mutilations leur viennent de toutes parts, du dedans comme du dehors. Le prĂȘtre les badigeonne, l’architecte les gratte, puis le peuple survient, qui les dĂ©molit
 ». Hugo dĂ©fenseur du patrimoine, dĂ©fenseur des petits et des opprimĂ©s, dĂ©fenseur de l’ñme humaine. Hugo le rĂ©aliste-idĂ©aliste, le romantique, le croyant. Hugo l’auteur pulsionnel d’une Ɠuvre romanesque ambitieuse, d’une poĂ©sie lyrique, de romans Ă  thĂšse, de piĂšces de théùtre Cromwell, Hernani ou encore Ruy Blas, de mĂ©moires et de carnets de voyage. Hugo raconte, digresse, s’emporte. Hugo est une bĂȘte de travail littĂ©raire. De l’écriture Ă  la politique En 1848 toutefois, il passe de l’écriture Ă  la politique. Elu parlementaire, il appuie la candidature de Louis-NapolĂ©on Bonaparte Ă  la prĂ©sidence de la DeuxiĂšme RĂ©publique. L’homme qui se revendique de la descendance de NapolĂ©on Ier lui paraĂźt alors distinguĂ© et intelligent ». Ce sont les premiĂšres Ă©lections depuis 1792 Ă  se dĂ©rouler au suffrage universel masculin. Et comme Victor Hugo tient le vainqueur d’Austerlitz pour un hĂ©ros et un gĂ©nie – son pĂšre Joseph LĂ©opold Sigisbert Hugo a Ă©tĂ© marĂ©chal de camp sous le Premier Empire –, il soutient logiquement le dernier prince impĂ©rial Louis-NapolĂ©on Bonaparte Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Pari gagnĂ©. Mais rapidement la brouille s’installe entre le parlementaire et le nouveau chef de l’Etat, peut-ĂȘtre en raison de dissensions sur l’enseignement. Contre l’Eglise et ses soutiens, Hugo dĂ©fend l’école laĂŻque. Hugo le conservateur se fait de plus en plus progressiste. AprĂšs le coup d’Etat du 2 dĂ©cembre 1851 qui fait de Louis-NapolĂ©on Bonaparte le nouveau NapolĂ©on III et marque l’avĂšnement du Second Empire, Victor Hugo devient l’un de ses plus farouches opposants. Il doit se cacher et quitte la France pour la Belgique. Il est proscrit. On connaĂźt la suite. Hugo s’installe Ă  la Grand-Place de Bruxelles durant huit mois. Son premier pamphlet contre le nouvel empereur – NapolĂ©on Le Petit – incite les autoritĂ©s belges Ă  lui demander de quitter le territoire durant l’étĂ© 1852. C’est le dĂ©but de l’exil pour Jersey et Guernesey. Hugo ne rentrera en France qu’aprĂšs la bataille de Sedan 1870 qui marque la dĂ©faite de la France face Ă  la Prusse. C’est la fin du Second Empire et le dĂ©but de la IIIe RĂ©publique. A plusieurs reprises, l’écrivain a parcouru la Belgique en tous sens, ponctuant ses visites de comptes rendus au style trĂšs hugolien. Mais c’est Ă  Jersey, en 1852, qu’il Ă©crit son cĂ©lĂšbre poĂšme L’expiation. Waterloo et sa morne plaine » tiennent la vedette dans ces vers passionnĂ©s, bien qu’à cette Ă©poque l’auteur n’ait toujours pas mis les pieds sur le champ de bataille. Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pĂąle mort mĂȘlait les sombres bataillons. D’un cĂŽtĂ© c’est l’Europe et de l’autre la France. » Ouvrez-moi, je viens pour vous » Waterloo est aussi l’endroit oĂč, en 1861, Victor Hugo termine les MisĂ©rables, son roman le plus fort, le plus emblĂ©matique, le plus universel. Dans la prĂ©face, il plante un dĂ©cor qui n’a pas vieilli Tant que les trois problĂšmes du siĂšcle, la dĂ©gradation de l’homme par le prolĂ©tariat, la dĂ©chĂ©ance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas rĂ©solus 
 tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misĂšre, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas ĂȘtre inutiles. » A son Ă©diteur italien Daelli, Hugo Ă©crit que Partout oĂč l’homme ignore et dĂ©sespĂšre, partout oĂč la femme se vend pour du pain, partout oĂč l’enfant souffre faute d’un livre qui l’enseigne et d’un foyer qui le rĂ©chauffe, le livre Les MisĂ©rables frappe Ă  la porte et dit Ouvrez-moi, je viens pour vous ». Pour Victor Hugo, la misĂšre est le vĂȘtement du genre humain ». En 1871, le dĂ©clenchement de la Commune de Paris prĂȘte une scĂšne aussi spectaculaire que rĂ©elle Ă  l’histoire romancĂ©e de Jean Valjean, de Cosette et de Javert. L’auteur prend fait et cause pour les Communards qu’il propose d’accueillir Ă  Bruxelles oĂč il est venu rĂ©gler la succession de son fils Charles. Les autoritĂ©s belges sont furibardes, l’affaire tourne Ă  la polĂ©mique, fait des vagues dans la presse et au parlement. Hugo est priĂ© de quitter le pays. Le 1er juin 1871, il prend le train et se rĂ©fugie Ă  Vianden au Luxembourg oĂč il Ă©crit L’AnnĂ©e terrible, qui contient ses poĂšmes dĂ©diĂ©s aux insurgĂ©s Les FusillĂ©s et À ceux qu’on foule aux pieds. L’Ɠuvre de Hugo est immense. Par la production, par le talent, par l’extraordinaire empathie dont l’auteur fait preuve pour les damnĂ©s de son Ă©poque et pour sa capacitĂ© visionnaire. Plus d’un siĂšcle et demi aprĂšs la sortie des MisĂ©rables, un ĂȘtre humain sur six reste confrontĂ© Ă  la faim, les violences faites aux femmes sont dĂ©noncĂ©es chaque jour, la moitiĂ© des pauvres de la planĂšte sont des enfants. DamnĂ©s de la mer DamnĂ©s de la terre, mais aussi damnĂ©s de l’ocĂ©an comme dans Les Travailleurs de la mer, ce roman inspirĂ© par le nouvel univers de celui qui durant ses dix-neuf annĂ©es d’exil va regarder la France depuis les Ăźles Anglo-Normandes. La mer devient, Ă©crit l’essayiste Simon Leys, une compagne, une inspiratrice, un objet de contemplation quotidienne, attentive et passionnĂ©e ». Elle est ce théùtre homĂ©rien oĂč bouillonnent des Ă©lĂ©ments tout au service de dieu, obstinĂ©s dans leur volontĂ© de ramener l’homme Ă  sa piĂštre condition de mortel. Une brindille insignifiante dans le maelström du monde. La peine, la misĂšre, l’injustice
 Et pourtant, Hugo est un indĂ©crottable optimiste. Ses critiques les plus acerbes lui reprochaient de ne pas penser, tant il croyait dans le progrĂšs et la capacitĂ© de l’homme Ă  Ă©voluer vers un meilleur. Le poĂšte Leconte de Lisle le qualifiera de bĂȘte comme l’Himalaya ». Le temps a dĂ©montrĂ© que Victor Hugo avait raison sur bien des choses. Beaucoup de ses dĂ©tracteurs sont tombĂ©s dans l’oubli. Cette luciditĂ©, cette prĂ©monition, cette inclination Ă  saisir l’homme dans son universalitĂ©, accompagnent le lecteur tout au long de l’Ɠuvre hugolienne. On ne choisit ni son origine, ni sa couleur de peau Comme on rĂȘve d’une vie de chĂąteau quand on vit le ghetto NaĂźtre l’étau autour du cou comme Cosette pour Hugo 
 Sortir d’en bas, rĂȘver de dĂ©chirer ce tableau », chante Calogero et Passi dans Face Ă  la mer. Victor Hugo n’a pas fini d’inspirer. Erik Orsenna Hugo, c’est un grand frĂšre qui vous prend par la main» Pour Erik Orsenna, Victor Hugo est un trĂ©sor un brin intimidant, mais dont il faut oser forcer la porte. Entretien - Chef du service Forum Par William Bourton PubliĂ© le 14/10/2021 Ă  1636 Temps de lecture 3 min L’acadĂ©micien français Erik Orsenna a acceptĂ© de parrainer la collection des Ɠuvres de Victor Hugo. Il nous explique pourquoi. Pourquoi nous engagez-vous Ă  relire Hugo ? Parce que nous avons un trĂ©sor, et ce trĂ©sor, c’est Hugo. Mais on a un rapport paresseux avec ce trĂ©sor. On sait qu’il est lĂ  mais on se dit qu’on n’a pas besoin d’aller y voir. Et puis, quand on vous dit de le lire, par une sorte d’esprit de contradiction, vous dites non » – et quand on vous le dit Ă  l’école, c’est encore pire
 Il faut forcer la porte du trĂ©sor. Moi, je vis avec Hugo comme je vis avec La Fontaine je n’arrĂȘte pas de les lire. Hugo, c’est une planĂšte, et la planĂšte Hugo s’appelle l’humanitĂ© ». C’est tous les ĂȘtres humains et au fond, tous les ĂȘtres vivants en mĂȘme temps. Donc allez-y, essayez ! Mais essayez hors des sentiers battus ; parce que c’est un univers complet. Explorons les trĂ©sors qui nous sont offerts... En quoi Hugo est-il un trĂ©sor » ? Hugo, c’est le » trĂ©sor dans tous les domaines. Sa poĂ©sie n’est pas connue, hormis deux, trois choses sur La lĂ©gende des siĂšcles. Mais si vous la lisez, vous allez ĂȘtre bouleversĂ©s parce que c’est Ă  la fois un gĂ©ant et un frĂšre. C’est ça qui est formidable avec les plus grands Ă©crivains, les plus grands artistes ils sont Ă©videmment totalement inatteignables par leur taille et en mĂȘme temps, ils nous parlent du plus profond d’eux-mĂȘmes. Hugo, c’est un grand frĂšre qui vous prend par la main. Pourquoi refuser cette main qu’il nous tend ? Mais Hugo, c’est aussi un Ɠil, qui nous force Ă  regarder ce qui l’embĂȘte. Ainsi, ses textes politiques sont exceptionnels. Notamment ce texte dans lequel il parle du sac du Palais d’étĂ© de PĂ©kin Lettre au capitaine Butler, 1861. Cet Ă©difice Ă©tait une sorte de dialogue exceptionnel du XVIIIe siĂšcle entre ce qu’il y avait de meilleur dans l’art chinois et de meilleur dans l’art europĂ©en, via les JĂ©suites. Et en 1860, les armĂ©es franco-britanniques ont dĂ©vastĂ© ce palais, ce trĂ©sor absolu, comme si on avait massacrĂ© Versailles – et Versailles n’est que français. Et Hugo a fait un texte incroyable, qui est encore lu et appris, souvent par cƓur, par les petits Ă©lĂšves chinois
 Il est partout, cet homme-lĂ . Il est avec Les travailleurs de la mer, il est avec Les MisĂ©rables
 C’est l’ouvrage que vous conseilleriez pour commencer Ă  celui qui n’aurait jamais lu Hugo ? Pourquoi pas ? Moi, j’adore L’homme qui rit. Mais ça peut ĂȘtre aussi Notre-Dame de Paris. Vous pouvez commencer n’importe oĂč. Vous plongez et vous vous dites Oh, je ne savais pas qu’il avait Ă©crit ça, je ne savais pas qu’il me parlait ». Ainsi, quand sa fille meurt, il est bouleversant, ce gĂ©ant
 Ce gĂ©ant est bouleversant dans toutes les dimensions de notre humanitĂ© c’est ça le rĂ©sumĂ© de l’affaire. C’est comme Shakespeare, c’est comme CervantĂšs, c’est comme Diderot tous ces gens qui sont des univers, qui sont des trĂ©sors et qui sont des compagnons qui nous aident Ă  vivre, qui nous aident Ă  comprendre, qui nous aident Ă  ĂȘtre plus grands et plus divers que nous. On parle de la biodiversitĂ©, mais la biodiversitĂ© il faut la mettre dans notre vie nous-mĂȘmes. On ne peut pas lutter contre ce dĂ©sastre qui est l’effondrement de la biodiversitĂ© et ne pas en soi-mĂȘme ĂȘtre bio-divers ». C’est ça qui me frappe le plus cette contradiction entre le gĂ©ant et le grand frĂšre. Hugo est fraternel. Il a la passion de la fraternitĂ©. Il n’y a pas besoin de Dieu pour ces gens-lĂ , l’humanitĂ© suffit. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Sur le mĂȘme sujet Retrouvez grĂące au Soir, l’Ɠuvre immortelle et engagĂ©e d’un monument de la littĂ©rature. Aussi en Livres Lola Lafon rĂ©habilite Anne Frank Quand tu Ă©couteras cette chanson » est un dialogue entre deux Ă©crivaines, mĂȘme si l’une d’elles est morte en 1945. Lisez le premier chapitre. Par Pierre Maury RentrĂ©e littĂ©raire 490 fois le plaisir de plonger dans l’ailleurs Par Jean-Claude Vantroyen Critique Sepetys, PirzĂąd, Millet
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VICTORHUGO : RUY BLAS : ACTE V SCENE 4 (DENOUEMENT) (COMMENTAIRE COMPOSE) " Ruy Blas " clĂŽt la carriĂšre du grand Hugo en tant que dramaturge. Ce drame romantique Ă©crit en vers (alexandrins), et composĂ© en 1838, dĂ©montre tout l'art du poĂšte. Notre scĂšne de dĂ©nouement prĂ©sente une double particularitĂ©, le hĂ©ros va jusqu'au suicide Les Contemplations 1856Sortie 1856 France. PoĂ©sielivre de Victor HugoRĂ©sumĂ© Qu'est-ce que Les Contemplations? " C'est l'existence humaine sortant de l'Ă©nigme du berceau et aboutissant Ă  l'Ă©nigme du cercueil; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derriĂšre lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le dĂ©sespoir, et qui s'arrĂȘte Ă©perdu au bord de l'infini " PrĂ©face. Le recueil des Contemplations rassemble des textes Ă©crits par Hugo sur plus de vingt ans, et classĂ©s selon une chronologie fictive. De la cĂ©lĂšbre RĂ©ponse Ă  un acte d'accusation, oĂč le poĂšte pose en rĂ©volutionnaire de la langue, Ă  Ce que dit la bouche d'ombre, inspirĂ© de l'expĂ©rience du spiritisme, en passant par les poĂšmes sur la mort de LĂ©opoldine, ce sont les mĂ©moires d'une Ăąme qui se dessinent en creux. Parues en 1856 entre Les ChĂątiments et La LĂ©gende des siĂšcles, Les Contemplations marquent le sommet de l'Ɠuvre poĂ©tique de Victor prĂ©sent dans - Les meilleurs recueils de poĂ©sie pour ceux qui n'aiment pas la poĂ©sie- Les meilleurs recueils de poĂ©sie- Les meilleurs classiques de la littĂ©rature française- Les meilleurs livres français- Les livres Ă  emporter dans les forĂȘts de SibĂ©rie- Les livres les plus apprĂ©ciĂ©s Ă  l'Ă©cole- Les meilleurs livres du XIX° siĂšcle- Les livres qu'on commence mais qu'on ne finit La LĂ©gende des siĂšcles 1883Sortie 1859 France. PoĂ©sielivre de Victor HugoRĂ©sumĂ© CaĂŻn, Ă©chevelĂ©, livide, fuyant JĂ©hovah implacable ; les maĂźtres de l'Olympe se riant du troupeau des mortels ; le formidable combat des Titans et l'ignoble renoncement des lĂąches ; Vulcain, Mars, VĂ©nus ; Agni, VĂąyou, Indra, rivalisant d'impuissance ; le riche paysan et le pauvre marin ; la marĂątre ; l'assassin ; l'enfant au front pur comme le saint prophĂšte... Tous aiment, prient, tuent, pleurent, narguent, besognent, craignent... La voilĂ  la triste et fabuleuse histoire des hommes Quelle misĂšre ! Quelle splendeur ! Prodigieux rĂ©cits oĂč le pur cĂŽtoie toujours l'abject, l'honneur, le dĂ©shonneur, la lumiĂšre, les tĂ©nĂšbres. Du fond de l'Ă©ternitĂ© Ă  l'aube des siĂšcles naissants, le poĂšte voit, se dresse et raconte. Alors, humbles autant qu'Ă©clairĂ©s, sur le seuil d'un nouveau millĂ©naire, Ă©coutons la lĂ©gende. Car de notre incertaine destinĂ©e, la seule vĂ©ritĂ© est le nĂ©ant qui nous guette..Aussi prĂ©sent dans - Les meilleurs recueils de Les Travailleurs de la mer 1866Sortie 1866 France. Romanlivre de Victor HugoRĂ©sumĂ© Pour pouvoir reconstruire un nouveau bateau Ă  vapeur aprĂšs le naufrage de La Durande, il faudrait sauver la prĂ©cieuse machine du navire dont le constructeur est mort. Donc qu'un homme seul, matelot mais aussi forgeron, ait l'audace de se risquer plusieurs jours jusqu'aux rochers Douvres oĂč repose l'Ă©pave – et d'affronter la mer. L'homme qui accepterait ce pĂ©ril seraitplus qu'un hĂ©ros. Je l'Ă©pouserais», dit alors DĂ©ruchette, la niĂšce de l'armateur. Et parce qu'il s'est Ă©pris de la jeune fille, Gilliatt va tenter l'entreprise. Mais suffit-il d'une idylle pour construire un roman d'amour ? Celui-ci en tout cas ne saurait bien finir, car le cƓur humain, dit Hugo, est une fatalitĂ© intĂ©rieure». Les Travailleurs de la mer, dont l'action se dĂ©roule dans l'archipel de la Manche, est d'ailleurs aussi bien un roman d'aventures, Ă  l'Ă©poque de la machine et de la rĂ©volution industrielle, que la fable Ă©pique d'un homme seul face aux Ă©lĂ©ments. Et bien avant de le faire paraĂźtre en 1866, Hugo n'avait pas sans raison choisi de l'intituler L' LucrĂšce Borgia 1833Sortie 1833 France. Théùtrelivre de Victor HugoRĂ©sumĂ© Eh bien! veux-tu que je prenne le voile? Veux-tu que je m'enferme dans un cloĂźtre, dis? Voyons, si l'on te disait Cette malheureuse femme s'est fait raser la tĂȘte, elle couche dans la cendre, elle creuse sa fosse de ses mains, elle prie Dieu nuit et jour, non pour elle, qui en aurait besoin cependant, mais pour toi, qui peux t'en passer ; elle fait tout cela, cette femme, pour que tu abaisses un jour sur sa tĂȘte un regard de misĂ©ricorde, pour que tu laisses tomber une larme sur toutes les plaies vives de son coeur et de son Ăąme, pour que tu ne lui dises plus, comme tu viens de le faire avec cette voix plus sĂ©vĂšre que celle du jugement dernier Vous ĂȘtes LucrĂšce Borgia! Acte III, scĂšne 3Aussi prĂ©sent dans - Les meilleures piĂšces de théùtre- Les meilleurs livres du XIX° La Fin de Satan 1886Sortie 1886 France. PoĂ©sielivre de Victor HugoRĂ©sumĂ© Satan dĂ©chu tombe dans l'abĂźme, mais le Mal persiste Ă  travers sa fille Lilith-Isis. Celle-ci ramasse les trois armes dont CaĂŻn s'est servi pour tuer Les Orientales 1829Sortie 1829 France. PoĂ©sielivre de Victor HugoRĂ©sumĂ© Lorsque Les Orientales paraissent en 1829, le romantisme français s'est dĂ©jĂ  tournĂ© vers l'Orient que la guerre d'indĂ©pendance grecque a rendu plus prĂ©sent encore. Mais si Hugo n'est pas ici un prĂ©curseur, la nouveautĂ© de son recueil Ă©clate pourtant dans la couleur, l'Ă©trangetĂ© luxuriante des mots, la puissance d'images concrĂštes et toute la virtuositĂ© du vers. Ainsi se compose la somptueuse image d'un monde dĂ©sarrimĂ© comme un fantasme, mais un monde ardent et sensuel, plein de dĂ©sir et d'Ă©nergie. Dansson Plaidoyer contre la peine de mort, prononcĂ© en 1848, Victor Hugo choisit d’avoir recours Ă  une argumentation directe. Sa thĂšse est clairement identifiable: il veut rĂ©voquer la peine de mort. Il s’exprime Ă  la premiĂšre 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID 3nnAMM1NuAONtLuGnr8eANR5fWr8GuJgj3BzijAJrbK066r2BsiOFw== Mortde son frĂšre EugĂšne. Publication des Voix intĂ©rieures. Victor Hugo se rapproche de la famille royale d'OrlĂ©ans et est fait Officier de la LĂ©gion d'Honneur. 1838: PremiĂšre de Ruy Blas que Victor Hugo a Ă©crit pour l'inauguration du Théùtre de la Renaissance. LassĂ© des querelles du ThĂȘatre-Français, il espĂšre bien faire du Les grandsclassiques PoĂ©sie Française 1 er site français de poĂ©sie Les Grands classiques Tous les auteurs Victor HUGO Ce que c'est que la mort Ce que c'est que la mort Ne dites pas mourir ; dites naĂźtre. voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l'homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ;On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ;On tĂąche d'oublier le bas, la fin, l'Ă©cueil,La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ;Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ;Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ;Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme vit, usant ses jours Ă  se remplir d'orgueil ;On marche, on court, on rĂȘve, on souffre, on penche, on tombe,On monte. Quelle est donc cette aube ? C'est la suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnuVous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,Impur, hideux, nouĂ© des mille noeuds funĂšbresDe ses torts, de ses maux honteux, de ses tĂ©nĂšbres ; Et soudain on entend quelqu'un dans l'infini Qui chante, et par quelqu'un on sent qu'on est bĂ©ni, Sans voir la main d'oĂč tombe Ă  notre Ăąme mĂ©chante L'amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent Fondre et vivre ; et, d'extase et d'azur s'emplissant, Tout notre ĂȘtre frĂ©mit de la dĂ©faite Ă©trange Du monstre qui devient dans la lumiĂšre un ange.
Lediscours de Victor Hugo dĂ©bute par une formule qui trahit l’art du contraste et de l’antithĂšse dont tĂ©moigne toute son esthĂ©tique : « Je commence par dire ce que je voudrais, je dirai tout Ă  l’heure ce que je ne veux pas [5] . » S’ensuit la formulation d’un principe qui traduit son progressisme et qu’il applique ensuite au
Toute sa vie, Victor Hugo s'est fait dĂ©fenseur de l'inviolabilitĂ© qui ne peut subir d'atteinte de la la vie humaine Ă  travers ses Ă©crits, ses combats politiques ainsi que sa production peine de mort a Ă©tĂ© trĂšs souvent traitĂ©e par Victor Hugo, en Ă©cho Ă  des scĂšnes dont il avait lui mĂȘme pu ĂȘtre romans se les portes voix de cet et 1832publiĂ© en 1829 chez Gosselin** Charle Gosselin fut l'Ă©diteur certains livres d'Hugo et de BalzacLe premier et le plus long et constant de tous les combats de Victor Hugo est sans doute celui qu’il mĂšne contre la peine de mort. DĂšs son enfance, il est impressionnĂ© par la vision d’un condamnĂ© conduit Ă  la guillotine, sur une place, puis, Ă  l’adolescence, par les prĂ©paratifs des bourreaux en place de GrĂšve. Ce qu'il dĂ©finit par le "meurtre judiciaire", va le tenter toute sa vie d’inflĂ©chir l’opinion en dĂ©crivant l’horreur de l’exĂ©cution, sa barbarie, en dĂ©montrant l’injustice, en disant que les vrais coupables sont la misĂšre et l’ignorance ainsi que de dĂ©montrer l’inefficacitĂ© du chĂątiment. Utilisant sa notoriĂ©tĂ© d’écrivain puis son statut d’homme politique, il met son Ă©loquence au service de cette cause, Ă  travers ses romans, ses poĂšmes, et ses tĂ©moignages devant les tribunaux, plaidoiries et autres discours et votes Ă  la Chambre des pairs, puis Ă  l’AssemblĂ©e et enfin au SĂ©nat. Apparaissent Ă©galement de nombreux articles dans la presse europĂ©enne et des lettres d’intervention en faveur de condamnĂ©s sont transmisses dans les pas que Victor Hugo est un grand auteur romantique et que les thĂšmes et principes du romantisme sont la libertĂ©, l'expression mĂ©lancolique des sentiments, la recherche de la proximitĂ© locale et de l'histoire concrĂšte et donc, dans ses Ɠuvres et particuliĂšrement dans le Dernier jour d'un condamnĂ©, tous ces Ă©lĂ©ments apparaissent en harmonie avec ses idĂ©es personnelles et ses arguments concernant son combat contre la peine de mort qu'il transmet ainsi. Le dernier jour d'un condamnĂ© est donc un roman trĂšs reprĂ©sentatif du combat global de Victor Hugo car c'est une Ɠuvre littĂ©raire romantique donc libre et convaincante Ă  son Ă©poque et Ă©galement un roman politique dans la mesure ou Hugo argumente contre la peine de mort. Ce discours politique ressemble d'ailleurs clairement Ă  ces positions contre la peine capitale avec de nombreuses interventions publiques pour obtenir la grĂące de certains Brown, William Tapner, Armand BarbĂšs sont quelques-uns des condamnĂ©s qu'il a dĂ©fendu et pour lesquels il a plaidĂ© contre la peine capitale Ă  laquelle ils Ă©taient pourtant condamnĂ©s. L'exemple de BarbĂšs est intĂ©ressant il Ă©tait opposĂ© Ă  la monarchie de Juillet. En 1834 il participe aux soulĂšvements RĂ©publicains français et il est emprisonnĂ© au mois d'Avril de cette mĂȘme annĂ©e. Il s'allie Ă  d'autres rĂ©volutionnaires, des socialistes notamment et fondent ensembles une organisation, ils mettent en place une rĂ©volte contre le pouvoir en place en 1839 et c'est lĂ  que BarbĂšs est condamnĂ© Ă  mort. C'est grĂące Ă  Victor Hugo notamment, ainsi qu'avec l'aide d'autres personnes que BarbĂšs passe de condamnĂ© Ă  mort » Ă  condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie » rapidement. AprĂšs la RĂ©volution de 1848, il retrouve finalement sa libertĂ© et reprend ses activitĂ©s politiques. Anecdotiquement, il termine sa vie en exil volontaire. Cet exemple montre Ă  quel point Hugo Ă©tait trĂšs attachĂ© aux valeurs, de la libertĂ© et Ă  la vie tout simplement, et comment il parvenait Ă  convaincre le pouvoir de revoir son jugement de Hugo dans le contexte politique, Ă©conomique, social et culturel du 19Ăšme siĂšcle est un combat qui va de pair avec la lutte contre l’ignorance et la misĂšre humaine contre lesquelles il lutte Ă©galement. Par leur force sentimentale et leur puissance de conviction, les Ɠuvres d’Hugo Ă©voquant la peine de mort nous donnent l’occasion de rĂ©flĂ©chir Ă  l’écho de son combat, dans d’autres pays d’Europe et mĂȘme jusqu'aux États-Unis et de nos jours encore. Comme quoi Hugo aura bien marquĂ© l'Histoire par ses discours, ses rĂ©flexions, et son combat contre la peine de mort est l'un des plus convaincant et intĂ©ressant Ă  Ă©tudier. VictorHugo qui GLISSE :ouch: RĂ©pondre. Nouveau sujet Liste des sujets. Actualiser. 1. SanctuRisitum. MP. 25 aoĂ»t 2022 Ă  20:37:37. Ce khey qui se croit drĂŽle avec son humour glissant.

Maintenant que Paris, ses pavĂ©s et ses marbres, Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ; Maintenant que je suis sous les branches des arbres, Et que je puis songer Ă  la beautĂ© des cieux ; Maintenant que du deuil qui m’a fait l’ñme obscure Je sors, pĂąle et vainqueur, Et que je sens la paix de la grande nature Qui m’entre dans le coeur ; Maintenant que je puis, assis au bord des ondes, Ému par ce superbe et tranquille horizon, Examiner en moi les vĂ©ritĂ©s profondes Et regarder les fleurs qui sont dans le gazon ; Maintenant, ĂŽ mon Dieu ! que j’ai ce calme sombre De pouvoir dĂ©sormais Voir de mes yeux la pierre oĂč je sais que dans l’ombre Elle dort pour jamais ; Maintenant qu’attendri par ces divins spectacles, Plaines, forĂȘts, rochers, vallons, fleuve argentĂ©, Voyant ma petitesse et voyant vos miracles, Je reprends ma raison devant l’immensitĂ© ; Je viens Ă  vous, Seigneur, pĂšre auquel il faut croire ; Je vous porte, apaisĂ©, Les morceaux de ce coeur tout plein de votre gloire Que vous avez brisĂ© ; Je viens Ă  vous, Seigneur ! confessant que vous ĂȘtes Bon, clĂ©ment, indulgent et doux, ĂŽ Dieu vivant ! Je conviens que vous seul savez ce que vous faites, Et que l’homme n’est rien qu’un jonc qui tremble au vent ; Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme Ouvre le firmament ; Et que ce qu’ici-bas nous prenons pour le terme Est le commencement ; Je conviens Ă  genoux que vous seul, pĂšre auguste, PossĂ©dez l’infini, le rĂ©el, l’absolu ; Je conviens qu’il est bon, je conviens qu’il est juste Que mon coeur ait saignĂ©, puisque Dieu l’a voulu ! Je ne rĂ©siste plus Ă  tout ce qui m’arrive Par votre volontĂ©. L’ñme de deuils en deuils, l’homme de rive en rive, Roule Ă  l’éternitĂ©. Nous ne voyons jamais qu’un seul cĂŽtĂ© des choses ; L’autre plonge en la nuit d’un mystĂšre effrayant. L’homme subit le joug sans connaĂźtre les causes. Tout ce qu’il voit est court, inutile et fuyant. Vous faites revenir toujours la solitude Autour de tous ses pas. Vous n’avez pas voulu qu’il eĂ»t la certitude Ni la joie ici-bas ! DĂšs qu’il possĂšde un bien, le sort le lui retire. Rien ne lui fut donnĂ©, dans ses rapides jours, Pour qu’il s’en puisse faire une demeure, et dire C’est ici ma maison, mon champ et mes amours ! Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ; Il vieillit sans soutiens. Puisque ces choses sont, c’est qu’il faut qu’elles soient ; J’en conviens, j’en conviens ! Le monde est sombre, ĂŽ Dieu ! l’immuable harmonie Se compose des pleurs aussi bien que des chants ; L’homme n’est qu’un atome en cette ombre infinie, Nuit oĂč montent les bons, oĂč tombent les mĂ©chants. Je sais que vous avez bien autre chose Ă  faire Que de nous plaindre tous, Et qu’un enfant qui meurt, dĂ©sespoir de sa mĂšre, Ne vous fait rien, Ă  vous ! Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue ; Que l’oiseau perd sa plume et la fleur son parfum ; Que la crĂ©ation est une grande roue Qui ne peut se mouvoir sans Ă©craser quelqu’un ; Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent, Passent sous le ciel bleu ; Il faut que l’herbe pousse et que les enfants meurent ; Je le sais, ĂŽ mon Dieu ! Dans vos cieux, au delĂ  de la sphĂšre des nues, Au fond de cet azur immobile et dormant, Peut-ĂȘtre faites-vous des choses inconnues OĂč la douleur de l’homme entre comme Ă©lĂ©ment. Peut-ĂȘtre est-il utile Ă  vos desseins sans nombre Que des ĂȘtres charmants S’en aillent, emportĂ©s par le tourbillon sombre Des noirs Ă©vĂ©nements. Nos destins tĂ©nĂ©breux vont sous des lois immenses Que rien ne dĂ©concerte et que rien n’attendrit. Vous ne pouvez avoir de subites clĂ©mences Qui dĂ©rangent le monde, ĂŽ Dieu, tranquille esprit ! Je vous supplie, ĂŽ Dieu ! de regarder mon Ăąme, Et de considĂ©rer Qu’humble comme un enfant et doux comme une femme Je viens vous adorer ! ConsidĂ©rez encor que j’avais, dĂšs l’aurore, TravaillĂ©, combattu, pensĂ©, marchĂ©, luttĂ©, Expliquant la nature Ă  l’homme qui l’ignore, Éclairant toute chose avec votre clartĂ© ; Que j’avais, affrontant la haine et la colĂšre, Fait ma tĂąche ici-bas, Que je ne pouvais pas m’attendre Ă  ce salaire, Que je ne pouvais pas PrĂ©voir que, vous aussi, sur ma tĂȘte qui ploie, Vous appesantiriez votre bras triomphant, Et que, vous qui voyiez comme j’ai peu de joie, Vous me reprendriez si vite mon enfant ! Qu’une Ăąme ainsi frappĂ©e Ă  se plaindre est sujette, Que j’ai pu blasphĂ©mer, Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jette Une pierre Ă  la mer ! ConsidĂ©rez qu’on doute, ĂŽ mon Dieu ! quand on souffre, Que l’oeil qui pleure trop finit par s’aveugler. Qu’un ĂȘtre que son deuil plonge au plus noir du gouffre, Quand il ne vous voit plus, ne peut vous contempler. Et qu’il ne se peut pas que l’homme, lorsqu’il sombre Dans les afflictions, Ait prĂ©sente Ă  l’esprit la sĂ©rĂ©nitĂ© sombre Des constellations ! Aujourd’hui, moi qui fus faible comme une mĂšre, Je me courbe Ă  vos pieds devant vos cieux ouverts. Je me sens Ă©clairĂ© dans ma douleur amĂšre Par un meilleur regard jetĂ© sur l’univers. Seigneur, je reconnais que l’homme est en dĂ©lire, S’il ose murmurer ; Je cesse d’accuser, je cesse de maudire, Mais laissez-moi pleurer ! HĂ©las ! laissez les pleurs couler de ma paupiĂšre, Puisque vous avez fait les hommes pour cela ! Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre Et dire Ă  mon enfant Sens-tu que je suis lĂ  ? Laissez-moi lui parler, inclinĂ© sur ses restes, Le soir, quand tout se tait, Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux cĂ©lestes, Cet ange m’écoutait ! HĂ©las ! vers le passĂ© tournant un oeil d’envie, Sans que rien ici-bas puisse m’en consoler, Je regarde toujours ce moment de ma vie OĂč je l’ai vue ouvrir son aile et s’envoler ! Je verrai cet instant jusqu’à ce que je meure, L’instant, pleurs superflus ! OĂč je criai L’enfant que j’avais tout Ă  l’heure, Quoi donc ! je ne l’ai plus ! Ne vous irritez pas que je sois de la sorte, O mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saignĂ© ! L’angoisse dans mon Ăąme est toujours la plus forte, Et mon coeur est soumis, mais n’est pas rĂ©signĂ©. Ne vous irritez pas ! fronts que le deuil rĂ©clame, Mortels sujets aux pleurs, Il nous est malaisĂ© de retirer notre Ăąme De ces grandes douleurs. Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nĂ©cessaires, Seigneur ; quand on a vu dans sa vie, un matin, Au milieu des ennuis, des peines, des misĂšres, Et de l’ombre que fait sur nous notre destin, ApparaĂźtre un enfant, tĂȘte chĂšre et sacrĂ©e, Petit ĂȘtre joyeux, Si beau, qu’on a cru voir s’ouvrir Ă  son entrĂ©e Une porte des cieux ; Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-mĂȘme CroĂźtre la grĂące aimable et la douce raison, Lorsqu’on a reconnu que cet enfant qu’on aime Fait le jour dans notre Ăąme et dans notre maison, Que c’est la seule joie ici-bas qui persiste De tout ce qu’on rĂȘva, ConsidĂ©rez que c’est une chose bien triste De le voir qui s’en va ! Villequier, 4 septembre 1847.

Leprodige de ce grand dĂ©part cĂ©leste qu'on appelle la mort, c'est que ceux qui partent ne s'Ă©loignent point. Ils sont dans un monde de clartĂ©, mais ils assistent, tĂ©moins attendris, Ă  notre monde de tĂ©nĂšbres. Ils sont en haut et tout prĂšs. Victor Hugo (infos) Discours sur la tombe d'Émilie de Putron, 19 janvier 1865
PubliĂ© le 31/05/2018 Ă  1821 Le 1er juin 1885, une foule de prĂšs de deux millions de personnes se masse dans les rues pour assister au passage du cortĂšge. Wikimedia commons - CC FIGAROVOX/TRIBUNE - Dans Catholique dĂ©butant», Julien Leclercq raconte sa conversion en partie liĂ©e Ă  sa passion pour Victor Hugo. À l'occasion des 133 ans de ses funĂ©railles nationales, il revient sur cet Ă©vĂšnement unique de notre histoire littĂ©raire et politique. Julien Leclercq est directeur de la rĂ©daction de la revue numĂ©rique Le Nouveau CĂ©nacle. Il raconte sa conversion tardive dans son dernier livre, Catholique dĂ©butantĂ©d. Tallandier, fĂ©vrier 2018.Un temps oĂč la France rendait hommage Ă  ses gĂ©nies. Un temps oĂč la France savait dĂ©passer ses fractures pour s'unir dans la liesse populaire, pour un Ă©vĂšnement bien plus considĂ©rable qu'un match de football. Un temps oĂč la RĂ©publique portait aux nues ses Ă©crivains et ne s'entourait pas d'humoristes pour le moins suspects ni de vedettes de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©. C'Ă©tait il y a plus d'un siĂšcle. Une Victor Hugo rendit son dernier souffle le 22 mai 1885, le peuple parisien, informĂ© de la congestion pulmonaire qui venait de frapper le poĂšte, se pressait sous sa fenĂȘtre depuis de longues heures. Sur son lit de mort, Hugo aurait eu le temps de prononcer son dernier oxymore Je vois une lumiĂšre noire». Constatant la tristesse populaire et voyant ces innombrables drapeaux flotter aux fenĂȘtres de Paris en hommage au grand-pĂšre de la RĂ©publique», la Chambre des dĂ©putĂ©s dĂ©cide d'organiser des funĂ©railles nationales Ă  celui qui avait exigĂ© ceci Ă  son ami Auguste Vaquerie Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je dĂ©sire ĂȘtre portĂ© au cimetiĂšre dans leur corbillard. Je refuse l'oraison de toutes les Eglises. Je demande une priĂšre Ă  toutes les Ăąmes». Le cercueil sera exposĂ© toute une nuit sous l'Arc de triomphe voilĂ© de noir pour l'occasion. Se remĂ©morant les obsĂšques de Hugo, LĂ©on Daudet note non sans perfidie dans ses Souvenirs littĂ©raires L'exploitation politique des cadavres est une tradition rĂ©publicaine».Le cercueil de Victor Hugo sous l'Arc de Triomphe. Wikimedia Commons - CCAutre grande figure de la droite, Maurice BarrĂšs fut un tĂ©moin prĂ©cieux de ses funĂ©railles. Dans Les DĂ©racinĂ©s, il note Qu'un tel phĂ©nomĂšne d'union dans l'enthousiasme, puissant comme les plus grandes scĂšnes de la nature, ait Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© pour remercier un poĂšte-prophĂšte, un vieil homme qui, par ses utopies, exaltait les cƓurs, voilĂ  qui doit susciter les plus ardentes espĂ©rances des amis de la France.». Vingt-et-une salves de canon furent tirĂ©es depuis les Invalides et un cortĂšge de plus de deux millions de personnes suivit le corbillard de Victor Hugo jusqu'au PanthĂ©on. La presse de l'Ă©poque rapporte une immense peine qui traverse la foule. Certains journalistes relatent mĂȘme des scĂšnes d'orgies dans les rues de Paris
Le requiem de la gauche?BarrĂšs, toujours dans Les DĂ©racinĂ©s, dĂ©crit cette ferveur DerriĂšre l'humble corbillard, marchaient des jardins de fleurs et les pouvoirs cabotinants de la Nation, et puis la Nation elle-mĂȘme, orgueilleuse et naĂŻve, touchante et ridicule, mais si sĂ»re de servir l'idĂ©al!». Tout Victor Hugo est ainsi rĂ©sumĂ© dans cette phrase le gĂ©nie littĂ©raire et le soupçon de candeur. Certes, ses combats pour l'instruction des enfants et la dĂ©fense des pauvres peuvent paraĂźtre convenus mais il les menait Ă  une Ă©poque oĂč des milliers d'enfants devaient mendier dans la rue pour se nourrir et le vol d'un pain pouvait conduire jusqu'au bagne. Ainsi Jean Valjean. Hugo a mis son gĂ©nie au service d'un idĂ©al qui a Ă©tĂ© bafouĂ© au XXe siĂšcle. Hugo Ă©tait avant tout en communion avec le peuple. Royaliste, puis bonapartiste et enfin rĂ©publicain convaincu, ses luttes ont toujours Ă©tĂ© les mĂȘmes. Il mettait ses prouesses littĂ©raires au service des petits. Non sans mĂ©galomanie, il Ă©crivait pour eux en tant que poĂšte-prophĂšte» pour les instruire et les guider. Et ses lecteurs ont toujours su lui rendre. Sous le rĂšgne de NapolĂ©on III, son recueil Les ChĂątiments qui dĂ©nonce l'usurpateur» se vendait sous le manteau Ă  la sortie des usines. Pour Les MisĂ©rables, les ouvriers organisaient des cagnottes afin de se procurer l'ouvrage. À des annĂ©es-lumiĂšre donc de nos auteurs contemporains de gauche» qui ne savent plus parler Ă  l'ouvrier d'aujourd'hui si ce n'est pour l'admonester et lui signifier qu'il pense de travers et qu'il vote mal. Victor Hugo est l'exacte antithĂšse d'Édouard Ă©tait un pacifiste. Il rĂȘvait des États-Unis d'Europe», et estimait que le progrĂšs scientifique allait libĂ©rer les masses. Las. Son optimisme mort une premiĂšre fois dans les tranchĂ©es de Verdun allait de nouveau s'Ă©teindre dans l'ignominie des camps de concentration. Son rĂȘve europĂ©en? Une commission de Bruxelles ultralibĂ©rale et exsangue. Son combat pour l'instruction? Le triomphe des pĂ©dagogistes et autres fossoyeurs de l'Ă©cole rĂ©publicaine. Son combat pour les pauvres? Les mĂȘmes bidonvilles Ă  l'entrĂ©e de Paris et des travailleurs contraints de dormir dans leur voiture. Hugo a mis son gĂ©nie au service d'un idĂ©al qui a Ă©tĂ© bafouĂ© au XXe rassemblement populaire n'a Ă©tĂ© aussi marquant que ses funĂ©railles, si ce n'est la manifestation de soutien au gĂ©nĂ©ral de Gaulle le 30 mai 1968 sur les Champs-ÉlysĂ©es. Hasard de l'Histoire? Presque le mĂȘme jour. MĂȘme lieu. Deux gĂ©ants contraints Ă  l'exil en Angleterre. Deux visionnaires qui ont rĂȘvĂ© la RĂ©publique. Deux hĂ©ros trahis par la postĂ©ritĂ©.
Ceque c'est que la mort, Victor Hugolu par Michel BouquetNe dites pas : mourir ; dites : naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On es Quel fascinant destin que celui de Victor Hugo ! Destin qui l’amĂšne en seulement quelques annĂ©es du titre de vicomte de la monarchie de Juillet Ă  un long et solitaire exil d’opposant rĂ©publicain sous le Second Empire. Choses vues, recueil de chroniques Ă©crites tout au long de sa vie, nous offre un tĂ©moignage unique sur la RĂ©volution de 1848, moment de rupture dans la vie du poĂšte et commencement d’une vĂ©ritable mĂ©tamorphose politique. Victor Hugo Choses vues est un objet littĂ©raire Ă©tonnant, Ă©troit mĂ©lange de rĂ©flexions politiques entrecoupĂ©es de moments de vie quotidienne et d’anecdotes historiques. Il s’y succĂšde de brefs instants pris sur le vif qui nous rĂ©vĂšlent une ambiance, des atmosphĂšres de rues, l’intimitĂ© de la famille Hugo, les coulisses du jeu parlementaire
 Comme dans une Ɠuvre impressionniste, par diffĂ©rentes petites touches de couleurs, c’est la peinture du temps que l’on peut voir lĂ . L’ouvrage laisse toutefois une impression de brouillage qui renvoie Ă  la confusion des Ă©vĂ©nements vĂ©cus que seule l’histoire Ă©crite a posteriori est capable de mettre en cohĂ©rence. Victor Hugo face Ă  la rue FĂ©vrier 1848. Dans le froid d’un hiver rigoureux, le poĂšte est plongĂ© dans l’écriture de son roman des MisĂšres lorsque la rumeur de la rue et le grondement du peuple de Paris l’amĂšnent Ă  poser sa plume et Ă  devenir l’acteur et le tĂ©moin privilĂ©giĂ© de la rĂ©volte populaire. En ce dĂ©but d’annĂ©e, Victor Hugo n’est pas encore l’immortel rĂ©publicain que l’on enterrera au PanthĂ©on en 1885. AprĂšs avoir Ă©tĂ© un jeune lĂ©gitimiste exaltĂ© cĂ©lĂ©brant le sacre de Charles X, il est devenu, sous le rĂšgne de Louis-Philippe, un notable proche du pouvoir. C’est encore un homme politique assermentĂ© au roi qui vit cette nouvelle RĂ©volution. Il apprĂ©hende avec mĂ©fiance les Ă©vĂ©nements qui agitent Paris. Ce n’est pas le peuple qu’il craint, il en est le thurifĂ©raire, mais il se mĂ©fie de la foule, de ses dĂ©bordements et de ses excĂšs. Dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution, la monarchie orlĂ©aniste Ă©tait sourde aux appels des rĂ©formes dĂ©mocratiques. Le rĂ©gime censitaire ne permettait qu’à une infime minoritĂ© de la Nation de participer par le vote Ă  la vie politique. Face Ă  cet immobilisme, l’opposition libĂ©rale mena campagne afin de faire entendre les aspirations d’une partie du pays. Partout en France Ă©taient organisĂ©s des banquets oĂč l’on contestait la politique gouvernementale. L’interdiction d’un de ces banquets, le 22 fĂ©vrier 1848, met soudain le feu Ă  la poudriĂšre parisienne. Autour des Champs-ÉlysĂ©es sont Ă©rigĂ©es les premiĂšres barricades. Ouvriers des faubourgs, Ă©tudiants de la Sorbonne, artisans des quartiers populaires, tout le peuple de Paris s’unit dans la rĂ©volte. Dans une joyeuse et exaltĂ©e confusion, les rues de Paris se couvrent de barricades tandis que s’élĂšvent au-dessus de ses toits La Marseillaise, Le Chant du dĂ©part et Le Chant des Girondins. Paris s’embrase et, fidĂšle Ă  son tempĂ©rament frondeur, dĂ©cide de combattre. Il en faut davantage pour inquiĂ©ter le placide Louis-Philippe qui garde une sĂ©rĂ©nitĂ© inconsciente et n’agit qu’à contretemps. La fraternisation entre la Garde nationale et le peuple accĂ©lĂšre brutalement la chute de la monarchie. Pour Ă©teindre l’incendie, le roi se dĂ©cide Ă  renvoyer Guizot, son impopulaire ministre. La mesure reste inefficace et, face Ă  la montĂ©e de la rĂ©volte, Louis-Philippe est contraint d’abdiquer le 24 fĂ©vrier. Victor Hugo, comme d’autres parlementaires, est alors chargĂ© d’annoncer la nouvelle au peuple rĂ©voltĂ© sur la place de la Bastille. Avec courage, au risque de sa vie, le poĂšte affronte le peuple en colĂšre La foule s’ouvrit devant nous, curieuse et inoffensive. Mais Ă  vingt pas de la colonne, l’homme qui m’avait menacĂ© de son fusil me rejoignit de nouveau et me coucha en joue, en criant A mort le pair de France ! – Non, respect au grand homme. » fit un jeune ouvrier, qui vivement avait abaissĂ© l’arme. » 1848 Ă  l’ombre de 1793 Rare photo d’une barricade de 1848 La RĂ©volution de 1848 et la proclamation de la Seconde RĂ©publique 1848-1852 marquent une rupture dans la vie de Victor Hugo. C’est durant ces quatre annĂ©es qu’il devient l’ardent rĂ©publicain que l’histoire retiendra. Bien que l’auteur des MisĂ©rables ait une empathie naturelle pour le peuple, source pour lui d’inspiration littĂ©raire et de prĂ©occupation politique, son adhĂ©sion Ă  la RĂ©publique n’est pas immĂ©diate. Il conserve en effet un jugement critique Ă  l’encontre des mouvements populaires. D’abord mĂ©fiant, il craint de voir le mouvement socialiste, menĂ© par Blanqui et BarbĂšs, s’attaquer Ă  l’ordre social et aux libertĂ©s. Trop imprĂ©gnĂ© de l’histoire de France, il connaĂźt le risque des dĂ©rives dictatoriales quand le pouvoir est laissĂ© Ă  la rue. La Grande RĂ©volution de 1789 imprĂšgne encore les esprits et l’ombre de la guillotine plane sur cette nouvelle rĂ©publique. Il redoute de voir tomber la France dans la barbarie. Cette rĂ©publique ne serait alors qu’un bĂ©gaiement de l’histoire singeant celle de 1793 On peut tomber au-dessous de Marat, au-dessous de Couthon, au-dessous de Carrier. Comment ? En les imitant. Ils Ă©taient horribles et graves. On serait horrible et ridicule. Quoi ! La Terreur parodie ! Quoi ! La guillotine plagiaire ! Y a-t-il quelque chose de plus hideux et de plus bĂȘte ? 93 a eu ses hommes, il y a de cela cinquante ans, et maintenant il aurait des singes. » Hugo n’a ainsi pas de mots assez durs pour la nouvelle Ă©lite rĂ©publicaine, animĂ©e, selon lui, par la mĂ©diocritĂ© et faite de gesticulations, de petitesses
 Les gĂ©ants de 1789 les rapetissent encore plus. MalgrĂ© ses rĂ©ticences, l’atmosphĂšre du temps l’électrise et il prend conscience que cette rĂ©publique peut devenir un formidable outil au service de la libertĂ© et de la justice sociale. Car il aspire Ă  Ă©lever ce peuple Ă©crasĂ© par la misĂšre. Il dĂ©cide de continuer son combat politique sous le nouveau rĂ©gime. Les Ă©lections l’amĂšnent Ă  devenir dĂ©putĂ©. En juin, c’est donc sur les bancs de l’AssemblĂ©e nationale qu’il apprend une nouvelle rĂ©volte du peuple, déçu par les mesures de la nouvelle rĂ©publique. Face Ă  ces troubles qui remettent en cause la lĂ©gitimitĂ© du suffrage universel, Victor Hugo se range du cĂŽtĂ© des forces de l’ordre. Le pouvoir de la rue lui apparaĂźt comme un despotisme aussi intolĂ©rable que la tyrannie d’un seul homme. Il cherche cependant Ă  attĂ©nuer la rĂ©pression sanglante menĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Cavaignac. Conscient de la nĂ©cessitĂ© de faire respecter les nouvelles institutions dĂ©mocratiques, il n’en reste pas moins violemment Ă©prouvĂ© moralement. Enfin cette affreuse guerre de frĂšres Ă  frĂšres est finie ! Je suis quant Ă  moi sain et sauf, mais que de dĂ©sastres ! » C’est dans ce bouillonnement rĂ©volutionnaire et cette ferveur dĂ©mocratique que le poĂšte voit son destin basculer. L’énergie du dĂ©sespoir de ce peuple qu’il admire dĂ©clenche une prise de conscience. Cette rupture historique ne lui apparaĂźt pas nĂ©e du simple hasard mais plutĂŽt ĂȘtre le fruit d’une longue maturation. La RĂ©volution s’inscrit dans le sens de l’histoire elle est l’enfant de la nĂ©cessitĂ© et permet de canaliser l’énergie du peuple afin de l’élever. L’annĂ©e 1848 amorce ainsi sa mĂ©tamorphose vers un rĂ©publicanisme intransigeant. Il devient le dĂ©fenseur d’une rĂ©publique mystique et charnelle qui pose les bases de ses engagements politiques futurs. Dans la confusion des Ă©vĂ©nements, une vĂ©ritĂ© s’impose la RĂ©publique ne lui a jamais Ă©tĂ© extĂ©rieure, elle l’a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  lui-mĂȘme.
VictorHugo est un poÚte, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, né le 26 février 1802 (7 ventÎse an X) à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris.Il est considéré comme l'un des plus importants écrivains de la langue française.Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a eu un rÎle idéologique majeur et occupe une place
Bonjour bonjour ! En 4Ăšme, je viens de terminer une sĂ©quence sur l’engagement des auteurs du XIXĂšme siĂšcle La fiction pour interroger le rĂ©el avec une attention toute particuliĂšre portĂ©e Ă  Victor Hugo. Nous avons lu Claude Gueux et analysĂ© deux prises de parole d’Hugo son discours contre la misĂšre Ă  l’AssemblĂ©e Nationale et la fin de son roman qui est un vĂ©ritable argumentaire contre la peine de mort. En complĂ©ment de sĂ©quences purement littĂ©raires comme celle-ci, j’aime leur proposer des Ɠuvres modernes et souvent graphiques qui peuvent mener Ă  la discussion et Ă  la rĂ©flexion. Pour cette sĂ©quence, j’ai donc dĂ©nichĂ© une bande dessinĂ©e autour de l’engagement de Victor Hugo. Il s’agit de Victor Hugo dit NON Ă  la peine, une histoire graphique Ă©crite par Murielle Szac et illustrĂ©e par SĂ©bastien Vassant. Cette bande dessinĂ©e offre une vue d’ensemble de la vie de Victor Hugo et du combat qu’il a menĂ© contre la peine de mort. On y retrouve plusieurs Ă©pisodes une exĂ©cution publique sur la place de GrĂšve en 1825, la prĂ©sentation du Dernier jour d’un condamnĂ© en 1829, l’exil Ă  Jersey en 1854 ainsi que l’exil Ă  Guernesey en 1883. Le tout est entrecoupĂ© de souvenirs personnels comme son enfance loin de son pĂšre ou son discours Ă  l’AssemblĂ©e Nationale. Dans cette histoire graphique, nous suivons la rĂ©flexion de Victor Hugo. Il rĂ©agit au monde qui l’entoure, il se pose des questions, il progresse dans son raisonnement
 Et il n’est pas seul ! Il est sans cesse accompagnĂ© d’une voix intĂ©rieure, celle de la guillotine personnifiĂ©e, qui s’exprime dans des bulles rouges et le contredit. Durant toute l’histoire, Victor Hugo Ă©change avec celle-ci. Il clĂŽture finalement le dĂ©bat avec une bulle que je trouve sublime. Mon seul regret sera de mourir avant toi »Victor Hugo dit NON Ă  la peine de mort, Murielle Szac et SĂ©bastien Vassant. J’ai vraiment apprĂ©ciĂ© cette lecture. Elle permet de mettre des images sur un combat et sur une cause, ce qui n’est pas simple, d’autant plus quand on est en 4Ăšme. J’ai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© de dialogue perpĂ©tuel entre Victor Hugo et la guillotine. C’est d’ailleurs un point qui peut ĂȘtre exploitĂ© lors d’un atelier d’écriture en classe Ă  creuser
. La bande dessinĂ©e offre Ă©galement un support pour une Ă©tude des auteurs exilĂ©s une autre sĂ©quence qui reste dans mes petits papiers. Vous avez lu cette bande dessinĂ©e ? Connaissez-vous d’autre supports graphiques sur l’engagement ? ★ Et pour plus d’idĂ©es, d’outils, de lectures
 vous pouvez me retrouver sur Instagram !flaubertandco syuO8KI.
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