10 signes que la mort approche La lettre dâaujourdâhui est particuliĂšre. Elle traite dâun sujet grave, douloureux, auquel nous sommes pratiquement tous appelĂ©s Ă ĂȘtre confrontĂ©s les derniĂšres heures dâun ĂȘtre aimĂ©. La mort, autrefois omniprĂ©sente, est aujourdâhui cachĂ©e. Plus de 80 % des dĂ©cĂšs ont lieu Ă lâhĂŽpital. Elle est loin lâĂ©poque oĂč lâon veillait les morts chez soi, oĂč tous les proches, voire tous les habitants du quartier, Ă©taient invitĂ©s Ă venir lui rendre un dernier hommage et oĂč lâon voyait rĂ©guliĂšrement passer dans les rues la procession de personnes endeuillĂ©es suivant un corbillard. La consĂ©quence est que la plupart dâentre nous nâavons plus aucune familiaritĂ© avec la mort. Nous ne savons plus Ă quoi elle ressemble. Nous ne savons plus comment nous comporter. Câest la raison pour laquelle jâai dĂ©cidĂ© de prĂ©parer cette lettre, qui peut paraĂźtre terrible. Nul ne connaĂźt le jour, ni lâheure de la mort, et câest la raison pour laquelle mieux vaut se tenir prĂȘt. Cette lettre est donc Ă conserver prĂ©cieusement. Car le jour oĂč elle arrive, je peux vous dire dâexpĂ©rience que le simple fait de connaĂźtre les gestes Ă faire permet de mieux dominer le bouleversement et la douleur terribles qui peuvent sâemparer de vous. Alors voici les dix signes que la mort approche, et ce quâil convient alors de faire. Je me suis efforcĂ© de rester trĂšs factuel, car, suivant les rapports que chacun avait avec la personne Ă lâagonie parent, enfant, conjoint, frĂšre ou sĆur, grand-parents⊠les Ă©motions sont particuliĂšres et doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es au cas par cas. Perte dâappĂ©tit Lorsque la mort approche, les besoins Ă©nergĂ©tiques diminuent. La personne commence Ă rĂ©sister ou refuser de manger et de boire, et nâaccepte que de petites quantitĂ© de nourritures fades bouillie de cĂ©rĂ©ale par exemple. La viande, difficile Ă digĂ©rer, est refusĂ©e en premier. A lâapproche de la mort, la personne peut devenir incapable dâavaler. Comment rĂ©agir ne pas nourrir de force, respecter les signes donnĂ©s par la personne, mĂȘme si vous pouvez ĂȘtre bouleversĂ© et inquiet de cette perte dâintĂ©rĂȘt pour la nourriture. Proposer rĂ©guliĂšrement des petits bout de sorbet ou de glace, ou une gorgĂ©e dâeau. Passez une serviette humidifiĂ©e et chaude autour de la bouche et appliquez un baume pour les lĂšvres pour quâelles restent humides et ne fassent pas mal. Fatigue et sommeil excessifs La personne dort la plupart du jour et de la nuit tandis que son mĂ©tabolisme ralentit, et que la faible prise de nourriture et de boisson contribuent Ă la dĂ©shydratation. Il devient difficile de la rĂ©veiller. La fatigue et si forte que la personne nâarrive plus Ă suivre ce qui se passe directement autour dâelle. Comment rĂ©agir laissez la personne dormir. Ăvitez de la rĂ©veiller brutalement. Partez du principe que tout ce que vous dites peut ĂȘtre entendu, car lâouĂŻe continue Ă fonctionner, mĂȘme lorsque la personne est inconsciente, et mĂȘme dans le coma. Affaiblissement Le manque de nourriture et la fatigue affaiblissent la personne au point quâelle peut devenir incapable de lever la tĂȘte, ou mĂȘme dâaspirer dans une paille. Comment rĂ©agir concentrez-vous sur le confort de la personne. Confusion mentale Les organes commencent Ă ne plus fonctionner, y compris le cerveau. Peu de maladies provoquent une hyper-acuitĂ© niveau Ă©levĂ© de conscience lorsque la fin approche. En gĂ©nĂ©ral, les mourants ne savent plus prĂ©cisĂ©ment oĂč ils sont ni qui est dans la piĂšce, parlent et rĂ©pondent moins souvent, sâadressent Ă des personnes que les autres ne voient pas, peuvent paraĂźtre dire des choses insensĂ©es, sâagiter et fouiller dans leurs draps. Comment rĂ©agir restez calme et rassurant. Parlez Ă la personne doucement et expliquez-lui qui vous ĂȘtes lorsque vous approchez. Respiration laborieuse La respiration devient irrĂ©guliĂšre, difficile. Vous pouvez entendre une forme distinctive de respiration appelĂ©e respiration de Cheyne-Stokes RCS une fo rte et profonde inhalation suivie dâune pause qui peut durer de cinq secondes Ă une minute complĂšte, avant une forte reprise de la respiration puis de nouveau un Ă©puisement. Câest ce quâon appelle aussi lâapnĂ©e du sommeil », qui est provoquĂ©e par des variations de pression artĂ©rielle et de concentration du sang en dioxyde de carbone. Les poumons et la gorge peuvent aussi produire des sĂ©crĂ©tions excessives qui crĂ©ent de forts bruits dâinspirations et dâexpirations quâon appelle le rĂąle ». Comment rĂ©agir lâapnĂ©e et le rĂąle peuvent ĂȘtre inquiĂ©tants pour les personnes prĂ©sentes, mais le mourant nâest pas conscient de ces modifications de sa respiration. Encore une fois, concentrez-vous sur le confort de la personne. Les positions qui peuvent aider sont la tĂȘte lĂ©gĂšrement relevĂ©e sur un oreiller, assoir la personne en la tenant bien avec des coussins et un dossier solide, ou la coucher lĂ©gĂšrement inclinĂ©e sur le flanc. Humectez la bouche avec une serviette humide, Ă©ventuellement un brumisateur et mettez du baume sur les lĂšvres. Sâil y a beaucoup dâĂ©coulements de la bouche et du nez, essuyez dĂ©licatement sans chercher Ă moucher la personne. Restez calmement auprĂšs de la personne, tenez lui la main ou parlez lui doucement. Isolement social Au fur et Ă mesure que le corps sâarrĂȘte de fonctionner, la personne mourante perd de lâintĂ©rĂȘt pour les personnes qui lâentourent. Elle peut arrĂȘter de parler, marmonner de façon inintelligible, arrĂȘter de rĂ©pondre aux question, ou simplement tourner le dos. Quelques jours avant de se couper de son environnement, la personne peut parfois surprendre ses proches par une derniĂšre effusion de joie et dâaffection, qui peut durer moins dâune heure et jusquâĂ une journĂ©e entiĂšre. Comment rĂ©agir soyez conscient quâil sâagit dâune partie normale du processus de mort, qui nâa rien Ă voir avec la relation que vous aviez avec la personne. Maintenez une prĂ©sence physique en touchant la personne et en continuant Ă parler, si vous vous sentez de le faire, sans demander quoi que ce soit en retour. Profitez immĂ©diatement dâun moment de luciditĂ© sâil se produit, parce quâil sâĂ©vanouira rapidement. Ralentissement des mictions urine Le faible volume de boisson et la baisse de la pression sanguine contribue Ă rĂ©duire lâactivitĂ© des reins. Lâurine devient trĂšs concentrĂ©e, brunĂątre, rougeĂątre ou couleur de thĂ©. Il peut aussi y avoir une perte de contrĂŽle des sphincters Ă lâapproche de la mort. Comment rĂ©agir le personnel hospitalier peut parfois dĂ©cider quâun cathĂ©ter une sonde est nĂ©cessaire, sauf dans les derniĂšres heures de la vie. LâarrĂȘt de la fonction rĂ©nale augmente les toxines dans le sang et peut contribuer Ă provoquer un coma paisible avant la mort. Mettez une alaise sur le matelas en changeant les draps. Pieds et chevilles qui enflent Lorsque le fonctionnement des reins ralentit, les liquides peuvent sâaccumuler dans le corps, en particulier dans les zones Ă©loignĂ©es du cĆur comme les pieds et les chevilles. Ces zones, ainsi que les mains et le visage, peuvent gonfler. Comment rĂ©agir en gĂ©nĂ©ral, aucun traitement particulier comme des diurĂ©tiques nâest donnĂ© lorsque ces gonflements sont liĂ©s Ă lâagonie. Il sâagit dâune consĂ©quence, et non dâune cause, de lâapproche de la mort. ExtrĂ©mitĂ©s froides Dans les heures ou les minutes avant la mort, la circulation sanguine se retire de la pĂ©riphĂ©rie du corps pour se concentrer sur les organes vitaux. Pendant que cela se produit, les mains, les doigts, les pieds et les orteils deviennent froids. Les ongles peuvent paraĂźtre pĂąles ou bleutĂ©s. Comment rĂ©agir une couverture chaude peut maintenir le confort de la personne, et la maintenir consciente. La personne peut se plaindre du poids de ce qui la couvre donc ne la serrez pas trop. Veines marbrĂ©es La peau qui avait Ă©tĂ© uniformĂ©ment pĂąle ou cendrĂ©e dĂ©veloppe un modĂšle distinctif de marbrures violacĂ©es/rouges bleue, qui est lâun des signes que la mort est imminente. Câest le rĂ©sultat du ralentissement de la circulation sanguine. On voit dâabord ces marbrures apparaĂźtre sur la plante des pieds. Comment rĂ©agir il nây a rien de particulier Ă faire. Vous apprĂ©ciez cet article ? Je vous invite Ă vous inscrire gratuitement Ă la Lettre SantĂ© Nature Innovation. â DĂ©sabonnement Ă tout moment. NB Les signes de la mort Ă©numĂ©rĂ©s ci-dessus dĂ©crivent un processus de mort naturelle. Ils peuvent varier dâune personne Ă lâautre. Si une personne est maintenue en vie artificiellement respirateur, tube dâalimentation, le processus de la mort peut ĂȘtre diffĂ©rent. ConnaĂźtre ces diffĂ©rents signes peut aider Ă traverser ce douloureux moment sans ĂȘtre plus dĂ©semparĂ© encore quâon ne lâest dĂ©jĂ . Et si vous nâĂȘtes pas concernĂ© » par cette lettre, rĂ©jouissez-vous et, surtout, profitez de chaque instant oĂč les personnes que vous aimez sont encore bien vivantes et en pleine santĂ© auprĂšs de vous. A votre santĂ© ! Jean-Marc Dupuis
Jelui disais qu'il confortait ce que je dis sur la fin de vie. C'est-Ă -dire que peu de gens passent Ă l'acte. MĂȘme des gens qui disaient vouloir le faire. AprĂšs un ou deux rdv, seulement 2/10 des patients, demandeurs au dĂ©part, passent Ă l'acte. Parce que la nature humaine fait qu'on s'accroche au moindre souffle de vie. Par contre, ceux
Photo David Boily, archives LA PRESSE OĂč sont les voix des personnes vivant avec une maladie mentale ? », se demande lâauteure. Je suis tellement fatiguĂ©e. Je ne savais pas si jâallais avoir la force dâĂ©crire un nouveau texte sur ce sujet. Mais, aprĂšs avoir lu le texteâ 1 sur la position de la FĂ©dĂ©ration des mĂ©decins spĂ©cialistes du QuĂ©bec FMSQ en faveur de lâaide mĂ©dicale Ă mourir AMM pour la maladie mentale, jâai dĂ©cidĂ© que je nâavais pas le choix. La FMSQ justifie sa position en plaidant que ce serait discriminatoire » dâexclure de lâAMM les personnes vivant avec une maladie mentale. Psychologue, professeure agrĂ©gĂ©e au dĂ©partement de psychoĂ©ducation de l'UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă Trois-RiviĂšres Je suis fatiguĂ©e de me battre contre ces discours pro-AMM, soi-disant bienveillants, de ces experts en santĂ© mentale, mĂ©decins, psychiatres, psychologues et chercheurs et chercheuses. Ils clament haut et fort quâils ont Ă cĆur notre bien-ĂȘtre tout en voulant nous offrir la mort alors quâils savent quâil existe des traitements efficaces pour traiter nos maladies. Je suis fatiguĂ©e de me faire dire quâil faut vite, vite, vite aller de lâavant et nous inclure dans lâAMM afin que nous ne soyons pas discriminĂ©s ». Ils sont oĂč, ces spĂ©cialistes, quand vient le temps de sâattaquer Ă la discrimination Ă laquelle on fait face tous les jours de notre vie ? Ils sont oĂč lorsque les assureurs, les employeurs, les propriĂ©taires de logements ne veulent pas de nous ? Je ne sais pas. Ils sont Ă©tonnamment trĂšs loquaces, par contre, quand vient le temps de dĂ©noncer notre discrimination » face Ă la mort. Jâai tĂ©moignĂ© devant la Commission spĂ©ciale sur lâĂ©volution de la Loi concernant les soins de fin de vie au provincial et devant le ComitĂ© mixte spĂ©cial sur lâaide mĂ©dicale Ă mourir au fĂ©dĂ©ral en tant que psychologue, chercheuse et personne vivant avec une maladie mentale grave depuis plus de 20 ans. La Commission spĂ©ciale a expressĂ©ment exclu la maladie mentale comme seul motif de lâAMM et le gouvernement quĂ©bĂ©cois a dĂ©cidĂ© de suivre cette recommandation. Par contre, le ComitĂ© fĂ©dĂ©ral veut Ă©largir lâAMM pour la maladie mentale. De ce que jâai vu et vĂ©cu, les membres du comitĂ© sont trĂšs Ă lâĂ©coute des experts en faveur de cette voie. Cela mâinquiĂšte beaucoup, considĂ©rant que le provincial risque de devoir suivre la dĂ©cision du fĂ©dĂ©ral Ă©ventuellement. Aide mĂ©dicale Ă mourir ou traitements ? Je suis fatiguĂ©e dâentendre des experts se prononcer sur cette question, parler en notre nom. OĂč sont les voix des personnes vivant avec une maladie mentale ? Leur a-t-on demandĂ© ce quâelles veulent ? Entre lâAMM et lâaccĂšs rapide aux traitements efficaces, quelle option choisiraient-elles ? Entre lâAMM et lâaccĂšs Ă un emploi dĂ©cent, un logement adĂ©quat, des assurances, quâest-ce quâelles demanderaient ? Certains experts diront quâon peut Ă la fois travailler sur ces dĂ©terminants sociaux tout en nous offrant de lâaide mĂ©dicale Ă mourir. Ce Ă quoi je rĂ©ponds sĂ©rieusement ? Cela fait plusieurs annĂ©es quâon fait des coupes dans les programmes et services en santĂ© mentale, quâon ne finance pas adĂ©quatement les organismes en santĂ© mentale, que la stigmatisation perdure. PrĂ©sentement, je connais plusieurs personnes qui auraient vraiment besoin de recevoir un suivi en psychiatrie, mais qui nâont mĂȘme pas accĂšs Ă un mĂ©decin de famille ! Et elles en souffrent, beaucoup. Quâest-ce qui nous dit que les choses vont changer, que le gouvernement investira plus dâargent pour des ressources spĂ©cialisĂ©es, pour les services en santĂ© mentale nĂ©cessaires â de la promotion, la prĂ©vention, lâintervention au rĂ©tablissement â une fois que lâAMM sera offerte ? Je ne prĂ©tends pas parler au nom de toutes les personnes vivant avec une maladie mentale au QuĂ©bec. Par contre, mon expĂ©rienceâ 2 ressemble Ă celle de tant dâautres au QuĂ©bec. Je demande quâon soit trĂšs prudents, car il est ici question de dĂ©cisions concernant notre vie et notre mort. Prenons le temps quâil faut pour Ă©couter les personnes vivant avec une maladie mentale. Que veulent-elles ? De quoi ont-elles besoin pour aller mieux ? Je ne suis pas naĂŻve, je ne prĂ©tendrai pas que la vie sera belle et sans souffrance si on met en place les conditions gagnantes pour aider les personnes vivant avec une maladie mentale. Je vais ĂȘtre honnĂȘte avec vous jâai de bonnes journĂ©es et des journĂ©es plus souffrantes, et dâautres, trĂšs souffrantes. Mais jâai lâespoir que cette souffrance va diminuer pour laisser la place Ă de bonnes journĂ©es. Savez-vous pourquoi ? Parce que les hauts et les trĂšs bas font partie du rĂ©tablissement. Je suis chanceuse, car jâai une psychiatre, une mĂ©decin de famille, une psychologue et un groupe de soutien. Câest tous ces Ă©lĂ©ments qui mâaident et me donnent espoir et lâenvie de vouloir vivre. Jâaimerais quâon donne la mĂȘme chance que jâai aux autres personnes qui ont une maladie mentale. Avant de nous ouvrir la porte Ă une mort prĂ©cipitĂ©e, aidez-nous Ă vivre notre vie Ă son plein potentiel. Câest ce que je dĂ©plore du point de vue des experts qui sâarrachent la chemise pour faire valoir notre droit de mourir plutĂŽt que notre droit Ă la vieâ 3. Comme on dit en anglais do better. Faites mieux. 3. Le droit Ă la vie est protĂ©gĂ© par la Charte des droits et des libertĂ©s de la personne article 1.
Lamuraille, terminĂ©e par un Ă©boulement de roches, venait mourir en pente douce sur la lisiĂšre de la forĂȘt. C'Ă©tait comme un escalier naturel (Verne, Ăle myst., 1874, p. 31). La tĂȘte du lac se dessine. C'est un golfe d'eau bleue qui vient mourir Ă
Ă v»/ ÂŁ v-epl 3 âą.j Ăź * * *. a%s MMM â&ĂK'M MMM ww WĂź ĂȘ"M r?Ăą-^ *\a mm WWWWM W'E WN ' v-"â -M ?A8 ffiS5 t oĂ^Ă^'Ă'- MM A ^A-nĂoUm, U U cJiou$ m „' i KEMPIS COMMUN, o u Les IV. Livres de LIMITATION D E JESUS-CHRIST, Traduits pour lâEdification Commune de tous les ChrĂ©tiens qui deĂrent de s'avancer dans le solide de la pietĂ©. SixiĂšme Edicron, corrigĂ©e de nouveau, avec une PrĂ©face de Mr. P. P oiret. B A S L E, j ChĂ©s Jean Rodolph Im-Hoff. M D CCXXXVU. k \%UOT*fi ?ASt\- AVIS A u LECTEUR OĂč lâon donne Une IdĂ©e generale de cet Ouvrage . L nâest pas nĂ©cessaire de recommander ici un Livre , qui Pest dĂ©ja depuis Ăi long-tems par fa propre dignitĂ©. Cette Edition nâest faite que pour le rendre plus Commuii Ă toutes fortes de ChrĂ©tiens, qui y verront les vertus & les vices, les biens & les maux, le monde, le Ciel & lâEnfer, les choses de PĂąme, de Dieu & de JĂ©fus- Christ, divinement bien reprefen- tĂ©es, avec les divers mouvemens de cĆur quâon doit avoir pour elles. Comme la science quâil faut avoir de Jesus-Christ nâest pas tant la connoissance historique de fa vie que la pratique de ses ver- * 2 ĂUS A T I s tus, auflĂŹ cette Imitation de JĂȘfas- Christ nâa pas tant de raport Ă lâex- plication de son histoire , quâĂ la ratification de fa doctrine ; & la figure du titre , qui reprĂ©sente Jesus-Christ enseignant sur la montagne les divins prĂ©ceptes de la vie ChrĂ©tienne & lâEĂprit du vrai Christianisme , nous doit faire penser quâil est ici plus question dâu- ne imitation dâeiprit, de cĆur, & de pratique , que de la commĂ©moration de quelques-uns de ses gestes extĂ©rieurs. La maniĂšre dont ce TraitĂ© est Ă©crit fait voir que câest plus pour les simples , que pour les savans qui ne veulent pas se simplifier ; & il nây a point ici dâautre subtilitĂ© que celle de rendre lâame moins charnelle & plus celeste qui est la subtilitĂ© vĂ©ritable par le dĂ©gagement de tout ce qui est terrestre & bas ; point auflĂŹ dâautre ordre & dâautre mĂ©thode que ce qui part des mouvemens dâun cĆur beaucoup plus touchĂ© de Dieu que re- Au Lecteur. gßé ou gĂȘnĂ© par lâĂ©tude des hommes. On peut nĂ©anmoins remarquer dans ie premier livre une espĂšce de Premier Apel de Dieu , qui par des instructions proportionnĂ©es Ă la capacitĂ© des moins avancĂ©s, veut tirer les hommes, comme des Lazares, hors de leurs tombeaux, les apellant Ă se dĂ©gager de tous les embaras mondains dont ils sont liĂ©s & qui empĂȘchent dâouĂŻr & de suivre sa Voix. II y apelle les uns Ă se dĂ©faire de leurs voluptĂ©s, les autres de leurs Ă©tudes & sciences steriles, dâau^ tres de leurs vaines conversations & pertes de tems, dâautres de leurs autres vices & pĂ©chĂ©s, de leurs vanitĂ©s , ambition , moleste, empor- temens, sĂ©curitĂ© & nĂ©gligence spirituelle ; tout cela par une voix Ă©galement douce, forte, & digne de la Sagesse & CharitĂ© infinie du Fils de Dieu. Le second livre peut servir Ă disposer plus particuliĂšrement ceux qui Ăs sont dĂ©ja dĂ©gagĂ©s des embaras ex- * z te- âą A V ! 8 tc-rietirs & les plus sensibles, & qui aprĂšs les avoir Ă©loignĂ©s ci'eux, sont apellĂ©s comme le fut S. Pierre aprĂšs ĂȘtre sorti de la Cour mondaine de CaĂŻphe; Ă un recueillement intĂ©rieur, Ă une retraite dans eux-mĂȘmes & dans le fond de leur cĆur, qui est le lieu quâil faut preparer Ă Dieu, & oĂč il faut chercher le trĂ©sor avec puretĂ©, silence, paix, simplicitĂ©, & amour, fans sâĂ©tonner si lâon commence ici Ă ĂȘtre mis Ă lâĂ©preuve des afflictions, des delaissemens, L des croix tant exterieures quâinterieures, a quoi lâon fait bien de sâattendre. Tout cela est marquĂ© presque en mĂȘme ordre dans ce second Livre. Le troisiĂšme livre fait voir une ame qui aprĂšs ces dispositions commence Ă entendre les inspirations que Dieu lui donne, lorsque, comme une Samaritaine , elle est sortie de sa ville qui marque le monde & des choses sensibles, pour chercher la fontaine & la source de la vie , qui est Dieu, lequel lui augmente toujours ses divines infoirations moiennant la fide. Ăff L I C Ăź MĂ R. iâtpĂ fidĂ©litĂ© de sa correspondance, &quĂź lo.[ fait croĂźtre par ĂŹa dans elle toutes jprei sortes de vertus, accompagnĂ©es pour- e Ăš tant de leurs Ă©preuves. Ces vertus Ă font ĂŹâAmour de Dieu, ĂŹâhumilitĂ©, la ras resignarion parfaite, la patience, la qui priĂšre continuelle, la pauvretĂ© dâet iea, prit, la parfaite tranquillitĂ©, la paix vec spirituelle, Tabandon total Ă Dieu, L le renoncement entier Ă toutes cho- iu. ses, ĂȘtre parfaitement mortaumon- les de, & Ă foi; la vie surnaturelle de !es la grĂące & la pleine extinction de i S tous mouvemens de murmures, de E , tous raisonnemens humains, & de i. > tous defirs venans bailleurs que du Ciel. i ' Enfin le quatriĂšme & dernier livre, i montre les mouvemens & les dispo- r fitions les plus enflammĂ©es dâune . I ame aspirante Ă la rĂ©ception de l'Ef- i ! prit de Jesus-Christ qui fait le vĂ©ritable ChrĂ©tien devant Dieu. On , ' y voit une recherche & une purification trĂšs-exacte des pĂ©chĂ©s & des dĂ©fauts qui peuvent encore rester secrĂštement dans lâhomme, & y em- , * * 4 pĂȘcher Avis \ pĂšchet la venue & la rĂ©sidence de cet hĂŽte divin, que lâon y invite avec des mouvemens & des transports dâun amour autant zĂ©lĂ©, quâhumble & respectueux ; & auffi ardent quâĂ©- purĂ© de tous les fantĂŽmes de la prudence & de la raison humaine, par une foi toute simple & divine, qui seule est capable de nous unir ici Ă lâEsprit de Jesus-Christ , & de recevoir les impressions de fa divine i conduite. Je dĂ©clare au reste ouvertement & avec sincĂ©ritĂ© que dans ce quatriĂšme Livre je nâai ni traduit ni voulu traduire par-tout nĂŽtre Au- i teur au pied de la lettre, mais en donner en divers endroits une efpe- ce de selon le sens spirituel, & intĂ©rieur. La raison est que comme il y est parlĂ© de la Communion exterieure selon des sentimens que tous les ChrĂ©tiens nâont pas, & qui aussi ne font pas esiĂšntiels au salut ; tous ne pourroient fans cet expĂ©dient profiter de cet ouvrage. Ceux qui ont les sentimens de question, trouve- Au Lecteur.' veront assĂ©s dâĂ©ditions pour aider leur piĂ©tĂ© par cette voĂŻe-lĂ . Cette considĂ©ration , de pouvoir ĂȘtre utile Ă tous, a fait aussi substituer dans les autres livres, mais trĂšs-rarement, quelques mots gĂ©nĂ©raux pour un ou deux de plus particuliers, mais toujours fans rien perdre de la substance de la vĂ©ritĂ© il est mĂȘme Ă remarquer que la plus-part de ces mots substituĂ©s se trouvent dans une trĂšs-an- cienne traduction dâun Gottique- François, laquelle on prĂ©tend avoir Ă©tĂ© faite fur un Original latin plus authentique que ceux fur lesquels on a publiĂ© les Editions &les traductions qui ont paru jufquâici. Si aprĂšs cela je ne laiffois pas de dĂ©plaire Ă quelques-uns, ce ne pour- roit ĂȘtre quâĂ ceux qui feroient jaloux que b tous Esprits louassent le Seigneur & prissent de toutes choses * s mata VotĂ©s la muselle Edition denĂČtre auteur fnbĂŹiieĂ ParĂ» en 1 652.. Jhts le titre de la Consolation intĂ©rieure, ou Ăźe livre de ITmitatioit de JĂ©Ăus-Christ deThomat Ă Kempis selon son Original ; ÂŁ? la dissertation gui est m se au devant, 0 Psal. i/o. Avis au Lecteur.' matiĂšre de le louer. Ce sera alles dâavoir tĂąchĂ© de plaire Ă Dieu & de contribuer Ă lâĂ©dification de quantitĂ© dâames pieuses, Ă qui cela nâa Ă©tĂ© ni dĂ©sagrĂ©able ni inutile. Je nâen dirai pas davantage aprĂšs lâavis particulier quâon a mis au devant du quatriĂšme livre, & la PrĂ©face suivante sur tout le TraitĂ©, laquelle est pour la plĂ»part tirĂ©e dâune Ancienne Edition, & qui est trop belle & trop excellente pour ĂȘtre ici omise. Le Lecteur puisse-t-il profiter de tout pour le salut de son aine, que je lui souhaite de tout mon cĆur. PRE- PREFACE. SOMMAIRE de la PREFACE. I. i-;. Fruits Ă estĂŹr er de cet Ouvrage de la part des personnes de bonite volontĂ©. 4-7. Mats non de ceux qui se contentent soit du simple extĂ©rieur de la Religion ChrĂ©tienne, soit d'une science est dârate persuaĂon sterile i gens dont le nombre est bien grand aujourdâhui. II. 8-10. Que la Religion ChrĂ©tienne Ă©tant ttne vertu de Dieu puisante ÂŁ 5? este clive > il saut pour ĂȘtre ChrĂ©tien mourir este/livement au pĂ©chĂ© A? revivre ĂĄ la saintetĂ© & Ă la justice, mime dĂšs cette vie. ir-is. Que les subter fuges tirĂ©s de lâimputation de la justice est des mĂ©ritĂ©s de J. Christ, ne valent rien pour ceux qui ne meurent point au pĂ©chĂ© & ne se revĂȘtent point de l'Estrit de JĂ©sus-Christ pour sâapliquer Ă fin Imitation. 16-19. Que lâon ne fauroitni croire ni ĂȘtre en J. Christ fans limitation de fa sainte vie U de fe S divines vertus. III. 19-2j. Quâil ne faut pas se laister dĂ©. tourner de limitation de J. Christ ni par la paresse de la nature, ni par la considĂ©ration des difficultĂ©s de la voie, ni par les prĂ©textes de nĂŽtre foibleste est de nĂŽtre impuissance; puit que Dieu a pomis le secours b e don de J oĂ Estrit tout puissant Ă ceux qui le demanderont ardemment est constamment , b feront leurs estorts Ă imiter * It PrĂ©facĂ©. Js. I. le Sauveur. i6. z 7 . Sam quoi lâon dematm re dam le pĂ©chĂ© est dans la mort . IV. lB, 19. Quâelles font les marques infaillibles des vrais ChrĂ©tiens , qui seuls seront reconnus de Dieu A ?sauvĂ©s Ă©ternellement . S. I. I ce livre de IâImita- T I O N DE JES U S- Christ, ajusquâici aportĂ© quelque fruit Ă ceux qui se sont apliquĂ©s Ă le lire avec quelque attention, jâestime quâil nâen portera pas moins encore dĂ©sormais; car bien que les moeurs de ceux qui fe disent ChrĂ©tiens soient merveilleusement corrompues Ă prĂ©sent, Dieu est nĂ©anmoins toujours si bon, que de vouloir entre la multitude infinie de ceux qui veulent pĂ©rir, retirer de lâa- bime ceux qui se ravisent, & qui veulent se rendre Ă rĂ©clamer son nom pour ĂȘtre secourus» Câest ce qui nous doit donner courage, & pour grand que soit le mal, nous inciter Ă agir comme on fait dans les grandes & les pĂ©rilleuses maladies, oĂč lâon apliqĂče prompte- PrĂ©facĂ©, js. L promptement tous les meilleurs re- medes que lâon peut trouver. Plus nous volons croĂźtre lâimpiĂ©tĂ©, plus devons-nous rechercher les moĂens dây remedier autant quâil est possible, & de sauver quelques Ăąmes de tant de milliers qui font endurcies & qui ont du dĂ©goĂ»t & de lâhorreur pour toutes les saintes exhortations. II est bien vrai, hĂ©las! & lâexpĂ©rience ne lâĂ©tale & ne le prouve que trop tous les jours, quâil nây a jamais eu de siĂšcle oĂč les ChrĂ©tiens aĂŻent Ă©tĂ© plus perdus & plus contempteurs de la piĂ©tĂ© quâils le font aujourdâhui cela nĂ©anmoins nâempĂȘche pas que nous ne devions espĂ©rer que Dieu en tirera toujours quelque nombre. De plusieurs frapĂ©s de peste, il en Ă©chape toujours quelques-uns. II faut espĂ©rer quâentre le nombre infini des faux- ChrĂ©tiens dâĂ prĂ©sent, Dieu en touchera encore -aucuns; par sa grĂące pour les retirer de la corruption du siĂšcle, & pour les ramener Ă sa Crainte &Ă son divin Amour. Dans cette foule, dâimpies Sa MajestĂ© a toujours, * 7 quel- PrĂ©facĂ©. js. I. quelques cĆurs qui fans consentir & sans avoir part Ă lâimpietĂ© & Ă la licence dominante, fe conservent par la vertu de son bon Esprit dans de meilleures dispositions. Et câest ce qui- mâasermit dans lâesperance que ce petit livre ne sera pas entiĂšrement inutile ni fans fruit. 2- Ce petit ouvrage nâest pas un Ă©fet de lâartifice des Sages du monde. II nâa pas lâagreable ni le divertissant que la sagesse du siĂšcle sait inspirer Ă ses Ă©crivains. 11 ne traite pas non plus de choses ou subtiles ou obscures. II nâest pas rempli de questions Ă©pineuses, ni de raisonnemens rafinĂ©s. Son stile nâest ni recherchĂ© ni Ă©loquent, comme il le faut ĂȘtre Ă prĂ©sent pour aller de pair avec les livres que lâon propose au monde plus par ostentation & par un motif de vaine gloire, que par un dĂ©sir dâavancer le salut des Ăąmes. Ce livre est simple ; il est sans rafinement; il est fans ornement; Sc nĂ©anmoins il est si rempli destructions saines & salutaires, que je puis assurer avec confiance que qui le lira en PrĂ©facĂ©. §. I. rk sn sincĂ©ritĂ© de coeur, ne regardant Ji- quâĂ Dieu & au salut de son a me, par comme ilfaut faire en toutes choses Ăš en tirera indubitablement des avanta- ce ges qui ne peuvent sâexprimer. De ne ma part je puis affirmer touchant moi, o! que Dieu sâen est souvent servi comme dâun Ă©guillon pour me rĂ©veiller u de mon assoupissement & de mon e. sommeil, & pour faire naĂźtre dans it moi quelque ardeur Ă lui obéïr jâet Ă pĂšre quâil pourra faire auffi la mĂȘme iĂź grĂące Ă tout ceux qui le liront avec I une intention pure & simple de le connoĂźtre, le craindre, Paimer & mar- ĂŹ cher saintement en sa prĂ©sence. , z. En Ă©fet lâon peut dire que Iesli- r vres bons & saints font Ă ceux qui i veulent devenir vrais ChrĂ©tiens comme une espĂšce dâechĂ©le ou de degrĂ©s , dont ils se servent pour sâĂ©lever vers le ciel ; ce sont comme des Ă©tincelles ou des flambeaux , qui alument dans eux lâardeur de lâEsprit, mĂȘme quand elle veut diminuer & sâĂ©tein- dre; & comme des apuis qui les aident, & qui .faiblesse de leur PrĂ©facĂ©. $. I. leur foi, contribuent Ă la faire croĂźtre. 4. Je dis pourtant que cet usage nâest que pour ceux qui aspirent Ă ĂȘtre de vrais ChrĂ©tiens car pour ceux qui fe contentent dâĂȘtre ChrĂ©tiens par paroles & par cĂ©rĂ©monies, ils font les uns si destituĂ©s du sentiment de Dieu & de leur conscience, quâils ne sâocupent jamais Ă penser Ă ce qui leur seroit utile & nĂ©cestĂ ire pour les instruire dans la vĂ©ritĂ© , & pour les faire tendre Ă la pratique des Ćuvres de la piĂ©tĂ©; ils ne sâocupent que des choses de cette vie, tout comme sâil nây avoit plus rien aprĂšs elle. D'autres, qui ĂĂš croient moins matĂ©riels, ont lâeĂprit si attachĂ© aux lettres & Ă lâĂ©rudition du monde , quâils ne sauroient estimer que les livres qui peuvent les rendre favans, Ă©loquens, rafinĂ©s & subtils, & ainsi leur attirer lâadmiration & la louange des hommes. Sâil paroĂźt quelque livre propre Ă les corriger de leurs Ă©garemens, & Ă les rendre meilleurs par de saintes instructions ; qui leur mette devant PrĂ©facĂ©. F. I. les yeux une maniĂšre de vie spirituelle, divine, & qui corresponde Ă la profession de ChrĂ©tiens; ils le mĂ©prisent le plus souvent avec blĂąme & dĂ©rision. Ce font , dit quelqu'un, des fl>i- rituditĂ©s ridicules. Câest de ces gens- lĂ dont S. Paul a dit, Ils font profession de connaĂźtre Dieumais ils le renient par leurs Ćuvres. Le nombre de telles gens nâest pas petit aujourdâhui &enĂ©fet, nous vivons en un tems oĂč nous sommes plus ocupĂ©s Ă faire des questions, Ă disputer, & Ă debatre de la vĂ©ritĂ© de la Religion ChrĂ©tienne, quâĂ ĂȘtre vĂ©ritablement Religieux & ChrĂ©tiens ; plus appliquĂ©s Ă en faire de beaux & de grands TraitĂ©s, quâĂ la mettre en pratique, & quâĂ en taire voir la vĂ©ritĂ© & la puretĂ© par une vie & par des Ćuvres saintes ; enfin plus portĂ©s Ă dire quâĂ faire; si bien que dĂ©formais h profession de ChrĂ©tien nâestplus quâu- ne vaine sie n ce de bouche, & un commerce de paroles entrĂ© ceux qui se prĂ©valent dâelle. Mais que dis-je de a Tit. r. ». 1 6. PrĂ©facĂ©. Js. I. de paroles ! Dieu veuille quâelle ne soit pas bientĂŽt changĂ©e en fausse libertĂ© & en licence charnelle, comme nous commençons Ă nâen voir que trop & les dogmes dans les Liberti- niĂtes & les effets dans tous en gĂ©nĂ©ral. 6. Cela ne pouvoit manquer dâar- river Ă ceux qui aĂŻant reçu la doctrine de J. Christ, ne se sont point apli- quĂ©s dâabord au a renoncement Ceux mĂȘmes, fans lequel pourtant il est absolument impossible que noussoions jamais de vrais ChrĂ©tiens & des disciples de JĂ©fus-Christ. Car comme la lumiĂšre nâa point de part avec les tĂ©nĂšbres , de mĂȘme lâEsprit de JĂ©sus- Christ dont la possession fait le ChrĂ©tien, nâen a point avec le pĂ©chĂ© & les dĂ©sirs de la chair si bien que lors quâon ne renonce pas Ă soi, Ă fa chair, & au pĂ©chĂ©, lâon ne peut attendre de la connoissance quâon a de la vĂ©ritĂ©, quâune fausse libertĂ©, par laquelle les hommes secouant tout joug, sâaban- donnent au mal fans scrupule, & se fla- MiĂŹttk. 1 6 , V. M . PrĂ©facĂ©. §. I. fiaient en leurs vices fans rem ors de conscience. Ce nâest pas quâils ne retiennent toujours quelque aparence de piĂ©tĂ© car, si vous en exceptĂ©s quelques Epicuriens & AthĂ©es de profession, lâon nâen vient jamais jusques lĂ que dâabandonner tout ouvertement & publiquement toute profession de Religion. Mais cette belle aparence & ces grimaces feront vaines & de nulle valeur devant celui qui demande les coeurs, & qui ne fe contente point de nos actions extĂ©rieures. 7. Cependant ces miserables pensent apaiser leurs consciences par ces petites fonctions du dehors, âą foiblesse, & sây dĂ©plaisant extrĂ©me- i ment, le dĂ©firent avec ardeur, & le e lui demandent avec instance & lon- s gue persĂ©vĂ©rance. Mais il ne donne rien Ă ceux qui ne lui demandent i rien, ou qui fe dĂ©sistent de lui demander. Cest lui qui opĂšre tout en nous; mais non pas pendant que nous nous endormons, ou que nous nous tenons les bras croisĂ©s, pour ainfi Ă MaUk , 7. v. 7. a» PrĂ©facĂ©, js. IĂI. ainsi dire; & encore moins,lorsque nous lui rĂ©sistons. 2i. Jesus-Christ dit que i empĂȘchent leur Ă©garement, & a qui 5 observent leur cĆur sur toutes choses , p puis quâil eU la source de la vie, aussi ant bien que celle de la mort. Ce sont, !! en un mot, ceux qui par lâEsprit de iiĂ JĂ©sus-ChriĂt, b crucifient tous les Ă© jours la chair avec tousses dĂ©sirs & tou- em tes ses convoitises. Et en vĂ©ritĂ© nous i4 sommes si ennemis de Dieu par la E dĂ©pravation de nĂŽtre nature ; nous c avons tant de penchant Ă nous cher- ife chernous-mĂȘmes; nos affections & Z nos passions sont si violentes, si im- pĂ©tueuses, & si fortes par une habituĂąt de inveterĂ©e ; nĂŽtre chair nous atti- ei re au mal si opiniĂątrement & avec n- des atraits si puiffans ; que si nous i- nâusons dâune grande violence pour Ă nous surmonter & pour nous vain- Je cre, il ne faut pas penser que le la RoĂŻaume de Dieu puisse jamais vĂȘle, nir dans nous, ni que nous y puissions Ă entrer. iii 22. Cependant il y a aujourdâhui is une fi Prov. 4. v. ij. fi 14. PREFACE, js. III. une infinitĂ© de personnes qui fĂŹinsse faire violence, sans se peiner, ou plutĂŽt , ne se travaillant point du tout, ne laissent pas de se persuader & mĂȘme de se vanter dâĂȘtre dans le RoĂŻau- me de Dieu. Mais câest se tromper bien lourdement. Car puisque 00 le RoĂŻaume de Dieu est justice, paix & joie dans le S. Esprit, selon la parole de lâApĂłtre, comment peut-il se trouver avec ceux qui laissent rĂ©gner dans eux lâinjuttice , & qui ne font point dans le S. Esprit, ni le S- Esprit dans eux, comme ils le font assĂ©s voir par une vie qui nâeĂt pas meilleure que la vie des infidĂšles & des autres dont ils condamnent la doctrine. 23. Je Ăai encore un coup , quâils ont lĂ dessus quantitĂ© de dĂ©faites, disant; Que nous ne pouvons rien; â que nous serons toujours chair aussi > long-tems que nous demeurerons en â cette vie; que nous ne pouvons pas â faire de grands progrĂšs Ă cause de la â trĂšs-grmde fragilitĂ© de nĂŽtre natu- â re mais que JĂ©sus-Christ suplĂ©era â Ă tous Rom. 14, v. i7. PrĂ©facĂ©. /. III. isi i, ĂŻ tous nos dĂ©fauts, & quâilnenous âiĂŹ â imputera point nos pĂ©chĂ©s. Mais k, hĂ©las! ne voient-ils pas que quand u;- ils parlent de la forte, ou plutĂŽt quand a ils tĂŹatent ainsi leur chair, ils fe re- ĂŹĂźi tranchent par leur propre confession aprĂšs avoir dit, que la condamnation demeure sur eux. 2s. Quant Ă nĂŽtre fragilitĂ© & foi- blesse, quâils allĂšguent Ă tout propos pour fe roidir contre ceux qui les poussent Ă leur devoir, je confesse avec a Rom. S. JĂ. & s. I, PREFACE. §. III. avec eux quâelle est bien grande, & * quâeile est telle que les meilleurs en L * font quelquefois comme accablĂ©s & j 5, abattus par lâentremife de Satan & de lc ? leur chair; ce qui les fait uĂ©mir & ^ soupirer. Mais la force deDieu, lors ^ quâils sây abandonnent, est beaucoup u plus grande ; & avec elle » je puis tout DI P en Chr fl qui me fo-ttfie , dit a S. Paul. ^ Mais si fan lâimplorer & sây rendre on prĂ©tend faire de nĂŽtre infirmitĂ© a '! un bouclier ou un rempart pour la , dĂ©fense de nĂŽtre corruption , pour l,c3 nous y entretenir & nous y flater, & HĂź ' pour nous donner licence Ă suivre f 8 nos volontĂ©s ; câelt le propre de gens ; K , qui ne cherchent que prĂ©textes & occasions de mal faire , & dâabjurer lort tout foin de saintetĂ© & de justice. Ce Ăir â - qui ne peut convenir aux vrais ChrĂ©- M tiens, dont tout le foin nâest que de fe conserver en la pratique des bonnes foi- oeuvres ; parce quâils savent quâil °' nâest pas biensĂ©ant que ceux qui font profession dâĂȘtre purifiĂ©s par le sang â e de J. Christ, retournent Ă fe souiller feC dans lâordure. *** z 26. » Pbil, 4. v, 1?. PrĂ©facĂ©. §. III. 26. Dire au reste, que Jesus -Chris " suplĂ©era Ă tous nos dĂ©fauts & q C il ne 53 nous imputera point les pecbĂ©s auxquels fi nous nous abandonnons fĂŹ librement föi & fĂŹ volontairement aprĂšs fa connoif- ict tance; câest faire de JĂ©sus-Chritt lâa- b file des vices, & de fa grĂące la nour- tĂł riture de lâiniquitĂ©. Ce qui est de la w derniĂšre impiĂ©tĂ©. II nous prĂ©sente b sa grĂące ; mais Ă condition que nous ĂŹ menions une vie pure, sainte, &di- k gnedelui; & câest pour cet Ă©fet quâil n nous promet son Esprit, fĂŹ nous le lui fe demandons avec foi. PrĂ©tendre autre fo chose, câest lui faire injure ; & fĂŹ nous tjii nous conduisons autrement, nous Ć nous privons du benefice de la rĂ©- jjf demption, & nous en rendons entiĂš- p renient indignes. Car ce sont ceuX siĂ d qui cheminent en la lumiĂšre que le sang de JĂ©sus-Christ puriĂe de tout pĂ©chĂ©, fa dit S. Jean. II nây a rien Ă attendre pour ceux qui demeurent dans les tĂ©nĂšbres & la dĂ©sobĂ©issance, que la condamnation la colĂšre de Dieu. Evang, I S. Jean 3. v. 19, 3 6. 27 Or a Epifl. S. Jean 7. . P Ă E F A C E. §. III. f? 27. Or je prie au nom de Dieu » ceux qui sont dans ce malheureux 10 Ă©tat, de considĂ©rer sĂ©rieusement toute; tes choses, & de penser tout de bon 3 ĂĂŹ Ă ces paroles du Sauveur 00 Tout fi homme qui me dit , Seigneur, Seigneur, m. rientrera pas au i \diaume des cieux» e!i mais celui-lĂ feulement qui fait la voll lomĂ© de mon PĂšre qui efĂŻ Ăšs cieux . » Ni les paroles, ni les cĂ©rĂ©monies ne 5 font pas des marques assurĂ©es des ri vrais ChrĂ©tiens, des enfans de Dieu, la des fidĂšles, des membres de Christ, ffi des Ă©lus de Dieu ; quelque parade 1 quâon fasse de ces beaux mots & de ins ces belles choses comme si on les i possedoit en propre. Les vraies marie- ques font les fruits, font les actions il! Câest l'amour, b c est la charitĂ© dâun h coeur pur t d'une bonne conscience , d f h, d 7 me foi non feinte. Irs les 4 V 3 §- IV. Ă MfĂtth. Ib 1 Tm, i,v, 5 . PrĂ©facĂ©. §. IV. §. IV. 28. Et ce sera aussi ma conclusion, que la seule marque infaillible des fidĂšles ChrĂ©tiens est lâA m o u r & la CharitĂ©', fans laquelle on a beau parler de JĂ©Ăus-Christ & de lâEvangi- le, user des Sacrements, avoir toutes les plus belles cĂ©rĂ©monies qui se puissent penser ; tout cela nâelt rien sans la CharitĂ© ; & plĂ»t Ă Dieu que les ChrĂ©tiens dâaujourdâhui les uns & les autres car, hĂ©las ! ils font tous divisĂ©s entr'eux, & les uns contre les autres, ĂŹâeussent bien pratiquĂ©e toute leur vie jusquâĂ prĂ©sent ! On ne verroit pas maintenant rĂ©gner au milieu dâeux les haines, les animositĂ©s, les meurtres, les cruautĂ©s, les factions, les partialitĂ©s, les trahisons, les dĂ©loiautĂ©s, les dĂ©sirs de vengeance, & une infinitĂ© dâautres maux. Le sang nâauroit pas Ă©tĂ© rĂ©pandu, comme il lâa Ă©tĂ© fi abondw-i ment, & le sera encore, si Dieu deĂŹ. Ăźpart ne refrĂšne par sa grande puissance les coeurs PREFACE. §. IV. des hommes, enragĂ©s & aĂ ro 4 ' les uns contre les autres au point quâils le font, & animĂ©s Ă mettre Ă Ă©fet tout ce que leur inspire la fureur & la violence de leurs pallions; & quâeuxdeleur cĂŽtĂ© ne ploient leurs tĂȘtes inflexibles fous le joug de Dieu, rĂ©connoissant humblement leurs fautes, & recourant au remĂšde de la con- verfion pour apaiser la colĂšre de Dieu ĂĂŹ alumĂ©e contre nous. En un mot, nul remĂšde si les hommes ne lĂš changent, & sâils ne deviennent doux & charitables de durs & de cruels quâils font devenus. 29. Et afin que personne ne fe trompe plus par des titres magnifiques, je vais particulariser par ma conclusion qui sont ceux Ă qui apar- tiennent vĂ©ritablement ces titres-lĂ . Les ChrĂ©tiens, font a ceux qui crucifient a chair avec ses afeffions & fies dĂ©sirs. Les Ăjf^ANs de Dieu sont ceue. [o / . 'conduits "r t Esprit Ă e is'i. . par *** 4 * - . b Rom . 8 .v. 14» P R E F A C ĂŻ. Ăź. IV. % ' t, Ă leurs propres dĂ©sirs. i-£» Jpideles, font ceux qui ne sâapuient pas seulement sur la misĂ©ricorde de Dieu par JĂ©sus-Christ; mais qui aussi s-exercent en toutes sortes de bonnes oeuvres, & qui, comme dit S. Pierre, a ajoutent vertu avec leur foi ; & avec vertu , science ; & avec science, tempĂ©rance ; & avec tempĂ©rante , patience , & avec patience, piĂ©tĂ© » & avec piĂ©tĂ©, amour fraternelle ; & avec amour, fraternelle, charitĂ©. Les Membres de Jesus -Christ, font ceux qui mettent peine Ă ĂĂš conformer en cette vie Ă leur Chef, autant quâil eĂl possible, sachantquâil ne se peut faire que le Chef soit dâune volontĂ© k ' ui encs" , wJpieu dev .âą . tou- us â tes o. 2 Pier. 6,7. Ă Eph. r. r>. 4° P R E F Ă C E. K. IV. tes sortes de faux ChrĂ©tiens. Sur quoi Ă©roâT^ns ce mot de S. Augustin U -,fVt le BatĂȘme ; il peut avoir la prophĂ©tie ; il peut recevoir le Sacrement du Corps & du Sang du Seigneur ; il peut ĂȘtre apellĂš ChrĂ©tien & avoir en fa bouche le nom de Christ; il peut avoir les autres vertus ; mats /'Amour , la CharitĂ©, est tellement propre aux vrais ChrĂ©tiens, âą â i t * Que chacun donc, dit-ĂŹi ailleurs , s interroge foi - mĂȘme touchant ce qu 3 il aime, & il trouvera Ă€ oĂč il est Citoien, S*il aime le monde & ce qui est a u monde , comme la chair, les richesses, les honneurs ; il est citoien de Babilone, & r?a rien de commun avec la justice ; S'il aime Dieu, il est citoien de Jerusalem, il est bon , il est justes & Von ne doit pas douter que Dieu ne lui rende dans ce grand jour la couronne de justice. Amen. *** f TABLE DES CHAPITRES. OĂč le contenu de chaque chapitre est marquĂ© par un vers. Chap. LIVRE I. 1, '[Mite Jesus-Chr ist, mĂ©prise toutes choses. I 2. Aime L'humilitĂ© plutĂŽt que la science. 4 z. Ecoute Dieu parlant, & te combats toi-mĂȘme. 7 4. Ne juge de leger, & ne te prĂ©cipitĂ©. IZ ç. Lis, mais avec VEsjril qui diiĂŻa F Ecrit ure. 14 6. On se trouble en cĂ©dant, rĂ©sistant on se calme. 16 7. Ne te prevaus de rien, & te soumets Ă tous. 17 g. Sois familier Ă peu, mais fois ami de tous. 19 9. Aime bien d?obĂ©ir, & bai ton propre sens , 20 10, Fui TABLE DES CHAPITRES, Chap. LIVRE I. 10. Fui les vains entretiens, parle des choses saintes. 22 11. Pour aquerir la paix combats toi fans cesser, 24 12. 11 Fest avantageux que tu fois afĂŹigĂ©, 28 13. Heureux lâhcmme tentĂ©, mais qui demeure ferme. 29 14. Ne juge pas autrui , juge toi, quitte toi. 3 7 Is. Faipar un pur amour tout ce que tu veux faire. 37 16. On te doit fuporter , fuporte donc les autres. 39 17. TJn homme bien ChrĂ©tien doit F ĂȘtre par fa vie. 41 18 - Sui les ChrĂ©tiens pasiĂ©s,fui les tiĂšdes prĂ©sent. 43 19. Aies de bons desseins, & de saints r exercices. 48 20. Apren la solitude & le sacrĂ© silence . sZ aĂŻ. Afiige ton Esprit en voiant tes offen- ses. f9 22 . Voi la mifere humaine avec un caur touchĂ©. 63 *** 6 23. Th TABLE DES Chap. LIVRE II. 23. Tu mourras ĂŹ & ta mort fera comme ta vie. 69 24. Les juplices d'enfer attendent les mĂ©dians. 7ç Ls. Aie beaucoup dâardetsr pour amen. der ta vie. 8i Chap. LIVRE II. I. Tu verra tout dans toi fi tu fat bien t'y rendre. 90 L. Dieu ne donne fes biens A son secours quâaux humbles. 96 Z. Si tu chĂ©ris la paix tu fuporteras tout, 98 4. Vceil ftmple & le cĆur pur Ă©lĂšvent jusqu"Ă Dieu. 100 f. LaiĂe autrui, laisse tout, pense Ă ter, pense Ă Dieu. 102 6 . La joie bien solide esl dans la conscience . 10s 7. Pour bien aimer ffeftts il faut Vaimer lui seul. 108 8- Aime tout pour ffeftts, & jlefus pour lui mĂȘme. 111 §. Pour Ă©purer les siens Dieu les prive de jo ie. Us 10. Pens CHAPITRES. Chap. LIVRE II. io. Ren grĂąces jour la grĂące , & soufre son absence. iai ĂŻl. Pottr suivre Chr iĂ soufrant peu de gens se renoncent. I2s 13. Fr en la croix de JĂ©sus st tu veux sa couronne. 1 29 Chap. LIVRE. III. 1. Ferme ton cĆur au monde , & Dieu t'y parlera. 140 2. Vbomme parle au dehors , Ă©> Die» parle au dedans. Ă42 3. On fait t j ut four le monde, on ne fais rien pur Dieu. J 45 4. Repi la vĂ©ritĂ© d'un cĆur humble & fincere. J$0 s. Demande Ă Dieu F amour, car on a tout dans lui. If4 6. Vamour eĂt Ă©prouvĂ© par les choses contraires. 16 J 7. Sois humble dans la grĂące , & lors qu'elle est absente. 166 g. Reconnoi devant Dieu que tu rĂĂšs rien du tout. 171 9. Que Dieu soit ton motif & ta fin souveraine. 174 *** 7 10 .Dieu TABLE DES Chap. LIVRE III. 10. Dieu te veut bien servir, sers le, car c* est ta gloire, 17 6 1 1. TĂąche de plaire Ă Dieu, mais non pas Ă toi mĂȘme. 180 12. Soufre les maux du monde, Ă©vite ses plaisirs. 182 13. Que ÂŁ exemple de Christ t'en feigne Ă te soumettre. 186 14. Que la grandeur de Dieu , que ton nĂ©ant f Ă©tonnent. \ § 9 l s. Veux tout ce que Dieu veut, & non ce qui te plait, 192 16. Cherche ta joie en Dieu, maĂ» non pas dans le monde. 19s 17 - Jette tes foins fur Dieu, permets qu il te conduise. 197 18- Christ soufre le prĂ©mier,soufre donc aprĂšs lui. 199 19. On doit Ă©galement fuporter tout de tous. 202 20. Ta foiblesfe est bien grande, & ta vie penible. 206 21. Dieu visite le cĆur qui ÂŁ aime & qui le prie. 210 22 - BĂ©ni Dieu pour ses dons, & fois content des moindres , 21? a CHAPITRES. Chap. LIVRE III. 23 - Dieu tâenseigne la Paix, pris que tu lâobjerves. 219 24. QĂą'te les foins fans fruits, & remets tout h Dieu. 224 2s. Cherche la paix de Dieu dans fĂȘtĂąt des parfaits. 22s 26. Use du nĂ©cessaire , & gĂ©mi fous on poids. 229 27. J Qu,i veut jouir de tout doit aujfi tout donner. 232 28- NâapiĂŹque pas ton coeur Ă ce quâon dit de toi. 236 29. Pren Dieu pour ton recours lors que les maux f accueillent. 237 30. Cherche en Dieu ton secours fans craindre f avenir. 239 31. Pour bien connoltre Dieu qui te toute autre chose. 24s 32. Si tu veux trouver tout, il te faut tout quiter. 249 33. Parmi les changement demeure inĂ©branlable. 252 34. Lorsque Pon goĂ»te Dieu Pon trouve tout en lui. 2s4 3 s. Dieu deĂine les ftens Ă foufrir dans ce monde. 258 36 . Luise TABLE DES Chap. LIVRE III. g 6 . Laisse dire le monde, & remets tout Ă Dieu. 26 l 37* Qgâte toi tout-Ă -fait pour avoir le cĆur libre. 263 Z g. Demeure libre en tout, consulte Dieu sur tout. 2 66 39. Tu doĂč laisser Ă Dieu le soin de ta conduite. 2 68 40. Vhomme n a rien de bon, c'est Ă tort qu on le loue. 270 41. Laisse toi mĂ©priser , c est ce que tu mĂ©ritĂ©s. 274 42. N'aie garnis qtien Dieu ; & n aime que lui seul. 276 43. Dieu rend intelligens les petits & les humbles. 278 44. 11 faut mourir au monde , afin dia* v 4 r la paix. 281 4s. QĂsonse repose en Dieu, sans conter fur les hommes. 28Z 46. Laisse juger le monde, & voi ce que Dieu juge. 288 47. Soufre les petits maux atendantles grands biens, 293 48. Parmi les maux prĂ©fens pense aux biens Ă venir âą 296 49- Pâą CHAPITRES. Chap. LIVRE III. 49. Par le renomment Dieu dispose Ă la vie, zo2 50. Dans son abaissement il faut qu en se rĂ©signĂ©. 309 ĂĂŻ. Dans la langueur d'Esprit cherche les oeuvres humbles. 31s Ă2. Tu ne mĂ©ritĂ©s rien , brise ton coeur mauvais. 317 f 3, On nesauroit mĂȘler la grĂące & Da* muur propre. 320 54. La grĂące & la Nature ont des motifs contraires. 324. s s. Sans la grĂące de Dieu nous ne saurions rien faire. 332 5^- Quite toi, fui JĂ©sus t pren fa crois c, Ăł~ D imite. 336 57. iSse t 1 abat s point par trop quand tu vois tafoibleĂe. 340 5 S. RejpeBe en te taisant ce que Dies* Da cachĂ©. 343 s9. NâejpĂšre que Dieu seul } ne cherche rien qu en lui, 351 CIIA P. TABLE DES Chap. LIVRE IV. 1. Aprocbe toi de Dieu, car c est Dieu qui f invite. Zsg 2. Aprocht toi de Dieu, mats dans ĂhumilitĂ©. Z 69 3. Ne te tien pas long-tems Ă©loignĂ© de ton Dieu. 374 4. Vunion avec Dieu, c*est la source des grĂąces. 378 s. Ce tĂefl quaux vrais ChrĂ©tiens que Dieu se communique. 384 6 . Demande Ă ton Sauveur qu'il te prĂ©pare Ă lui. 388 7. PrĂ©pare toi pour Dieu reconnaissant tes fautes. 389 8 - Ofre toi tout Ă Dieu pour lui bien agrĂ©er. 394 9. Ofre Ă Dieu, toi , tes vaux , tant pour toi que pour dâautres. 396 10. Uni Ă Dieu ton cĆur en tout tems & fans c este. 401 11 .La vie de JĂ©sus est nĂŽtre nourriture. 408 12 . PrĂ©pare moi ton cĆur, & je viendrai chĂ©s toi. 416 13. Deftre avec ardeur de f unir tout Ă Dieu. 420 14. Con- CHAPITRES. Chap. LIVRE IV. 14. ConsidĂ©rĂ© l'ardeur des saints pour t'animer. 423 Is. Plus on renonce Ă foi, plus on s'unit Ă Dieu. 42s 1 6 . Prie ton CrĂ©ateur qu'il vienne agir dans toi, 429 17. Redouble ton ardeur pour l'union heureuse. 431 18- Rejette les conseils de la chair malheureuse. 436 NB. Dam le troisiĂšme U le quatriĂšme livre , qui sont une espĂšce dâentretien de Dieu& de lâAme ChrĂ©tienne , on a virgule Ă la marge les lignes du texte oĂč Dieu eĂ in. traduit comme interlocuteur. TA TABLE DES MATIERES PRIN CIPALES» A. A Bnegation. VoĂŻĂ©s Renoncement. Actions de grĂąces. Peur la vocation m service de Dieu. Lvr. III, Cb. ro. Pour les biem reçus de Di grands & petits. Livr. III. Cb. 22. Afflictions. Voi. tribulations, &c l ur avantage & utilitĂ©. Uv . I. Cb. 12. Liv. II. Cb, 12. Liv. III. Cb. io. ZO. Z s. Ă©* 49 . On a toujours des sujets dâafliĂ©lions. Liv. I. Cb. 21. & LiUflI. Cb. 12. Comment on doit sây comporter, Liv. III, Cb. 29. e- rance en Dieu. liv. III. ch. 59. li 25. PriĂšre & mĂ©ditation sur ce que Dieu nom apeĂŹlc Ă sa divine communion . it, liv. IV. ch. X. Ăź6. PriĂšre & mĂ©ditation pour saprocher ii. de Dieu avec humilitĂ©, liv. IV. ch. 2. !i 17. PriĂšre pour demander Ă Dieu la grain ce de fa divine Communion, liv. IV. ch. 3. 1 28. PriĂšre pour impetrer avec la Com - i. mu- Table des PriĂšres. munion divine les Effets qui tn pro. tedent. liv. IV. ch. 4. r-. PriĂšre & mĂ©ditation pour sâexami. mr avant que de se prĂ©senter Ă la Sainte Communion, liv. IV. ch. 6.& 7. 30. PriĂšre pour demander le pardon de ses pĂ©chĂ©s & la misĂ©ricorde de Dieu sur soi & sur les autres avant la Ste. Communion, liv. IV. ch. 9. 31. PriĂšre & mĂ©ditation fur la maniĂšre dont le Sauveur fi communique Ă fit bien-aimĂšs. liv. IV. ch. 11. 3 Z. PriĂšre pour sâabandonner du tout Ă Dieu dam le dĂ©fir de le recevoir, liv. IV. ch. f . 33. PriĂšre pour implorer tEsprit dâar- deur qui mus uniffe Ă Dieu. liv, IV. cb. 14. 34, PriĂšre pour implorer la gratieufeprĂ©sence de Dieu par fa Communion divine , pour remedier Ă toutes ms misĂšres. liv IV. ch. 16. Z s. PriĂšre & transports dâune ame qui dĂ©stre que JĂ©sus-Cbrist son Sauveur vienne dans elle. liv. IV. ch. 17. LE LE PREMIER LIVRE D E * LIMITATION JESUS CHRIST. CONTENANT Des avis utiles pour la vie spirituelle. Chapitre I. Imite Jesus Christ } mĂ©prise t o u. tes choses. Elui qui me fuit , ne marche point dans les tĂ©nĂšbres , l dit Je Seigneur, -r Ces paroles font de JĂ©fus- Christ ; & il nous avertit par elles que nous devons imiter fa vie & ses Ćuvres, fi nous voulons ĂȘtre vraiement Ă©clairĂ©s & dĂ©livrĂ©s de tour aveuglement de cĆur. A Pat L De lâImitation Par consĂ©quent, nĂŽtre grande affaira doit ĂȘtre lâĂ©tude assidue de la Vie de JĂ©ĂĂčs-Christ. r. La doctrine de JĂ©sus-Christ est encore au-dessus de tout ce que les Saints enseignent. Si onavoitl'Esprit de Dieu lors quâon la mĂ©dite , on y trouveroit cette a Manne cachĂ©e dont l'Ecriture il arrive tous les jours,qu'une infinitĂ© de monde Ă©coute les paroles de lâEvangile fans que personne ait le cĆur touchĂ© du dĂ©sir de les pratiquer. Câest parce quâilsnâont point lâEspritde ne saurions bien entendre ni pratiquer la doctrine du Seigneur JĂ©sus, ni bien goĂ»ter ses paroles, quâen nous efforçant de conformer nĂŽtre vie Ă la sienne. z. A quoi bon disputer fur le mystĂšre de la TrinitĂ© , si 1 humilitĂ© te manque, & que par consĂ©quent la TrinitĂ© ne trouve rien en toi qui lui soit agrĂ©able? Les discours Ă©tudiĂ©s ne rendent personne ni saint ni juste devant Dieu. Câest la vie vertueuse qui nous rend ses amis. Jâaime bien mieux sentir mon cĆur a Apoc . 2, v . 17. de J. Christ. Lhr. I. Ch. i, j cceur touchĂ© de la vraie repentance » K que de savoir comment il la faut dĂ©finir. Quand tu aurois toute la Sainte liftĂ© Ecriture imprimĂ©e dans la mĂ©moire, jisla & que tu sçauroispar cĆur toutes les % belles sentences des Philosophes, di os; moi, je te prie, Ă quoi te serviroit f c tout cela fi tu Ă©tois destituĂ© de lâAmour rosis de Dieu & de fa grĂące ? a VanitĂ© des 't" vanitĂ©s ; tout efl VanitĂ© , hormis aimer p Dieu 8c lui obĂ©ir. Voici en quoi contrai siste la Souveraine sagesse, Ă sâavan- OM CER VERS LE RoiAUME DU ClEL ĂSBC PAR LE MESPRIS DE TOUTES LES Itrli CHOSES QUI SONT SUR LA TERRE. r !E 4. Câest donc vanitĂ© que de sâappli- fe quer Ă lâacquisition des richesses pĂ©ris. ,ne ' sables,8c dây mettre fa confiance Câest iĂŹĂš' vanitĂ© que de rechercher les honneurs l2 -' du monde, & de vouloir sâĂ©lever dans 1,0 un rang distinguĂ©. Câest vanitĂ© que de courir aprĂšs les plaisirs du corps, & G de dĂ©sirer des contentemens insĂ©para- blĂ©s dâune punition sĂ©vĂšre & rigoureu- ;i se. Câest vanitĂ© que de souhaiter une 0 longue vie, sans se mettre en peine de - A r bien a Ecd. i. 4 De lâ Imitation , , ! bien vivre. Câest vanitĂ© que dâapliquer j p ses soins aux choses prĂ©sentes, & de nâavoir point de prĂ©voĂŻance pour cel- ! les qui doivent arriver cy-aprĂšs. Câest f ; enfin vanitĂ© que de vouloir attacher ses ' f; affections Ă des choses qui ne font que , [f paffer avec une vitesse non-pareille, & J j, ne se point avancer vers celles qui de- ; r, meurent dans un Ă©tat fixe de fĂ©licitĂ© & * de joie Ă©ternelle. , Pense souvent Ă cette parole du Sa- . ge ; a LâĆil ne sera jamais rassasiĂ© par { tout ce quâil peut voir , & l'oreille ne sera { point assouvie en Ă©coutant. Pren donc , peine Ă retirer ton cĆur de lâaniour des choses visibles, & Ă te donner tout-en- tier aux invisibles. Car ceux qui ont de lâattachement aux plaisirs des sens, souillent leurs consciences, & perdent la grĂące de Dieu. * 1 a EccL l. ti . 8- 1 ChĂ pitĂŻce II. ÂŁ Aime ['humilitĂ© plutĂŽt que la science. â I. I Out homme dĂ©sire naturelle- JL ment de sçavoir j mais que ] sert de J. Christ. 5 sert la science quand on nâa pas la crainte de Dieu ? En vĂ©ritĂ©, un PaĂŻsan qui est humble & qui obéßt Ă Dieu, vaut mieux quâun Philosophe enflĂ© de sa. sâemplofant Ă considĂ©rer le cours des astres, nâa point de foin de se rĂ©gler ni de se connoĂźtre soi - mĂȘme. Celui qui se connoit bien, semetavec justice dans le rang des choses les plus viles & lesplus abjectes; & il neprend point de plaisir aux louanges des hommes. Quand je polTĂ©dcrois la science de toutes les choses qui font dans le monde, que meprofiteroit cette science devant Dieu si je nâavois point la charitĂ©, vĂ» que câest fur mes actions quâil me doit juger ? 2. RĂ©prime en toi le dĂ©sir de savoir beaucoup de choses ; parce quâil ne fait que distraire lâeĂprit, & ne sert auâĂ le tromper. Ceux qui ont beaucoup de science ont aussi beaucoup dâambition pour paroĂźtre en la dĂ©bitant ; & ils sont bien aises quâon dise dâeux quâilssont sages & habiles. Cependant combien y a-t-il de ces choses, dont la science est de petit ou ĂnĂȘ- A 3 me 6 Delâ Imitation me de nul usage pour lâame? Câest ĂȘtre bien insensĂ© que de sâapliquer Ă dâau- tres choses qu's celles qui contribuent au salut Ă©ternel. Beaucoup de discours ne nourrissent pas lâame. Il nâyaque la bonne vie qui mette lâeĂprit en repos , & que la puretĂ© de la conscience qui salle que lâon se prĂ©sente avec confiance devant Dieu. z. Plus tu sçais de choses- & mieux tu les sçais;plus rigoureuse sera ta condamnation si tu nâen as vĂ©cu plus saintement. Si tu excelles dans la connoiss lance de quelque art ou de quelque science, ne tâen Ă©lĂšve point ; tremble plutĂŽt de ce que tu asplus de connoiss lance que de pratique. Lors quâil te viendra dans la pensĂ©e, que tu sçais beaucoup de choses, & que tu les en- tens bien, pense quâil y en a infiniment davantage Ă lâĂ©gard desquelles tu nâĂšs quâun ignorant. Ne tâĂ©lĂšve point dans lâopinion de ta sagesse ; avoue plutĂŽt ton ignorance. Pourquoi voudrois-tu te prĂ©fĂ©rer Ă dâautres, vu quâil y en a tant qui te devancent & qui ont plus ^intelligence que toi dans la loi de Dieu? de J. Christ. LĂŹvr. 1. Cb. 7 Dieu? Veux-tu apprendre une science qui te fera fore utile Ă 1 Appren Ă aimer d erre inconnu, & dâĂȘtre estimĂ© moins que rien. 4. LâInstruction la plus haute & la plus utile , est de se connoĂźtre & de se mĂ©priser. Câest une grande ĂĂ gesle & un avancement signalĂ© dans la perfection que de croire effectivement quâon ne & que les autres font bien-meilleurs que nous. Quand tu verras quelquâun commettre un pĂ©chĂ© ou un crime manifeste, tu ne dois pas penser que tu sois meilleur que lui; parce que tu ne sçais pas combien de te ms tu demeureras fans tomber. Nous sommes tous fragiles; mais ne croi pas que personne soit plus fragile que toi. Chapitre III. Ecoute Dieu parlant , & te combats toi-mĂȘme. X. T T Eureux celui que la vĂ©ritĂ© en- il feigne par elle mĂȘme, &non A 4 point 8 Delâ Imitation point sous lâobscuritĂ© des figures , & par des sons qui passent ; mais telle quâelle est essencieliementl Nous sommes souvent trompĂ©s par nos opinions & par nos sentimens, qui ne nous dĂ©couvrent que trĂšs-peu de choses & trĂšs-imparfaitement. A quoi bon tant de contestations fur des choses cachĂ©es kc obscures, dont lâignorance ne nous fera pas imputĂ©e Ă pĂ©chĂ© aujpur du jugement de Dieu ? Câest une prodigieuse folie que de nĂ©gliger ce qui est utile & nĂ©cessaire,pour nous appliquer de gaietĂ© de cĆur Ă des choses inutiles & curieuses, & mĂȘme nuisibles & dommageables. Câest avoir des yeux, & ne point voir. 2 . Qu avons-nous besoin de ces fatras Philosophiques, tels que les Genres ouĂŻes EspĂšces ? Celui Ă qui la Parole Eternelle parle, nâa plus que faire de tant dâopinions. Cette unique Parole est la source de tout ce qui est solide , & tout nous renvoie Ă Elle par un langage muet. C'est elle aussi § qui est le souverain principe qui nous parle. Sans Elle on ne comprend rien, & , 5» S. de J. Christ. Livr. 1. Cb. z. tz on ne peut juger de rien lui Ă qui cette Parole unique est tout, qui ramĂšne tout Ă cette UnitĂ©', & qui voit tout dans Elle, aura Ăe cĆur ferme & inĂ©branlables demeurera tranquille en Dieu. Mon Dieu! VĂ©ritĂ© Ă©ternelle ! fai moi la grĂące que je fois une mĂȘme chose avec toi par ton Amour Ă©ternel ! Je mâennuĂŻe souvent de tant de lectures, & de tant de discours. Tout ce que je cherche & que je dĂ©sire ne se trouve que dans toi. Que tous les Docteurs serment la bouche, & que toutes les crĂ©atures se taisent en ta prĂ©sence ! Toi seul, mon Dieu ! toi seul, parle Ă mon ame. Plus un homme est recueilli dans lui-mĂȘme & rĂ©duit Ă une innocente simplicitĂ© de cĆur, plus aussi sâĂ©ten- dent&sâĂ©lĂšventĂĂ nspeine sesconnois- lances ; parce quâil est Ă©clairĂ© par Pin- telligence quâil reçoit dâenhaut. Une ame pure, simple, & constante, ne se laisse pas distraire par une multitude dâopĂ©rations ; parce que tout ce quâel- le fait ne tend qu Ă un seul but, qui est lâhonneur de Dieu , demeurant dans A 5 Pinac- lo De lâImitatioh lâinaction sur ce qui la regarde, & tĂąchant dâĂȘtre toujours libre de toute propre recherche. Ya - t-il rien qui te trouble & qui tâembaraiTe davantage que les dĂ©sirs imortifiĂ©s de ton cĆur ? Celui qui craint Dieu, ne fait rien au dehors que premiĂšrement il ne Tait rĂ©glĂ© & disposĂ© au dedans de lui-mĂȘme, fi bien quâil ne fait rien par le penchant des inclinations vicieuses ; mais il range tout fous la Loi de lâefprit & de la droite raison. Nâest-ce pas le plus rude de tous les combats que de tĂącher de se vaincre soi-mĂȘme ? Ce devroit ĂȘtre lĂ nĂŽtre grande affaire, de nous vaincre, & de devenir tous les jours plus forts contre nous mĂȘmes par un progrĂšs continuel dans le bien. 4. Pendant que nous sommes dans cette vie nous nâavons point de perfection fans mĂ©lange dâimperfection, & nos lumiĂšres font toujours bien obscures. Lâhumble connoiĂsance de ton nĂ©ant te conduira plus sĂ»rement Ă Dieu, que la recherche dâune science nâest pas qu on ait dessein de blĂąmer la science ou la simple con- noifsance de J. Christ. Livr. I. Cb. 3. II noistance des choses, puis quâelleest bonne en foi 8c dans Tordre de Dieu. Mais on doit toujours prĂ©fĂ©rer la bonne conscience & la bonne vie. Il y en a beaucoup qui se trompent malheureusement & qui sont presque tout Ă fait stĂ©riles en bons fruits, parce quâils sâĂ©- tudientplus Ă savoir beaucoup , quâĂ bien vivre. 5. O! si Ton Ă©toit aussi diligent Ă extirper les vices du cĆur & Ă y Ă©tablir les vertus » quâon Test Ă former des questions & des disputes! Lâon ne verroh pas tant de maux Sc de scandales parmi le peuple,ni tant de diĂĂŹolutions entre ceux qui font profession dâune vieplus spirituelle ! Certainement lors que Je jour du jugement fera venu il ne nous fera pas demandĂ© ce que nous aurons lu, mais ce que nous aurons fait j il ne fera pas question de Ăçavoir si nous avons dit de belles choses,mais si nous en avons fait de bonnes Sc de saintes. OĂč font Ă prĂ©sent ces grands Docteurs Sc ces Sçavans que tu as connus pendant leur vie,Sc que leur science rendoit si cĂ©lĂšbres ? Leurs charges A G 8c 12 De l Imitation & leurs biens font passĂ©s Ă dâautresj qui peut - ĂȘtre ne pensent pas Ă eux. Lors quâils vivoient,on les tenoit pour quelque chose de grand ; maintenant on nâen dit plus rien. 6. O! que la gloire de ce monde paf fe vite t O ! si leur vie fe fĂ»t accordĂ©e avec leur science ! leurs Ă©tudes & leurs lectures leur profiteroient prĂ©sentement. O! que le nombre est grand de ceux que la vanitĂ© de la science conduit de ce monde danslâEnser; parce quâils ne se mettent pas en peine de servir Dieu ! Comme ils aiment mieux une vaine rĂ©putation que lâhumilitĂ© , ils se perdent dans le vuide de leurs pensĂ©es. Câest ĂȘtre vraiement grand & louable que dâĂ voir un grand amour pour Dieu & pour son prochain. Câest ĂȘtre grand que dâĂȘtre petit en soi-mĂȘ- me, & de tenir pourrien les plus hauts degrĂ©s de Thonneur mondain. Câest ĂȘtre prudent que a de tenir toutes les choses de ce monde pour de la fiente afin de gagner A. Christ. Et celui-lĂ est vraiement sçavant, quisçaitfaire la volontĂ© de Dieu & renoncer Ă la sienne propre. nu. ?. v. 8. Cha " de J. Christ. JJvr. I. Ch. 4. iz Chapitre IV. Ne juge de leger , & ne te prĂ©cipite . I. \T Ous ne devons pas croire tout JLlI cequâonnous veut persuader, ni tout ce que nĂŽtre cĆur nous suggĂšre ; mai s nous devons examiner toutes choses prudement & avec patience, selon Dieu. Mais, helas! nous avons la foibleffe de croire & de dire plutĂŽt du mal des autres, que du bien. Cependant ceux qui font avancĂ©s dans la perfection ne croient pas aisĂ©ment tous les rapports qu on leur fait ; parce quâils sçavent que lâinfirmitĂ© des hommes les porte toĂ»jours vers le mal, &les fait Ăouvent tomber dans le dĂ©rĂšglement de la langue. 2. Câest une grande sagesse que de nâĂȘtre point prĂ©cipitĂ© dans ses actions, ni attachĂ© Ă son propre sens avec opiniĂątretĂ©. Câen est une aussi que de ne pas croire tout ce que l'on nous dit, dc de n aller point rapporter aux autres ce que nous avons ouĂŻ ou cru. Pren conseil dâune personne sage ĂŽi de bon- A 7 ne 14- De lâImitation ne conscience ; & cherche de recevoir plutĂŽt s avis & sinstruction de celui qui est meilleur que toi, que de suivre ta propre pensĂ©e. La bonne vie rend rhomme sage & expĂ©rimentĂ© selon Dieu, & lui donne de lâexpĂ©rience en beaucoup de choses. Plus on est hum. ble de cĆur & soumis Ă Dieu, plus a- t-on de sagesse Sc de tranquillitĂ©. Chapitre V. Li » mail avec lâEftrit qui diiĂŻa lâE - criture. faut chercher dans lâEcriture X Sainte non TĂ©loquence, mais la vĂ©ritĂ©. On doit lire rĂ©criture avec le mĂȘmeEĂpritquâelle a Ă©tĂ© faite; & nous y devons plutĂŽt chercher nĂŽtre Ă©dification,que la subtilitĂ© du ne devons pas moins trouver de plaisir dans la lecture des livres de piĂ©tĂ© quoi que tout y soit simple, que dans ceux qui font sublimes & relevĂ©s. Ne tâarĂš- te point Ă considĂ©rer si celui qui Ă©crit, a Ă©tĂ© tenu pour peu ĂĂ vant ou pour fort habile ; de J. Christ. Ch. y. if habile; quâil nâyaitquelâamourdela pure vĂ©ritĂ© qui r incite Ă lire ce que tu Jis. ConsidĂšre avec attention ce qui est dit, & ne te mets pas en peine de savoir qui câest qui la dit. 2. Les hommes passent; mais la vĂ©ritĂ© du Seigneur demeure Ă jamais. Dieu nous la propose par ses paroles en beaucoup de maniĂšres,fans quâil regarde Ă la qualitĂ© de ceux donc il sc sert pour nous parler. Souvent nous retirons peu de profit de la lecture de lâE- criture Sainte, parce que nous y cherchons la satisfaction de nĂŽtre curiositĂ©. Nous voulons Ă©plucher & rechercher curieusement des choses sur lesquelles il ne faudroit que passer. Si tu veux lire avec profit sEcriture, li la avec humilitĂ©, avec simplicitĂ©, & avec une intention sincĂšre de suivre ses instructions. Ne dĂ©sire jamais dĂ©passer pour sçavant. Demande toĂ»jours dâĂȘtre instruit; Ă©coute en silence les paroles des Saints; & ne te rebute point des Paraboles & des maniĂšres de parler figurĂ©es des Anciens; car ils ne s'en font point servis fans sujet, ChĂĄ- l6 De lâImitation Chapitre VI. On se trouble en cĂ©dant ; rĂ©sistant on se calme. T Oures les fois - que Hiomme Ă©tend son dĂ©sir au delĂ des bornes que Dieu lui a prescrites, il est par cela mĂȘme rempli de troubles & dâ & lavare nâont jamais de paix; mais le pauvre & rhumble dâeĂprit font dans i Ă©lĂ©ment dâunetranquilitĂ© qui nâest pas encore entiĂšrement mort Ă foi-mĂȘme se laisse incontinent tenter & vaincre, mĂȘme dans les choses les plus petites & les plus basses. Celui dont Tarne est foible & lĂąche, & qui panche encore vers les choses charnelles & sensibles, trouve beaucoup de difficultĂ©s lors quâil est question de ĂĂš dĂ©tacher entiĂšrement des dĂ©sirs ter- restres;aussi ne sâen dĂ©tache-t-il quâavec beaucoup de tristesse; & si on lui rĂ©siste tant soit peu, il se met en colĂšre. 2. Que sâil a satisfait ĂĂ convoitise, Ă TinstantmĂȘme les remords de fa conscience de J. Christ. LĂŹvy. I. Ch. 7. 17 science viennent le tourmenter, parce quâilasuivi sa passion , laquelle ne lui a pas apportĂ© la paix quâil cherchoit. Câestdoncen rĂ©sistant aux passions, 6 c non pas en les satisfaisant,que se trouve la vraie paix du cĆur j & ainsi, il nây a point de paix dans le cĆur dâun homme charnel, ni dans celui dâun homme qui est tout occupĂ© aux choses terrestres ; mais seulement dans ceux qui font animĂ©s de zĂšle & de dĂ©sirs pour les choses spirituelles. ChaĂźitre VII. Ne te prĂ©vaut de rien ; & te soumets Ă . tous. I. /'"''Elui qui attend son bien des V> hommes ou des autres crĂ©atures, demeure vuide du vrai bien. Que lâamour que ru dois avoir pour imiter JĂ©sus-Christne te faste point prendre Ă honte de servir les autres, & dâĂȘtre vĂ» pauvre & abject en ce monde. Tu ne dois jamais te sier surtoi-mĂȘme, mais seulement sur Dieu, Fai ce que tu peux 5 l8 De limitation peux ; & Dieu secondera ta bonne r appuie point sur ton savoir- faire , ni sur lâhabiletĂ© de personne , maisĂĂčr la grĂące de Dieu, qui aide les \ humbles, & qui abaisse ceux qui prĂ©sument quelque chose dâeux-mĂȘmes. 2. Si tu as des richesses, ne tâcn glorifie pointmon plus que de tes amis sâils font puissans. Ne te glorifie qu en Dieu qui fait & qui donne tout,& qui dĂ©sire de se donner Jui-mĂȘme encore par-dessus. Ne tire point de vanitĂ© de la taille &de la beautĂ© de ton corps, quâune petite maladie peut ruiner & rendre tout difforme. Garde-toi bien de te plaire en toi-mĂȘme pour ton habiletĂ© ou ton esprit, de peur que tu ne. dĂ©plaises Ă Dieu de qui tu tiens tous tes dons naturels. Z. Ne te croi jamais meilleur que les autres, de peur que Dieu ne te tienne pour le pire de tous; car il voit tout ce qui est dans Iâhomme. Si tu crois avoir fait de bonnes Ćuvres ne tâen Ă©lĂšve point ; parce que les jugemens de Dieu font bien diffĂ©rens de ceux des hommes ; Sc que ce que les hommes de J. Christ. 8 . 19 trouvent bon, lui est souvent trĂšs-dĂ©ss agrĂ©abl^.Sâil y a quelque bien dans toi, croi quâil y en a davantage dans les autres ; afin que tu demeures toĂ»jours dans FhumilitĂ©. Tu ne perdras rien Ă te mettre au dessous de tous ; mais il est trĂšs-dangereux pour toi de te prĂ©fĂ©rer Ă un seul. La paix demeure toĂ»jours avec les humbles ; Fenvie & la colĂšre rĂšgnent dans les cĆurs des orgueilleux. Chapitre VIII. Sois familier Ă peumais fois ami de tous. E dĂ©couvre pas ton cĆur a r-Xs _L\ touszne te communique qu a- vec un homme ĂĂ ge, & qui craigne te trouve que rarement entre les jeunes gens & les personnes du monde. Ne flatte point les riches, & ne dĂ©sire point de paroĂźtre devant les Grands. Aime la compagnie des humbles & des simples; de ceux qui vivent religieusement,& dont les mĆurs font rĂ©glĂ©es, pour tâentretenir avec eux fur des ao DĂ© l* Imitation des sujets dâĂ©dification. Ne fois point familier avec les personnes delâautre sexe ; quâil te suffise de les recommander Ă Dieu, & fur-tout celles qui font vertueuses. Tu ne dois rechercher que la familiaritĂ© de Dieu & de ses Anges, & nullement dâĂȘtre connu des hommes. 2. On doit avoir de la charitĂ© pour tous, mais non pas de la familiaritĂ©. Il arrive souvent quâune personne est en bonne rĂ©putation pendant quâelle Ăe cache;& que lors quâelle se produit, elle dĂ©plaĂźt. Nous nous imaginons quelquefois que nous nous rendons agrĂ©ables aux autres en les frĂ©quentant ; & câest alors au contraire que leur donnant occasion de considĂ©rer le dĂ©rĂšglement de nos mĆurs, nous leur devenons odieux. Chapitre IX. Aime bien dâobéÏr; & hai ton propre sens, est avantageux dâĂȘtre fous la A puiĂTance dâautrui, de vivre fous un de J. Christ. Livr. ĂŻ. Cb. 9. ri un SupĂ©rieur , & non pas dans lâindĂ©- pendance. Il est bien plus feur dâobéïr que de commander. Mais il y a beaucoup de gens qui obĂ©issent plutĂŽt par nĂ©cessitĂ© que par amour ; & ce nâest quâavec peine & avec murmure quâils flĂ©chissent. Cependant on ne trouvera jamais la libertĂ© de lâesprit que dans une soumission sincĂšre & qui naisse du cĆur par le motif de lâamour de Dieu. Quâon aille oĂč lâon voudra, on ne trou- verapoint de repos que dans une humble soumission. Beaucoup de gens se font trompĂ©s en sâimaginant que le changement de lieu les mettroit en repos. 2. Il est vrai que chacun se plaĂźt Ă agir selon son propre sens, & quâon a beaucoup dâinclinarion pour ceux qui font dans les mĂȘmes fentimens que nous. Mais si Dieu est parmi nous, nous renoncerons souvent Ă notre propre sens pour le bien de la paix. OĂč est l'homme assĂ©s sage pour avoir parfaitement raison en toutes choses ? Ne te fie donc pas trop Ă ton propre sentiment 5 mais Ă©coute aussi de bon cĆur celui rr De l'Imitatiom celui des ton avis est le meilleur & que tu t'en dĂ©partes pour lâamour de Dieu , afin de ne pas troubler les autres en rejettantle leur, tu en tireras plus de profit. Z. Jâai souvent ouĂŻ dire quâil y avoit plus de seuretĂ© Ă Ă©couter & Ă recevoir conseil, quâĂ en donner. Il peut arriver que deux personnes donnant des avis diffĂ©rens, Ăźâun & lâautre soit bon ; mais câest un effet dâorgueil & dâopi- niatretĂ© que de ne pas vouloir se rendre Ă lâavis dâautruijlors que iâoccasion . ou la raison le demande. Chapitre X. Fui les vains entretiens, parle des choses saintes. I. Vite autant quâil tâesipossible j la foule & les grandes compagnies du siĂšcle. Ces conversations, oĂč l'on ne sâentretient que des nouvelles du monde,font nuisibles, mĂȘme Ă ceux qui ne les disent quâĂ bonne intention Lc L I de J. Christ. Livr. I. Ch, io. 2Z & avec beaucoup de simplicitĂ© ; car la vanitĂ© nous corrompt bien vĂźte, & nous met aisĂ©ment sous son joug. Je voudrois mâĂȘtre teu en beaucoup de rencontres, & nâavoir pas Ă©tĂ© si souvent en compagnie. Mais pourquoi pre- nons-nous tant de plaisir Ă parler & Ă - discourir ensemble , puis que trĂšs-ra- rement les conversations finissent lĂąns quâon ait blessĂ© la conscience?Câestque dans nos entretiens nous cherchons de la satisfaction, & des consolations hu- cĆur est chargĂ© d'inquiĂ©tudes & de soucis, & nous voulons le relever, en parlant beaucoup de ce que nous aimons & dĂ©sirons le plus, aussi- bien que de ce qui rfbus fait de la peine. 2. Mais helas ! câest bien en vain que nous cherchons Ă nous soulager de cette maniĂšre. Cette sorte de consolation extĂ©rieure est un grand obstacle aux consolations intĂ©rieures & vraiement divines. Veillons donc & prions, de peur que nĂŽtre tems ne se passe inutilement. Sâil faut parler, parlons de choses qui puissent Ă©difier. La mau- 24 De lĂmitation mauvaise habitude, & la nĂ©gligence que nous avons pour nous avancer dans le bien, contribuent beaucoup Ă la mauvaise garde que nous saisons de nĂŽtre langue. Il est vrai cependant que les entretiens touchant les choses Ăpi- rituĂ«iles , ne nous avancent pas peu dans la piĂ©tĂ©, fur tout lors quâils se passent entre des personnes qui nâont quâun mĂȘme cĆur & un mĂȘme Esprit en Dieu. fa r. h B li> t'a 1 to K Chapitre Xi. Pour acquĂ©rir la paix combats - toi fans °ceffer. i,\TOus pourrions jouir dâune grande paix si nous voulions ne nous pas occuper des paroles & des actions des autres, & de tout ce qui ne nous regarde pas. Comment seroit-il possible que celui qui se veut mĂȘler des affaires dâautrui demeurĂąt Iong- tems en paix? Comment y de meuterest celui qui cherche toujours hors de lui dequoi sâoccuper,& qui rentre peu souvent P te !lĂši t» U ĂŹ de J. Christ. Cb. n. 2s j souvent & trĂšs-rarement dans lui mĂȘ- me? Heureux les simples, parceque Ieurpaix fera multipliĂ©e ! C!;; 2 . Veux-tu savoir pourquoi il y a P eu des Saints ĂĂź parfaits & si addonnĂ©s fp- Ă la Contemplation des choses divi- nĂ©s ? Câest quâils ont eu foin de faire mourir en eux tous les dĂ©sirs de la ter- re, ensuite dequoi ils ont pĂ» sâunir Ă pc Dieu par une application intĂ©rieure de tout leur cĆur, & fe possĂ©der eux-mĂȘ- mes en libertĂ©. Pour nous autres, nous nous occupons trop de nos propres passions, & nous avons trop dâempreC- fement pour des choses qui fontpassa- * gĂšres. Il nous arrive rarement de vaincre tout - Ă - fait un seul de nos vices. { Nous ne sommes point enflammĂ©s du dĂ©sir de faire chaque jour de nouveaux â progrĂšs dans le bien;Lc de lĂ vient que nous demeurons tiĂšdes & nĂ©giigens. Ă Z. Certes si nous Ă©tions absolument I morts Ă nous mĂȘmes, & bien libres au dedans de nous, nous pourrions goĂ»- . ter les biens cĂ©lestes, & sçavoir par ex- i pĂ©rience quelque chose de la contem- i plation divine, NĂŽtre unique 6c nĂŽtre t B grand 26 De T.âIm I T A T 1 O NT grand empĂȘchement est, que nous ne sommes pas dĂ©gagĂ©s de nos passions ni de nos convoitises, & que nous ne saisons point dâefforts pour entrer dans la voie parfaite que les Saints ont suivie. Sâil nous survient quelque leger sujet dâaffliction,nous en sommes abattus, & ne pensons quâĂ chercher des consolations humaines. 4. Si nous avions aisĂ©s de courage pour demeurer fermes dans le combat comme des hommes de cĆur, fans doute que nous verrions venir Ă nous le secours que le Seigneur nous enver- roit du Cid ; car il est toujours prĂȘt Ă secourir ceux qui combattent, &qui espĂšrent sĂ grĂące; puis quâilnenous procure les occasions de combattre, quâafin que nous remportions la victoire. Que si nous ne faisons consister nos progrĂšs que dans des choses extĂ©rieures, nĂŽtre piĂ©tĂ© fera de peu de durĂ©e. Mettons la coignĂ©e Ă la racine de lâarbre, afin que nĂŽtre intĂ©rieur Ă©tant purifiĂ© des passions, nous trouvions la vraie paix, &le repos de faĂźne, f. Nous ferions bientĂŽt parfaits si chaque de J. Christ. Lt' if chaque annĂ©e nous dĂ©racinions seulement un vice de nĂŽtre cĆur ; au lieu que souvent nous trouvons que nous avons Ă©tĂ© bien meilleurs & plus purs quand nous commencions Ă nous convertir, que nous ne le sommes plusieurs annĂ©es aprĂšs avoir fait profession de vivre saintement. NĂŽtre ferveur & nĂŽtre progrĂšs devroient croĂźtre chaque jour ; mais maintenant câest beaucoup si l'on retient une partie de fa prĂ©miĂšre ferveur. Si nous nous faisions un peu de violence au commencement , nous pourrions faire dans la fuite toutes choses avec facilitĂ© 8Ă avec joie. 6. On a de la peine Ă se dĂ©faire de ses vieilles habitudes ; mais on en a encore beancoup plus Ă agir contre fa propre volontĂ©. Si tu ne veux pas te vaincre dans les petites difficultĂ©s , comment surmonteras-tu les grandes? RĂ©siste dĂšs les commence mens Ă tes inclinations , & te dĂ©fais de tes mauvaises coutumes, de peur que devenant insensiblement plus fortes, tune trouves de plus grandes difficultĂ©s Ă B z les 2,8 De l Imitation les quitter. O! si tu favois quâelle paix tu acquerrois , & quelle joie tu don- nerois aux autres en tâavançant dans la vertu! Je mâassure que tu y travailie- rois avec plus de foin. Chapitre XII. j 111'est avantageux que tu [ois aflĂŹgĂ©. I. T L nous est bon dâavoir quelque- j X fois des afflictions & des traverses, parce quâelles font rentrer lâhom- me dans lui-mĂȘme, afin quâil recon- noisse quâil nâest quâunpauvre banni, & quâil ne mette point son espĂ©rance en aucune chose du monde. Il nous est bon quâon nous contredise quelque- ' sois, & que lâon ait mauvaise opinion de nous, lors mĂȘme que nous agissons j bien & avec une bonne intention ; car Ăź tout cela sert Ă nous humilier & Ă nous dĂ©fendre de la vaine gloire. Lors que les hommes nous mĂ©prisent, & quâils nâont pas bonne opinion de nous, câest alors que nous cherchons avec plus dâempressement le tĂ©moin du cĆur, qui estDieu-mĂȘme. 2. Câest de J. Christ. Livr. 2. Ch. 12, z9 F 2. Câest pourquoi nous devrions nous afermir tellement en Dieu, quâil ne nous fĂ»t pas besoin de chercher des consolations dans les hommes. Lors- quâune bonne ame est affligĂ©e ou ten- â tĂ©e, ou persĂ©cutĂ©e par de mauvaises pensĂ©es, elle comprend mieux que jamais combien Dieu lui est nĂ©cessaire, 8Ă que ĂĂ ns lui elle ne peut faire aucun e J. Christ. Cb. i6, 39 Chapitre XVI. On te doit fuporter , fuporte donc les autres. I. VT Ous devons ĂĂčporter avec pa- 1\ tience ce que nous ne pouvons changer ni dans nous ni dans les autres, jusquâĂ ce quâil plaise Ă Dieu d y mettre ordre. ConsidĂšre que peut-ĂȘtre il vaut mieux que les choses aillent aiiisi, afin que tu fois Ă©prouvĂ© & que tu tâafermisses dans la patience, fans laquelle toutes nos bonnes Ćuvres font bien peu de chose. Tu dois cependant prier Dieu quâil lui plaise de tâaffister paria grĂące afin que. ces obstacles ne te fassent point succomber ; mais que tu les souffres paisiblement. 2 . Si aprĂšs avoir averti une fois ou deux ton prochain, il ne veut pas se rendre Ă tes remontrances , nâentre point en contestation avec lui ; mais remets tout Ă Dieu , avec dĂ©sir que ĂĂ volontĂ© se fasse, & que son honneur sâavance dans tous ses serviteurs; car il fait changer le mal en bien. Prens Ă tĂąche 40 De lâImitation tĂąche dâĂȘtre patient, & de suporterles dĂ©fauts des autres, & toutes leurs foi- blefĂŹes quelles quâelles soient ; car tu as toi-mĂȘme beaucoup de dĂ©fauts que les autres doivent aussi suporter. Si tu ne peux te rendre toi-mĂȘme tel que tu voudrois, comment prĂ©tens tu rendre les autres tels que tu veux ? nous voudrions bien que les autres fussent parfaits ; & nous ne voulons pas corriger nos propres dĂ©fauts. z. Nous voulons que lâon corrige les autres Ă la rigueur ; mais nous ne voulons pas que lâon nous corrige. La licence que les autres prennent de tout faire nous dĂ©plaĂźt ; & cependant nous ne voulons pas quâon nous refuse rien de toutes les choies Ă quoi nĂŽtre volontĂ© se porte. Nous consentons quâon rĂ©primĂ© les autres par des RĂ©glemens; mais nous ne voulons pas quâon mette des bornes Ă nĂŽtre impĂ©tuositĂ©. DâoĂč ilparoĂźt que nous nâavons presque jamais la mĂȘme considĂ©ration pour nĂŽtre prochain que pour nous-mĂȘmes. Si tous Ă©toient parfaits, quelle occasion aurions-nous de souffrir quelque de J. Christ. Livr. I. Cb. i6. 41 que chose des autres pour lâamourde Dieu? 4. Mais maintenant il a plu Ă Dieu de laisser des imperfections dans tous, asm que nous apaisions Ă a porteries fardeaux les uns des autres. Car personne nâest ĂĂ ns dĂ©fauts ; chacun Ă Ăbn fardeau ; nul ne sufit Ă soi-mĂȘme ; nul nâest assĂ©s sage pour soi-mĂȘme. Nous devons nous suporter mutuellement, nous consoler les uns les autres ; nous aider; nous instruire ; nous exhorter. On ne ĂĂąuroit mieux voir que dans ĂŹâadverfitĂ©, quelle est la vertu dâun homme. Car ce ne font pas les fĂącheuses rencontres qui rendent lâhomme foible ; elles ne font que montrer ce qu il est. , , _ . â * a Gai. 6. v. Z. Chapitre XVII. Vn homme bien CmĂȘtien doit r ĂȘtre par fa vie. I. T L faut que tu aprennes Ă rompre , A ta volontĂ© en beaucoup d occasions fi tu veux te conserver dans la paix & dans la concorde avec les autres. Ce nâest pas peu de chose, que de vivre Delâ Imitation $i vivre en ce monde sans reproche & de j [ÂŁ ; persĂ©vĂ©rer jusqu Ă la fin dans la fidĂ©litĂ© ,,4 que lâon doit Ă Dieu. Heureux celui j 3 , qui y a bien vĂ©cu & achevĂ© fa course ^ saintement! Si tu veux y demeurer fer- me & avancer dans la piĂ©tĂ©, regarde [} JĂź; toi comme un exilĂ©, qui est dans une a terre Ă©trangĂšre, oĂč il ne fait que pas- fer. Si tu dĂ©sires sincĂšrement de mener une vie vraĂŻement ChrĂ©tienne, que lâa- mour de JĂ©sus-Christ te dispose Ă fou- frir dâĂȘtre tenu du monde pour un fou & un insensĂ©. ^, 2 . RĂ©formation dâhabits, rĂ©forma- V tion de cheveux , tout cela est peu de , ^ chose ; mais il faut la rĂ©formation des ' ] s , moeurs , la mortification de toutes les i IJS passions ; & alors tu feras vĂ©ritable- c ,. ; ment religieux Lc spirituel. Celui qui j ], s ne cherche pas Dieu ni le salut de son ^ ame uniquement & purement , ne trouvera qu afflictions & angoisses ; Lc i p 0 celui qui ne veut pas ĂȘtre le plus petit ^ de tous & soumis Ă tous, ne jouira ^ pas long-tems de la paix. ' » ;. Tu Ăšs venu pour servir & non ! i, pas pour rĂ©genter; tu Ăšs apellĂ© Ă la fou- ; ; francs , ... de J. Christ. Livr. I. C&. 1 8. 43 france & au travail, & non pas aux di- vertissemens & aux vaines converĂĂ - tions. Câest ici que les hommes font Ă©prouvĂ©s comme lâor Test dans la fournaise. Nç te trompe pas; personne nâest ChrĂ©tien sâil ne sâhumilie de tout son cĆur pour Tamour de Dieu. Chapitre XVIII. Sui les ChrĂ©tiens passĂ©s , fui les tiĂšdes prĂ©fens, 1 . Z'"'* OnsidĂšre avec attention les exemples des Saints qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s, dans lesquels ont Ă©clatĂ© la vraie piĂ©tĂ© & la perfection; & tu verras que tout ce que nous faisons nâest que peu de chose, & presque las, quelle vie menons-nous en comparaison dexelle quâils ont menĂ©e! Ces Saints, ces vrais Amis de JĂ©fus-Christ, pour servir le Seigneur & lui obĂ©ir, sĂš sont exposĂ©s Ă la faim & Ă la soif, au froid & Ă la nuditĂ©, au travail & aux fatigues ; ils se sont dĂ©voilĂ©s aux veilles & aux jeĂ»nes,Ă la priĂšre & aux mĂ©ditations saintes, Ă la persĂ©cution 8Ă Ă line infinitĂ© dâoprobres, 2 . Com- 44 Delâ Imitation 2. Combien dâafflictions, Sc de dures afflictions n'onr pas souffert les ApĂŽtres,les Martirs & tout le reste des Saints qui ont voulu marcher fur les traces du Sauveur ? Ils ont haĂŻ leur vie dans ce monde, pour la retrouver dans le Ciel. O quelle tempĂ©rance ! ĂŽ quel renoncement a paru entant de Saints, qui ont passĂ© leur vie dans les dĂ©serts & dans la solitude! ĂŽ les longues & dures tentations quâils y ont soussertes'.Com- bien de fois nâont-ils pas Ă©tĂ© attaquĂ©s de lâennemi ? Que leurs soupirs ont Ă©tĂ© profonds,que leurs priĂšres Ă Dieu ont Ă©tĂ© frĂ©quentes & ferventes ! Que leur abstinence a Ă©tĂ© exacte & rigoureuse ! De quel zĂšle nâĂ©toient-ils pas enflammĂ©s pour faire tous les jours de nouveaux progrĂšs dans les choses spirituelles ! Avec quel courage & quelle fermetĂ© se sont-ils fait la guerre pour domter leurs vices! Avec quelle puretĂ© & quel dĂ©sintĂ©ressement ont-ils vĂ©cu en la prĂ©sence de Dieu ! Ils travail- loient le jour,& ils emploioient la nuit Ă la priĂšre, quoi que mĂȘme pendant le travail du jour leurs cĆurs aient Ă©tĂ© dans de J. Christ. Cb. 18. 4f i dans une Ă©lĂ©vation continuelle vers !s Dieu. i z. Ils ne laissoient point passer de tems inutilement. Chaque heure leur sembloit trop courte pour penser Ă 3 Dieu. La contemplation des choies d divines leur Ă©toit fi chĂšre & fi douce H qnâils en oublioient les nĂ©cessitĂ©s du k corps. Ils renonçoient Ă toutes les rira chesses- aux dignitĂ©s, aux honneurs, t. aux parents. Ils ne dĂ©siroient rien de Ă©s tout ce quâily adansle monde; mĂȘme e les choses nĂ©cessaires pour la vie leur t Ă©toient Ă charge ; & câĂ©toit avec peine r quâils donnoient Ă leur corps les foins ! indiĂpensablementnĂ©cessaires. Ainsi ils - Ă©toient pauvres eu Ă©gard aux choies de > la terre, mais riches en grĂące & en ver- > tus. Il y avoit disette au dehors, & ! plĂ©nitude de grĂące & de consolation divine au dedans. 4. Ils Ă©toient Ă©trangers au monde ; mais amis familiers de Dieu. A leur propre jugement ils nâĂ©toientrien , Ă celui du monde ils Ă©toient .mĂ©prisables ; mais ils Ă©toient prĂ©cieux aux yeux de Dieu, qui les aimoit comme 4 gion que fa naissance l'a engagĂ© de H5& professer. e ^ 6. LĂąches & nĂ©gligens que nous ao r sommes ! pourquoi nous Ă©loignons- Ăźâą,â nous ainsi de ce premier zĂ©lĂ© des m Saints ! O que nĂŽtre lĂąchetĂ© & nĂŽtre tiĂ©deur est grande de ne pouvoir soufrir sans ennui quâon nous parle seulement md de vivre comme eux,8c qu Ă cette oca- â.'O sion la vie mĂȘme nous devienne en- [uel nuĂŻeuse&insuportable ! Toi qui ou- ude vres souvent les yeux pour considĂ©rer te les exemples des Saints, ne les ferme cefi pas & ne tâendors pas quand il sâagit de leu t avancer dans f exercice des vertus. Je icĂ prie Dieu quâil tâ en fasse la grĂące. 48 De lĂmitation so Chapitre XIX. Aies de bons desseins & de saints exercices. I. A vie dâun vrai chrĂ©tien doit tueuse, & telle quâil soit dans lâintĂ©- rieur de son ame ce quâil paroit devant >- les homes. Il doit ^ avoir plus de sain» f tetĂ© dans son intĂ©rieur, quâon nâen re- ° marque dans ses dĂ©portemens ou dans ses paroles parce que nĂŽtre Dieu re- K garde au cĆur câest pourquoi en quel- B que lieu, en quelque Ă©tat que nous jF soions, nous devons le rĂ©vĂ©rer & le j craindre avec un profond respect, 8c â marcher en saintetĂ© devant lui comme ââ font les Anges. Il nous fautrenouvel- f ler chaque jour nĂŽtre sainte rĂ©solution, Q; & exciter nĂŽtre zĂ©lĂ©,comme si nous ne tn commencions que dâaujourdâhui Ă D nous ĂĂ ns cesse, Mon 15 Dieu, vien Ă mon aide, aĂŻe Ă©gard Ă p mes bonnes intentions,& me confirme dans la sainte obĂ©issance que je te dois. 81 Mon Dieu ! fais-moi la grĂące que ce j » soit , de J. Christ. LĂŹvr. I. Ch. 18. 49 soit aujourdâhui que je commence tout de hon ; jusquâĂ prĂ©sent ce que jâai fait est moins que rien. 2â Nous avancerons dans la piĂ©tĂ© Ă proportion de la vigueur 6 c de la fermetĂ© de nos rĂ©solutions; & ainsi, celui qui veut sâavancer beaucoup , doit ' avoir beaucoup de diligence & de foin. Que si ceux qui font les rĂ©solutions les plus fortes ne laissent pas de tomber souvent, que sera-cede ceĂuiquinâen fait que de foibles, & enĂ«ore trĂšs rarement ? Il y a pourtant diverses maniĂšres de nây pas persister; mais pour peu quâon vienne Ă sâen relĂącher , on ea fouffre toujours du dommage. Cependant les bonnes rĂ©solutions des justes sontplĂ»tĂŽt fondĂ©es fur la grĂące de Dieu que fur leur propre sagesse. Quoi quâils entreprennent, toute leur confiance est en lui ; car lâhomme propose , mais Dieu diĂpofe ; & a la voie de lâhomme ne dĂ©pend pas de lâhomme , selon la. parole dâun ProphĂšte. Z. Celui qui omet quelquefois un bon exercice par un principe de charitĂ©, ou pour le bien du prochain, peut le 00 v, 13. O ÂŁ&* De lâImitation reprendre ensuite sans y avoir rien perdu ; mais si câest par dĂ©goĂ»t, par nĂ©gligence & pour un sujet de nĂ©ant quâon Tait quittĂ©, cela est trĂšs blamable , & l'on sâen trouvera mal. Quand nous ferons tous les Ă©forts possibles, nos chutes ne seront encore que trop frĂ©quentes. Cela ne doit pas pourtant nous empĂȘcher de faire de bonnes rĂ©solutions, surtout pour nous prĂ©munir contre nos endroits les plus & rĂ©glons bien l'intĂ©rieur de nĂŽtre ame & lâextĂ©rieur de nĂŽtre vie; car câest par ces deux moĂŻens que nous devons espĂ©rer de faire des progrĂšs. 4. Si tu ne peux pas ĂȘtre continuĂ©s lement recueilli en toi-mĂȘme, ne manque pas de te recueillir quelque-fois,& pour le moins une fois le jour ; au matin, ou bien au soir. RĂšgle le matin de quelle maniĂšre tu passeras la journĂ©e ; le soir examine comment tu l as paflĂ©e, quel tu as Ă©tĂ© dans tes paroles, dans tes actions & dansĂątes pensĂ©es, parce que peut-ĂȘtre tu y auras fait beaucoup de fautes contre Dieu & contre le prochain, RevĂȘts toi comme un bon Soldat de J. Christ. Lhr. I. Ch. ip. st F dat de toutes les armes spirituelles, asin p de combatte contre les malices des Ef- l u \ prits diaboliques. Mets un frein Ă l'a- Ă pĂ©tit sensuel du manger Lc du boire ; 8 c m par ce moĂŻen tu rĂ©primeras mieux tou- âą3 tes les autres inclinations de la chair. W Ne demeure jamais Ă rien faire. Li p ou Ă©cri, prie ou mĂ©dite, oufai quelque Ă ouvrage dont il reviĂšne du bien aux au- ifr tres ; cependant on doit user des exer- ;it' cices corporels avec discrĂ©tion, & tous & ne doivent pas en user dâune mĂȘme cs maniĂšre. ĂĂŽ 5. Ne fai point savoir aux autres ce que tu fais de bon en ton particulier ; JĂ' les choses de cette nature doivent dein* meurer secrĂštes, & cela est plus ĂĂšur $ pour toi. Donne toi de garde aâĂȘtre pĂąte relseux pour les fonctions publiques & 12 communes, & ardent pour les particule liĂšres ; mais lors que tu auras rempli entiĂšrement & avec fidĂ©litĂ© les devoirs ss de ta charge & ce qui tâa Ă©tĂ© commis ; si f, tu as du tems de reste, emploĂŻe-le Ă K; rentrer dans toi-mĂȘme, & fui les mou. K' vemens de ta piĂ©tĂ©. Tous ne peuvent ĂŹo'- pas sâ exercer saintement dâune mĂȘme Ă C ĂŹ maniĂ©- 52 De i/Imitation maniĂšre;lesuns ont de l'atrait pour une chose, & les autres pour une autre. La saison oĂč lâon se trouve nous dĂ©termine souvent Ă des exercices qui lui conviennent; les uns font propres Ă des jours solennels, & dâautres aux jours ouvriers. Au tems de la tentation il nous en faut dâune forte ; & au tems de la paix & de la tranquillitĂ© il y en a dâau- tresqui conviennent mieux. Enfin les uns font propres au tems de la tri Helfe , & les autres lors que nous abondons dans la joie de Dieu. 6. Quand les grandes fĂȘtes arrivent» nous devons redoubler nos saints exercices; prier Dieu avec plus de ferveur ; implorer son secours, & penser aux inoĂŻens quâil faut prendre, pour entrer un jour dans lâĂ©ternelle fĂȘte des Bien-' heureux. Nous devons alors nous tenir encore mieux disposĂ©s par une conversation sainte & par une exacte observation des commandemens de Dieu, comme Ă©tant prĂȘts de recevoir de lui la rĂ©compense que sa grĂące a promise Ă nos travaux. 7. Qjiesâil tarde Ă nousapeller Ă cet heu- de J. Christ. Lhr. I. CĂj. 29. fz heureux & Ă©ternel moment, nous devons croire que câest parce que nous sommes encore mal-prĂ©parĂ©s & indignes dâune fi grande gloire, qui ne fera rĂ©vĂ©lĂ©e en nous que lors que le tems quâil a dĂ©terminĂ© fera venu ; câest aussi afin que nous nous diĂposionS par une sainte vie Ă une mort heureuse; a Bienheureux , est-il dit dans 8. Luc, sera le Serviteur queson Seigneur trouvera veillant lors qu il viendra, f}s vous di-s en vĂ©ritĂ© qiiil ĂĂ©tablira fur tous fes biens.. ne tâoccupe plus qu Ă ce que ton Dieu tâa commandĂ©. Entre dans ton cabinet, ferme Ăur toi la porte, crie Sc apelle JĂ©sus ton bien-ai- mĂ©. Demeure ensuite avec lui dans la retraite ; car tu ne trouveras nulle-part une telle paix. Si tu nâĂ©tois pas sorti de chĂ©stoi, & que tu ne te fusses pas informĂ© de ce que l'on dit de nouveau, ta paixsâen seroit mieux conservĂ©e; car Ă entendre des nouvelles, il est impossible que le cĆur puisse jamais demeurer dans la paix. Chapitre XXI. Afflige ton Efj>rit en votant tes offenses . I. ^1 tu dĂ©sires de tâavancer dans la O piĂ©tĂ©, demeure dans une crainte PerpĂ©tuelle de dĂ©plaire Ă Dieu, &ne te doue point trop de libertĂ©;mais rĂ©freine tous tes sens fous une sainte discipline » C 6 sans 1 so De lâImitation sans te laisser aller Ă la jo'iejaour des choses vaines. Fai - toi une continuelle habitude de la componction de cĆur, & tu verras croĂźtre ta piĂ©tĂ©. Le cĆur contrit est une source de biens ; mais la distraction les fait perdre. Câest une chose Ă©tonnante, quelâhomme, qui sait fort bien quâil est ici bas en exil, & que son ame est fans cesse exposĂ©e Ă des dangers mortels,puisse mĂȘme une feule fois 'abandonner entiĂšrement Ă la joie. 2 . Nous sommes insensibles aux grands maux & aux plaies de nos amesj parce que nĂŽtre cĆur est leger , & que nous sommes -lĂąches Ă considĂ©rer nos dĂ©fauts. Nous rions sotement & mal- Ă -propos lors que nous devrions fondre en larmes. Il nây a point de libertĂ©, ni de joie bien fondĂ©e si ce nâest fur la crainte de Dieu & fur la bonne conscience. Heureux celui qui peut rejettes tous les obstacles quilui causent de la distraction, & se recueillir pour exciter dans son cĆur une sainte componction! Heureux celui qui Ă©loigne de soi tout ce qui est capable de souiller ou de charger ĂĂ conscience ! Combats avec coura- de J. Christ. Lhr. 21. 6r courage. .Une mauvaise habitude sâĂ©fa- ce par une meilleure. Si les hommes tâimportunent &que tulesquites, ils te quiteront aussi, & te laisseront en repos avoir foin de ton ame. z. Ne te mĂȘle pas des affaires dâau- trui, & ne tâembarasse point dans celle des Grands ; mais jette toujours fĆil fur toi-mĂȘme, & pren encore plus de foin de te corriger & de t'instruire que d'instruire tes meilleurs amis. Si tu nâĂšs pas dans la faveur ou f estime des hommes, ne tâen chagrine point ; ne tâaffii- ge que de ce que tu ne vis pas fi bien Sc fi sagement qu un serviteur de DieuSÂŁ un vrai ChrĂ©tien doit vivre. Il est souvent meilleur & plus fur Ă un homme dĂ©passer ĂĂ vie fans beaucoup de consolations, que dâen avoir, fur tout de celles qui viennent du cĂŽtĂ© de la chair; mais si nous nâen sentons point qui viennent des choses divines , ou que nous en aĂŻons fort rarement, câest nĂŽtre faute; parceque nous ne tĂąchons pas de porter nĂŽtre cĆur Ă la componction, & que nous nâabandonnons pas parfaite- mentles choses vaines & extĂ©rieures. C 7 4. Re- 6 % De lâImitation 4. Reconnois-toi indigne des consolations divines, & digne de beaucoup dâafflictions & de troubles. Quand un homme sent une vĂ©ritable componction, tout le monde lui devient pesant &amer. Un vrai ChrĂ©tien trouve toujours aisĂ©s de matiĂšre pour affliger son ame & pour pleurer devant son Dieu. Il en trouve en considĂ©rant ses prochains ; parce que nul nâest ici fans misĂšres ; plus il se considĂšre soi-mĂȘme, plus est- il dans Taffliction ; Sc la matiĂšre de ĂĂ juste douleur & de la componction de son cĆur, sont ses pĂ©chĂ©s Sc ses font des ordures oĂč nous nous plongeons si avant,que nous avons delapei- ne Ă Ă©lever nĂŽtre esprit aux choses Ăpi- jituĂ«lles & cĂ©lestes. s. Je mâaflĂčre que tu prendroisplus de foin qne tu ne fais Ă t arnender si tu penfois Ă la mort plus souvent quâĂ te flater de vivre long-tems; &je crois que si tu tâapliquois sĂ©rieusement Ă la considĂ©ration des peines quâon souffre dans lâaiitre vie, tu ne ferois pas tant de difficultĂ© Ă porter en ce monde les croix que Dieu tâimpofe ; Sc que tu ne crain- drois de J. Christ. Livr. 1. Ch. 11 . 6} cons. drois pas ainĂi les adversitĂ©s quâil te veut uo! faire Ă©prouver. Mais parce que nous ne inde prenons pas ces choses Ă cĆur , & que npo'. nous nous laissons encore aller aux flapi terres & aux attraits de la chair, nous eto;. demeurons lĂąches & froids, erfc 6. Souvent ce malheureux corps nâest dans les plaintes, que parce que ijesĂŹ lâEsprit est destituĂ© des vrais biens. Va ers, tâen donc te prosterner avec humilitĂ© de- s eii. vant le Seigneur pour obtenir de lui la deĂi grĂące de la componction; & lui di n de dans les termes du ProphĂšte, a Don- ;,Ce ne mou mon Dkul a manger du sain de lar- ior, mes, & donne moi Ă boire une f leine rnesu- apei. re d?eau de pleurs. jpi* e J. Christ. Livr. I. Cb. 22. 6 f plus un homme devient ĂpirituĂ«l, plus trouve-t-il dâamertume dans la vie prĂ©sente ; parce quâil voitplus clairement les imperfections & les dĂ©fauts aux- quels nĂŽtre corruption nous assujĂ©tit,& quâil les ressent plus vivement. Manger, boire, veiller, dormir, se reposer, travailler, & toutes les autres nĂ©cessitĂ©s auxquelles la foiblesse de nĂŽtre nature nous soumet, sont une vĂ©ritable misĂšre & un poids affligeant pour celui qui aime les choses spirituelles , & qui vou- droit de tout son cĆur devenir libre , & se voir affranchi de tout pĂ©chĂ©. j. Car rhomme intĂ©rieur souffre beaucoup par les nĂ©cessitĂ©s que le corps exige dans cette vie ; ce qui fait que les Saints ont souhaitĂ© dâen ĂȘtre dĂ©livrĂ©s ; Ă quoi lâon peut raporter cette parole du ProphĂšte ; a Seigneur dĂ©livre moi des nĂšceffitĂ©s oĂč je me trouve. Que malheureux font ceux qui ne connois- sent pas leurs misĂšres ! plus malheureux font encore ceux qui ont de lâa- mourpour elles & pour cette vie corruptible ! Il y en a qui lâembrassent avec tant dâardeur, que bien quâĂ peine ils f \ nr - aient 00 -P/. v. 17. 66 De lâ Imitation aĂŻent assĂ©s pour vivre soit en travaillant, soit en mendiant, si nĂ©anmoins ils Ă©- toient assurĂ©s de pouvoir vivre toĂ»- joilrs, ils ne se soucieroient point du RoĂŻaume de Dieu. 4. O ! que câest ĂȘtre insensĂ© & infidĂšle Ă sa vocation, que de demeurer si attachĂ© aux choses de la terre, SĂdenâa- voir de goĂ»t que pour ce qui regarde la chair ! Ces malheureux sentiront enfin avec douleur combien Ă©toit vil & mĂ©prisable ce quâils ont tant aimĂ©. Les Saints de Dieu & les vrais amis de JĂ©- sus-Christ ne sâatachent pas ainsi aux choses qui font agrĂ©ables aux sens ; ils ne sâarĂštent pas Ă ce qui a de lâapa- rence dans ce siĂšcle ; toute leur espĂ©rance & leur inclination est portĂ©e vers les biens Ă©ternels ; tous leurs dĂ©sirs nâont de raport quâaux choses qui font en haut, qui font stables, qui font invisibles; de peur que 1 amour des choses visibles ne les attire vers la bassesse des crĂ©atures. Courage, mon frĂšre, ne pers point lâefpĂ©rance de tâavancer dans la vie de lâEfprit, puis que tu en as encore le tems. f. Pa- ce J. Christ. Livr. I. Ch. 22, 67 4. Paresseux! pourquoi remets-tu de jour Ă autre lâexĂ©cution de tes bons desseins? LĂšve-toi, commence dĂšs ce moment , & di enfin, a Voici mainte* nant le tems dâagir, voici le tems de combatte, voici le tems propre pour tarnender. Lors que tu te vois affligĂ© & dans la souffrance , sache quâil est tems de te rendre agrĂ©able Ă Dieu. Tu dois b passer par le feu & par lâeau avant que dâentrer dans le lieu du rafraĂźchissement. Si tune te fais violence, tu ne vaincras pas tes vices. Nous ne pouvons ĂȘtre fans pĂ©chĂ©, fans peine,^ fans douleurs, tant que nous portons ce corps fragile. Nous voudrions bien ĂȘtre dĂ©livrĂ©s de toutes nos misĂšres ; mais la perte que nous avons faite de nĂŽtre innocence par le pĂ©chĂ© entraĂźne nĂ©cessairement la privation de nĂŽtre fĂ©licitĂ©. PrĂ©sentement il nây a point dâautre recours pour nous que la patience & Patente de la misĂ©ricorde de Dieu, jusquâĂ ce que toutes nos iniquitĂ©s soient passĂ©es, & que ce qu il y a de mortel en nous soit absorbĂ© par la vie. a 1 . Cor. 6. D. L. b Psa. 66. v. 12 ,. 68 De h â Im i t a t i o m 6. Que la fragilitĂ© des hommes est grande,puisquâils ont toujours un penchant pour les vices! Aujourdâhui tu confeiĂŹ'es tes pĂ©chĂ©s devant Dieu, &dĂšs demain tu recommenceras Ă commettre les mĂȘmes fautes. Maintenant tu prens rĂ©solution dâĂ©viter & de fuir un pĂ©chĂ©; & tu y tombes un heure aprĂšs comme fi tu nâavois point fait de rĂ©solution contraire. O que nous avons sujet de nous humilier, & de n avoir null&bonne opinion de nous mĂȘmes, vĂ» que nous sommes si fragiles & si inconstans I NĂŽtre nĂ©gligence no$is fait perdre en peu de tems ce que la grĂące de Dieu nous a fait aquĂ©rir avec tant de peines. 7. HĂ©las ! que deviendrons-nous Ă la sin de nĂŽtre vie si nous sommes si tiĂšdes au commencement ? Malheur Ă nous, si nous voulons dĂ©jĂ nous reposer comme si tout Ă©toit en paix Sl en assurance pour nĂŽtre salut, quoi-que dans nĂŽtre conversation il ne paroisse pas encore une feule trace de la vraie saintetĂ©! Nous aurions bien besoin dâĂȘtre instruits de nouveau dans lâexercice de la vie ChrĂ©tienne corne de jeunes Ă©coliers; de J. Christ. Livr. I. Ch. 2j. 69 Ău moins sâil y avoir pour nous quelque eiperance d amendement, & de faire de plus grands progrĂšs dans les choses ĂpirituĂ«lles. Chapitre XXIII. Tu mourras i & ta mort fera comme ta vie. 1./'â''E fera bientĂŽt fait de toi. Pense Ă ce que tu deviendras ensuite. Un homme paroit aujourdâhui, il dis- paroit demain ; & lors quâon ne le voit plus, on ne sâen souvient plus. O stupiditĂ© & endurcissement du cĆur humain ! Lâhomme ne pense quâĂ ce qui est devant ses yeux, & il ne prĂ©voir point les choses Ă venir. Dirige toutes tes actions & toutes tes pensĂ©es comme fi tu devois mourir aujourdâhui. Si ta conscience nâavoit rien Ă te reprocher , tu ne craindrois pas beaucoup la mort. Il vaudroit bien mieux prendre peine Ă Ă©viter le pĂ©chĂ© que de fuir la mort. Si tu nâĂšs pas aujourdâhui bien prĂ©parĂ© , comment le seras-tu demain ? Le jour de 7o De l'Imitatiou de demain est incertain pour toi ; d'otl sais-tu que tu vivras demain ? 2. Que nous profite -1 - il de vivre long-tems, puisque nous nous amendons si peu? HĂ©las! ce nâest pas la longue vie qui fait que l'on sâamende. Le plus souvent elle ne sait qu augmenter le nombre de nos pĂ©chĂ©s & nous rendre plus inexcusables. PlĂ»t Ă Dieu qu il y eĂ»t eu un seul jour dans nĂŽtre vie oĂč nous eussions tout Ă fait vĂ©cu en vrais ChrĂ©tiens! Il y a beaucoup de gens qui font ailĂ©s vains pour compter les annĂ©es depuis leur conversion, mais l'on voit peu de fruits de leur amendement. Si la mort est Ă craindre, peut-ĂȘtre que la prolongation delavielâest encore davantage , Heureux a celui qui a toĂ»- jours devant les yeux fa derniĂšre heure, & qui est tous les jours dispose Ă mourir! Il ne se peut presque que tu nâaĂŻes vĂ» mourir quelquâun ; pense fans cesse quâil te faudra franchir le mĂȘme pas. z. A u matin considĂšre que peut- ĂȘtre tu ne vivras pas jufquâau soir, que si tu passes ce terme, ne te flate point du lendemain. Soi donc toĂ»j ours prĂȘt, & Ăa Vl de J. Christ. Livr. I. Ch. 23. 71 jĂ; vi de telle maniĂšre que si la mort te surprend elle ne te trouve pas mal-prĂ©- parĂ©. Beaucoup de gens meurent subi- tement & inopinĂ©ment ; _a Le fils de lab Vhomme viendra, dit lâE vangile, Ă lâheu - L; re que lâonrĂŹy pensera pas. Quand ta der- m; niĂšre heure sera venue, tu auras bien une hcr autre opinion de ta vie, qui sera toute uil], passĂ©e, que tu nen as prĂ©sentement - , & ie 03 tu sentiras un cuisant dĂ©plaisir dâavoir vrais Ă©tĂ© si nĂ©gligent & si lĂąche, qui 4. Heureux & sage celui qui prend peine dâĂȘtre tel en toute sa vie quâil dĂ©nie lire dâĂȘtre trouvĂ© au jour de la mort ! , Si Une vie passĂ©e dans le mĂ©pris des choses iela de ce monde, dans des dĂ©sirs ardens da. pour la vertu, dans lâamour de la cor- jjj. rection, dans lâaiĂŻliction de la repentante, ce, dans le renoncement Ă soi-mĂȘme, ju* , dans le suport» de tous les maux pour t,es ' l'amour de JĂ©sus-Christ, donne une elfe merveilleuse assurance de bien mourrir. Tu peus , pendant que tues en bonne st santĂ©, emploĂŻer ta vie Ă bien faire ; mais 115 je ne sai ce que tu pourras faire Ă©tant mail lade ; car il y en a peu qui sâamendent & par la maladie, comme il y en a peu '* 00 Luc. u. v. 40 . 72 De lâImitation qui se sanctifient en faiĂant souvent des courses dâun cĂŽtĂ© & dâautre. 5 . Ne te fie point fur tes amis ni fur tes proches, & ne diffĂšre point lâaffaire de ton salut pour lâamour dâeux ; aussi bien seras tu oubliĂ© des hommes plutĂŽt que tu ne te lâimagines. Il vaut mieux pourvoir toi mĂȘme de bonne heure Ă ton salut, faire un bon trĂ©sor pour lâave- nir , que de tâen fier sur dâautres. Si tu nâas pas foin de toi mĂȘme, qui en aura donc foin ? Voici les momens prĂ©cieux; {a voici le jour du salut; voici le tems favorable. HĂ©las! ĂŽ douleur! faut-ilquetu rĂ©emploies pas mieux le tems qui tâest donnĂ© pouf aquĂ©rir lâĂ©ternitĂ© ! Un tems Viendra que tu souhaitteras dâavoir un jour, ou mĂȘme une feule heure, pour tâamcnder, 8c je ne sai fi tu lâobtiendras. 6. Ah ! mon cher frĂšre, quels pĂ©rils, quelles angoisses ne pourras-tu pas Ă©viter, si tu demeures toujours dans une sainte fraĂŻeur 8c dans une sage prĂ©caution Ă lâĂ©garddela mort ! Faitous tes Ă©forts pour vivre de telle forte au tems prĂ©sent, quâau jour de ta mort tu aies plus de sujet de te rĂ©jouir que detrem- , , â , bler -» L. C or. 6 . v. 2 ,. Ue b ' ra 1 pi It !a! ' it la d'k fea troi VB ina M Mi enj tĂź/f EQ R; feĂŹ [c; de J. Christ. Livr. I . 7Z bler. Apren maintenant Ă mourir au monde, afin quâalors tu commences Ă vivre avec JĂ©ius-Christ. Apren dĂšs Ă prĂ©sent Ă rejetter toutes choies avec un saint mĂ©pris,afin que tu ailles plus libre Ă JĂ©sus-Christ lors quâil Rappellera. ChĂątie ton corps par la mortification > afin quâalors tu aies sujet de te fier entiĂšrement en la misĂ©ricorde de Dieu. 7. Fou Sc insensĂ© que tu Ăšs ! Jevou- drois bien lavoir pourquoi tu tâimagi- nes que tu vivras long-tems , toi qui nâas pas un seul jour dâasiurĂ©? Combien cette folle imagination a-t-elle trompĂ© de personnes qui ont Ă©tĂ© enlevĂ©es de ce monde plutĂŽt quâils ne pensaient? Nâas-tu pas souvent oiii dir! toi-mĂȘmesur ce sujet, Un tel a Ă©tĂ© tuĂ©; un autre s'est noiĂ© ; l'un sâest rompu le cou Ă©tant tombĂ© dâun lieu haut; un autre est mort en mangeant, & un autre en jouant ? Le feu > le fer, la peste, les voleurs, nâenlĂšvent-ilspas beaucoup de monde ? & ceux qui en Ă©chapent doi- vent-ils attendre autre fin que la mort ? Ainsi la vie de lâhomme paĂĂe vite ĂC comme une ombre. D 8. PrĂ©- 74 D » lâ Imitation 8. PrĂ©ten-tu quâon se souvienne de toi ou quâon prie pour toi aprĂšs ta mort ? Non, non, mon cher frĂšre, fai maintenant le plus de bien que tu peux; puis que tu ne sçais quand tu mourras, ni ce qui tâarrivera aprĂšs ta mort. Amasse des richesses immortelles pendant que tu en as le tems. Ne pense quâĂ des choses vraiement salutaires ; nâa'ie foin que des affaires de Dieu. Fai toi maintenant des amis en honorant les traces des Saints par limitation de leur vie, afin que, selon la parole de lâEvangile, ct lors que ta vie dĂ©faudra ici , ils te re- solvent dans les tabernacles Ă©ternels. 9. Tien toi sur cette terre comme un Voiageur & un Ă©tranger que toutes les affaires du monde ne regardent en rien. Conserve ton cĆur dans la vraie libertĂ©, 8c quâil soit toujours Ă©levĂ© vers Dieu; parce que b tu n as point ici de citĂ© permanente. Envoie lui tous les jours de ta vie tes priĂšres 8c tes gĂ©miffemens acom- pagnĂ©s de tes larmes, afin quâaprĂšsta mort ton Esprit aille heureusement au Seigneur. Amen ! a Luc. 16. v. 9. IĂ Jitbr. 13. v. i4. Cha- ee J. Christ. LĂŹvr. I. Ch . 24. 7 S mec prĂ©s te,Ă >pG Chapitre XXIV. / l. OnsidĂšre en chaque chose la fin Vâ/ derniĂšre, & comment tu com- paroĂźtras devant ce Grand Juge, qui est sĂ©vĂšre,Ă qui rien nâest cachĂ©,qui ne peut ĂȘtre apaisĂ© par des prĂ©fens,qui ne reçoit point dâexcuses ; mais qui juge selon la justice. Que rĂ©pondras-tu Ă ce Dieu qui connoit toutes tes iniquitĂ©s , pĂ©cheur malheureux & insensĂ© ? Que fe- ras-tu devant lui, toi qui r-embles quelque fois devant un homme qui elV'en colĂšre ? Pourquoi ne teprĂ©pares-tu pas afin que tu puisses subsister au jour de ce jugement redoutable, oĂč personne ne pourra ĂȘtre excusĂ© ni dĂ©fendu pat son prochain, chacun devant porter alors son propre fardeau qui ne sera que trop pesant pour lui? Câest maintenant que ton travail te pourra ĂȘtre utile ; que tes larmes pourront ĂȘtre acceptĂ©es de Dieu* &tes gĂ©missemens exaucĂ©s , 8Ă que les afflictions de ton ame peuvent te profiter & te purifier. O L 2, Le- *}6 De l*Imitation 2 . Celui-lĂ est dans la grande & la salutaire Ă©cole de la purification , qui souffre de bon cĆur tout ce qui lui arri- vVj quireccvastL'des injures, estais marri 8c affligĂ© de ce que les autres font malicieux que de ce qu il endure lui mĂȘme ; qui prie volontiers que Dieu bĂ©nisse ceux qui lui font contraires, 8c qui leur pardonne de tout son cĆur les maux quâils lui ont faits ; qui ne diffĂšre pas dâaller demander pardon Ă ceux qu'il croit avoir tant soit peu offensĂ©s; qui fie laiste plutĂŽt toucher de compas- fi ' L * r . 1 X . r - rJ . ^ , > - ââą , qui iv, iait viojence Ă Ăoi-mĂȘine & s'Ă«force dâassujettir Ă lâefprit toutes les passions de la chair. Il vaut bien mieux arracher & faire mourir fies vices en cette vie, que dâattendre lâĂ©froiable expiation du siĂšcle Ă venir. Nous nous trompons ici aussi certainement que malheureusement, parce que nous aimons trop nĂŽtre chair. z. Quelle fera la matiĂšre qui entretiendra ce feu dĂ©vorant, sinon tes pĂ©chĂ©s ? Plus tu tâĂ©pargnes maintenant pour suivre les attraits de la chair, plus feras- de J. Christ. Livr. I. Ch. 24. 77 seras-tu puni, &plus de matiĂšre auras- tu rĂ©servĂ© pour ce feu dĂ©vorant. Chaque pĂ©cheur y sera tourmentĂ© par des peines qui naĂźtront de ses pĂ©chĂ©s mĂȘmes, & qui y auront du raport. Ces tourmens seront pour les lĂąches un feu perçant qui les rĂ© veillera;pour les gour- mans, les ivrognes & les dissolus, une faim & une soif Ă©ternelle; ils seront aux voluptueux & aux impudiques une poix ardente & une puanteur de souffre brĂ»lant; & aux envieux un sujet de hurler comme des chiens enragĂ©s. 4. Nul vice ne fera fans un loĂźer particulier de peines & dâangoisses. Les .cĆurs hautains seront honteux & confus pour jamais, & les avares seront dans une disette Ă©ternelle. Une heure de ces peines leur fera plus insuportable que ne leur auroient Ă©tĂ© cent annĂ©es de trĂšs grande mortification dans ce monde ; car il nây a nul repos, nulle consolation pour les damnĂ©s,au lieu que dans ce monde on a des intervalles pour ĂĂȘ reposer,&pourse consoler dans la compagnie de ses amis. Tien donc ton ame dans une crainte & dans une affliction D z salu- 58 De lâImitation salutaire , Ă cause de tes pĂ©chĂ©s, afĂźn quâau j our du jugement tu puisses paroi- tre en assurance dans la compagnie des bien-heureux. Car a lesjufies RelĂšveront dors avec une confiance merveilleu- fe contre ceux qui les auront affligĂ©s & oprĂŹmĂ©s en cette vie. Alors celui qui se sera maintenant soumis avec humilitĂ© aux jugemens des hommes injustes, sera devenu leur Juge. Alors le pauvre & lâhumble fera plein d assurance; mais le ĂĂčperbe fera ĂĂąisi de fraĂŻeur & en tremblera. f. Alors on verra que celui-lĂ Ă©toitvĂ© ritablement ĂĂ ge dans ce monde, qui pour lâamour de JĂ©fus-Christ n aura pas refusĂ© de passer pour un homme sans cĆur & indigne de toute estime. Alors les afflictions quâon aura soussertes avec patience seront agrĂ©ables ; & {U toute iniquitĂ© aura la bouche fermĂ©e. Alors toute ame qui se sera consacrĂ©e Ă 1âobéïs- lance de Dieu, sera pleine de joie , au lieu que lâimpie sera plein dâaffliction. Alors le corps mortifiĂ© aura plus dâallĂ©- gressequesâil avoir Ă©tĂ© nourri dans les dĂ©lices. a Sap . Z. de J. Christ. Livr. 1. Ch. 24 .- 7p dĂ©lices. Alors le vil habillement du pauvre deviendra lumineux, & les habits Ă©clatants des superbes seront obs- curcis, Alors un pauvre domicile fera plus prisĂ© que des Palais toutbrillans dâor. Alors la grande patience fera plus profitable que la grande puiĂTance. Alors l'obĂ©issance rendue en simplicitĂ© aux commandemens du Seigneur fera plus estimĂ©e que tout le rafinement 8c toutes les adresses des ĂĂ ges du siĂšcle. 6. Ce fera alors quâune pure & bonne conscience donnera plus de joie quâune grande science ; Que le mĂ©pris des richesses aura plus de poids & de prix que tous les trĂ©sors de la terre; Que lâon retirera plus de rafraĂźchissement de lâardeur des priĂšres que des vivres les plus dĂ©licats ; Que le silence quâon aura gardĂ© rĂ©jouira plus que les longs entretiens; Que les bonnes Ćuvres que lâon aura faites seront plus utiles que les belles paroles que l'on aura dites; Quâune vie austĂšre & mortifiĂ©e, fera plus agrĂ©able que lescontentemens que lâon aura pris fur la terre. Apren donc maintenant Ă souffrir patiemment ici de D 4 petits 8o De limitation petits maux, pour en Ă©viter alors de si dĂšs Ă prĂ©sentĂ©e que tu peux. Si tu ne peux suporter des maux si petits que font ceux de ce monde , comment pourras-tu soutenir les peines Ă©ternelles ? Si la moindre incommoditĂ© que tu souffres te jette dans lâim- patience & dans le dĂ©pit, - " . c iâabusepoint; tu ne peux avoir deux bonheurs ni deux fĂ©licitĂ©s ; tu ne peux vivre ici dans les joies du monde, & rĂ©gner enĂuite avec JĂ©sus-Christ dans le Ciel. 7. Quand tu aurois vĂ©cu jusquâĂ ce jour dans les honneurs & dans les plaisirs du monde, Lc qu'il te saudroit prĂ©sentement mourir, di-moi, je te prie, que te serviroit tout cela? Tu vois donc comment toutes choses ne font que vanitĂ©, exceptĂ© lâamour & lâobeissance que lâon rend Ă Dieu seul ; car celui qui aime Dieu, de tout son cĆur, ne craint point la mort, ni les suplices, ni le jugement, ni Penser ; parce que le parfait amour fait aprochcr de Dieu avec confiance ; mais quand on trouve encore du plaisir Ă pĂ©cher, il ne faut pas sâĂ©ton- ner de J. Christ. Ch. Ls. 8ĂŻ nerfi lâon craint la mort & le jugement, Cependant fi 1 amour de Dieu ne te peut encore empĂȘcher de mal faire, au moins que la crainte des peines ' ;. . *-e tienne en bride. Il est vrai que ct^ i qui nâestpas retenu par la crainte de dĂ©plaire Ă Dieu, ne peut demeurer long-tems dans le bien, & quâil ne peur manquer de tomber bientĂŽt Chapitre XXV. Aies beaucoup d'ardeur pour amender ta vie. I. Ă Ers Dieu, 5c lui obĂ©i avec vigi- O lance & avec foin. Pense souvent pourquoi tu Ăšs ChrĂ©tien, & que tu as promis au batĂšme de renoncer au monde. Nâa ce pas Ă©tĂ© afin que tu ne vives plus que pour Dieu,& que tu deviennes un home vraiement spirituel ? Sois donc ardent Ă tâavancer dans cedestein ; parcs que tu recevras bientĂŽt la rĂ©compense de ton travail, & alors tu feras exemt de craintes & de peines pour jamais. D 5 Pouj %l De lâĂŻmit aĂŻ i o k Pour le peu que tu souffres en cette vie, tu trouveras un repos trĂšs-grand,& mĂȘme Ă©ternel. Si tu Ăšs zĂ©lĂ© & fidĂšle, Ă faire ce que Dieutâa commandĂ©, Dieu sera fidĂšle, & te rĂ©compensera richernc'. EspĂšre que tu viendras jusquâau bout de la course pour avoir la victoire ; mais garde toi de la sĂ©curitĂ©, depeurquâelle ne te fasse relĂącher, ou qu elle ne te rende prĂ©somtueux. ... . âą L. Un homme Ă©tant un jour agitĂ© dans ĂĂČn ame & flottant entre la crainte & lâelpĂ©rance, fut saisi de tristesse, & alla se prosterner devant Dieu. Comme il repassoit souvent dans son cĆur ces paroles ; O fi fĂštok assurĂ© que je persĂ©vĂ©rerai jusqu Ă la fin! il entendit cette divine rĂ©ponse qui lui fut faite dans intĂ©rieur ; Et si tu le savon, que ferok-tu ? Va, f ai dĂšs Ă prĂ©sent tout ce que tu ferok alors; &tuferas enseuretĂ©. Se sentant en mĂȘme tems consolĂ© & fortifiĂ© par cette parole, il se remit entiĂšrement Ă la volontĂ© de Dieu, & les agitations de son ame cessĂšrent. U ne s'apliquaplus ensuite Ă sâenquĂ©rir curieusement de ce qui lui devoir arriver Ă l'avenirz mais il mitpei- ne be J. Christ. Livr, Ă. Cb. 25. tf' ne Ă rechercher quelle Ă©toit la volontĂ© de Dieu, agrĂ©able & parfaite, pour commencer & finir par elle des Ćuvres toutes saintes. I . 4 Mets ton espĂ©rance au Seigneur, & fai ce qui est bon, dit le ProphĂšte j tu habiteras fur la terre ,& feras repu de ses biens. Il y a une chose qui empĂȘche beaucoup de personnes de sâavancer Sc dâĂȘtre ardeiis Ă sâamender ; câest qu ils frĂ©missent Ă saĂpect des difficultĂ©s & du travail quâil y a dans ce saint combat. Mais ceux qui font de courageux Ă©fforts pour surmonter ce qui leur est le plus pĂ©nible & le plus contraire, font aussi, les plus grands progrĂšs dans la vertu. Plus un homme se combat & se vainc lui mĂȘme, plus il se mortifie dans lâeĂprit ; plus avance-t-il & reçoit-il de grĂąces. 4. Il est vrai que tous nâont pas la mĂȘme mesure de forces pour se vaincre &pour mourir a eux-mĂȘmes ; celui-lĂ nĂ©anmoins qui a un grand zĂšle rĂ©ussira mieux Ă vaincre ses passions quoi quâel- les soient en grand nombre, que ne fernst un autre moins dĂ©rĂ©glĂ©, mais aussi moins ardent & moins zĂ©lĂ© que lui. Il W Pajalâ 37 3 . ^ 3 ?4 De lâImitation y a deux excellens moĂŻens qui nous peuvent beaucoup servir Ă nous corriger; lâun, de nous faire violence pour nous soustraire aux penchans vicieux de la nature ; lâautre, de nous empresser Ă la recherche du bien & des vertus qui nous manquent le plus. Tu dois aussi tĂącher sur-tout de fuir & de vaincre en toi les dĂ©fauts qui te dĂ©plaisent le plus dans les autres. 5. Fai ton profit de tout. Si tu vois des personnes qui vivent exemplairement, ou que tu en entendes parler,fois enflammĂ© dâun saint dĂ©sir de les imiter; & si tu vois de mauvais exemples, pren occasion de lĂ de te tenir fur tes gardes de peur que tu ne commettes les mĂȘmes maux. Que si tu les as dĂ©jĂ faits, corrige tâen avec plus de foin. Si tu prens garde Ă ce que font les autres, les autres prennent aussi garde Ă ce que tu fais. Qiul y a dĂ©plaisir Ă voir des Ăąmes religieuses pleines de ferveur & de piĂ©tĂ© , vivre comme des frĂšres dâune maniĂšre sainte & bien rĂ©glĂ©e! Mais quâil y a de dĂ©plaisir & de tristesse Ă les voir vivre licencieusement, & appliquĂ©es Ă de J. Christ. 85 des choses qui ne regardent pas leur sainte vocation 1*0 quâilest dangereux de nĂ©gliger les choses auxquelles on est appel lĂ©, & de se mĂȘler de celles qui ne nous ont pas Ă©tĂ© commises 1 6. Souvien - toi des promesses & des desseins que tu as faits devant Dieu, & aĂŻe toujours devant les yeux JĂ©sus- Christ crucifiĂ©. Peux-tu considĂ©rer ĂĂ vie ĂĂ ns ĂȘtre honteux & confus de ce que jusquâĂ cette heure tu as eu si peu de foin de rendre la tienne conforme Ă la sienne, quoi quâil y ait dĂ©jĂ Iong-tems que tu fasses profession dâĂȘtre dans la voie de Dieu ? Le ChrĂ©tien qui sâexerce de tout son cĆur & sans reserve dans la trĂšs-saĂnte vie & dans la Passion du Seigneur , y trouve trĂšs - amplement toutes les choses qui lui font utiles & nĂ©cessaires ; & ce seroit en vain quâiĂ chercheroit quelque chose de meilleur que ce qui est en JĂ©sus. O ! que nous serions savans, &que nous le serions tĂŽt, si JĂ©sus crucifiĂ© venoitdans nĂŽtre cĆur! 7. Le ChrĂ©tien zĂ©lĂ© aprouve & porte ce que Dieu lui impose. Le ChrĂ©tien nĂ©gligeant & le tiĂšde ont troubles fur D 7 trou. 86 De lâImitation troubles,& se trouvent en peine de tous cĂŽtĂ©s; parce que nâaĂŻartt point de consolations intĂ©rieures, ils ne peuvent en chercher qui viennent du dehors. Le ChrĂ©tien dĂ©rĂ©glĂ© est fur le bord d'un grand prĂ©cipice. Celui qui cherche Ă mener une vie lĂąche & molle fera toujours en peine ; parce quâil y aura toujours quelque chose qui ne lui plaira pas. 8. Comment ont fait tant de saintes personnes qui ont menĂ© une vie trĂšs mortifiĂ©e pendant quâelles Ă©toient renfermĂ©es dans la prison de ce corps mortel? Ilsfrequentoientpeu le monde ; ils vivoient dans la retraite; ils se nourrissoient trĂšs pauvrement; un chĂ©tif habit sufisoit pour couvrir leur corps ; ils travailloient beaucoup de leurs propres mains ; ils parloient peu ; ils passoient les nuits Ă veiller, & se levoient de grand matin ; ils prioient sans cesse ; lisoient & mĂ©di- toient souvent la parole de Dieu, & se maintenoient exactement sous ĂĂ sainte discipline. ConsidĂšre les Saints Patriarches, les ProphĂštes, les ApĂŽ- de J. Christ. Lh. 87 tres, & les vrais disciples de JĂ©Ăus- Christ. Voi-tu comme ils emploĂŻ- oient a les nuits Ă chanter les louanges du Seigneur. Quelle honte pour toi j que tu fois paresseux pour faire des Ćuvres fi saintes lors que tu vois une multitude de saintes personnes , prendre tant de plaisir Ă chanter les louanges de Dieu. 5 >. O ! si nous nâavions point dâau- tres choses Ă faire quâĂ louer de cĆur & de bouche le Seigneur nĂŽtre Dieu! O ! si nous pouvions nous passer du manger & du boire & du dormir, pour ne rien faire que chanter ses louanges , & ne vaquer quâĂ des choses spirituelles, nous serions incomparablement plus heureux que nous ne sommes ; puisque les moindres nĂ©cessitĂ©s du corps nous dĂ©tournent de ces saints exercices ! O ! si nous nâĂ©- tions point asservis Ă ces nĂ©cessitĂ©s, 8i que nous nâeussions quâĂ repaĂźtre nos Ăąmes de la cĂ©leste nourriture, que nous ne goĂ»tons que si rarement ! io. Quand un homme est venu jusquâà » Ps, us. v. 6r>. AtĂ, 16. v, 88 De t.âImitat ion jusquâĂ ce point de ne chercher aucune consolation dans la crĂ©ature, il commence Ă bien goĂ»ter Dieu, & quoi quâil lui arrive , il est toujours content. Alors dans la prospĂ©ritĂ© il ne sâabandonne plus aux vaines joies, & il nâest plus susceptible de tristeste pour des traverses qu il regarde comme peu de chose; mais il se remet & se fonde absolument sur Dieu, qui lui est devenu tout Ă lâĂ©gard de toutes choses, & pour lequel rien ne meurt, rien ne pĂ©rit ; car toutes choses vivent Ă lui, & obĂ©issent Ă la moindre de ses paroles. 11. Souvien - toi toujours de ta fin derniĂšre, & que le te ms perdu ne revient plus. Souvien - toi que tu nâaquerras jamais la satisfaction fans beaucoup de peines & de grands foins. Malheur Ă toi si tu deviens tiĂšde. Heureux ! si tu t Ă©chauffes , & si tu prens courage; car alors tu trouveras une grande paix, & le travail redeviendra facile, parce que la grĂące de Dieu & lâamour qu il te donnera pour la vertu, adoucissent le joug du Sauveur, ĂŻĂź. ÂŁ3 de J. Christ. Livr. k. Ch. 25. 8- Veur. Lame fervente est prĂȘte Ă tout; quoi que la rĂ©sistance aux vices &aux passions soit un travail beaucoup plus grand que tous ceux du corps. Si lâon ne prend point de peine pour Ă©viter les petits dĂ©fauts, on tombera peu Ă peu dans les plus grands. On est toĂ»jours joĂźeux au soir quand on a bien emploĂŻĂ© la journĂ©e. Veille donc sur toi ; anime toi ; exhorte toi; & quoi quâil arrive aux autres, ne te nĂ©glige point toi-mĂȘme. Tu ne feras des progrĂšs qu autant que tu te feras fait de violence. Fin du prĂ©mier Livre . DE D E LĂMITATIO JESUS CHRIST. LIVRE SECOND. CO N TENANT Des admonitions pour avancer PĂąme dans la vie intĂ©rieure & spirituelle. Chapitre I. Tu verras tout dans toi , fi tu fais bien t'y rendre. ' E Roiaume de Dieu est dans vous a dit le Seigneur. Retourne au Seigneur;con- verti toi ; fai divorce avec ce malheureux monde, & ton ame trouvera le repos. Apren Ă mĂ©priser les choses du dehors, & Ă tâa- pliquer Ă celles du dedans, & tu verras a Luc. 17. v. xi. c l ue DelâImit. de J. 91 que le RoĂŻaume de Dieu viendra dans toi ; Car a le Roiaume de Dieu est la paix & la joie au S. Esprit, ce qui nâest pas donnĂ© aux impies. JĂ©sus-Christ viendra dans toi, & te fera goĂ»ter ses consolations, si tu lui prĂ©pares dans ton intĂ©rieur une demeure digne de lui. b Toute la ; J/Qur retrouverfĂąsiâJ z /pĂuroitr JĂŽtĂtazre. 50 D E LâIMITATIO JESUS CHRIST. llrn c DelâImit. de J. 91 que le RoĂŻaume de Dieu viendra dans toi 5 Car a le RoĂŻaume de Dieu est la paix & la joie au S. Esprit, ce qui nâest pas donnĂ© aux impies, JĂ©sus-Christ viendra dans toi, & te fera goĂ»ter ĂĂšs consolations, si tu lui prĂ©pares dans ton intĂ©rieur une demeure digne de lui. b Toute la gloire & la beautĂ© quâil recherche est dans t intĂ©rieur; & câestlĂ oĂč il prend tout son plaisir. Il rend de frĂ©quentes visites Ă shomme du dedans; il le gratifie de ses entretiens pleins de suavitĂ©, & de ses agrĂ©ables consolations ; il le comble de fa paix divine, & entre dans une ravissante familiaritĂ© avec lui. L. Pren donc courage, ame fidĂšle, prĂ©pare ton cĆur Ă cet Epoux cĂ©leste , afin quâil vienne dans toi, & quâil daigne y demeurer ; car voici fa promesse, c quelcun m aime, il gardera ma parole ; & nous viendrons Ă lui , & ferons dans lui nĂŽtre demeure . Fai donc place Ă JĂ©sus-Christ, & refuse lâentrĂ©e Ă tout autre objet. Si tu as JĂ©sus-Christ, tu Ăšs riche ; pz De lâImitation riche ; & lui seul te sufit pour tout. Il sera ton PourvoĂŻeur AdĂšle, sans quâil soit besoin que tu tâattendes aux hommes. Car les hommes font changeans; ils nous manquent en un instant j mais JĂ©sus-Christ demeure Ă©ternellement,& il se tient constamment prĂšs des siens jusques Ă la fin. 3 . Il ne faut pas sâattendre beaucoup Ă 1 homme quoi quâon en tire de Iâutili- litĂ© & quâon lâaime ; car il est fragile & mortel. Il ne faut pas aussi sâattrister beaucoup fi quelque fois il sâĂ©lĂšve contre nous, & nous est contraire. Ceux qui font aujourdâhui pour toi, pourront ĂȘtre demain contre toi ; &au contraire , les ennemis dâaujourdâhui seront peut-ĂȘtre demain tes amis. Les hommes changent comme le vent. Ne te confiequâen Dieu ; ne crain que lui; nâaime que lui ; alors il rĂ©pondra de tout ce qui pourra tâarriver , & fera tout pour le mieux. Pense que a tu rias point ici de citĂ© permanente ; que tu Ăšs un Ă©tranger & un voĂŻageur quelque part que tu fois ; & que tune trouveras point 00 Heb. IZ. v. 14 . de J. Christ. Livr. II. Cb. i. 93 point de repos si tu nâĂšs uni intĂ©rieurement avec JĂ©sus-Christ. 4. Pourquoi jettes-tu les yeux de tous cĂŽtĂ©s autour de toi, puis que ce nâest pas ici le lieu ou tu dois te reposer? Cest dans les Cieux que doit ĂȘtre ta demeure ; 8c tu ne regarder toutes les choses de la terre que comme en passant. Toutes choses passent, & tu passes aussi avec elles. Donne toi de garde de tâattacher Ă elles, de peur que tu ne fois pris & que tu ne pĂ©risse avec elles. ElĂšve toutes tes pensĂ©es Ă celui qui est Ă©levĂ© au dessus de toutes choses, 8c offre fans cesse tes priĂšres Ă si tu n as pas le don de porter tes mĂ©ditations jusquâaux choies sublimes qui font dans le Ciel, cherche ton repos dans la passion de JĂ©sus-Christ, Lepren plaisir Ă te tenir colĂ© Ă ses sacrĂ©es plaies. Câest un refuge oĂč tu te sentiras fortifiĂ© dans tes tribulations ; tu ne te mettras point en peine des mĂ©pris des hommes, & tu souffriras trĂšs aisĂ©ment toutes leurs injures & leurs mauvaises paroles. 5. JĂ©sus-Christ nâa-t-il pas Ă©tĂ© mĂ©prisĂ© des hommes dans ce monde? Nâa- t-il 54 De l Imitation t-il pas Ă©tĂ© abandonnĂ© de ses amis & de tous ceux de fa connoissance au milieu des oprobres & dans ses trĂšs grandes nĂ©cessitĂ©s ? Quoi! JĂ©sus- Christa bien voulu souffrir & ĂȘtre mĂ©prisĂ©, & tu oses te plaindre de quelquâun ? Il a eu beaucoup dâennemis & tu ne voudrois trouver que des amis & des bien-faiteurs ? Comment seroit couronnĂ©e ta patience, si tu nâavois rien qui te fĂ»t contraire ? Comment seras-tu ami & compagnon de JĂ©sus-Christ, fi tu ne veux point souffrir dâadversitĂ©s ? Si tu veux rĂ©gner avec Christ, il faut que tu souffres avec Christ, & pour lâa- mour de Christ. 6. Si tu Ă©tois une fois entrĂ© dans lâin- tĂ©rieur de JĂ©sus, & que tu eusses un peu goĂ»tĂ© de lâardeur de son Amour, tu ne te soucierois plus de tes propres commoditĂ©s, ni de tes incommoditĂ©s. Les oprobres que tu recevrois , te donne- roient alors de la joie ; parce que lâA- mour de JĂ©sus-Christ fait que 1 homme se mĂ©prise soi-mĂȘme. Celui qui aime JĂ©sus & la vĂ©ritĂ©, lâhomme vraiement intĂ©rieur» & qui est libre de toutes les passions pi t nous le perdons bientĂŽt par nĂŽtre nĂ©gligence. Nous sommes souvent si stupides, que de ne pas sentir jusquâou va saveuglement de notre cĆur. Souvent nous agissons mal 8c nous nous excusons encore plus mal. Nos passions nous font prendre feu & nous emportent, & nous nous imaginons que câestle ZĂšle de Dieu. Nous reprenons avec rigueur les petites fautes que les autres font, 8c nous passons par dessus les nĂŽtres qui font beaucoup plus grandes. Nous sentons bien-tĂŽt 8c nous pesons avec exactitude le petit poids que nous devons porter 8c soutenir de la part des autres ; mais nous ne considĂ©rons pas quelle charge ils ont Ă porter de nĂŽtre part,8c combien nous leur pesons. Certes si chacun vouloit bien examiner 8c peser ses actions,il verroitquâil n a pas sujet de juger si sĂ©vĂšrement ses frĂšres. L. LâHomme intĂ©rieur prĂ©fĂšre le foin de son ame Ă tous les autres foins ; & celui qui est exact Ă se considĂ©rer soi- ÂŁ 4 mĂȘme, 104 DĂ©limitation mĂȘme , se taĂźt aisĂ©ment Ă lâĂ©gard des autres. On ne vivra jamais de la vie spirituelle & intĂ©rieure, ni dans la piĂ©tĂ©, quâen se tenant dans le silence sur ce qui regarde les autres , pour sâemploĂŻer tout entier Ă rĂ©flĂ©chir fur soi-mĂȘme. Si tutâoccupes entiĂšrement de Dieu & de toi-mĂȘme, tout ce qui arrive au dehors retouchera peu. OĂč Ăšs-tu quand tu nĂ©s pas prĂ©sent Ă toi-mĂȘme ? Quâas- tu profitĂ©, si aiant parcouru & furetĂ© toutes choses, tu tâĂšs nĂ©gligĂ© toi-mĂȘme? Veux-tu avoir la paix & la vraie union avec Dieu ? Il faut nĂ©cessairement que tu te dĂ©taches de tout ce qui est au monde, pour ne jetter les yeux que fur toi. z. Et par consĂ©quent tu avanceras merveilleusement si tu te tiens libre de tous foins temporels ; mais tu reculeras beaucoup pour peu que tu tâen charges encore. Que rien ne te paroisse grand, ni Ă©levĂ©,ni agrĂ©able,ni dĂ©sirable, que Dieu mĂȘme, ou ce qui est purement de Dieu. RĂ©putĂ© pour vain & pour inutile tout ce que la crĂ©ature p eut te donner de consolation. Lame qui de j. Christ. Livr. II. Ch. 6. iojs qui aime Dieu, mĂ©prise tout ce qui est au dessous de Dieu. Dieu seul Ă©ternels infini j & qui remplit toutes choses , est la consolation de Tarne, 8c la vraie joie du cĆur. Chapitre VI. La joie bien solide est dans la conscience » homme de bien ne cherche point de gloire ailleurs que dans le tĂ©moignage dâune bonne conscience. Aie donc une bonne conscience, 8c tu auras toujours de la joie, LâHomme qui a une bonne conscience sait beaucoup suporter ; 8c sa joie se redouble au milieu des adversitĂ©s les plus grandes; mais celui qui a une mauvaise conscience, tremble toujours , 8c nâa point de repos. Si ton cĆur ne t accuse de rien, tu jouiras d J un repos trĂšs doux. Ne te rĂ©jouis jamais que dâavoir fait du bien. Nul mĂ©chant nâa jamais de vĂ©ritable joie , 8c ne ressent jamais de paix intĂ©rieure ; car a il rĂŹy a point de paix pour les mĂ©chans, dit le Seigneur. Que E j âils W Wa. M- v. u» f Ăo 6 DelâImitation sâils disent» nĂłus sommes dans la paix» les maux ne viendront point nous trouver. Et qui seroit alles hardi pour entreprendre de nous nuire ? ne les en croi pas» car la colĂšre de Dieu se lĂšvera soudain contrâeux ; tout ce quâils ont fait, sâĂ©vanouĂŻra » & leurs desseins pĂ©riront. r. II nâest pas dificile Ă celui dans le cĆur duquel a U amour de Dieu eĂ rĂ©pandus se glorifier dans les afflĂŻEiions ycar se glorifier de le sorte est b se glorifier dans la croix du Seigneur. La gloire que les hommes se donnent 8c reçoivent mutuellement les uns des autres, paf- se & sâĂ© van ouĂŻt en x un moment; & comme elle est mondaine, la tristeste raccompagne toujours. La gloire des vrais ChrĂ©tiens est dans leur conscience, Sc non pas dans la bouche des hommes. La joĂŻe des justes vient de Dieu ; elle est en Dieu; ilsneĂĂš rĂ©jouissent que de la vĂ©ritĂ©. Celui qui est vraiement touchĂ© du dĂ©sir de la gloire vĂ©ritable & Ă©ternelle, ne se soucie pas de la temporelle ; & celui qui recherche cette der- a Rom. f. v. z. Ăš Gai. 6 . v. 14. f ĂŻ>e J. Christ. Livr. II. Ă07 derniĂšre - ou qui ne la mĂ©prise pas de tout son cĆur, demeure convaincu parla dâaimer peu la gloire cĂ©leste. Celui qui ne se soucie ni du blĂąme ni des louanges» est dans une grande tranquillitĂ© dâeĂprit. 3 . Lâhomme dont la conscience est pure, est content en quelque Ă©tat quâil soit, Lc demeure paisible quelque traitement quâon lui fasse. Quand on te loue, tunâen Ăšs pas plus saint; & quand on te blĂąme, tu nâen Ăšs pas pire. Tu Ăšs ce que tu Ăšs ; &tune peux raisonnablement ĂȘtre estimĂ© plus grand que tu nâĂšs au jugement de Dieu. Si tu considĂšres avec attention ce que tuĂ©s intĂ©rieurement, tu ne te soucieras guĂšres de ce que les hommes pourront dire de toi. a Les hommes ne voient quelâapa- vence ; mais Dieu connoit le fond du cĆur . Ceux lĂ ne considĂšrent que les actions qui paroissent; mais celui-ci pĂšse les intentions secrĂštes. La marque dâune ame vraiment humble est, de faire toujours bien, & de sâestimer peu. La marque dâune grande puretĂ© & d une E 6 vraie 00 16. V, 7 . lo8 De lâImitatio» vraie confiance en Dieu est , de ns point chercher de consolation dans les crĂ©atures. 4 . Celui qui ne recherche point de tĂ©moignages de la part des hommes , faitparoĂźtre quâil sâest entiĂšrement donnĂ© Ă Dieu. b Ce rieft pas celui qui fe recommande foi-mĂȘme , & qui se rend bon tĂ©moignage, qui est aprouvĂȘ ; mais c'est celui que Dieu recommande & aprou - ve , dit S. Paul. Cheminer avec Dieu dans lâintĂ©rieur de son am e, &nâĂȘtre point attachĂ© Ă aucune des choses du dehors, est le vĂ©ritable Ă©tat de lâhom- me intĂ©rieur. Chapitre VII. JPour bien aimer JĂ©sus » il faut Faimer lui seul, celui qui comprend L JL bien ce que câest que dâaimer, jesus , & de fe mĂ©priser foi-mĂȘme Ă cause de JĂ©sus 1 Pour cet Ami, il faut renoncer Ă tout ce qui nous est cher ; parce que JĂ©sus veut qu on l'aime seul, , & A r. Or. 10. v. iR. de J. Christ. Cb. 7. 109 & par dessus toutes choses. Lâamourde la crĂ©ature est trompeur & sujet au changement ; lâarnour de JĂ©sus est fidĂšle 8c durable. Celui qui est a-tachĂ© aux crĂ©atures tombera lors qu elles tomberont ; mais celui qui embrasse JĂ©sus demeurera toĂ»jours ferme 8c inĂ©branlable, Aime-le, 8c tâen fai un ami ; tu feras seur quâĂ tes derniĂšres heures, quand tu feras abandonnĂ© de toutes les choses du monde, il te tiendra compagnie 8c ne permettra pas que tu pĂ©risses. Soit que tu y consentes , ou que tu y rĂ©pugnĂ©s , il faudra quâun jour tu fois sĂ©parĂ© de toutes les choses du monde. 2 . Tien-toi attachĂ© Ă JĂ©sus en ta vie & en ta mort, 8c te laisse conduire par ce fidĂšle Ami, qui seul peut te secourir quand tous les autres te quiteront. Mais cet ami est tel, quâil ne peut sou- frir quâon ait un autre ami que lui. Il veut seul possĂ©der tout ton cĆur, 8c y ĂȘtre astis comme un Roi dans son propre TrĂŽne. Si tu pouvois te tenir vui- de de toutes les crĂ©atures, JĂ©sus vien- droit trĂšs-volontiers faire fa demeure en toi, Tout ce que tu crois rassurer E 7 hors ĂŻio De l'Imitatio» hors de JĂ©sus & dans les crĂ©atures, est perdu, tu le verras un jour. Ne te fie point, ne tâapuĂŻe point fur un roseau sujet aux? secouĂĂŹes & Ă lâinconstance des vents ; car Ăa toute chair rĂŹefi que de Vherhe , & toute Ja gloire tombe comme la fleur de Iâherbe. Si tu nâas Ă©gard quâaux apparences , & Ă lâextĂ©rieur des hommes > tu feras bientĂŽt pris & trompĂ© j car la consolation & les avantages que tu auras crĂ» trouver en eux , te deviendront trĂšs-funestes. Si dans toutes tes dĂ©marches tu cherches JĂ©sus , tu le trouveras par-tout. Si tu te cherches toi-mĂȘme, tu te trouveras aussi toi-mĂȘ- me, mais Ă ta damnation & Ă ta perte. Car fhomme qui ne cherche pas JĂ©sus cn toutes choses, se fait plus de mal que tout le monde & que tous ses ennemis ne lui en pourroient jamais faire, a Esai. 40. v, 6 . ChĂ - bi J. Chris t. Livr. IL Ch. g. m Chapitre VIII. Aime tout pour JĂ©sus , & JĂ©sus pour lui mĂȘme. I,T Ors que Jesus est prĂ©sent, tout J_ t va bien, & rien ne semble disi- eile j mais lors quâil est abĂĂȘnt, il nây a rien que de triste & que dâafstigeant. Lors que JĂ©sus ne parle pas dans lâintĂ©- rieur, toute consolation qui vient dâail- leurs est de peu dimportance ; mais lors quâil prononce une feule parole, on est divinement consolĂ©. VoĂŻĂ©s comment Marie Madelaine se lĂšve du lieu oĂč elle pleuroit, ausli-tĂŽt que Marte lui dit, a le MaĂźtre est id, & il Rappelle. Heureux le tems auqu'el JĂ©sus appelle dâun Ă©tat qui fait verser des pleurs, Ă la joie de lâesprit! Que tu Ăšs sec & dur si JĂ©susnâest dans toi! Que tues fou & vain si tu cherches quelque autre choie que JĂ©sus ! Ne perds-tu pas davantage, en agissant ainsi , que si tu perdois tout le monde ? 2. Situnâaspoint JĂ©Ăus, quels avantages 00 Jean I I. Ăź-. ig. 1 12 De lâImitatios tages te peut procurer tout le monde ? Le vrai enfer câest dâĂȘtre fans JĂ©sus ; le vrai Paradis, câest dâĂštre avec JĂ©sus. Si JĂ©sus est avec toi, nul ennemi ne te pourra plus nuire. Celui qui a trouvĂ© JĂ©sus ; a trouvĂ© un grand trĂ©sor, & un bien qui estau dessus de tous les biens ; mais celui qui perd JĂ©sus, fait une perte indicible j il perd plus que sâil per- doit tout le monde. Celui qui vit fans JĂ©sus est trĂšs pauvre , & celui qui est bien uni avec JĂ©us est le plus riche de tous. j. La plus grande de toutes les sciences est de savoir sâentretenir avec JĂ©sus; & la souveraine prudence consiste Ă le lavoir retenir dans soi. Sois humble & pacifique, & JĂ©sus ne manquera pas dâĂȘtre avec toi. Sois tranquille & dĂ©vot ; & il demeurera toujours avec toi. DĂšs que tu veux te rĂ©pandre fur les choses qui font hors de toi, tu Ă©loignes JĂ©sus - & tu perdras bientĂŽt fa grĂące ; & si tu veux ainsi le chasser & le perdre, vers qui prendras-tu ton refuge, & quel autre ami te chercheras-tu? Sans ami tu ne saurois vivre heureux j & si tu nâas point de J. Christ. 8. nz point JĂ©sus pour ami souverain , en quel Ă©tat de tristesse & de dĂ©solation ne se trouvera pas ton ame ? Tu fais donc une folie bien grande si tu mets ta confiance ou ta joie en quelque autre objet. Tu dois bien plutĂŽt choisir que tout le monde soit contre toi, que non pas JĂ©sus seul; & par consĂ©quent, entre tout ce qui test cher, que JĂ©sus te soit le bien le plus cher , & le plus amoureusement chĂ©ri. 4. Il faut aimer tous les hommes k cause de JĂ©sus, mais il faut aimer JĂ©siis Ă cause de lui-mĂȘme. Il nây a que JĂ©sus Christ seul quâil saille aimer sans rĂ©serve & sans mesure ; parce quâil surpasse en bontĂ© & en fidĂ©litĂ© tous ceux que lâon pourroit avoir pour amis. A cause de lui & dans lui tu dois tenir pour chers & aimables tant cgux qui te sont amis, que ceux qui te font ennemis ; & tu les dois recommander tous Ă fa misĂ©ricorde, afin quâil les remplisse tous de ĂĂ connoissance&de son amour. Ne dĂ©sire jamais dâĂȘtre singuliĂšrement aimĂ© ou louĂ©; parce que cela n apartient uniquement quâĂ Dieu, qui nâa point de fern- H4 De lâImitation semblable. Comme tu ne dois point dĂ©sirer que personne se remplisse & sâoccupe le cĆur de Tamour quâil pour- roit avoir pour toi ; aussi ne dois-tu point donner entrĂ©e dans le tien Ă l'a- mour de qui que ce soit. DĂ©sire seulement que JĂ©sus seul remplisse par son amour & ton cĆur &le cĆur de tout homme de bonne volontĂ©. f. Garde ton intĂ©rieur pur & libre, fans rattacher Ă aucune crĂ©ature. Il faut que tu fois dĂ©nuĂ© de tout, & que tu offres Ă Dieu un cĆur pur, si tu veux te trouver dans lâĂ©tat de contempler, devoir & de {a goĂ»ter combien le Seigneur tft doux. Mais pour en venir lĂ , il saut que la grĂące te prĂ©vienne & te tire, asm quâĂ©tant vuide de toute autre chose, &C quâaĂŻant donnĂ© congĂ© Ă tout, tu sois uni purement aveqje pur,uniquement avec Tunique. Car lors que la grĂące de Dieu se rĂ©pand dans lâhomme , il devient capable de tout. Au lieu que lors qu'elle se retire de lui, il demeure pauvre, infirme, & exposĂ© Ă toutes sortes de coups. Cependant son ame ne doit pas sâabat- 4 P/. 34. v. 9. de Livr. II. Ch. g. n 5 sâabattre ni se dĂ©sespĂ©rer dans cet Ă©tat ; mais il doit se soumettre paisiblement Ă la volontĂ© de Dieu , St souffrir tout ce qui lui arrive pour la gloire de JĂ©sus- Christ. LâEtĂ© revient aprĂšs lâHiver, le jour aprĂšs la nuit, Sc le calme aprĂšs la tempeste. Chapitre IX. Pour Ă©prouver les siens, Dieu les prive de joie. nâest pas difficile de mĂ©priser JL les joies Sc les consolations qui viennent de la part des crĂ©atures, lors quâon en reçoit de Dieu mĂȘme. Mais câest une vertu trĂšs grande que de pouvoir se paiser d es consolations divines & humaines; Sc de vouloir bien demeurer, pĂČur la gloire de Dieu,dans un Ă©tat oĂč famĂ© est comme exilĂ©e de la joie de son CrĂ©ateur, fans que lâon se cherche soi-mĂȘme en quoi que ce soit, 8 c que l'on ait le moindre Ă©gard au bien que lâon pourroit avoir fait. Quelle merveille que tu sois plein de joie Scde zĂšle lors que la grĂące t est prĂ©sente 1 U O Ii6 De lâImitation nây a personne qui ne dĂ©sire ces heureux moments. Peut-on ĂȘtre menĂ© plus doucement que lors quâon est portĂ© par la grĂące de Dieu ? Quelle merveille encore j que celui qui est soutenu par le Tout-puiffant, ne sente point le fardeau dont il est chargĂ©. 2. Nous cherchons volontiers quelque matiĂšre de consolation, & lâhomme a beaucoup de difficultĂ© Ă se mettre lui- mĂȘme dans le dĂ©nuement. Les Saints nĂ©anmoins renoncent Ă tout cela, comme lâHistoire nous raconte que fit le Martir St. Laurent > qui aĂŻant vaincu le monde par le mĂ©pris de tout ce quâil y avoir dâagrĂ©able dans le fiĂšde, souffrit en paix pour lâamour de Christ dâĂȘtre sĂ©parĂ© d un Saint EvĂȘque quâil aimoit ardemment, & que lâon menoit sans lui au supplice. LâAmourde Dieu surmonta en lui l'amour de l'homme, & il aima mieux choisir le bon plaisir de Dieu, quâune consolation humaine. Tu dois suivre cet exemple, & aprendre a qui- ter pour lâamourde Dieules amis qui te font les plus chers,& qui te Ăemblent les plus nĂ©cessaires pour ton salut. Ne tastĂŹige Ch. 9. 117 tâaflige point aussi iors que quelquâun de tes amis tâabandonne ; car tu fais quâenfin il faudra que nous soions tous sĂ©parĂ©s les uns des autres. z. Lâhomme doit soutenir un combat intĂ©rĂeur,grand,& de longue durĂ©e, avant quâiJ Reliefe vaincre entiĂšrement soi-mĂȘme & donner ses affections & ses inclinations Ă Dieu. Lors que lâhom- me sâarrĂȘte trop Ă soi-mĂȘme, il se tourne facilement du cĂŽtĂ© des consolations humaines & sensibles. Mais celui qui aime vraiment JĂ©sus-Christ & qui fait Ă©fort pour suivre ses divines vertus, ne pan ehe 8c ne s'abaisse point Ă ces fortes de consolations; il ne cherche point de ces douceurs sensibles; il aspire Ă ĂȘtre exercĂ© d'une maniĂšre plus vigou- &use, ic Ă souffir pour lâamour de JĂ©- sus-Christ les travaux les plus durs & ies plus pĂ©nibles. 4. Lors donc que Dieu te favorisĂ© de ses divines consolations, reçoi-les avec actions de grĂąces ; mais souvien toi que câest un pur don de la libĂ©ralitĂ© de Dieu, & non pas une rĂ©compense de ton mĂ©rite, Ne tâĂ©lĂšve point alors j ne te ĂŻiS De Ăâ Imitation te rĂ©jouis pas avec excĂšs ; ne tâenfle point de prĂ©somption ; mais plutĂŽt, tjue le don de Dieu te rende plus humble, plus circonspect, & te fasse diriger toutes tes actions avec crainte & tremblement ; parce que ce tems lĂ passera pour faire place Ă des tentations qui suivront. Lors que tu Ăšs dĂ©laissĂ© & fans consolation, ne perds pas incontinent courage ; mais atten avec patience & humilitĂ© que Dieu te visite de son ciel ; parce que Dieu est puissant pour te donner de nouveau des consolations plus grandes que celles quâil tâa ĂŽtĂ©es. Ceux qui savent par expĂ©rience ce que câest que des voies de Dieu, ne trouvent rien dâĂ©trange & de nouveau dans cette conduite ; car les plus grands Saints, &mĂȘme les Anciens ProphĂštes, oiĂt Ă©prouvĂ© en eux ces sortes de change- mens. 5. Câest pourquoi lâun dâentrâeux di- Ăoit lors que la grĂące de Dieu lui Ă©toit prĂ©sente, a se ne serai jamais Ă©branlĂ©. Mais pour faire voir ce quâil avoit Ă©- prouvĂ© lors que la grĂące sâĂ©toit retirĂ©e, il ajoute j Tu as cachĂ© ton visage, & je - P f. Z0. v. 7. S. ^ de J. Christ. 119 fuis devenu tout Ă©perdu. Cependant il ne perd point courage ; mais priant le Sei- gueur avec plus dâardeur, il lui dit ; Ae crie Ă toi, Seigneur ; fe prĂ©sente ma priĂšre Ă mon Dieu. En fuite dequci remportant le fruit de fa priĂšre, il tĂ©moigne que Dieu la exaucĂ© , disant ; /' Eternel m'a Ă©coutĂ© , a eu pitiĂ© de moi ; il m'est venu secourir. Mais comment ? Tu as changĂ©, dit-il ; mon deuil en joie, & tu m'as environnĂ© d'allĂ©gresse. Si cela est arrivĂ© aux grands Saints, nous ne devons pas tomber dans l'abatement lors qu il nous arrive, Ă nous autres pauvres & foibles, dâĂȘtre dans la ferveur, & tantĂŽt dans le refroidissement ; parce que TEĂprit vient & ĂĂš retire selon son bon plaisir. Ce qui fait dire au bien-heu- reuxjob, {a Tu prens garde Ă 1homme chaque matin , & tu le sondes Ă tous mo ments. 6. En qui donc dois-je mettre mon cĂperance, fur quoi me dois-je fier > Ăi non fur la feule misĂ©ricorde de Dieu ; quiesttrĂšs-grande, & fur le ĂĂšul appui de fa grĂące cĂ©leste ? Bonnes compagnies, personnes saintes, amis fidĂšles, 00 Job. 7. r>. 18. livres 120 De lImitatiom livres de piĂ©tĂ©, beaux fermons, chants de Psaumes & de Cantiques, tout cela est peu de chose, tout cela est de peu de goĂ»t lors que je fuis dĂ©laissĂ© de la grĂące de mon Dieu, & abandonnĂ© Ă ma pauvretĂ© naturelle. Je n'ai dans cet Ă©tat qu un seul remĂšde , qui est la patience 8c lâentier renoncement Ă moi-mĂȘme pour ne rien vouloir que ce que Dieu veut. 7 , Je nâai jamais trouvĂ© personne pour religieux, zĂ©lĂ©, 8c craignant Dieu quâil ait Ă©tĂ©, qui nâait senti des Ă©clipses de la grĂące de Dieu & des diminutions de desSaintsn'a jamais Ă©tĂ© tellement Ă©levĂ© vers Dieu & illuminĂ© de lui, 'âą v ' ''d â ces grĂąces. Car celui-lĂ n'est paĂĄ digne dâĂȘtre admis Ă une sublime contemplation de Dieu, qui nâa pas Ă©tĂ© exercĂ© 8c Ă©prouvĂ© par quelques afflictions quâil aitsouftertespourĂŹâamour de Dieu. La tentation est une marque dâ lation qui la luit, 8c ce nâest quâĂ ceux qui font Ă©prouvĂ©s par des tentations que les consolations cĂ©lestes font promises. Ăa A celui qui vaincra , est- il net \b 60 Afoç, z, v. 7, ' de J. Christ. Livr. IL Cb. io. 121 ' ^ il dit, je lui donnerai Ă manger de Varbre âą ; â de vie. P- 8. Dieu donne quelques fois fes di- â5 vines consolations, afin que l'I omme âI- soit plus fort ensuite pour supoi ter les ĂŻĂź! 'ĂŻ adversitĂ©s. Mais aprĂšs il permet que la S tentation vienne, de peur que lâhomme ne sâĂ©lĂšve Ă cause des grĂąces que Dieu Ă lui a faite, . "" ~ la chair nâest pas encore morte,r ton- Ă Ăź sĂ©quent tien-toi toĂ»jours prĂȘt Ă com- battre jparce que tu as Ă droitte & Ă gau- ipto ehe des ennemis qui ne sommeillent 8C âąMi ne reposent jamais. Chapitre X. gne iĂą' Sc [Uli II ifo- ux M no- fĂ. Ren grĂąces pour la GrĂące , & soufre son absence. I. T Ourquoi cherches-tu du repos JL puis que tu Ăšs venu dans ce monde pour le travail ? Tu te dois plĂ»- tĂŽt attendre Ă voir ta patience bien exercĂ©e , quâĂ recevoir des consolations 8c des joies ; plutĂŽt Ă porter la croix quâĂ te rĂ©jouir. Qui est lâhomme dans le monde qui ne reçût volontiers de la k con-. HZ De t Imitation consolation &de la joie spirituelle sĂŻl en pouvoit avoir toujours, vĂ»quâelles surpassent toutes les dĂ©lices du monde & tous les plaisirs de la chair ? Car les dĂ©lices du monde font ou vaines, ou honteuses;maisles spirituelles font chastes & accompagnĂ©es dune joĂŻe solide, vĂ» quâelles naissent des vertus, & que câest Dieu mĂȘraei0fles verĂĂ« dans les Ăąmes pures. Mais il nây a personne qui se puisse promettre dâen joiiir Ă son grĂ©, parce que le tems de la tentation revient bien-vĂźte. 2 . Dieu nous ĂŽte aussi cesĂ©fets de fa cĂ©leste visite, pour empĂȘcher que nĂŽtre esprit ne se trompe, tant par une fausse opinion de sa libertĂ©, que par une vaine complaisance & confiance en soi- fait un grand bien Ă lâhom- me lors quâil lui donne la grĂące de la consolation & de la joĂŻe, mais lâhom- me fait un grand mal lors que la recevant il ne la raporte pas entiĂšrement Ă DiĂȘĂč avec une humble reconnoissance. Câest pour cela que les dons de la grĂące ne peuvent couler dans nĂŽtre ame; par- ce quâils rencontrent iâobstacĂe de nĂŽtre ingra- de J. Christ. Livr, II. Cb, io. 123 ingratitude envers leur Auteur ; & que nous ne les faisons pas retourner vers. leur source cĂ©leste. Dieu a promis de nouvelles grĂąces Ă celui qui est recon- noiffant des premiĂšres ; mais il ĂŽte au superbe ce quâil a coutume de donner Ă lâhumble. z. Je ne veux point de consolation qui mâempĂȘche dâĂȘtre touchĂ© du senti- " ment de mes offenses. Je ne recherche point la sublimitĂ© des contemplations qui donnent de lâĂ©lĂ©vation Ă mon ame; car tout ce qui est sublime, nâest pas ĂĂąintjtout ce qui est doux, nâest pas bon; tout ce que l'on dĂ©sire, nâest pas pur ; & tout ce que l'homme aime, nâest pas pour cela aimĂ© de Dieu. Jâembraffe de bon cĆur la grĂące qui me rend plus humble, plus circonspect&plus disposĂ© Ă me renoncer moi-mĂȘme. Celui que la grĂące a enseignĂ©, & qui a passĂ© sous la discipline & le chĂątiment des destitutions ĂpirituĂ«lles, nâosera jamais sâattri- buer aucun bien ; il quâil est pauvre &nud. a Ren Ă Dieu ce qui est Ă lui, & retien ce qui est Ă toi ; F z câest s 124 De lâImitation câest Ă dire, Ren grĂąces Ă Dieu, recon- noissantque tout le bien qui est en toi vient de fa pure grĂące ; & ne t attribue que le pĂ©chĂ©, & la peine quâil mĂ©rite. 4. d Mets toi toĂ»jours dans le dernier rang, & lâon te mettra au premier ; car rien ne peut-ĂȘtre haut, quâil ne soit fondĂ© sur un bas. Devant Dieu les plus grands Saints font les plus petits en eux mĂȘmes; & plus ils font remplis de gloi- re, plus font-ils humiliĂ©s dans leur cĆur. Ceux que la vĂ©ritĂ© & la gloire cĂ©leste remplit, nâont point de dĂ©sirs pour une vaine gloire; & fondĂ©s quâils font fur Dieu avec fermetĂ©, ils ne sâĂ©lĂš- vent jamais par orgueil. Ceux qui attribuent Ă Dieu tout ce quâils ontreçude bon , ne cherchent point Ă b recevoir de gloire les uns des autres ,âą mais ils ne dĂ©firent que celle de Dieu seul. Ils dĂ©firent souverainement que Dieu soit louĂ© en eux & dans tous ses Saints;câest lĂ l'unique but quâils fe proposent. s. Sois donc reconnoissant des moindres grĂąces que Dieu te fait; 8C tu en recevras de plus grandes. Tien mĂȘme les e Ch. ĂŻĂŹ, 22 tu dĂ©sires de mourir fur la cro ix.a Jjhie fi tu meurs avec lut, tu vivras aujfi avec luis & si tu Ăšs le compagnon de ses /outrances, tu le feras aussi de fa gloire. z. Tu vois donc que tout consiste Ă embrasser la croix & Ă y mourir, LL âąquâilnây a point dâautre voie Ă la vie LL Ă la vraie paix de iâeĂprit que la sainte voie de la croix & de la mortification journaliĂšre. Va oĂč tu voudras, cherche tant que tu voudras, tu ne trouveras point de voie ni plus sublime en haut, ni plus feure en bas, que la sainte voie de la croix. Dispose de tout comme il te plaira & le mieux quâil te semblera, tu ne laisseras pas de trouver toujours quelque chose Ă souffrir ou de bon grĂ©, ou mal-grĂ© toi, & ainsi tu trouveras toujours la croix. Car, ou ton corps sentira quelque douleur, ou ton esprit sera affligĂ© par des peines & des inquiĂ©tudes. 4. TantĂŽt Dieu te laissera pour un tems dans la dĂ©stitution spirituelle; tantĂŽt tes prochains donneront de f exercice Ă ta patience, &par-dessus cela, tu feras souvent Ă charge Ă toi-mĂȘme, fans * F 6 P ° U " r;r De t/Imita ti on .pouvoir trouver de remĂšdes & dâalle- gemens Ă ta langueur. Tu dois alors porter cette croix autant quâil plaira Ă Dieu ; car il veut que tu aprennes Ă endurer des foufrances fans joies & fans consolations, asin que tu te soumettes Ă lui fans referve, & que les afflictions te rendent plus humble. Nul nâa le cĆur lĂŹ bien touchĂ© de la passion de JĂ©fus- Christ, que celui qui est exposĂ© Ă de semblables foufrances. La croix est donc toĂ»joursprĂȘte ; elle tâattend par tout. Tu ne la peux Ă©viter quelque- part que tu ailles, parce que tu te portes toujours avec toi par tout, & que tu te trouveras toujours avec toi en tout lieu. Tourne-toi vers les choses dâenhaut, ou vers celles d embas ; cherche au dedans de toi, ou au dehors, tu trouveras des croix par-tout ; tu trouveras partout des occasions dâexercer ta patience , au moins si tu veux jouir de la paix de TeĂprit & de la couronne de lâE- ternitĂ©. 5- Si tu portes la croix de bon cĆur, elle te portera aussi & te conduira au port dĂ©sirĂ© lorsque la fin desoufrirsera venue de Livr. II. Cb, 12 . I zz venue, quoi quâelle ne doive pas venir pendant que nous vivons en ce monde. Mais si tu la portes malgrĂ© toi, tu te la rens plus pesante & plus infuportable ; & toutes-fois il faudra que tu la portes, Que si tu en rejettes une, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-ĂȘtre plus pelante que la premiĂšre. 6. Croi-tu donc pouvoir Ă©viter ce que nul des hommes nâa pu Ă©viter ? Qui est-ce dâentre les Saints qui ait Ă©tĂ© iĂ ns croix & fans adversitĂ©s dans ce monde? NĂŽtre Seigneur JĂ©fus-Christ mĂȘme nâa pas Ă©tĂ© une heure fans elles, pendant qu il a vĂ©cu Ăur la terre, a ll falot, dit-il, que le Christsoufrit,qi\il rĂ©- ĂufeitĂąt, & qu il entrĂąt ainsi dans fa gloire. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie RoĂŻale, cette sainte voie de la Croix ? 7. Toute la vie de J. Christ nâa Ă©tĂ© quâune croix & un martire continuel ; & tu cherches du repos & de la joie pour toi ? Certes, tu te trompes , si tu aspires Ă dâautres choses quâĂ foufrir des adversitĂ©s ; veu que toute cette vie mortelle n'est pleine que de misĂšres, ni .. T , envi- que plus on fou- de J. Christ, Cb. 12. IZ5 frira pour lâamour de lui. Ilne saur pas pourtant attribuer ces Ă©fets Ă la vertu de rhomme ; ce nâest que la grĂące de J. Christ qui peut & qui fait tout cela dans la foiblesse de la chair; c'est elle qui fait quâon embrasse & quâon aime avec une ardeur d'esprit, ce quâon abhorre 8 c quâon fuit naturellement en tout tems. 9. Porter la croix, aimer la croix, mortifier son corps j le rĂ©duire en servitude , fuir les honneurs, soufrir de bon cĆur des injures & des oprobres , ĂĂš mĂ©priser soĂź-mĂȘme, dĂ©sirer d erre mĂ©prisĂ©, endurer toutes sortes dâadversitĂ©s & de dommages, ne point dĂ©sirer de prospĂ©ritĂ© dans ce monde;sont des choies contraires aux inclinations naturelles de Thomme. Si tu ne jettes les yeux que fur toi, tu te verras dans lâimpuis. sance de faire rien de tout cela. Mais si tu t appuies fur le Seigneur, il Renverra du Ciel une force si puissante, quâĂ©lis assujĂ©tira Ă lâEĂpritle monde & la chair. Les armes spirituelles de la Foi & de la croix du Sauveur banniront de ton cĆur toute la crainte de lâennemi. 10, Consacre-toi donc comme un bon r;6 De limitation bon & fidĂšle Serviteur de J. Christ Ă porter courageusement la croix de ton MaĂźtre, qui a bien voulu ĂȘtre crucifiĂ© pour lâamour de toi Ă soufrir beaucoup dâadversitĂ©s, & toutes sortes de maux dans cette misĂ©rable ne trouveras point dâautre traitement quelque part que tu fois ; & dans quelques cachettes que tu te mettes, ils iront tây un chemin par oĂč il faut nĂ©cessairement passer. Il nâya point de moĂŻen dâĂ©viter les afflictions, les maux & les douleurs*, Tunique remĂšde est, de possĂ©der ton amepar la patience. Boi dc bon cĆur dans la coupe de la Passion de ton Seigneur, si tu dĂ©sires dâĂȘtre son ami & dâavoir communion avec aubon plaisir de Dieu de te donner les consolations quâil jugera le plus Ă propos. Mais de ton cĂŽtĂ© prĂ©pare-toi Ă soutenir des Ă©preuves, & regarde les soufrances comme tes joies les plus grandes 3 car {a Les soufrances dutems prĂ©sent, quand tu pourrois seul les soufrir toutes ne sont point Ă contrepe- ser Ă la gloire Ă venir > ni capables de la mĂ©riter. a Rm, S. v, 18, IIi Lors de J. Christ. Ch. 12. 137 U il. Lors que tu auras fait un tel pro- on grĂšs que les afflictions te deviendront fiĂ© douces, & que tu trouveras du goĂ»t ri; dans les soufrances pour lâarnour de J. es Christ, assure toi alors que tout va bien K pour toi, & que tu as trouvĂ© le Paradis 1 . fur la terre. Mais tant que tu te fais de s la peine de soufrir, & que tu cherches Ă j tâen dispenser , tu nâĂšs pas encore dans u un bon Ă©tat, & les maux que tu fuis te e suivront par-tout. t 12. Que si tu tĂąches de rĂ©pondre Ă tĂą , Vocation qui est de soufrir jusquâĂ la i mort, ton Ă©tat changera promtement en , mieux, & tu trouveras la paix. Quand ! bien tu aurois Ă©tĂ© ravi comme S. Paul jusquâau troisiĂšme ciel, ctcela nets dis, pensera pas de soufrir. {b A- lui ferai voir, dit JĂ©sus de ce mĂȘme combien de maux il faut soufrir pour monNom, Tu ne dois donc attendre que des soufrantes, si tu veux aimer JĂ©sus & le servir toujours. 1 z. Plut Ă Dieu que tu fusses digne de soufrir quelque chose pour lâamour de JĂ©sus ! que de gloire pour toi ! que de joie pour les saints de Dieu ! que a 2. C or. IL. v. L. Q> AS. A. 16. d edl ~ iz8 De limitation dâĂ©disication pour ton prochain ! Car toutle monde recommmande la patience, quoi que peu de gens veuillent Ăou- frir. Mais ne devrois-tu pas soufrir un peu pour JĂ©Ăus-Christ ; veu que tant de personnes soufrent tant pour le monde? 14. Tien pour certain que tu dois mener une vie mourante ; ĂŽt que plus on meurt Ă foi, plus on vit Ă Dieu. Nul nâestpropre Ă comprendre les choses du ciel, sâil ne s'est rĂ©duit Ă soufrir pour JĂ©Ăus-Christ les maux de cette vie. Ilnây a rien de jdIus agrĂ©able Ă Dieu, ni de plus salutaire a l'homme dans ce monde,que de soufrir de bon cĆur pour Pamour de J. Christ. Si tu avois le choix, tu de- vrois plutĂŽt choisir des afflictions pour Pamour de lui, que d abonder en consolations & en joies ; parce que tu se- rois ainsi plus semblable Ă J. Christ & Ă tous les Saints. Car ni ce qui plaĂźt Ă Dieu dans nous, ni lâĂ©tat de nĂŽtre avancement , ne consiste pas dans des senti- mens de douceurs & de joies; mais plutĂŽt dans la soufrante des plus grandes tribulations. if. Certes, sâilyavoit eu quelque cho- de Livr. II. Cb. 1 1. ijj> choie de meilleur & de plus utile poux le ĂĂąlut des hommes que la Ăoufrance » ĂĂ ns doute que JĂ©Ăus-ChrĂŻst lâauroit enseignĂ© par ses paroles & par ĂĂČn exemple. Cependant il ne fait quâexhorter hautement ses Disciples, & tous ceux qui le veulent suivre, Ă porter la Croix» leur disant, a Si quelqu'un veut venir aprĂšs moi, qu'il renonce Ă soi-mĂȘme , qu'il charge sa croix. & qu'il me suive. Donc tout bien recherchĂ© 8c bien considĂ©ré» nous devons conclure avec lâApĂŽtre » que b c est par plusteurs tribulations qu'il notts faut entrer dans le RoĂŹaume de Dieu. a Matt h. Ă© ASĂź. 14. v. LL» Ftn du second Livre, V 140 D E LâIMITATiON JESUS CHRIST. LIVRE TROISIEME. CONTENANT Les consolations spirituelles que Dieu donne Ă l'ame & que l'ame cherche en Dieu, & cela par une maniĂšre, de Dialoguent tout ce qui se paffe dans la vie de rEsprit est rĂ©prĂȘsentĂ©. Chapitre I. Ferme ton cĆur au monde, & Dieu t'y parlera. I. M 'Ecouterai maintenant ce que le Seigneur Dieu dira dans D moi. Heureuse l'ame qui en- .gjp tend le Seigneur parlant dans elle, & qui reçoit de fa bouche la parole de la consolation! Heureuses De L* 141 ieuses les oreilles qui bouchĂ©es au bruit des choses du monde , reçoivent le doux son des inspirations divines; & qui ne sâarrĂȘtant point Ă la parole qui rĂ©sonnĂ© au dehors, Ă©coutent avec attention la vĂ©ritĂ© qui enseigne dans lâintĂ©- rieur ! Heureux les yeux qui font fermĂ©s pour les choses visibles du dehors, & ne font ouverts que pour celles qui font au dedans 1 Heureux les hommes qui rentrent dans 1 intĂ©rieur pour y connoĂźtre les choses spirituelles, & qui font tous les jours de nouveaux Ă©forts pour se disposer de plus en plus Ă la vraie science des secrets cĂ©lestes 1 Que bien-heureux font ceux qui se dĂ©font avec joie de tous les embarras du SiĂšcle, pour donner solidement le reste de leur vie Ă Dieu ! O ! mon ame, pren ces choses Ă cĆur. Ferme la porte atout ce qui est sensuel, afin que tu purstes oĂŒir ce que te dira ton Seigneur & ton Dieu. Voici ton bien-aimĂ© qui parle ; Ecoute-le. 2. Câest Moi qui suis ton salut 5 je ,, suis ta paix j je suis ta vie. Tien toi â con- 142 De limitation â constamment avec moi, & tu trouve- â ras la paix. Laisse-JĂ tout ce qui nâest ,, que passager ; ne cherche que ce qui â est Ă©ternel. Toutes les choses que ,, tu vois dansĂemonde, nesontpro- â prĂ©s quâĂ te sĂ©duire. Que te serviront ,, toutes les crĂ©atures si ton CrĂ©ateur ,, tâabandonne ? Laisse tout cela, & ,, te rens toute Ă ton CrĂ©ateur, lui ,, devenant agrĂ©able & fidĂšle, afin que ,, tu parviennes Ă la jouissance de la », vraie bĂ©atitude. Chapitre II. L'Homme parle au dehors , & Dieu far» le au dedans. I.aTArle Seigneur. ! car tonSer» viteur Ă©coute.{b Je fuis ton Ser» viteur ; donne moi 1intelligence afin que je comprenne tes tĂ©moignages. Donne Ă mon cĆur les inclinations de recevoir & de garder les paroles de ta bouche ; que cette divine rosĂ©e coule dans lui & le rende fertile. Si les IsraĂ©lites disoient autre-fois Ă MoĂŻse c Toi , parle avec nous t a I. Sam . Z. D. io. Ăš\Psal. IIĂ. 0 DE 145 nous, & nous f Ă©couterons ; mais que Dieu ne nous parle point de peur que nous ne mourions je nâen dis pas de mĂȘme. Je ne dis pas ainsi. Seigneur! mais je te demande avec humilitĂ© & de tout mon cĆur la mĂȘme grĂące que Samuel ton ProphĂšte te demandoit ; a Parle Sei» gneurĂŹ car ton serviteur Ă©coute. Que MoĂŻse, qu un ProphĂšte, ne me parle point. Parle plutĂŽt toi-mĂȘme, Seigneur mon Dieu! Parle, Inspirateur &Illumina- teur de tous les ProphĂštes. Tu peux toutseul mâenseigner parfaitement sans eux ; mais eux tous ne peuvent absolument rien sans toi. 2. Ils peuvent bien faire ouĂŻr des paroles au dehors ; mais ils ne peuvent donner lâelprit. Ils ont beau aire des choses admirables ; ils ne peuvent toucher le cĆur quand tune parles pas toi- mĂȘme. Ils administrent la lettre ; mais toi, Seigneur ! tu en donnes Intelligence & en dĂ©couvres le sens. Ils annoncent desmistĂšres; mais tu ouvres lâentendement pour les faire comprendre. Ils nous donnent des commande- mens - I. Sam, 3, v. 10. 144 DĂ©limitation mens de ta part ; mais tu donnes la force pour les faire. Ils nous montrent la bonne voie ; mais tu donnes la vigueur pour y marcher. Ils agistent extĂ©rieurement ; mais tu touches, tu enseignes, tu illumines les cĆurs. Ils arrosent au dehors ; Lc tu rensle dedans fertile. Ils font retentir le bruit de leur voix ; tu verses dans le cĆur le don de comprendre la vĂ©ritĂ©. Je te prie donc, Seigneur' mon Dieu ! VĂ©ritĂ© Ă©ternelle ! que ce ne soit pas MoĂŻse qui me parle ; mais que ce soit toi-mĂȘme, de peur que je ne meure & quâĂ©tant seulement prĂȘchĂ© & averti au dehors, & non touchĂ© ni Ă©chauffĂ© au dedans, je ne fois une terre stĂ©rile & fans fruits ; de peur que la parole que jâaurai ouĂŻe, fans la faire ; connue,sans f aimer; crue, fans la pratiquer ; ne soit un jour la sentence de ma condamnation Ă©ternelle. Parle donc, 0 Seigneur ! car ton serviteur Ă©coute , {b'& tu as les paroles de vie Ă©ternelle. Parle moi pour la consolation de mon ame, pour lâamen- dement de ma vie, & afin que ton saint Nom en soit louĂ©, glorifiĂ© & bĂ©ni Ă©ternellement. ,. â - -o Cha , sagesse des Philosophes & des sages â de ce monde nâest que folie en com- â paraifon. Mes paroles font Esprit de ,, vie, & le sens humain ne doit pas Ăe ,, mĂȘler de les interprĂ©ter. On ne doit â point y chercher dequoi satisfaire â une vaine curiositĂ© ; il faut les Ă©cou- â ter & les recevoir en silence, avec une â profonde humilitĂ©, & avec un cĆur n brĂ»lant dâardeur pour les effectuer. r. AĂŻant ouĂŻ ce divin avertissement de mon Dieu, je me fuis Ă©criĂ©, avec le ProphĂšte, {aj 0 Seigneur! qu'beureux est l'homme que tu corriges , & que tu instruis dans ta Loi , afin que tu le fasses refofer dans la faix quand les jours dâangoisse arriveront ,& quâil Ă©chape les maux qui couvriront la terre ! 3 . Câe s t moi, dit le Seigneur qui ai G instruit 00 P/.94-V. n. 13 . tifi De limitation », instruit les ProphĂštes dĂšs le com- â mencement du monde, & je parle », encore Ă tous les hommes ; mais la â plus-partd'entrâeux, sontdes sourds ,, volontaires, leurs cĆurs font durs & â impĂ©nĂ©trables Ă ma aiment », mieux Ă©couter le monde que Dieu. », Us courent plutĂŽt aprĂšs ce que leur », chair dĂ©sire qu^aprĂšs ce qui plait Ă â Dieu. Le monde promet des choses », temporelles Sc de nĂ©ant, & il trouve », des gens tout brĂ»lans pour son ser- â vice. Je promets des biens souve- â rains & Ă©ternels, & je ne trouve que », des cĆurs lĂąches & endormis. OĂč â font ceux qui me fervent & qui m'o- ,, bĂ©issent avec autant de foin dans tout », ce quç je leur commande, quâon sert », le monde & les Grands qui y domi- », nent ? ö Rougi de honte, SĂŹdon, dit la â Mer, &c ft tu demandes pourquoi? â Ecoute. On vient, on va, on court », bien loin pour briguer une charge ec- », clĂ©siastique ou sĂ©culiĂšre,quel que pe- », tite mĂȘme quelle soit ; cependant la â plupart des gens ne daignent pref. », que pas lever le pied quand il s'agit WÂŁ/4.» 3 .v. 4. » de de Livr. III. Cb. 3. 147 », de la vie Ă©ternelle. On est ardent à », chercher un gain mĂ©prisable j on fait », honteusement des procĂšs pour une ,, obole ; on travaille, on se fatigue le », jour & la nuit pour obtenir d'un â homme une chĂ©tive rĂ©compense, ou â un trĂšs petit paiement. 4. LĂąches ChrĂ©tiens , nâavĂ©s vous â point de honte de faire les paresseux, â & de plaindre un peu de peine pour », un bien immuable, pour une rĂ©com- â pense inestimable, pour un honneur », souverain, pour une gloire Ă©ternelle? », Et toi, serviteur paresseux, qui te », plains fans cesse quâil y a beaucoup », de difficultĂ©s Ă faire ce que je com- », mande, rougi & fois confus, en â voĂŻant que ceux-lĂ font plus ardens â Ă prendre beaucoup plus de peine », pour se damner, que toi pour te sau- », ver ; quâils trouvent plus de joie », dans la vanitĂ©,que toi dans la VĂ©ritĂ©. â Cependant ils se trouvent souvent », frustrĂ©s de leur espĂ©rance, au lieu que », mes promesses ne trompent person- », ne, Lc ne soufrent point que celui M quisâyest fiĂ©sâen retourne Ă vuide. G 3, â Je 148 De lâ Imitation â Je donnerai sans saillir tout ce que >} jâai promis, jâaccomplirai trĂšs certai- â nement tout ce que jâai dit ; Ă con- ,, dition nĂ©anmoins que lâon demeure fidĂšle dans mon amour jusques Ă la >, fin. Je rĂ©compense tous les bons > & je mets Ă de grandes Ă©preuves â ceux qui se sont donnĂ©s le plus rĂ©so- >} lument Ă moi. f. Grave mes paroles dans ton cĆur, â & tâen entretien toujours ; car elles â te seront trĂšs nĂ©ceĂĂŹaires au tems de ,, comprendras au jour â que je te visiterai ce que tu ne com- ,, prens point maintenant quoi que tu â le lises. Jâai coutume de visiter mes â Ă©lus en deux maniĂšres diffĂ©rentes, ,, dont lâune est la tentation, & lautre » est la consolation. Et je leur fais tous ,, les jours deux leçons ; Tune en les reprenant de leurs vices ; lâautre, en ,, les exhortant de sâavancer dans le â bien. Celui qui entend mes paroles, â & les mĂ©prise,les aura pour juges au ,, dernier jour, & pour sentence de â condamnation. 6. Mon Seigneurs mon Dieu! je »e LĂŹvr. IIĂ. Ch. 3, 149 rsai de bien que toi seul. Et qui suis-je, mon DieuĂźque jâose prendre la hardiesse de parler Ă toi ? Je suis le plus chĂ©tif de tous tes esclaves,Lc un trĂšs petit vermisseau, vil & abjet ; je fuis infiniment plus pauvre & plus digne de mĂ©pris que je ne saurois exprimer & comprendre. Seigneur, ne laisse pas de te souvenir de mon nĂ©ant ; je ne suis rien, je nâai rien, jene puis rien. O toi, seul bon, seul juste,seul saint ! tu peux tout,tu sais tout, tu remplis,tout ; il nây a que le seul pĂ©cheur que tu laisses vuide, Seigneur! souvien-toi, je te prie, de tes misĂ©ricordes, & rempli mon cĆur de ta grĂące, toi qui nâaimes pas quâil y ait du vuide dans tes ouvrages. 7. Comment pourrai-je me uporter moi-rnĂȘme dans cette misĂ©rable vie, st ta misĂ©ricorde & ta grĂące ne me soutiennent ? Ne cache point ton visage de moi; ne difĂ©re point de visiter mon ame; ne retire point ta consolation de mon cĆur,de peur que jene sois comme une terre sĂšche en ta prĂ©sence. Apren-moi, mon Dieu! Ă faire ta volontĂ© ; apren- moi Ă me conduire humblement 8c G z dâune isv De tâ Imitation dâune maniĂšre digne de toi en ta prĂ©sence. Fai moi c es grĂąces ; car tu Ăšs ma sagesse, toi qui me connois selon la vĂ©ritĂ© , qui mâas connu avant que je fusse au monde, & mĂȘme avant que le monde fut créé. Chapitre IV. Reçoi la vĂ©ritĂ© dâun cĆur humble & sincĂšre. t. Tfc JĂ On fils, mĂšne en ma prĂ©sence i_VjL une vie qui soit rĂ©glĂ©e parla â vĂ©ritĂ©, me cherchant toujours dans >, la simplicitĂ© de ton cĆur. Celui qui >, chemine dans la vĂ©ritĂ© devant moi » â fera en seuretĂ© contre les vrais maux â qui le veulent attaquer ; la vĂ©ritĂ© le â dĂ©livrera de tous ceux qui pour- â roientle sĂ©duire, &leguarantirades â traits de la mĂ©disance des mĂ©chans. â a Si la vĂ©ritĂ© te dĂ©livre,tu feras vraĂŻ- â ment libre , & tu ne te soucieras point â des vains discours que les hommes â pourront faire de toi. 2. Il est vrai, Seigneur! Fai-moi je te * Je*n%. v. de J. Christ. Livr. III. iyi je te prie, la grĂące,que je sois tel que tu viens de dire. QuĂȘta vĂ©ritĂ© mâenseignej quâelle me garde, jusques Ă ce que jâĂĄĂŹe heureusement termine ma courseâ.Quâel- le me dĂ©livre de toute affection mauvaise, & dĂ©tour amour quinâa point ta volontĂ© pour rĂ©gie! alors je me conduirai devant toi avec un cĆur vraiment libre & afranchi. Z. â Ecoute donc, mon fils! la ,, VĂ©ritĂ© qui te va enseigner les choses ,, justes & qui me font â pli ton cĆur de dĂ©plaisir,dâaffiiction, â & de tristesse, en pensant Ă tant de â pĂ©chĂ©s que tu as commis contre moi. â Sâil sâest fait quelque bien par toi, ne â croi pas pour cela que tu fois de toi- â mĂȘme quelque chose de plus quâun â rien. Certes tu nâĂšs quâun misĂ©rable ,, pĂ©cheur, sujet Ă une infinitĂ© de pas â fions injustes & impures. DetoimĂȘ- â me tu ne te portes quâau nĂ©ant ; il ne ,, te faut quâun moment pour tomber, â un moment pour ĂȘtre vaincu, un â moment pour ĂȘtre troublĂ©, un mo- â ment pour quitter tes bonnes rĂ©so - â luttons. Tu n âas pas le moindre su- G 4 * y e ^ Isa De limitation », jet de te glorifier & de te complaire ; â mais tu en as beaucoup de te mĂ©pri- â sertoi-mĂȘme, parce que ta foiblesie », est si grande, que tu nâĂšs pas capable *, de la comprendre. 4. ,, NâaĂŻe pas une grande opinion », de tout ce que tu fais. Ne tien rien pour grand, pour prĂ©cieux, pour ad- », mirable; rien pour louable, pour su» ,, blime & pour dĂ©sirable, que ce qui ,, est Ă©ternel. Que la vĂ©ritĂ© Ă©ternelle s, te plaiĂe fur toutes choses. QuĂȘta », trĂšs-grande indignitĂ© & ta bassesse te â dĂ©plaisent & te fassent horreur en », touttems. Necrainrien, ne blĂąme », rien, ne fui rien tant que tes vices & », tes pĂ©chĂ©s, qui te doivent plus ĂȘtre », en horreur que les plus grands maux â du monde. Il y enabeaucoup qui ne â vivent pas devant moi avec un cĆur ,, sincĂšre; mais qui ne cherchent quâĂ ,, satisfaire leur curiositĂ© & leur or- ,, guĂ«il, voulant savoir mes secrets, & â comprendre les choses sublimes de â Dieu, pendant quâils se nĂ©gligent ,, eux-mĂȘmes & leur salut. Les gens », lĂ tombent souvent en de grandes 5j ten- de j\ Christ. LĂŹvr. W. Ch. 4. 1$; r, tentations & de grands pĂ©chĂ©s ; leur ,, orgueil Scieur curiositĂ© les fonttoni- â ber -, & moi je leur rĂ©siste & leur dĂ©- â clare la guerre. 5* >> Quanta toi, mon fils! aprĂ©- ,, hendeles jugemensde Dieu; trem- â ble en considĂ©rant la colĂšre du Tout- ,, puissant ; & au lieu de tâamuser Ă pĂ©- ,, nĂ©trer dans les secrets des Ćuvres â cachĂ©es du TrĂšs-haut, rentre en toi ,3 pour faire la recherche de tes iniqui- 33 tĂ©s, des maux que tu as commis , Sc ,, des biens que tu as ĂŽmis. Ilyades ,3 personnes assĂ©s insensĂ©es pour faire; 33 consister leur Religion & leur piĂ©tĂ©, ,3 les uns en ce quâils lisent quelquefois ,, ou quâils entendent lire de beaux li~ â vres ; les autres en ce quâils ont des ,3 images ; dâautres en ce quâils se ser- ,3 vent des Sacremens, des signes extĂ©- â rieurs, & quâils pratiquent quelques â cĂ©rĂ©monies. II y en a qui mâont fou- â vent dans la bouche, quoi que je fois ,, peu dans leur cĆur. Mais aussi il y ,3 en a qui aĂŻant Fentendement Ă©clairĂ© ,, pour connoĂŻtre les vrais biens, & les â affections sanctifiĂ©es poux sây p ter, O 5 â ne Ăf4 Dl LIMITATION â ne soupirent plus quâaprĂšs les choies â Ă©ternelles, ne peuvent quâavec peine ,, entendre parler des choses de la ter- â re, & ne donnent qu'Ă regret le tems â &les foins quâil saut aux besoins de â la nature. Et ceux-ci ĂĂ vent par ĂĂšn- ,, riment & par expĂ©rience ce que lâEs- ,, prit de la vĂ©ritĂ© dit dans eux ; car il ,, leur aprend Ă mĂ©priser tout ce qui est ,, sur la terre, & Ă nâaimerrien que ce ,, qui est cĂ©leste ; Ă ĂȘtre nĂ©gligens & ,, froids pour les choses du monede,8Ă â Ă penser au Ciel avec ardeur le jour ,, & la nuit. Chapitre V. Demande Ă Dieu VAmour >âą car on a tout dans lui, I. T E te bĂ©nis, PĂšre cĂ©leste,PĂšre de Jé» J sus-Christ mon Seigneur, je te bĂ©nis de ce quâil tâaplĂ» te souvenir dâune crĂ©ature aussi chĂ©tive & aussi misĂ©rable que moi. O PĂšre des misĂ©ricordes ! 6 Dieu de toute consolation ! je te rens grĂąces de ce que tes consolations ont quelquefois recréé mon aine, quoi que Ăź>i LĂŹvr. III, Ch> f. jâen sois tout Ă fait indigne. Que mon sme te bĂ©nisse & te glorifie dans tous les siĂšcles, avec ton Fils unique & ton Esprit saint,le vrai Consolateur. O mon Seigneur & mon Dieu ! Dieu plein dâa- mour & de charitĂ© pour moi, quand tu viendras dans mon cĆur , toutes mes entrailles tressailliront de joie ! Câest toi qui Ăšs ma gloire ; câest toi qui Ăšs lâalle- gressede mon cĆur. Quand les jours dâaffliction & dâangoisse viennent fur moi, je nâai point dâeĂpĂ©rance ni de refuge hors de toi. 2 . Mais comme lâamour que jâaĂ pour toi est tout foible & tout languissant, & que le peu de vertus que je puis avoir est imparfait, je viens vers toi,mon Dieu! pour recevoir la force & le soulagement dont j'ai besoin. Ne dĂ©daigne pas, s'il te pĂait, de me visiter souvent, & de remplir mon ame de tes saintes Loix. DĂ©livre moi de mes passions mauvaises, & guĂ©ri mon cĆur de tout amour & de tout dĂ©sir qui nâest pas rĂ©glĂ© selon ta volontĂ© divine; afin quâĂ©- tant guĂ©ri & nettoie danslâintĂ©rieur, je lois rendu capable de te bien aimer,fort G 6 pour if ĂŻ8 De l'Imi t a t i ont s. LâAmour est vigilant ; & J ors quâon Iecroit endormi, il ne someille pas feulement. On a beau le fatiguer, il nâest jamais las; quand on veut le resserrer, il se rĂ©pand d'auta''t plus; & il ne craint pas lors quâon tĂąche de lâĂ©- pouvanter. Câest une flamme vive ; câest un feu violent ; il monte en haut,il paf- fe, il perç£ tout. II nây a que celui qui aime qui puisse comprendre lâardeur de ses cris. Ces paroles de feu,_M>w Dieu ! mon Amour ! Tu Ăšs tout Ă moi, & je fuis tout Ă Toi ! lors qu elles viennent dâune ame embrasĂ©e, sont une puissante voix qui frape les oreilles de Dieu, quand mĂȘme elles ne seroient pas prononcĂ©es par la bouche. 6. Dilate, Ăš mon Dieu ! & amplifie les facultĂ©s de mon ame, afin quâelles 'Ă©tendent dans l'infinitĂ©de ton Amour, & que dans l'intĂ©rieur & le fond de mon cĆur jâaprenne Ă goĂ»ter combien il y a de douceur Ă tâaimer, Ă se fondre & Ă se confondre dans ton amour, Ă nager & Ă se perdre dans cet OcĂ©an insondable. O li jâĂ©tois tellement saisi & possĂ©dĂ© de ton amour que Ăa violence me ravĂźt de J. Christ. JJvr. III. Ch. 5. 15g ravĂźt & mâemportĂąt hors de moi-mĂȘme & par dessus moi-mĂȘme ! O sâil mâĂ©toit donnĂ© de te suivre en haut, monBien- aimĂ©,en chantant un cantique dâamour, & que mon ame publiĂąt tes louanges jusquâĂ ce que lâexcĂšs de ton amour la fit tomber en dĂ©faillance ! O donne moi Jagrace que je tâaime plus que moi mĂȘme ! que je ne mâaime quâĂ cause de toi ! que j aime en toi tous ceux qui ont un vrai amour pour toi, ainsi que le commande la Loi de lâamour qui vient de toi ! 7. LâAmour estpromt; lâamour est sincĂšre ; il est pieux ; il est gai ; il est agrĂ©able ; il est fort ; il est patient ; il est fidĂšle ; il est prudent ; il ne se dĂ©pite de nulle Ă©preuve pour long-tems quâel- Ăe dure ; il est courageux il ne se cherche jamais Ăoi-mĂȘme ; car dĂšs que quelquâun se cherche soi-mĂȘme, lâamour dĂ©faut dans lui. L'Amour est circonspect ; il est humble ; il est droit ; la mollesse & lâinconstance nâont point de lieu dans lui ; il ne sâaplique point aux choses vaines ; il est sobre ; il est chaste; il est ferme ; il est paisible ; il rĂ©frĂ©nĂ© tous lĂ©o De lâImitatios tous les sens. LâAmour fait quâon Te tient dans la soumission ; quâon se mĂ©prise & quâon se dĂ©daigne soi-mĂȘme quâon se consacre Ă Dieu sans reserve quâon lui donne tout pour la reconnoist sance de ses misĂ©ricordes ; quâon se repose sur lui, quâon espĂšre toujours en lui ; lors mĂȘme quâon est dans la destitution spirituelle; car dans lâamour on ne vit pas fans douleur. Celui qui nâestpas prĂȘt Ă soufrir tout, & Ă se conformer en tout Ă la volontĂ© de son Bien-aimĂ©, nâestpas digne dâĂȘtre regardĂ© comme aĂźant de Iâamour pour Dieu car quand on aime vĂ©ritablement, on doit embraflĂšr de bon cĆur pour son Bien-aimĂ© les choses les plus dures & les plus amĂšres ; & ne sâen pas dĂ©tourner quand bien toutes choies nous deviendroient contraires, Cha- de J. Christ. Ch. 6. 161 Chapitre VI. U Amour est Ă©prouvĂ© par les choses contraires. I. » M* ON fils, tu nâĂšs pas encore IVA ni fort, ni prudent dans ,» lâamour que tu dois porter. Pourquoi cela, Seigneur? â Parle que la moindre opposition », qui se prĂ©sente, te fait quitter ce que » tu avois bien commencĂ© ; & parcs â que tu dĂ©sires avec trop dâaviditĂ© d'ĂȘ- », tre consolĂ© & contentĂ©. Celui qui est ,, fortement fondĂ© dans lâamour, de- », meure ferme au milieu des tenta- », tions,&nâĂ©coute pas les suggestions delâennemi. U mâaime dans lâadver- ,, sitĂ© tout de mĂȘme que dans la prof. », pĂ©ritĂ©. 2. ,, Un amateur prudent ne regar- ,, de pas tant au don de celui qui lâai- », me,quâĂ lâamour de celui qui donne. ,, U considĂšre plus lâaffection qu'on lui », porte que les biens quâon lui fait; ,, parce quâil met son BiemaimĂ© au deÂŁ ,, fus de tout. Celui qui mâaime ge- ,, nereu- 1 6z De lâImitaiiom â nereusement cherche ĂĂ joĂźe 8c ion ,, contentement non pas dans mes â dons, mais dans moi ; parce quâil â mâaime plus que tous mes dons. Ne ,, te tiens pas pour perdu sâil tâarrive â quelque fois de sentir dans toi moins ,, dâaffection pour moi & pour ceux â qui mâaiment, que tu ne voudrois. ,, Cet agrĂ©able sentiment que tu ex- ,, pĂ©rimentes quelque fois, est un effet â de la prĂ©sence de ma grĂące, & un â avant-goĂ»t des douceurs du Ciel â mais tu ne dois pas trop tâapuiĂ«r fur â cela ; parce que je le donne 8c le re- â tire comme il me plait. Ce que je ,, tiens pour vertu, & que je recom- â penserai abondamment, est, de com- ,, battre contre les mouvemens dĂ©rĂ©- ,, glĂ©s & contre les passions du cĆur, â & de mĂ©priser tout ce que le Diable â suggĂšre Ă Tarne. z. ,, Ne te trouble donc point si des ,, pensĂ©es absurdes & des imaginations ,, Ă©tranges se prĂ©sentent Ă toiĂ Tocca- â fion de quoi que ce soit. Demeure ,, ferme dans le bon dessein que tu as ,, prisdâĂȘtreĂ Dieu, 8c tourne vers lui â tous de J. Christ. 6. i6z â tous tes dĂ©sirs & toutes tes inten ,, tions. Quoi que tu te sentes quel- â que fois Ă©levĂ© Ă Dieu & comme ra- ,, vi hors de toi jufquâau ciel, & que », peu aprĂšs tu te voies retombĂ© â dans les folles pensĂ©es qui tâatta- â quent souvent i tu ne dois pas croi- ,» re pour cela que ton Ă©tat ne soit ,, quâillusion & tromperie. Car tu sou- â fres plutĂŽt ces choses que tu ne les â fais ; pourvu quâelles te dĂ©plaisent ,, & que tu y rĂ©sistes» bien loin de te â perdre, elles te seront une occasion », de rĂ©compense. 4. », Sois persuadĂ© que lâennemi an- »» cien nâa point dâautre dessein que de â mettre des obstacles aux dĂ©sirs que tu â as pour le bien ; que de te dĂ©tourner ,, de tous bons exercices» de tâempĂȘ- â cher dâimiter la vie des Saints, de â penser Ă mes soufrantes , de te Ăou- â venir de tes pĂ©chĂ©s, de veiller Ă la », garde de ton cĆur, & dâaccomplir le », dessein que tu as de tâavancer dans la â vertu. Câest pour cela quâilprĂ©sen- â te souvent de mauvaises pensĂ©es Ă â ton Esprit pour tâaffliger & pour te ,s faire 64 De lĂmitatiow , faire horreur il veut ainsi tâempĂȘcher , de parler Ă Dieu & de mĂ©diter sa , sainte Parole. Il lui dĂ©plaĂźt fort que , tu reconnoiĂses & confesses tespĂ©- , chĂ©s Ă Dieu avec un cĆur contrit; & , sâil pouvoit tâempĂȘcher de commu- , ni quer avec lui, il le feroitsans dou- , te. Ne le croi point } ne te soucie 3 point de lui, quoi quâil te dresse sou- , vent des embĂ»ches pour te tromper. , Il jette dans ton esprit des pensĂ©es 3 mauvaises & impures, Lc il te veut , faire acroire qu elles font de , pousse-le hardiment, en lui disant, , Va arriĂšre de moi, Satan, Esprit im- , pur & misĂ©rable ; sois couvert de , confusion, impur que tuĂšs, de me , suggĂ©rer de telles choses. VasĂ©du- , cteur malin ; tu nâauras point de part , en moi ; car JĂ©sus fera avec moi, & , combattra fi bien pour garder la pla- , ce de mon cĆur, que tu resteras con- , fus. Jâaime mieux mourir Sc soufrir , toutes les peines imaginables que de , consentir Ă ce que tu me prĂ©sentes. , Tartoi ,& ne parle plus. JenetâĂ©- , coĂ»terai plus, quoi que tu mâinquiĂš- â tes, de J. Christ. Livr. III. Ch. 6. t6f j, tes. {a Le Seigneur est ma lumiĂšre & j> mon salut, de qui aurai-je peur ? Jjjuand -, toute une armĂ©e se camper oit contre moi, â mon cĆur ne craindra point. Car câest â le Seigneur qui mâaide & qui est â mon RĂ©demteur. 5. n Tu dois donc combatre comme ,, un bon Soldat avec courage ; & si ,, quelquefois il tâarri ve de tomber par ,, foiblesse, relĂšve-toi &pren denou- »5 velles forces. ĂĂpĂšre que ma grĂące , j te soutiendra encore plus fortement; >3 mais donne-toi de garde de lâor- ,> gueil 3 Lc de la vaine complaisance »> quâon trouve en soi-mĂȘme. Câest ce ,, qui sait que plusieurs sâĂ©garent & ,, tombent quelquefois dans unaveu- â glement presque incurable. Que cet- ,3 te ruine des orgueilleux, qui ont fol- ,3 lement prĂ©sumĂ© deux-mĂȘmesjte ren- ,3 de avisĂ©, & serve Ă te conserver tou- â jours dans 1âhumilitĂ©, a Ps. » 7 . v. U l66 De lImitatiom Chapitre VII. Sois humble dans la GrĂące , & lors qu'elle est absente. t.» T\,/s On fils! iltâest meilleur & IVA ,, plus leur de cacher la gra- â ce de la piĂ©tĂ© 8c de la ferveur, que » de tâen prĂ©valoir, dâen parler beau* â coup devant les autres, Sc de te », considĂ©rer comme quelque choie », pour avoir de tels dons. Que plutĂŽt, â la considĂ©ration de cette grĂące te â porte Ă te mĂ©priser toi-mĂȘme, 8c Ă â craindre de tâen rendre tout-Ă -fait â indigne. Netâattachepasaveccom- â plaisance Ă la douceur des sentimens â que tu goĂ»tes ; car tu peux soudain â passer dans un Ă©tat bien ,, cette grĂące, lors que tu la possĂšdes » â te fasse rĂ©flĂ©chir fur le misĂ©rable Ă©tat â 8c ladĂ©stitutionoĂčtuĂšs, quand tu ,, ten vois privĂ©. Le progrĂšs que l'on â fait dans la vie spirituelle ne consiste ,, pas en ce quâon Ă©prouve toujours la », grĂące qui rĂ©jouit 8c qui console ; » mais principalement en ce quâon n soufre ur& igra. T* leaih e lĂź iosĂ tĂŽt te ici saie m- tns u'n ue S tat tu on stc la ei on ià »E J. Christ. Livr. III. Ch. 7. 167 ,, soufre volontiers dâen ĂȘtre privĂ© en ,, s humiliant & se renonçant soi-mĂȘ- ,, me ; fans que nĂ©anmoins on perde â courage, ni quâon se relĂąche de la ,, priĂšre, ou quâon abandonne les bons â exercices Ă quoilâon est obligĂ©. Au- ,, contraire, câest alors quâil faut faire ,, les plus grands efforts, & tour ce â quâil est possible, pour ne se pas nĂ©- ,, gliger entiĂšrement dans la sĂ©cheresse ,, & les troubles de lame oĂč lâon se â sent tombĂ©. 2. ,, Combien y a-t-il de gens qui â lors que tout ne leur va pas Ă sou- â hait, tombent incontinent dans l'im- », patience ou dans la paresse ? Ne doit-. », on pas considĂ©rer que a la voie de â lhomme rieft pas Ă lui, & que câest Ă ,, Dieu de dispenser ses dons & sesgra- â ces quand il lui plait, dans la meĂĂčre â quâil lui plait, Ă qui il lui plait,fans », que personne y doive trouver Ă redi- ,, re? Il y en a qui font si imprudens â que de se perdre par lâardeur de leur â zĂšle > parce quâils ont entrepris de », faire plus quâils ne pouvoient, ne », pen- * Jer. 10, v. rz. » r68 De lâImitation j, pensant pas Ă la petitesse de leurs for- », ces ; mais suivant plutĂŽt lâemporte- 5, ment de leur zĂšle que la lumiĂšre de â leur intelligence. Jâai retirĂ© soudain », ma grĂące d'eux, parcequâils ontprĂ©- ,, tendu faire plus que ce que je de- â mandois. Ainsi,ils font devenus pau- », vres; &eux, qui vouloient, selon ,, la parole du ProphĂ©te,slĂźfWe/er â nid dans le ciel , ont Ă©tĂ© rabaissĂ©s dans un Ă©tat oĂč il paroĂźt quâils ne font que ,, des crĂ©atures viles 8Ă mĂ©prisables. », Câest afin quâĂ©tant humiliĂ©s & dĂ©- â nuĂ©s de tout, ils aprennent Ă ne pas », sâĂ©lever en haut fur leurs propres ai- », les,mais Ă mettre leur espĂ©rance fous », la protection des miennes. Ceux qui », font de nouveaux aprentifs dans les ,, voies de Dieu, & qui nây font pas », encore expĂ©rimentĂ©s, pourront fa- », cilemencĂȘtre sĂ©duits, & trouver des », Ă©cueils qui les brisent sâils ne se con- â duisent selon le conseil des plus sa- », ges. Z. ,, Que sâils aiment mieux suivre g , leur propre opinion que les avis de ,, ceux a Abdiaf, v, 4. de J. Christ. Livr, III. Cb. 7. 169 >> ceux qui les surpassent en expĂ©rien- ,, ce, tout ira mai pour eux, Ă -moins ,, quâils ne se laissent enfin dĂ©tacher de ,, leur propre sens. Il arrive rarement â que ceux qui croient ĂȘtre sages se â soumettent humblement aux autres. ,, Il vaut pourtant mieux avoir peu de ,, dons & une intelligence fort mĂ©dio- ,, creavecshumilitĂ©, que de poflĂ©der j, de grands trĂ©sors de science avec j, une vaine complaisance en soi-mĂȘ- â me. La disette qui humilie est meil- ,, leure que lâabondance qui donne de ,, lâĂ©lĂ©vation. Ce n'est pas agir avec â discrĂ©tion que de sâabandonner Ă la â joĂŻe, en oubliant fa prĂ©miĂšre pauvre- â tĂ© & la crainte respectueuse oĂč lâon ,, doit ĂȘtre devant Dieu de perdre par â soiblesse la grĂące quâil nous fait ,, Ă©prouver» Ce nâest pas aussi agir assĂ©s j, sagement ni assĂ©s courageusement ,, que de sâabandoner trop au dĂ©sespoir â au tems de lâadversitĂ© & de lâoppreso â sion ; Lcde nâavoir pas de ma bontĂ© â & de ma protection la confiance & â les pensĂ©es que lâon doit en avoir. 4 * » Celui qui fait trop le fort & 170 De lâImitation â lâasseurĂ© au tems de la paix, est fou- ,, vent le plus lĂąche & le plus craintif ,, au tems de la guerre. AllurĂ©ment si ,, tu avois foin de demeurer toujours â humble & petit,& que tu gouvernas. â ses ton esprit avec modĂ©ration, tu ne ,, tomberois pas fi souvent dans le pĂ©- ,, ril & dans le pĂ©chĂ©. Ecoute ce bon ,, conseil que je te donne. Lors que ,, tu te sentiras animĂ© de lâefprit de zĂš- â le & de ferveur,applique toi Ă mĂ©di- , ,, ter ce que tu devras faire quand ce i 3, feu divin se retirera de toi ; Lc lors ! ,, qu'il sâen fera retirĂ©, pense quâil peut \ 3, ' fĂȘtre donnĂ© de nouveau. Carjelâo- i 3, te pour un tems asin de söhliger Ă te 33 tenir fur tes gardes, &pourte porter ' 3, Ă me rendre la gloire qui mâapar- 3, tient. f. s, Ce changement qui se fait pour 3, rĂ©prouver tâest bien plus utile, que 3, st toutes choses te succĂ©doient Ă sou- 3, hait ; car de ce qu un homme reçoit 3, plusieurs consolations , mĂȘme des 3, rĂ©vĂ©lations cĂ©lestes, de ce quâil est », ĂĂ vant dans les Saintes Ecritures, de ,, ce quâil est avancĂ© en quelque digni- » te» de Gj. 8. 171 j il nâen saut pas conclure quâil soit â plus agrĂ©able Ă mes yeux. Il neu ,, faut juger que parle fondement quâil ,, a dans la vraie humilitĂ©, & dans la ,, plĂ©nitude de lâamour divin. Il faut ,, examiner sâil cherche toujours par- ,, faitementLc dâune maniĂšre dĂ©sintĂ©- ,, reliĂ©e lâhonneur de Dieu ; sâĂŻlse tient â pourriem & se mĂ©prise de tout Ion ,, cĆur; & sâil aime mieux & se rĂ©jouĂźt ,, plus dâĂȘtre mĂ©prisĂ© & abaissĂ© des au- ,, tres, que dâen ĂȘtre honorĂ© 8c estimĂ©. Chapitre VIII. Reconnoi devant Dieu que tu n'Ăšs rien du tout, I. U\T 01C1 maintenant f ai pris la V hardiesse de parler au Seigneur, combien que je ne soĂ» que poudre & que cendre. Si je me crois quelque choie de plus, tute dĂ©clareras dâabord lâen- nemi de mon orgueil, 8c mes propres iniquitĂ©s porteront contre moi un tĂ©moignage auquel il me fera impossible de rĂ©pondre. Mais si je me mĂ©prise juÂŁ H z , quâaU a Gn. lyz De lâImitatxoh qu au dernier degrĂ©, si je mâanĂ©antis, si je pers toute bonne opinion de moi-mĂȘ- me, si je mâabaiffe & me rĂ©duis jusqu a la cendre & Ă la poussiĂšre, comme câest en effet tout ce que je suis ; alors ta grĂące me fera propice , & ta lumiĂšre s'ap- prochera de mon cĆur ; aussi les moindres restes de lâestime que jâai malheureusement pour moi, seront plongĂ©s & engloutis dans ce profond abĂźme de mon nĂ©ant, dâoĂč ils ne se relĂšveront jamais. Câest dans cet abĂźme que tu me montres moi-mĂȘme Ă moi, que tu me fais voir ce que je fuis > ce que jâai Ă©tĂ©, & ce que je fuis devenu. Maintenant, mon Dieu, je saique je ne suis rien; mais, hĂ©las, je ne lâai pas toujours Ău ! Si tu me laifles Ă moi, il nây a plus dans moi que foibleffe & que nĂ©ant; AU lieu que si tu me regardes favorablement, incontinent je i'uis rempli de force & de nouvelle joie. Que ta misĂ©ricorde est admirable,, 6 mon Seigneur ! de relever ainsi mon ame, & de lâembras- fer avec tant de tendresse, quoi quâelle tende toujours vers la terre par fa propre pesanteur ! 2 . Ce de J. Christ. LĂŹvr. III. Cb. 8. I7Z 2. Ce font, mon Dieu ! des Ă©stets de ton Amour, qui me prĂ©vient par une pure misĂ©ricorde, qui m assiste en mille besoins, qui me prĂ©servĂ© des pĂ©rils les plus grands , & qui me dĂ©livre de mes maux, dont le nombre est infini. Car en mâaimant malheureusement moi-mĂȘ- me, je me suis perdu ; mais en te cherchant uniquement, & en tâaimant purement & fans intĂ©rĂȘt, je me fuis retrouvĂ© avec toi; & par iâamour jâai senti que je devois encore plus mâanĂ©antir que je nâavois fait; car jâai connu,ĂŽ mon Bien- aimĂ© ! que tout le bien que tu me fais ne vient pas de mes mĂ©rites ; & que tu me donnes plus que je nâoserois eĂpĂ©rer ou demander. ;. BĂ©ni Ăois-tu, mon Dieu ! de ce quâencore que je fois indigne de toutes tes grĂąces, ta haute MajestĂ© & ta bontĂ© infinie ne ceffe jamais de faire du bien, mĂȘme aux ingrats & a ceux qui font Ă©loignĂ©s de toi. Converti nous Ă toi, afĂn que nous foions vraiment recon- noĂŹĂlans, humbles, & ardents Ă tâaimer; puis que câest toi qui Ăšs nĂŽtre ĂĂ Ăut, nĂŽtre vertu & nĂŽtre force. H z Cha- 174 Ee lâ Imitation Chapitre IX. J^ue Dieu soit ton motif & ta fin souveraine . i. Js ON fils ! si tu veux ĂȘtre du iVJL nombre des bi en-heureux, il â faut que tu me regardes en toutes tes â actions comme ton motif & ta der- â niĂšrefin. Cette intention sanctifiera â tous tes dĂ©sirs, qui sont souvent ,, souillĂ©s par un trop grand panchant vers toi-mĂȘme & vers les crĂ©atures. ,, Car si tu te cherches en quoi que ce ,, soit, tu tombes incontinent, & tu ,, tâaĂfĂ©ches en te dĂ©tachant de moi ; ,, raporte donc tout Ă moi seul ; car il â nây a que moi seul qui aĂŻe & donne ,, tout. Envisage chaque chose en par- ,, titulier comme un Ă©ffet qui procĂšde ,, du Souverain Bien 5 & consĂ©quem- j, ment, fai revenir toutes choses Ă â moi, qui fuis leur source & leur ori- â gine. 2. ,, Je luis la fontaine dâeau vivan- â te dans laquelle les petits & les j, grands, les pauvres Ăclesrichespui- sent 3 de J. Christ. CĂČ. 9. 175 sentlâeau vive, & qui donne grĂące ,, pour grĂące a ceux qui me servent & ,, qui mâobéïĂsent volontiers & dâun », cĆur libre. Celui qui veut se glori- ,, fier hors de moi, & se plaire dans ,, quelque bien particulier, ne fera pas â afermi dans une joie vĂ©ritable,&son », cĆur ne sera pas mis au large & en. », libertĂ©-, il se sentirapßûtĂŽtresserrĂ© 5 c », embarrassĂ© dans le dĂ©troit dâune infi- », nitĂ© d'angoisies. Donne-toidonc de â garde de t a tri b u er aucun bien, & â ne mets pas les autres dans s Ă©tat de â sâen atribuer eux-mĂȘmes par les â louanges que tu leur pourrois don- ,, n er. AtribuĂ« &ren tout Ă Dieu seul, ,, sans lequel l'homme nâa rien. Jâai ,» tout donnĂ©; je veux que tout me ,, soit rendu ; & câest avec une exacti- », tude rigoureuse que jâexige que tou- ,, tes les louanges & les actions de gra- â ces soient raportĂ©es Ă moi seul» z. ,, Cette vĂ©ritĂ© confond &repouÂŁ ,, se la vanitĂ© de la gloire. Lors que la ,, grĂące cĂ©leste ÂŁz le vrai Amour en- », trent dans le cĆur de quelqu'un » ,, comme ils y Ă©teignent les dĂ©sirs du H 4 â pco- i y 6 De lâImitation ,, propre, ils y Ă©facent aussi les imprek ,, fions de iâenvie, ils desserrent & dĂ©- ,, lient le cĆur, & lâarnour desoi-mĂȘ- j, me nây trouve plus de place ; car ,, l'amour divin, qui Ă©tend &augmen- ,, te les forces de l ame , demeure vi- ,, ctorieuxde tout. Si tu Ăšs Ăage, tu ne â te rĂ©jouiras quâen moi seul, & tu ,, nâauras dâespĂ©rance que dans moi ,, seul; pareeque {a nul ti est bon que ,, Dieu seul, qui doit ĂȘtre louĂ© Ă l'oc- cafion de toutes choses, Sc qui doit â ĂȘtre bĂ©ni en tout. a Matth . 19. v . iy . Chapitre X. Dieu te veut bien servir ; sers-le car c 1 est ta gloire. Ă. "E prens, Seigneur! la har- Jf dieffe de parler encore Ă toi. Je tĂźe me tairai point ; je ferai retentir les soupirs de mon cĆur dans les oreilles de tnon Dieu , de mon Seigneur & de mon Roi, dont le TrĂŽne est Ă©levĂ© par deslus toutes Seigneur! aque tes biens sent gr auds que tu tts rĂ©servĂ©s pour 00 Pi 3 i . ». Ăźo. ceux de Cb, 10 . ijf teux qui te craignent ! Que nâĂšs tu pas Ă ceux qui t'aiment & Ă ceux qui te servent & tâobéïssent de tout leur cĆur ! Câest une douceur vraiment inĂ©fable que de jouir de cette contemplation de ton visage que tu acordes Ă tes amis sincĂšres. Tu mâas montrĂ© la tendresse de ton grand amour en ceci ; câest que je nâĂ©tois pas, & tu mâas fait ; jâĂ©tois Ă©garĂ© de toi, &tu mâas ramenĂ©, afin que je te serve, & tu mâas fait la grĂące de me commander que je tâaime. 2. O Fontaine de lâamour Ă©ternel l que dirai-je de toi ? Pourrois-je bien doublier, toi qui as daignĂ© de te souvenir de moi, lors mĂȘme quâĂ©tant sĂ©parĂ© de toi jâĂ©tois devenu comme une branche toute sĂšche & toute morte ? Les misĂ©ricordes que tu as faites Ă ton serviteur sont plus grandes que je nâaurois jamais osĂ© eĂpĂ©rer. Je nâaĂ aucunement mĂ©ritĂ© que tu m'honores de ton amitiĂ© & de ta grĂące. O Seigneur! que te ren- drai-je pour tant de faveurs?Que te ren- drai-jc pour la grĂące que tu mâas faite & que tu ne fais pas Ă tous, de renoncer Ă toutes choses & au siĂšcle prĂ©sent ; & de H 5 msnex ,78 De lâImitation - mener une vie retirĂ©e & intĂ©rieure ! Te recompenferai-je beaucoup en te servant , toi Ă qui toute crĂ©ature est obligĂ©e dâobéïr ? Tous les services que je puis te rendre font trĂšs peu de chose ; mais la grĂące que tu mâas faite de mâho- norer jusques-lĂ que de me prendre pour un de tes serviteurs , & de me joindre Ă ceux que tu aimes,nonobstant mon indignitĂ© & ma bassesse , est une grĂące trĂšs-grande , que je nesaurois ailes admirer. j. VoilĂ , toutes choses font Ă toi, je nâai rien qui ne soit Ă toi ; & le service que je te rens, est un don de ta pourquoi dire que je te fers? Mâest-ce pas plutĂŽt toi, Seigneur ! qui me fers? Câesi pour le service de lâhom- me que tu as créé le Ciel & la terre qui en effetle servent tousles jours selon les rĂšgles que tu leur prĂ©feris. Et comme st cela Ă©toit peu de chose , tu lui as encore donnĂ© pour serviteurs tes saints Anges. Mais que tu fois devenu toi- mĂȘme le serviteur de Thomme, &que tu te sois voulu donner toi-mĂȘme Ă lui, câest ce qui surpafle toutes pensĂ©es & toutes paroles. 4. Qu e . de C&. lo. 179 4. Que te rendrai-je, Seigneur! pour cette infinitĂ© de biens dont je te fuis redevable? O que ne te puis-je servir tous les jours de ma vie! Mais hĂ©las! ĂĂŹ seulement je te pouvois servir comme il faut un seul jour ! Tu Ăšs vraiment digne dâĂȘtre servi, dâĂȘtre honorĂ©, & dâĂȘtre loiiĂ© souverainement & Ă©ternellement. Tu Ăšs vraiment mon Seigneur; & je suis ton pauvre Serviteur , obligĂ© Ă te servir de toutes mes forces, & Ă publier tes louanges fans me lasser jamais. Je le veux, mon Dieu ! je le dĂ©sire ; je te prie de supplĂ©er Ă ce qui me manque pour lâaccomplissement de ce dĂ©sir. f. Quel honneur ! quelle gloire de te servir, & de mĂ©priser toute autre chose pour samour de toi ! ceux qui se soumettent de bon cĆur Ă ta trĂšs- sainte obĂ©issance,y trouveront une grande abondance de grĂące. Ceux qui rejettent tous les plaisirs de la chair, par- ce quâils t'ai ment avec tendresse, trouveront dans ton 8. Esprit des dĂ©lices aussi charmantes que pures. Ceux qui pouriâamour de toi entrent dans la voie Ă©troite, & qui se dĂ©font de tous les H 6 foins Ăźgo De limitation soins mondains,jouiront dâune vraĂŻe libertĂ© dâeĂprit. 6 . O divine & agrĂ©able servitude, qui rendlTiomme vraiment libre & qui le sanctifie! O Ă©tat sacrĂ© de lâobĂ©issance ChrĂ©tienne qui rend Thomme chĂ©ri de Dieu, Ă©gal aux Anges, terrible aux DĂ©mons, & recommandable Ă tous les fidĂšles ! O servitude aimable & digne de de tous nos souhaits,qui nous met dans ĂŹa jouissance dâun bien souverain & dâune joie Ă©ternelle ! Chapitre XI. TĂąche de plaire Ă Dieu , mak non pas Ă toi-meme. i - ĂŹ ON fils, il te reste Ă apren XV Ja dre beaucoup de choses que tu ne fais pas encore bien. 2. Seigneur! quelles sont-ellcs ? Z- ,, Câe s t , mon fils, que tu sou- ,, mettes entiĂšrement ta volontĂ© Ă ,, mon bon plaisir; & que tu ne fois ,, plus amateur de toi-mĂȘme ; mais ,, que tu dĂ©sires avec ardeur que ma 3, feule volontĂ© sâacomplisse. Souvent il jj de J. Christ» Livr. III. Ch. n. i8Ăź », il naĂźt en toi des dĂ©sirs qui tâempor- ,, tent avec violence; mais considĂšre â alors si câest mon honneur ou ton â propre intĂ©rĂȘt qui retouche. Car », si tune regardes quâĂ me plaire, tu s, demeureras en paix de quelque ma- â niĂšre quâilme plaise de disposer des ,, choses ; mais situ te recherches toi- â mĂȘme secrĂštement, ce nâest pasmer- », veille si tu te trouves embarassĂ© &in- ,» quiet. 4. â Pren donc bien garde de ne », point trop danach er aux dĂ©sirs que ,, tu as formĂ©s fans me consulter ; de », peur que tu ne te trouves obligĂ© à », tâen repentir,& Ă dĂ©saprouver en sus », te ce quetuaurois prĂ©miĂšrement a- prouvĂ© & recherchĂ© avec zĂšle, com- ,, me quelque chose de bon. On ne ,, doit pas suivre dâabord tous les ,, mouvemensquiparoissentbons, ni », rejetter tous ceux qui semblent ,, mauvais & qui nous ,, quefois il elĂŹ Ă propos dâuser de sus- ,, pension & de retenue,mĂȘme dansies ,, bons mouvemens & les bons dĂ©sirs, ,, de peur quâun empressement trop H 7 vio- Ăź8i De lImitation â violent ne tâĂ©gare FeĂprit 5 & que tu ,, ne sois en scandale aux autres par un â emportement dĂ©rĂ©glĂ© , ou bien que ,, rencontrant des personnes qui s'op- ,, posent Ă toi, cela ne te jette dans le â trouble 8 c dans sabatement. f. Quelquefois aussi il faut user de 3 , violence, & rĂ©sister fortement aux ,, dĂ©sirs senfaĂ«ls & mondains, fans se ,, soucier de ce que la chairveut ou ne ,, veut pas ; mais sâĂ©forcer de la sou- ,, mettre malgrĂ© elle Ă lâempire de â lâEsprit. On la doit mortifier fi long- ,, tems, & la contraindre si fermement ,, Ă obĂ©ir, quâenfin elle soit prĂȘte Ă 5, tout, & quâelle aprenne Ă se conten- jj ter de peu, & Ă aimer ce qui est le â plus simple, fans murmurer pour 55 quoi que ce soit. Chapitre XII. Soufre les maux du monde ; Ă©vite ses plaisirs. I. ' k ⏠ON Seigneur & mon Dieu ! \/J je voi bien que la patience mâest trĂšs-nĂ©ceĂsaire, parce quâil III. CV?. 12. iSj quâil me survient beaucoup d adversitĂ©s en cette vie. Quoi que je fasse pour me mettre en paix & en repos, jâexpĂ©rimen- te que ma vie ne peut ĂȘtre fans guerre &fĂ ns douleurs. 2. â Mon fils, ce que tu dis est trĂšs- ,, vĂ©ritable. Mais je ne veux pas que ,, tu cherches une paix qui consiste en â ce que tu fois exemt de tentations , ,, ou que tu fois ĂĂ ns foufrances. Tien ,, plĂ»tĂŽt pour certain que tu auras ,, trouvĂ© la paix lors que tu te verras ,, exercĂ© par beaucoup dâaffiictions, 8c â Ă©prouvĂ© par la rencontre dâune infi- ,, nitĂ© de choses qui te font contraires. â Si tu dis, que tu ne peux tantsoufrir; â comment donc pourras-tufoufrir le â feu de ma sĂ©vĂšre justice ? La pru- â dence veut que de deux maux lâon â choisisse le moindre. Choisi donc de â soufrir de bon cĆur & pourlamour â de Dieu les maux de la vie prĂ©sente, â afin dâĂ©viter les maux Ă©ternels de la ,, vie Ă venir. Croi-tu que les hom- ,, mes du monde ne soufrent rien du â tout, ou nâendurent que de petits ,, maux? Cela nâest point j & mĂȘme » les 184 De ^Imitation â les plus adonnĂ©s aux plaisirs & Ă la â mollesse ne font pas exemts de gran- â des peines. Z. Mais dis-tu ils ont aussi dâaiĂ- leurs beaucoup de divertiffemens & de , joĂŻe dans racomplisiement de leurs dĂ©sirs ; &câest ce qui adoucit toutes leurs peines, & qui fait quâils sentent peu les 1 afflictions. 1 4- ,, Je veux que cela soit, & quâils â aient mĂȘme tout ce qu'ils dĂ©sirent ; ] 5 , mais combien croi-tu que leur du- ; â rera ce faux bonheur ? VoilĂ , ceux ; >, qui font pleins des biens du monde j â diĂparoĂźtront comme de la fumĂ©e,& â la mĂ©moire de tous leurs plaisirs paf- â fĂ©s pĂ©rira. Ne vois-tu pas que mĂȘme â dĂšs maintenant ils trouvent du dĂ©- â goĂ»t & de lâamertume dans leurs >, plaisirs; que le repos qifils ycher- â estent est mĂȘlĂ© de crainte; & que fou- » vent ce qui a Ă©tĂ© la cause de leurs â contentemens,3eur est une source de â douleurs ? Câest ma justice qui les en â punit de la forte; Ă©tant bien raifon- â nable quâils trouvent leur fuplice & â leur confusion dans ces mĂȘmes plai- >} sirs ee J. Christ. 185 -, sirs quâils recherchent contre mon â ordre & ma volontĂ©. O que leurs ,, voluptĂ©s Scieurs joies font courtes ! ,, quelles font fausses 1 quâelles font â dĂ©rĂ©glĂ©es 8 c infames tout ensemble ! â Mais FenivrementScfaveuglement ,, de leurs cceurs ne leur laissent point â dâintelligence. Ils font comme des >, bĂȘtes fans raison, achetant lesplai- » sirs si courts decette vie misĂ©rable au â prix de la perte de leurs Ăąmes. Toi >, donc, ĂŽ mon fils, ne fatisfai jamais -, tes passions 1 , mais dĂ©tourne toi de ta », propre volontĂ©, a Que tout ton », plaisir soit en Dieu ; & il acomplira â les dĂ©sirs de ton cĆur. 5 . â Car si tu veux jouir dâune joie », vraiment solide Sc pleine, tu la dois â chercher par le mĂ©pris de toutes les â choses du monde , Sc par la fuite de », tous les plaisirs bas Sc terrestres. >, Alors tu verras croĂźtre tes bĂ©nĂ©di- », ctions Sc tes consolations. Plus tu â te sĂ©pareras de tout ce qui peut te ĂĂ - â tisfaire Sc te contenter dans les crĂ©a- â tures,plus tu trouveras en moi de fc- >, lides W Pi 37- »⹠4- i86 De lâImitatio» â lides & de vĂ©ritables contentemens. â Mais il netâestpas donnĂ© dây attein- â dre fans avoir Ă©tĂ© exercĂ© par les tri- â steifes spirituelles & par de rudes â combats. Tes mauvaises habitudes ,, enviellies reviendront souvent; mais ,, il les faut vaincrepar-de meilleures. â Ta chair fe rĂ©voltera ; mais il la faut â domter par la ferveur de lâ â Serpent ancien ne manquera pas de â r inciter au mal, & de tâinquiĂ©ter ; â mais tes priĂšres le doivent mettre en â fuite, & les Ă©forts que tu feras pour ,, faire le bien, joints avec un juste tra- ,, vail, lui fermeront les principales â portes de ton ame. Chapitre XIII. Que Pexemple de Christ Renseigne Ă te soumettre. I.,, On fils 1 celui qui tĂąche de XVJL ,, se soustraire Ă lâobéïfian- ,, ce, se soustrait aussi Ă la grĂące ; &si â quelquâun recherche son bien parti- â culier, il perd les biens cornons. Ce- 3 lui qui ne fe soĂ»metpas volontiers & » de de J. Christ. Livy . III, Ch. 15. 187 â de bon cĆur Ă ceux que Dieu a Ă©ta- â bJis fur lui, montre par lĂ que ĂĂą ,, chair nâest pas encore domtĂ©e j mais ,, qu elle ferĂ©volte souvent contre l'es- â prit. Câestpourquoisituveux vain- ,» cre parfaitement ta chair, apren Ă te ,» soumettre Ă tes supĂ©rieurs^car quand ,, cet ennemi domestique fera domtĂ© * ,> & soumis Ă lâhomme intĂ©rieur, Ten- ,, nemi du dehors le monde ou le ,, Diable en fera bien plĂ»tĂŽt vaincu. â Ton ame n'a point dâennemi plus â importun ni plus dangereux que toĂź- â mĂȘme lors que tu ne te rens pas Ă la â Loi de TEfprit. U faut nĂ©cestaire- ,, ment que tu aprennes Ă te mĂ©priser ,, toi-mĂȘme fi tu veux remporter la vĂź- â ctoire sur la chair 5c le sang Tu ne ,, refuses de te soumettre Ă la volontĂ© ,, des autres que parce que tu Ăšs encore â trop plein de lâamour de toi-mĂȘme. 2. ,, Mais est-ce une si grande affai- â re que toi, qui nâĂšs que de la poudre ,, 5c quâun rien , te soumettes Ă quel- â ques hommes parce que Dieu le ,, veut ; si Moi qui fuis le Dieu TrĂšs- 5 > haut& le Tout-puissant, qui ai créé ,» tou- l88 De t.âImitation ,, toutes choses de rien, je me fuis Ăou- ,, mis humblement aux hommes pour ,, l'amour de toi ; Je me fuis rendu le â plus humble & le dernier de tous ,, afin de tâaprendre Ă dorntet ton or- â Aueil pat mon humilitĂ©. Apren donc, ,, ĂŽ cendre orgueilleuse, apten Ă obĂ©ir! â Apren Ă tâabaiĂfer, terre & boire que ,, tu Ăšs, & Ă te laitier fouler fous les ,, pieds de tous les hommes. Apren Ă ,, rompre tes malheureuses volontĂ©s, & 5, Ă te soumettre Ă ce que Dieu voudra. z. ,, Mets toi en colĂšre contre toi- â mĂȘme, & Ă©touffe dâabord les prĂ©- ,, mi ers mouvemens de prĂ©somtion ,, qui naissent dans ton Esprit. Ren toi ,, si petit & si bas , que tous les hom- ,, mes puissent te marcher sur la tĂȘte, & ,, te fouler comme la boue qui est dans â les homme de nĂ©ant! ,, quâas-tu dont tu te puisses plaindre? ,, PĂ©cheur vil & puant ! comment ofe- ,, rois-tu tâopposer aux reproches & ,, aux injures quâon te peut faire, toi, ,, qui as si souvent oiseuse ton Dieu , ,, & qui as mille fois mĂ©ritĂ© lâEnfer ! } , Mais ton ame a Ă©tĂ© prĂ©tieuĂe Ă mes ,, yeux, 18p â yeux, & je tâai pardonnĂ©, je tâai fait ,, connoĂźtre la grandeur de lâamour â que jâai pour toi, afin de tâobliger à », ĂȘtre reccnnoiĂsant de mes grĂąces , », & que soufrant avec patience dâĂȘtre », avili & mĂ©prisĂ© de tous , tu aprenes ,, la soumission & ThumilitĂ© sincĂšre. Chapitre XIV. ÂŁue la grandeur de Dieu , que ton nĂ©ant bĂ©tonnent* I I * 1 Es paroles, Seigneur! font A des foudres & des tonnerres qui m'Ă©tonnent, dans la considĂ©ration de tes jugemens ! Je tremble tout saisi dâune crainte qui me pĂ©nĂštre les os, & mon ame est toute pleine de sraĂŻeur. Je vois» tout Ă©pouvantĂ©, que a les Cieux mĂȘmes ne font p as purs devant toi. Si tu as trouvĂ© de la corruption dans les Anges, & si tu ne la leur as pas pardonnĂ©e, hĂ©las! que dĂ©viendrai-je ? Si les Ă©toiles font tombĂ©es du Ciel, que dois-je attendre, moi qui ne fuis que boue? Jâai veu tomber dans le prĂ©cipice des person- -r Job,l^. ipo De lâImitation personnes dont la conduite avoit paru louable. Jâai veu ceux qui mangeoient le pain des Anges, prendre plaisir Ă la nourriture des pourceaux. r. O Seigneur ! oĂč est la saintetĂ© qui puisse subsister lors que tu retires ta main ? OĂč est la sagesse, lors que tu quittes le gouvernement dâune ame ? OĂč est la force, lors que tu refuses le concours de ta grĂące ? OĂč est la chastetĂ© & la puretĂ© qui puissent se maintenir, lors que taprotection lui manque?Rien nâest bien gardĂ© si tu ne veilles toi-mĂȘ- me pour fa garde. Aussi-tĂŽt que tu nous laiĂĂŻes, nous nous prĂ©cipitons dans lâa- bime ; & nous n en revenons point par une vie nouvelle,si tu ne reviens Ă nous. Nous ne sommes quâinconstance & que foiblesse ; il nây a que toi qui puisses nous afermir ; nous ne sommes que des tiĂšdes & des lĂąches ; & câest toi seul qui peux nous donner du zĂšle & de la vigueur. Z. HĂ©las 1 que je dois avoir de bas fentimens & dâabjectes pensĂ©es de moi, & que je dois faire peu de cas de ce que je parois avoir de bon ! O Seigneur, com- de J. Christ. 191 combien profondĂ©ment dois-je mâabat- tre Ă la vûë delâabime de tes jugemens, puisque je voi que je ne fuis quâun rien, quâun vrai nĂ©ant! O poids Ă©ffroĂŻable ! O mer fans fond ni rives, dans laquelle je ne trouve rien de moi quâun rien, un nĂ©ant par tout! OĂč est Ă prĂ©sent lâa* file de ma gloire ? oĂč trouverai-je une retraite pour ma vanitĂ© & pour les prĂ©â /omtueux sentimens que jâai eus de ma vertu ? O Dieu! toute ma vaine gloire est abimĂ©e dans la profondeur de tes jugemens fur moi. 4. Quâest toute cbair'devant tes yeux divins? Lâargile sâĂ©lĂ©vera-tâellepar orgueil contre celui qui la met en Ćuvre? Comment un amas de paroles flateufes pourroient-elles donner de la vanitĂ© Ă celui dont le cĆur est soumis Ă Dieu par la vĂ©ritĂ© ? Celui que la vĂ©ritĂ© a fait abaisser en le soumettant Ă elle-mĂȘme » ne sâĂ©lĂ©vera pas quand mĂȘme tout le monde feroit fes Ă©fortspour lui inspirer Torgueil. Celui qui est fermement fondĂ© en Dieu ne fe laissera jamais Ă©mouvoir par les louanges des hommes ; car & ceux qui louent, &Ă leurs louanges , ne 192 De lâImitation- ne sont que vanitĂ© ; & tout cela pĂ©rira. Mais a la vĂ©ritĂ© de Dieu demeure Ă©ternellement. a Ps. Chapitre XV. Veux tout ce que Dieu veut , & non ce qui te plait. i. ^ ^ On fils, je veux que tu me XVJL ,, dises en toute affaire ; Sei- Ăź, gneur, que telle chose fe fajse ainsi, st s, cest tavolontĂ©! Seigneur , sic est pour 3 , ton honneur, que cecisefqjje par ta gra - ,, ce! Seigneur ,fi tu prĂ©vois que ceci soit â bon & utile pour mon salut, donne-moi, â je te prie, de mâen servir Ă ta gloire; â mais fi tu voĂ» que cela seroit nuisible ,, pour moi, & dĂ©savantageux ausalut de ,, mon ame, f ai moi la grĂące dien Ă©teindre â le dĂ©sir dans moi ! Car tout dĂ©sir ne â vient pas du S. Esprit quoi quâil pari roiffe juste & bon Ă shomme. Câest ,, une chose bien difficile de juger si ,, les dĂ©sirs que lâon a,viennent du bon », Esprit, ou delâEsprit malin, ou de la Ăź> propre fantaisie de chacun, Plusieurs j? de Ch. ts. ,, se sont vĂ»s trompĂ©s fur la fin,qui sâi- s, maginoient au commencement que â cetoit le bon EĂprit qui les ĂnĂpiroit. 2. ,, Lors donc que quelque choie ,» te semble dĂ©sirable , & que tu me la â veux demander, tu le dois faire avec » crainte & humilitĂ©, & en telle mail niĂšre , que renonçant Ă ta volontĂ© ,, propre, tu rĂ©signes le tout Ă ma dis. ,» dois me dire en toute oc- â casion ; Seigneur, tu sus ce qui fi de â meilleur, film ceci fe fasse ou ne se fasse â pas,tout ainsi quâil semblera bon Ă ta Di- â ville volontĂ©. Donne moi ce qui te plaĂźt, â & au terns qu'il te plaĂźt. Dijpofe & foi ,» de moi comme tu l'entens, selon ton boit y , plaifir,&selon que ta gloire tâ t y moi oĂč tu voudras , & dijpofe de moi ett y » toutes choses avec une entiĂšre liber tĂ©..f}e y y fuis en ta main , tourne moi,retourne moi y y f ai moi aller d'un cĂŽtĂ© & a autre comme â il te plaira. Voici, je fuis ton serviteur, ,, je fuis prĂȘt Ă tout ; je ne dĂ©sire pas de â vivre pour moi, mais pour toi; ĂŽ quâil yy me soit donnĂ© par ta grĂące de le faire di- yy gnement & parfaitement ! z, O Mon trĂšs-misĂ©ricoidieux Sau- Ă veur \ ip4 O L lâImitation veur! acorde moi ta sainte grĂące, asm quâelle soit avec moi, quâelle travaille avec moi, & quâelle demeure avec moi jusquâĂ la fin. Fai que je dĂ©sire & que, je veuille toujours ce qui tâest agrĂ©able & aĂŻe point de volontĂ© que la tienne ; que ma volontĂ© suive toujours la tienne & se conforme Ă elle. Que je n aĂŻe qu un seul vouloir 5 c non vouloir avec toi ; & que je ne puisse jamais vouloir que ce que tu veux, & ne vouloir pas ce que tu ne veux pas. 4. Accorde moi la grĂące de mourir Ă toutes les choses du monde, & dâaimer Ă ĂȘtre mĂ©prisĂ© dans le monde pour lâa- mourdetoi, & Ă y ĂȘtre inconnu. Fai mon Dieu! que je me repose en toi, & point en ce quâon peut dĂ©sirer hors de toi ; fai que mon cĆur ne cherche point de paix que dans toi. Tu Ăšs lavĂ©- ĂŻitable paix du cĆur ; tu Ăšs son repos ; hors de toi tout est mauvais, tout est inquiet. a me reposerai, & dormir d en faix, câest-Ă -dire, en toi,ĂŽ mon Dieu! quiĂšs le bien unique, souverain & Ă©ternel. Amen ! >- P/. 4 r-. 9, Cha- de ipf Chapitre XVI. c jCherche ta joie en Dieu , mais non pas dans le monde. I. ' I 'Out ce que jesauroĂźs dĂ©sirer, X toutes les joies & les consolations que jâattens, ne sont pas dans cette vie, mais dans celle qui est Ă venir. Quand jâaurois seul toutes les joies du monde, & que je joĂ»irois de toutes ses dĂ©lices, il est certain que cela ne pour- roit pas durer long-tems. Ainsi, ĂŽ mon ame! tu ne peux trouver de consolation & de repos vĂ©ritable qu'en Dieu, qui est la joie & la consolation des pauvres & des humbles. Arten un peu, mon ame ! atten lâĂ©fet des promesses de ton Dieu, & tu jouiras dans le ciel dâune abondance de tous biens. Tu ne peux dĂ©sirer les choses prĂ©sentes contre lâordre de Dieu, quâen perdant les Ă©ternelles & cĂ©lestes. SoĂ»mets toi les prĂ©miĂšres ; dĂ©sire les derniĂšres. Tous les biens temporels ne font pas capables de te remplir & de te rassasier, parce que leur jouissance nâest pas la fin pour laquelle tu as Ă©tĂ© créé. I a 2. Opand 19 6 De limitation 2. Quand tuaurois la possession de toutes les crĂ©atures, il te seroit impossible dâĂȘtre heureuse pour cela. Câest dans Dieu seul, dans le seul CrĂ©ateur, que tu dois trouver ta bĂ©atitude; non une bĂ©atitude semblable Ă celle que les insensĂ©s qui aiment le monde, sâimagi- nent grossiĂšrement & dĂ©sirent charnellement pour eux ; mais une bĂ©atitude digne delâattente de ceux qui ont suivi JĂ©sus-Christ avec fidĂ©litĂ© ; une bĂ©atitude dont les hommes qui vivent selon lâesprit, & desquels le cĆur est sanctifiĂ©, & la conversation cĂ©leste, ont quelquefois des avant-goĂ»ts. La oĂŻe qui vient de la considĂ©ration des choses humaines est vaine & joie vĂ©ritable & heureuse vient de la vĂ©ritĂ© & de la rĂ©alitĂ© des choses divines qui se rĂ©pandent dans sintĂ©rieur. Une personne qui consacre Ă Dieu toute sa vie , porte toujours avec foi JĂ©sus, qui est la source de la joie; & lui dit sans cesse ; Demeure toĂ»jours & par tout avec moi, ĂĄ mon Je s u s ! & que toute ma joie [ou d litre trĂšs volontiers privĂ© de toutes les joies humaines. Jjuesâilte plaĂźt de me priver 1 3 à »e Ch, 17. 197 du sentiment de tes joies divines , f ai, je te f rie , que ta volontĂ© me soit pour joie, & que jâacquiesce de bon cĆur au bon plaifir que tu auras de nĂŹĂ©prouver. Car ta colĂšre f & tes menaces ne font pas pour durer toujours. Chapitre XVII. fjette tes foins fur Dieu, permets quâil te conduise. fils! laisse moi disposer de IVi toi ainsi quâil me plaĂźc. JesaĂ â ce qui tâest utile. Tu penses en hom- ,, me; tu juges dâune infinitĂ© de choses 5, comme font les hommes, par des af- ,, sections & des inclinations toutes ,, humaines. 2 . Seigneur! ce que tu dis esttrĂšs- vĂ©ritable. Le foin que tu prens de moi est bien plus grand & vaut bien mieux que celui que je pourrois en avoir moi- mĂȘme. Lâhomme qui ne rejette pas fur toi tousses foins, & tout ce qui le concerne, est exposĂ© Ă de grandes chutes. Fai, Seigneur ! que ma volontĂ© soit droite Lc fortement attaia tienne; I z L- ip8 Di LâImitation Sc quand au reste, sai de moi tout ce quâil te plaira ; car tout ce que tu feras, ne peut ĂȘtre que trĂšs bien fait. Si tu veux que je fois dans les tĂ©nĂšbres, je tâenrens grĂąces. Si tu veux que je fois dans la lumiĂšre je t'en rens grĂąces. Si tu daignes me consoler, ton Nom est Ăoit bĂ©ni. Si tu veux que je sois affligĂ©, ton saint Nom en soit bĂ©ni de mĂȘme. J. â Câest ainsi , mon fils ! que tu », dois ĂȘtre disposĂ© si tu veux'marcher », avec moi. Tu dois ĂȘtre aussi prĂȘt Ă â soufrir, quâĂ recevoir des sujets de ,, joie. Tu dois vouloir ĂȘtre dans la », disette Sc dans la pauvretĂ© dâaussi boa », cĆur, que dans lâabondance 8c dans », les richesses. 4. Je veux, Seigneur! ĂĂČufrirde bon cĆur tout ce qui m arrivera par la dispensation de ta sage providence. Je recevrai Ă©galement de ta main le bien Sc le mal, le doux Sclâamer, la joie & la tristesse ; Sc quoi qui mâarrive, je te rendrai pour toutes choses des actions de grĂąces. PrĂ©serve seulement mon ame de tout pĂ©chĂ©, Sc je ne craindrai ni la mort, r. âhi Ne me rejette point pour de J. i§z pour jamais de devant ta face, 8c nâĂ©fa- ce point mon nom du livre de vie; aprĂšs cela, tous les maux qui pourront tomber fur moi, ne me nuiront point. Chapitre XVIII. Christ soufre le premier , soufre donc aprĂšs lui. I.â Tk JS' ON fils ! je fuis dĂ©cendu du XV*. â Ciel pour ton salut ; je 5, me suis chargĂ© de tes maux, non par ,, nĂ©cessitĂ© > mais? par un engagement â volontaire de mon amour ; afĂn que â tu aprennes la patience, 8c que tu ,, soufres ĂĂąns indignation les affli- ,, ctions de cette vie temporelle. Car â depuis ma naissance jusquâĂ la mort â que jâendurai sur la croix, je ne fus â jamais fans soufrante. Jâai Ă©tĂ© dans â une trĂšs grande disette des choses â trĂšs-souvent enten- â du beaucoup de plaintes quâon fai- â soit de moi; jâai soufert paisiblement â la honte, les injures, 8c les outrages â dont onmâa couvert. Pour tous les â biens que jâai faits, je nâai trouvĂ© que I 4* » Ăąe zoo Dr i*I mitation ,, de lâingratitude ; ona paßé mes ml* â racles de blasphĂšmes 8c onnemâa â rendu que des insultes & des blĂąmes 9> pour tous les saints enseignemens 5» que jâai donnĂ©s. 2 . Seigneur! puis que tu as Ă©tĂ© si patient pendant toute ta vie,8c que câest Ăur-tout en cela que tu as accompli la volontĂ© de ton PĂšre ; il est bien juste que nâĂ©tant comme je fuis, quâun misĂ©rable pĂ©cheur, je me rĂ©signe Ă la patience pour accomplir ta divine volontĂ©, 8Ă que je porte le fardeau de ce corps mortel aussi long-tems quâil te plaira pour mon salut. Car quoi que cette vie temporelle soit un fardeau bien pĂ©nible, ta grĂące nĂ©anmoins le rend leger & salutaire ; & ton exemple avec celui de tes Saints donne aux plus foibles le courage de le suporter, mĂȘme avec beaucoup plus de joie & de consolation que nâen ont pĂ» avoir ceux qui vivoient autrefois fous la Loi ancienne, lors que feutrĂ©e du lieu trĂšs-ĂĂ int nâĂ©toit pas encore ouverte, que la voie qui y mĂšne Ă©toit fort obscure, & que le nombre de ceux qui cherchoient le RoĂŻaume du ciel Ă©toit petit, Ăź>e 18. Lvr petit. Et alors mĂȘme tous les justes qui dĂ©voient ĂȘtre sauvĂ©s & introduits dans ton RoĂŻaume, ne le pouvoient ĂȘtre que par tes soufrantes & par ta mort. z, O Seigneur! puis que tu as daignĂ© me montrer aussi-bien quâĂ tes fidĂšles , la bonne & la droite voie qui conduit Ă ton RoĂŻaume Ă©ternel, combien de grĂąces Ăuis-je obligĂ© de te rendre ? Ta vie est nĂŽtre voĂŻe; & nous nous approchons de toi, qui Ăšs nĂŽtre couronne , Ă mesure que nous nous avançons dans la sainte vertu de la patience. Si tu ne nous avois enseignĂ© & par tes paroles, & par ton exemple, en marchant le prĂ©mier devant nous,qui est-ce qui auroit voulu entrer dans ce chemin? O combien y en auroit-il qui sâen Ă©loigneroient & sâen dĂ©tourneroient si la veiie de ce grand exemple que tu nous as laissĂ© ne leur donnoit du courage ! Nous demeurons encore tiĂšdes aprĂšs la lecture & la connoissance de tant de miracles que tu as faits , & de tant de saintes instructions que tu nous as donnĂ©es ; que seroit - ce donc lĂŹ nous nâavions pas le divin flam- I tirs, fais Ă©sort pour les soufrir avec â patience. 2. ,, Plus tu te disposeras Ă Ăbufrir 9 ,, plus deviendras-tu sage kc agrĂ©able a, Ă mes yeux ; & si lâoccasion de sou- ,, srir test souvent prĂ©sentĂ©e, & que tu ,, lâembrasses de bon cĆur, tous les 5> maux te deviendront plus 5, di jamais , il niest impossible de soufrir ,, cela dâun tel homme, S'il niavoit atta- ,, quĂ© f une autre maniĂšre, je iaurois en- 5, durĂ©; mais de mâavoir fait un tel tort » ,, c'est ce que je ne puis soufrir. stfuoĂŹĂŹ ,, voyĂ©s quel dommage Uni a fait! quelle â injure ! quel dĂ©shonneur ! Il me noir- â cit en mimputaĂŹit des chof ?r dont je rĂŹai â jamais eu la moindre pensĂ©e. Encore â pourroĂč-je bien soufrir de quelque au- ,, tre certaines choses que ionpeut raison - ,, nablement soufrir. Ces pensĂ©es, mon ,, fils! font insensĂ©es; elles marquent ,, quâon ne regarde que Foffense & la ,, la personne qui Fa commise ; & que â Ton ne considĂšre pas ce que c'est que ,, la vertu de la patience,ni quel est ce-> ,, lui qui la doit couronner. Z. », Ce nâest pas possĂ©der cette ver- I 6 » ru, 204 De limitation â prĂ©tendre soufrir quâau- â tant quâon veut, & de qui l'on veut. », ĂŹffn homme vraiment patient ne jette ,, point les yeux sur celui qui le fait ,, soufrir-, il ne regarde point si câest un ,, de ses SupĂ©rieurs, ou un de ses Ă©gaux, â ou un de ses infĂ©rieurs ; fi e'elĂŹ un ,, homme qui soit en rĂ©putation de », probitĂ© & de saintetĂ© ou si e'elĂŹ un â homme infame & un mĂ©chant. Mais ,, toutes les fois quâil lui arrive quoi », que ce soit de fĂącheux, il le reçoit ,, indiffĂ©remment de toutes les crĂ©atu* », res, il rembraffe de bon cĆur com- », mesicâĂ©toit Dieu mĂȘme qui le lui â presentĂąt de sa main paternelle, &il â croit y trouver un grand avantage ; », puis quâon ne sauroit soufrir la moin- », dre chose du monde pour lâamour de », Dieu, que Dieu nâen tienne compte, 4. â Si donc tu veux demeurer vi- », ctorieuxjsoistoĂ»joursprĂ©parĂ© Ă com. », batre en soufrant. Tu ne remporte» », ras point la couronne de la patience », fan § combatte de la forte. Si tu ne », veux pas soufrir, tu ne veux pas auĂĂźi be 20j> ĂŹ Ul1 ĂȘtre couronnĂ©. DĂ©sires-tu la couron» ! eti ,, ne? combats courageusement ; Ăou- ^ â fre, endure , suporte tout patient- Ă ' â ment. Le repos est la rĂ©compense ^ ,, du travail; & la victoire, du combat, JK i Seigneur mon Dieu! toutes ces choses Ă parodient impossibles Ă la foiblesse de 1 & ma nature ; fai sâil te plaĂźt que ta grĂące stj me les rende connois par- hii faitement mon impuissance naturelle, u °i combien peu je fuis propre Ă soufrir , oie que je suis fort sensible aux moindres tu» difficultĂ©s, & quâil ne faut presque rien m- pour mâabatre. QuĂȘta grĂące me rende lui aimable lâexercice des afflictions & de iil la soufrance pour ^accomplissement de r i ta sainte volontĂ© ; & que ce soit lĂ lâob- h tOĂ, 7. Seigneur! je tâai appelle, 8c jâai dĂ©sirĂ© de joiiir de ta divine prĂ©sence, avec un ferme dessein de quiter tout pour toi. Câcst toi qui mâas prĂ©venu, aĂŻant rĂ©veillĂ© dans moi le dĂ©sir de te chercher. BĂ©ni sois-tu, mon Dieu, dâa- voir agi envers moi avec une bontĂ© si singuliĂšre, 8c dâavoir dĂ©ploie Ăur ton servi- DE Liv. 215 ft?, serviteur des misĂ©ricordes fi grandes! Que te pourroit dire de plus ton servies. teur, ĂŽ mon Dieu! Il nâa quâĂ sâhumi- rplĂźi lier trĂšs-profondement devant toi, reis Ć passant fans cesse dans son esprit la mul- cĂ - titude de ses ossenses, & FextrĂ©mitĂ© de [eue sa bassesse. Seigneur! qui est pareil Ă ntdĂŻ toi dans toutes les merveilles qui font esĂŹ au Ciel ou fur la terre? Tout ce que le tjie Seigneur fait j est trĂšs bien fait, ses judo gemens font Ă©quitables > & fa providence rĂšgle admirablement bien tou- ils! tes choses. Que ma bouche, que mon Ăči ame & que toutes tes crĂ©atures , te louĂąt. ent, te glorifient, & te bĂ©nissent Ă© ternĂ©lis, incréée duPĂšreEternel! Jfi-â- tt Chapitre XXII. BĂ©ni Dieu pour ses dons, & fois content a j des moindres. i. OEigneur ! ouvre mon cĆur Ă ta ;âą O Loi, 8c mâenfeigne Ă marcher , dans Ăes saints commandemens. Fai . moi bien connoĂźtre ta sainte volontĂ©,& . que je considĂšre avec un Esprit dâatten- i tion & avec un cĆur touchĂ© toutes les grĂąces gĂ©nĂ©rales & particuliĂšres que tu mas Li6 De i'Im i t a T i o si faites, afin dâĂȘtre disposĂ© Ă tâen remercier dignement. Je ĂĂąi cependant, & je le confesse franchement, que je ne Ăauroiste rendre les actions de grĂąces 8c les louanges que mĂ©ritent les moindres de tes biens, Je fuis au dessous de tous les biens qu il ta plĂ» me faire ; 82 lors que je jette les yeux fur ta grandeur, je demeure comme acablĂ© fous la gloire de ta Maj estĂ©. z. Tout ce quâil y a de bien dans nĂŽtre ame 8c dans nĂŽtre corps, tous les biens que nous possĂ©dons intĂ©rieurement ou extĂ©rieurement, dans lâĂ©tat naturel 8c dans le surnaturel, font des Ă©fets de ta grĂące, qui font Ă©clater ta bontĂ© 8c ta libĂ©ralitĂ©, laquelle est la source de tous nos biens. Les uns en ontplus,Ăes autres en ont moins; mais tout ce quâils ont, vient de toi, & est Ă toi ; 8c fans toi il est impossible dâavoir le moindre bien. Celui qui en a receu beaucoup nâa point de sujet de se glorifier, comme sâil les avoir mĂ©ritĂ©s ; il n'a point de droit de sâĂ©lever par destus les autres» & dâinsulter Ă celui qui nâen a pas autant j car celui-lĂ est le plus grand 8c le meil- ; m & 8 " act kj ; inc I fi Ă I tir ; se. cei j doi lof ! do & ! f jfc bi J bo Tu i ce co D le se LĂŹvrllĂŹ. 217 ^ meilleur de tous qui sâattribuĂ« le moins ! ĂŻ qui est le plus humble & le plus soi- gneux Ă te rendre de continuelles M actions de grĂąces. Et celui qui sâestĂme 3 â- le plus abjet, le plus vil de tous, le plus indigne de tes biens,est le mieux diĂpo- sĂ© Ă les recevoir. s- 3. Celui qui nâen a receu quâune pe- 'slĂą tite portion, ne doit pas sâen affliger 8 C sâen mĂ©contenter > ni porter envie Ă uj. ceux qui en ont receu davantage. Il es doit plĂ»tĂŽt considĂ©rer avec respect 8c K , louange ta bontĂ© infinie, qui dispense ses dons si abondamment, si gratuitement, â.j & par le pur motif de son bon plaisir, gj ĂĂ ns acception de personne Toutes cho- d c ses viennent de toi, & ainsi tu Ăšs loiia- [ ES ble en toutes fais ce quâil est jj s bonde donnera chacun, 8cpourquoi to j. l'un en a plus 8c l'autre moins ; cenâest jj { pas Ă nous de rechercher les raisons de EI k cette inĂ©galitĂ©* câest toi, ĂŽ Dieu ! qui les connois & tu fais la mesure qui est con- j { venable Ă chacun. !S,'- 4. Câest pourquoi, Seigneur mon 11* Dieu ! je mets au nombre de tes grĂąces le * les plus grandes le refus que tu mâas fait i!-'' K de aiB De lâ Imitat ion de ces dons dâaparence & dâĂ©clat qui attirent les loiianges & la gloire des hom. mes. Câest beaucoup que tu donnes sujet Ă un homme de considĂ©rer tellement ĂĂ pauvretĂ©, Ăa bassesse, & le nĂ©ant deĂĂ personne,qu'au lieu detomber dans lâa. batement & dans la tristesse, il en prenne occasion de se consoler, & de se rĂ©jouir du peu qu'il a; car ce sont les humbles & les pauvres, ce font a les ab- jets & les mĂ©prisĂ©s de ce monde que tu as choisis, ĂŽ Dieu! pour en faire tes amis & domestiques. Tes ApĂŽtres font autant dâexemples qui confirment cette vĂ©ritĂ©; car tu lĂ©sas Ă©tablis pour maĂźtres fur toute la terre, & nĂ©anmoins ce n etĂČient que des gens simples fans bruit, fans finesses & fans artifices ; ils foufroient avec joie toutes fortes dâoutrages pour lâamour de toi ; & ils embrassaient de tout leur cĆur Ă ta considĂ©ration les choses que le monde abhorre le plus. 5 . Ainsi celui qui tâaime vĂ©ritablement, & qui est touchĂ© de reconnoistan- ce pour tes bien-faits, doit trouver toute Ăk joie en ce [que xa divine volontĂ© sâac- dĂ©lirant & ne cherchant rien hors â de moi. Abstientoi dĂ©juger tĂ©mĂ©- 33 rairement des paroles ou des actions 3, dâautrui ; ne te mĂȘle point des 3, choses qui ne font pas recomman- 3, dĂ©es Ă tes foins. C*est ainsi que tu ,3 tomberas rarement dans le trouble, s, Mais pendant quâon est en ce mon- j, de, il nâest pas donnĂ© Ă lâhomme de » ne »e III. Co. 2f. Ă 27 , ne point tomber dans le trouble, nĂź ,, de ne sentir aucune peine dâesprit ou ,, de corps ; cela nâarrivera que lors â quâon aura Ă©tĂ© introduit dans le re- 5 , pos Ă©ternel. Ne tâimagine donc pas t, que tu as trouvĂ© la paix lors que ru ,, ne sens rien qui te fasse de la peine ; ,, ni que tout va bien pour toi lors que â nul ne tâest contraire ; que ta vie est ,, parfaite lors que tout se fait selon â ton dĂ©sir. Tu ne dois pas non-plus â t estimer beaucoup , ni tâimaginec s, que tu Ăšs un des favoris de Dieu,par- ,, ce que tu sens en toi quelque ferveur ,, cĂŻe zĂšle, Sc les douceurs dâune dĂ©vo- 5, tion sensible. Ce nâest pas Ă cela que -, lâon connoit la solide vertu ; & le â progrĂšs SC la perfection dâun homme 3 , spirituel ne consistent pas lĂ -dedans, 4. En quoi donc, Seigneur? 5. En ce que tutâofres & que tu te ,, sacrifies de tout ton cĆur Ă la volcn» ,, tĂ© Divine, ne cherchantpas tonpro- ,, pre,ni dans les choses petites, ni dans â les grandes ; ni dans le rems, ni dans â l'Ă©remitĂ©; tellement que tu demeu- â res toĂ»jours uniforme, me rendant K. 6 j, ega» Lr8 De l*Imitation j, Ă©galement grĂąces dans la prospĂ©ritĂ© â & dans lâadversitĂ©, pesant tout dans â la balance du Sanctuaire, qui est la ,, volontĂ© de Dieu. Que si lors que je ,, retire de ton ame les consolations ,, spirituelles & intĂ©rieures j tutâĂ©ver- ,, tues tellement que de prĂ©parer ton â ame Ă soufrir encore davantage,sans â chercher Ă te justifier,comme si tu ne ,, mĂ©ritois pas de tant soufrir ; mais ,, que tu reconnoisies que je ne fai rien â que de trĂšs-juste & de trĂšs-bien fait, ,, de quelque maniĂšre quâil me plaise ,, de disposer de toi, & que tu loties ,, mon trĂšs-saintNom ; alors tien pour 3 , certain que tu Ăšs dans la vraie voie s, de la paix, & quâindubitablement tu 3, verras de nouveau mon visage lors 3, que je viendrai te combler de joie. ,, Que si tu Ăšs arrivĂ© jusquâau plein & 3, parfait mĂ©pris de toi-mĂȘme, assure 3, toi que tu jouiras de la plus grande 3, paix quâil soit possible d'avoir dans 3, l'exil oĂč tu Ăšs pendant cette vie â mortelle. Cha- de J. Christ. Cb. 26 . 229 3I?Ă ctdĂŻi -ick ciĂźe !Ă teiĂŻ' ura ;e,fci ! Hin; mais iiia hit, laise Ă iOl't roĂe !tm K, Sc e Je ES ii Chapitre XXVI. Use dit nĂ©cessaire, ne fera plus esclave de rien. NedĂ©si- ,, re jamais ce quâil ne tâefi pas permis â dâavoir, & ne retienrien de ce qui â peut retarder ta libertĂ© intĂ©rieure & », spirituelle. Chose Ă©trange ! que tu â fasses difficultĂ© de tâabandonner Ă ,, moi de tout ton cĆur & fans reserve, » avec tout ce que tu peux dĂ©sirer ou ,, possĂ©der. 2. â A quoi bon consumer ta vie en â des » n » ! d » » > I " ⹠» ! >> I ' » ! " } » I 1 ĂŹ be J*Christ. LivrXLl. 2zz â des foins inutiles ? Pourquoi te tour- â menter de tant de vains soucis? Tien â toi fermement Ă ce qui est de mon } j bon plaisir, &rien ne te pourra nui- â re. Mais si tu recherches quelque 5, chose de particulier, si tu dĂ©sires d'ĂȘ- ,, tre ou en tel lieu, ou en tel Ă©tat, pour â trouver ce qui fest le plus agrĂ©able â & le plus commode, fois assurĂ© que â tune feras jamais en repos, & que tes ,, ennuis & tes inquiĂ©tudes te suivront â par-tout ; parce que quoi que tu â rencontres, il y manquera toujours j, quelque chose de ce que tu auras », dĂ©sirĂ© ; & tu trouveras par-tout des â oppositions. z. Ainsi le plus grand profit que lâon ,, peut retirer des choses extĂ©rieures », consiste, non pas en ce quâon les pot â fĂšde & qu on les amasse ; mais en ce ,, quâon les mĂ©prise & quâon les arra- ,, ehe de son cĆur jusquâĂ la racine. Et â ceci ne doit pas sâentendre seule- ,, ment des richesses dâor ou dâargent ; â mais ausii des dĂ©sirs de lâambition , â dĂ©shonneur, de la louange, Lc de â la gloire; qui font des vanitĂ©s qui LZ4 De limitation ,, disparaissent pour nous avec le'mon- ,, de. En quelque lieu que tu fois, tu Ăšs ,, mal situĂ© & mal gardĂ© , si f esprit de ,, la piĂ©tĂ© te manque ; Lc de quelque ,, tranquillitĂ© que tu jouisses au dehors, â elle est peu ferme si ton cĆur nâest ,, pas bien fondĂ©, je veux dire, sâil ne â fe repose pas absolument sur moi ; ,, Ă moins de cela, quelque change- â ment qui tâarrive,tu demeureras toĂ»- ,, jours le mĂȘme, câest-Ă -dire, misĂ©ra- ,, ble, Ă©galement Ă©loignĂ© du vĂ©ritable ,, amendement; Lc Ă la prĂ©miĂšre oc- ,, casion, tu verras que tu Ăšs encore 5 , dans les mĂȘmes maux ou mĂȘme dans â de plus grands, que ceux que tu vou» â lois Ă©viter. 4. O DIEU ! afermi mon ame par la grĂące de ton 8. Esprit. Que lâhom- intĂ©rieur & spirituel devienne fort dans moi par ta bontĂ© puissante. Vuide mon cĆur de tous les foins inutiles & de tous les chagrins du permets pas que mes dĂ©sirs mâentrainent vers quoi que ce soit ou de considĂ©rable eu de peu dâimportance ; mais fai que jâenviĂage tout ce qui est fur la terre com» de Ch. %Ă>. 2Z5 comme des choses qui ne font que passer, aussi bien que moi, qui passe & qui disparaĂźtrai avec elles, a Rien de tout ce qui est fous le Soleil niest permanent. Tout est vanitĂ© & tourment d'esprit. O qu'heureux est celui qui considĂšre ainsi toutes choses ! f. Je te denfande, 6 mon Dieu ! la sagesse qui vient dâenhaut, afin quâelle mâaprenne Ă te chercher par dessus toutes choses, &Ă te trouver au dessus de toutes choses ; quâelle fasse que je ne goĂ»te & que je nâaime que toi seul, & que je ne considĂšre tout le reste qu e par rapport Ă cette divine Sagesse. Donne moi la prudence nĂ©cessaire pour ne me pas laisser surprendre aux flateries & sux louanges des uns -, & la patience pour bien suporterles contradictions & les oppositions des autres. Car câest un Ă©fetde taSagefle que de demeurer ferme lors que les langues des mĂ©disans battent 1 air pour nous Ă©branler par leurs Ă©forts, & de ne pas se laisser sĂ©duire par les caresses des dateurs & des donneurs de lĂ le moĂŻen de a Etcles. r. v. r. 2z6 De ^IMITATION de sâavancer avec seuretĂ© dans la Voie âą salutaire qui conduit Ă Dieu. Chapitre XXVIĂI. A 7> aplique sas ton cĆur Ă ce qu on dit de toi. !» ĂŹ K on fils! ne tethagrine point ĂĂŹ j\/I ,, quelques-uns ont mau- â vaise opinion de toi, &C ,, sâils en parlent dĂ©savantageusemenc ,» & en te choquant. Tu dois encore â en avoir plus mauvaise opinion â quâiis n'en ont, & te persuader forte- ,, ment quâil nây a personne au monde ,, plus foible & plus digne de mĂ©pris â que toi. Si ta vie est spirituelle, & â que tu te conduises par la vûë de lâin- ,, terieur,tu nâauras point dâĂ©gard Ă des j, paroles qui ĂĂš dissipent dans lâair. ,, Câest un Ă©fet de la vraie prudence, ,, que de garder le silence au tems de ,, TadversitĂ©, & de se retirer dans lâin- â tĂ©rieur pour sâentretenir avec moi, â fans se laisier entraĂźner & diviser au â dehors par les jugemens des hom- ,, mes. 2. Ne de J. Christ. 2Z7 2 . Ne fai pas dĂ©pendre ta paix de la â langue des interprĂȘ- ,, tent comme il leur plaira, en bien ou â en mal, ce que tu auras fait ou dit ; >, en Ăšs-tu pour cela ou meilleur,ou pi- â re ? OĂč est la vraie paix ? OĂč est la â vra'ie gloire? Nâest ce pas en moi? â Celui qui ne dĂ©sire point de plaire 9 , aux hommes, & qui ne craint point s , de leur dĂ©plaire, jouĂŻra dâune paix ,, profonde. LâinquiĂ©tude du cĆur s â & la distraction de lâeĂprit & des ,, sens ne viennent que dâaimer ce qui j, ne doit pas ĂȘtre aimĂ©, &de craindre â ce quâil ne Ăaudroit pas craindre. Chapitre XXIX. Pren Dieu pour ton recours lors que les maux t'acueillent ⊠X. OEiGNEURldont lâadorabledistpen- O station a permis que cette tentation vienne fur moi, & que cette affliction mâacueille ; que ton saint Nom soitbĂ©ni Ă jamais! Je vois que je ne puis 1 eviter ; mais je viens implorer ton secours afin qu elle me tourne Ă bien. Mon v 2z8 De l Imitation Mon Dieu! je suis en peine 5 mon coeur est affligĂ© ; les maux me pressent & ne me laissent point de repos. Mon Dieu & mon PĂšre, que dirai-je ? Je fuis rĂ©duit dans une grande extrĂ©mitĂ©. Seigneur ! fauve moi de cette heure. Mais câest pour cela mĂȘme que jây fuis venu, afin que tu fois glorifiĂ© par mon extrĂȘme humiliation,& par la dĂ©livrance que tu donneras ensuite. DĂ©livre-moi, Seigneur ! selon ton bon plaisir. OĂč puis- je aller & que puis-je faire fans toi, pauvre Sc misĂ©rable que je suis ? Seigneur! donne-moi encore la patience en cette rencontre ! Aide-moi, mon Dieu ! 8c & jene succomberai point,quelque fardeau qui me soit imposĂ©. 2. Quetesaurois-je dire en cet Ă©tat, Seigneur ! sinon, Ta volontĂ© soit faite ? Jâai bien mĂ©ritĂ© ce chĂątiment & cette affliction. Je dois la soufrir ; & plaise Ă ta souveraine BontĂ© de mâaccorder que je la soufre avec patience, en attendant que cette tempĂȘte passĂ© & que la tranquillitĂ© revienne. Ta main, qui peut tout, peut auffi me tirer de cette tentation , Sc modĂ©rer sa violence, dĂ©pĂ©rir BE Liv. m. Ch. 30. 2Z- peur que je nây succombe Ă plein ; puis que câest une grĂące, que tu mâas dĂ©jĂ faite ĂĂŹ devant & fi souvent, ĂŽ mon Dieu! source inĂ©puisable des misĂ©ricordes que jâespĂšre ! Plus il mâest difficile de sortir de cette extrĂ©mitĂ©, plus la main du TrĂšs-haut se signalera en mâen retirant» dâune maniĂšre facile Ă ĂĂ loute-puis. sance. Chapitre XXX. Cherche en Dieu ton secours , fans craindre Vavenir. I. 3 3 i Ăź> 3 > 3 ? 3, », -, -, - M ON fils ! Je fuis le Seigneur ,, qui fortifie les hommes ,, au jour de lâaffiiction. Vien vers moi lors que tu feras en peine. Ce qui tâempĂȘche dâĂȘtre consolĂ© dâenhaut, est que tu tardes trop Ă tâaprocher de moi par la avant que tu appliques bien ton cĆur Ă me prier, tu cherches ailleurs du secours & du soulagement ; tu te rĂ©pans au dehors pour y chercher de lâastisiance & du suport; mais tout ce que tu fais te sert de peu,jusqu a ce que 240 De 1/ Imitation â tu reconnoisses que câest Ă moi seul â quâil fautsâadresser ; parce que câest ,, moi seul qui dĂ©livre ceux qui espĂš- â rent en moi. Hors de moi il nây a se- ,, cours qui serve, il nây a conseil qui 1 ,, profite, il nây a remĂšde qui soit du- â rable. Maintenant que tu commen- â ces Ă respirer aprĂšs cette tempĂȘte â que je viens dâappaiser , repren de ,, nouvelles forces & une nouvelle vi- â gueur dans la lumiĂšre de mes misĂ©ri- ,, cordes , dont je rĂ©pans de nouveau ,, les ratons fur toi. Car je me fuis ra- â proche de toi, dit le Seigneur ; non â feulement pour te rĂ©tablir dans ta ,, prĂ©miĂšrepaix, mais aussi pour te ,, remplir &te combler de nouvelles â grĂąces. 2 . Y a-t-il rien qui me soit difficile? â Suis-je semblable Ă ceux qui font des â promesses & qui ne les acomplissent j ,, pas? OĂč est la foi que tu dois avoir â en moi? Demeure ferme &persĂ©vĂš- ' â re ; sois patient & courageux ; ta â consolation viendra en son ,, tenmoi, atten moi ; je ne manque- â rai pas de venir, & de te guĂ©rir. Ce , qui I de J. Christ. Ch.^o. 241 ,, qui t afflige nâest quâune tentation qui 5 , ne durera pas toĂ»jours;ce qui tâĂ©pou. â vante nâest quâune vaine fraĂŻeur. as Pourquoi te mets tu en peine des s, choses Ă venir ? que gagnes-tu sinon 33 dâajoĂ»ter tristesse fur tristesse ? a A 33 chaque jour suffit sa peine. Câest une vai- 33 ne occupation de sâaffliger ou de fe 33 rĂ©jouir par la considĂ©ration des cho- 3, ses que lâon rĂ©prĂ©sente corne futures, 3, & qui peut-ĂȘtre nâarriveront jamais. z. Câest nĂ©anmoins une fuite de la 33 fragilitĂ© des hommes que de fe laisser 3, aller Ă ces fortes dâimaginations j 5 c 33 c est un des avantages que lâennemi >3 obtient fur les Ăąmes foibles, que de 33 les tirer Ă lui par ces sortes depen- 33 fĂ©es quâil leur lui est tout 33 un de fe servir des choses vrai-fem- 33 blables ou de celles qui font hors 3, dâapparence pourvu quâil sĂ©duise & 33 quâil trompe; pourvu quâil ait abatu 33 &c fait tomber une ame, il lui est in- 33 diffĂ©rentsâil sâestservi de lâamour des 33 choses prĂ©sentes, ou de la crainte des 33 futures, a Ăue donc ton cĆur ne fe L j, trou - -r Matth. 6 . v. 34. .s Jean 14. v. I. 24^ O L lâ Imitation j, trouble & ne s'Ă©pouvante point Croien ,, tnoijk. mets ta confiance en ma mifĂ©ri- ,, tu penses ĂȘtre Ă©loignĂ© -, de moi j & câest alors que je fuis le ,> plus prĂšs de toi. Quelquefois tu te j, crois fur le moment de tomberdâune ,, chute irrĂ©parable, & câest alors,pour ,, le plus souvent, que tu Ăšs prĂȘt de re- ,, cevoir une plus grande mesure de ,, mes grĂąces. Tu ne dois pas croire â que tout soit perdu lors que les cho- â ses arrivent autrement que tu ne pen- ,, ses. Tu ne dois jamais juger de ton â Ă©tat par les maux prĂ©sents que tu â sens, ni tâabandonner tellement Ă â lâafftiction, de quelque part quâelle ,, vienne, que tu perdes toute efpĂ©ran- ,, ce de tâen relever. 4. Ne te tiens pas pour entiĂšrement ,j abandonnĂ© de moi lors quejetâattĂŹi- â ge pour quelque tems, ou que je re- â tire de toi la douceur de mes confola- â rions; car câest par cette voie que â lâon va au RoĂŻaume des Cieux. Sans â doute il est meilleur pour toi & pour â mes autres serviteurs,que vous forĂ©s n exercĂ©s par des afflictions Sc des con- n ttĂ€- DE 243 -, trariĂ©tĂ©s, que ĂĂŻ routes choies vous â arrivoient Ă souhait. Jeconnoisies â dispositions du cĆur les plus ca- â chĂ©es, & je Ăai trĂšs bien quâil est bon â pour toi que tu fois quelquefois » dans le dĂ©laissement spirituel,& sans ,, le goĂ»t des choses divines ; de peur >, que si tout succĂšde au grĂ© de tes dĂ©- â sirs, tu ne relĂšves, & que tu nâaĂŻes ,1 pour toi une estime prĂ©somptueuse -, qui te persuade que tu Ăšs ce que tu â n es pas. Jâai la puissance & dâĂŽter ce » que jâai donnĂ©, & de rendre ce que -, jâai ĂŽtĂ©,Lcjâen use comme il me plaĂźt. s. Lors que jâai donnĂ© quelque cho- -, se elle demeure toujours Ă moi ; 8c â lors que je la retire, je ne reprens -, rien du tien. Tout bien, &c tout bien â parfait, vient de moi & esta moi. Si ,, je tâenvoĂŻe quelques afflictions & â quelques adversitĂ©s,ne t'en fĂąche pas â & ne perds point courage ; car jâai â la puissance de tâaider soudainement, -, & de changer ta tristesse en joie. Ce- -, pendant, reconnoi que je suis juste, -, & adore la bontĂ© que jâai de te trai- ter ainsi, L ĂŹ 6, Si 244 De lâ Imitation 6. Si tu Ăšs sage & que tu considĂšres â les choses dans la lumiĂšre de la vĂ©ri- ,, tĂ©, tu verras que tu nâas point de su- ,, jet de tâatrister lors quâil te survient ,, des afflictions & des contrariĂ©tĂ©s J ,, mais que plutĂŽt tu dois te rĂ©jouir & ,, m'en rendre grĂąces ; Lc mĂȘme ta joie â unique doit ĂȘtre que je te chĂątie & â den voie des douleurs fans ^Ă©pargner. Jâai dit autrefois Ă mes Disciples, [a ,, ^Jc vous aime comme mon PĂšre nia aĂŹ- â mĂš; cependant lors que je les ai ap- â pellĂ©spour me suivre , Lc que je les â ai envolĂ©s dans le monde, ce nâa pas ,, Ă©tĂ© pour goĂ»ter les joies & les plai- ,, sirs de cette vie ; mais poury soute- â nir de grands combats; ce nâa pas ,, Ă©tĂ© pour y ĂȘtre honorĂ©s; mais poux â y ĂȘtre mĂ©prisĂ©s & dĂ©shonorĂ©s ; ce ,, nâa pas Ă©tĂ© pour y vivre dans lâoisi- ,, vetĂ©, mais pour y travailler fans ces- â se; ce nâa pas Ă©tĂ© pour y chercher du â repos, mais pour y porter beaucoup 3 , de fruitpar la patience Lc parles sou- â stances, hdon fils ! je te recommande â de p enfer souvent Ă toutes ces choses. Cha- a Jean ij. v, p. de Liv. III. Ch, 51, 245 Chapitre XXXI. Pour bien connaĂźtre Dieu quĂŹte toute autre chose.. I. ĂJ Eigneuk. ! Ăl est nĂ©cessaire que O ta grĂące sâaugmente encore en moi, pour me faire un tel Ă©tat quâaucune crĂ©ature ne me lie & ne mâembaraffe plus ; car tant que je fuis attachĂ© Ă quelque chose, je ne puis librement voler Ă toi. Ăa ÂŁsuĂŹ efi ce qui me donnerndes ailes de colombe , afin que je m'"envole & que je trouve mon repos ? difoir le saint ProphĂšte dans le dĂ© Ăir de la libertĂ© divine. Lâceil simple donne le repos ; & il nây a rien'de plus libre quâune ame qui a dĂ©tachĂ© ses dĂ©sirs de toutes les choses qui font fur la terre. U faut donc que Tarne paffe au deffus de toutes les crĂ©atures & qu elle sâabandonne foi - mĂȘme parfaitement ; afin quâĂ©tant hors o elle mĂȘme, elle comprenne en ce contemplant, ĂŽ Dieu 1 CrĂ©ateur de toutes choses, que rien n*est semblable Ă toi dans. toutes tes. L 1 00 ?f. ->5^-7- 246 De lâImitation crĂ©atures. Celui qui nâest pas ainsi sĂ©parĂ© de toutes ks crĂ©atures , nâa pas la libertĂ© de Rappliquer aux choses divines. Câest pourquoi il y a aujourdâhui fi peu de personnes adonnĂ©es Ă la vie contemplative, parce quâil y en a peu qui aient la science du parfait renoncement, & de lâabandonnement des crĂ©atures & des choses pĂ©rissables. 2 , Pour arriver Ă cet Ă©tat, il efĂŹ besoin dâune grande grĂące, qui Ă©lĂšve lâa- .me & qui la transporte au-dessus dâelle mĂȘme. Si un homme nâa lâesprit Ă©levĂ© de la sorte, sâil nâest dĂ©gagĂ© de rattachement Ă toutes les crĂ©atures, sâil nest entiĂšrement uni au CrĂ©ateur, toutes les connoissances & tous les dons quâil peut avoir, font de peu de considĂ©ration. Celui qui a de lâestime pour autre choie que pour le bien unique, infini & Ă©ternel, sera long-tems plongĂ© dans une bassesse honteuse. Tout ce qui nâest pas Dieu, nâest rien, &doit ĂȘtre tenu pour rien. 11 y a beaucoup de diffĂ©rence entre la sagesse dâun homme qui craint Dieu & qui est enseignĂ© par son Divin Esprit, & entre la science char- de J. Christ. Lhr. 247 charnelle de quelque grand ThĂ©ologien. fqence qui vient de Fonction cTenhautest sans comparaison plus noble que celle qui sâaquiert par lc travail &par les Ă©forts de l'Esprit humain. ĂŹl y a beaucoup de personnes qui voudroient bien goĂ»ter les douceurs de la Divine contemplation ; mais il y en a fort peu qui veulent pratiquer les choses qui font nĂ©ceĂĂŹaires pour arriver Ă cet Ă©tat. Un des principaux obstacles est, que nous sommes trop attachĂ©s Ă TextĂ©rieur de la Religion & aux choses qui stupeur les sens, & que nous avons trop peu de foin de nous mortifier parfaitement. Je ne sai que penser, jene sai de quel esprit nous sommes menĂ©s, ni ce que nous prĂ©tendons, qu 0n nous tienne pour des pers anes Ăpirituëßles, nous qui travaillons plus & qui prenons plus de foin pour les choses temporelles, abjectes, & qui ne font que passer , que pour celles qui font spirituelles & intĂ©rieures ; puis quâiĂź est vrai que nous rentrons peu souvent dans nous-mĂȘmes pour nous appliquer Ă ces derniĂšres. L 4 4. HĂ©- 2, De limitation 4 . HĂ©las! si tĂŽt que nous sommes rentrĂ©s dans nous pour considĂ©rer nĂŽtre intĂ©rieur, nous en sortons incontinent , fans avoir bien examinĂ© nos Ćuvres. Nous ne voulons pas considĂ©rer Ă quelles bassesses nous attachons nos pensĂ©es & nos affections en les appliquant aux choses tetrestres ; & nous ne pleurons pas en voĂŻant quâil nâyarien en nous que dâimpur & de souillĂ©. Le dĂ©luge fut un Ă©ffet de ce que a toute chair avoit corrompu fa voie. Nos pensĂ©es & nĂŽtre intĂ©rieur Ă©tant tout corrompus , que peut-il suivre de lĂ , si ce nâest un dĂ©luge & urr dĂ©bordement dictions toutes corrompues & qui retiennent les impressions de la corruption de leur source ? Car le fruit dâune vie sainte ne peut venir que dâun fond & d'uir cĆur saint. f- On a beaucoup dâĂ©gard aux actions extĂ©rieures & visibles ; mais on ne regarde pas assĂ©s au principe de vertu qui devroit nous faire agir. On recherche avec foin si cpuelquâun a du courage j sâil a des richesses , si câest une personne a Ge»,6. Ch. z r- 2 49 sonne bien-safte, fi elle est habile, fi elle sait parfaitement ou rĂ©criture, ou ĂŹa musique, ou si elle excelle en quelque autre chose ; mais on ne se met pas en peine si elle est pauvre dâeĂprit, douce Lc patiente, sainte & la nature corrompue qui nous porte Ă regarder Ă TextĂ©rieur de l'homme; au lieu que la grĂące regarde Ă TintĂ©rieur. Celle-lĂ se trouve souvent trompĂ©e ; & celle-ci Ă©tant fondĂ©e sur Dieu , ne se trompe point. Chapitre XXXIL Si tu veux trouver tout , il te faut tout quitter . I. 4s OXsils ! tu ne Jouiras jamais XVX ,, de la vraie libertĂ© si tune ,, te renonces parfaitement toi-mĂȘme. ,, Tcus ceux qui recherchent leur pro- ,, pre & qui ont de Tamour pour eux- ,, mĂȘmes, font autant dâesclaves Ă la ,, chaĂźne- Leurs convoitises & leur cu- ,, riositĂ©les promĂšnent Sc les font aller ,, comme des vagabonsde tous cĂŽtĂ©s n pour y chercher leur satisfaction, 8C L s â non A^o De limitation ,, non pas les choses qui sont du RoĂŻ- ,, de JĂ©sos-Chrilt. Que fi quel- ,, que soi s il leur vientdans la fantaisie â de mieux vivre,ils commencent bien ,, pour quelque tems;mais leur Ă©difice ,, retombe toujours ; car tout ce qui â nâestpas fondĂ© fur Dieu, & qui ne ,, ne vient pas de lui, pĂ©rira. Jetere- ,, commande cetteparole,qui dit beau- ,, coup en peu de mots; Quite tout, ,, ET TU TROUVERAS TOUT quite tes ,, dĂ©lits, & tu trouveras le repos. Pen- ,, se bien Ă cela ; 8c lors que tu sauras ,, acompli, tu sauras toutes choses. 2. Seigneur! ce nâtst pas lĂ lâou- vrage dâun joui ; & l'on nâen vient pas Ă bout en ne sây donnant que par maniĂšre de divertissement. Tout ce quâil y a de plus grand dans la perfection ChrĂ©tienne est renfermĂ© dans ce peu de paroles. Z. ,, MON fils! tu ne dois pas re- â tourner en arriĂšre, ni perdre coura- » ge, lors quâon te recommande la â voie des parfaits. Tu dois au ccu- â traire tâexcitcr avec plus dâardeur veis cet Ă©tat sublime, ou au moins , sou- DE LĂŹv. III, Cb.%z, 2sl â soupirer dans le dĂ©sir dây parvenir. ,, Je voudroisque tu fusses dans cette â disposition; Lc qu'Ă©tant dĂ©gagĂ© de ,, lâamourde toi-mĂȘme, tu dĂ©pendis- â ses entiĂšrement de ma volontĂ©, te â soumettant aussi Ă ceux que jâai Ă©ta- â blis fur toi. Si tu Ă©tois tel, tu me se- ,, rois trĂšs-agrĂ©able & toute ta vie se â passeroit dans la joie & dans la paix. â Mais tu as encore Ă renoncer Ă une â infinitĂ© de choses, &si tune les qui- â tes & ne les laisses entiĂšrement Ă ma â disposition , tu nâobtiendras jamais â ce que tu demandes, a $ete con- â seille dâache ter de moi de Lâor Ă©purĂ© par y , le feu afin que tu devienne riche je â veux dire que tu dois acheter la sa- ,, gesse cĂ©leste qui foule aux pieds tou- â tes les choses de la terre. Le prix â quâil faut pour lâacheter,estde renon- yy cer Ă la sagesse & Ă lâestime des hom- â mes, & Ă la complaisance que tu as â pour toi-mĂȘme. 4. >, Jeterecommandedâacheterce â qui est bas & mĂ©prisĂ© au jugement y, des hommes , en abandonnant ce L 6 quâil s a Aj>oc. 3, v, j S- 2^2 Belâ Imitation ,, qu ils estiment le plus & qu ils tien- ,, nent pour le plus prĂ©cieux & le 5 , plus noble. En Ă©fet, la sagesse vrai- ,, ment cĂ©leste leur paroit basse &abje- 3, Ăąe;elle est dans lâoubli des hommes; â & comme elle ne sâestime pas elle- 3, mĂȘme, elle ne dĂ©sire pas aussi les 33 loĂŒanges &Testime des hommes. Il 3> est pourtant vrai quâelle est recom- 33 mandĂ©e de plusieurs ; mais ce n est 3, que de bouche , pendant quâils la 3, combatent parleur vie. Cependant 3, elle est cette a perle de grand prix & 33 ce trĂ©sor cachĂ© Ă plusieurs» d Mattb. 6. Chapitre XXXIIL Parmi les changemens demeure inĂ©branlable. i. '\W On fils Ăź ne te fie pas Ă ta fer- 1VA -, veut & Ă ta dispositionprĂ©- 33 fente ; car elle changera bientĂŽt en 33 une autre. Tant que tu vivras, tu fe- 33 ras sujet, mĂȘme malgrĂ© toi, au chan- 3, gement &Ă lâ te verras â tantĂŽt ioĂŻeux ĂC tantĂŽt triste; tantĂŽt ĂŒe Cb. 35. 25; y, en paix & tantĂŽt en trouble ; tantĂŽt 3, plein de zĂšle, & tantĂŽt tout sec & â tout aride, tantĂŽt dans lardeur, & ,, tantĂŽt dans le dĂ©goĂ»t;tantĂŽt sĂ©rieux, ,, tantĂŽt leger. Mais celui qui estvrai- 5, ment sage & qui est enseignĂ© par TEÂŁ s, prit de Dieuj Ă©lĂšve son Esprit audes- â susdetousceschangemensquiĂ©bran- 5, lent son homme extĂ©rieur ; & sans y, considĂ©rer beaucoup ce qui se sait sen- â tir dans lui, & de quel cĂŽtĂ© sousie le â vent de cette mutabilitĂ©, il demeure y, ferme & inĂ©branlable parmi tous ces y, ne pense quâĂ sâavan- ,, cer vers moi ; & il rĂ©unit toutes ses â pensĂ©es pour les porter vers la sin fou» ,3 veraine quâil se propose & quâildĂ©- 5, sire câest ainsi quâaĂŻant y, Tceil de sintention simple, & tournĂ© ,, uniquement fur moi par la puretĂ© de ,, son motif 8c de ses dĂ©sirs ; ilconti- 3, nuĂ«ra fa course vers moi fans inter- ,, ruption , ni fans ĂȘtre arrĂȘtĂ© par Tin- 5, constance de tous ces Ă©vĂ©nemens. 2, Plus lâceil de sintentĂon est pur, 3, plus a-t-on de force pour demeurer j, ferme au milieu de tous lesorages par L 7 » 1kl- 24 De l Imitation â lesquels on il arrive s, souvent que cet Ćil sâĂ©bloĂ»it& sâob- 3, scurcit Jans plusieurs ; parce quâils 33 sâarrĂȘtent dâabord Ă cherchc-r quel- 3> que ph isir Ă la premiĂšre chose qui se 33 piĂšlente. Car Ă peine trouvera-t-on 3> une seule personne qui soit entiĂšre- 33 ment exemte du vice de se chercher 33 soi-mĂȘme. La double intention que 33 lâon remarque dans ccs Juifs qui nâal ,3 lomnt pas Ă BĂ©thanie uniquement 33 pour voir JĂ©sus,mais aussi par la cu- 33 riositĂ© de voirLazare qui Ă©toit resius- 33 citĂ©,se trouve presque dans tous les 3, hommes. Travaille donc Ă purifier j, lâceiĂź de lâintention & du motif par », lequel tu agis, afin quâilsoit simple », & droit; & que nonobllant la divcrsi- ,, tĂ© des objets, il tende Lc se porte uni- 3, quementĂ moi. Chapitre XXXIV. Lors que l'on goĂ»te Dieu , l'on trouve tout en lui. i & ON Dieu, & mon tout ! Que JV/Ă dĂ©sire-je davantage? que souhaite-je dĂ©plus heureux? O pa- de J. Christ. Lh. III. Cb. 34. 2sf O parole pleine de goĂ»t 5 c de douceur! mais qui nâest telle quâĂ ceux qui aiment celui qui est la Parole Ă©ternelle, 6 c non pas le monde, ni les choies qui font dans le monde. Mon Dieu & mon tout ! Câest allĂ©s dit pour celui qui l'emend ; & celui qui fait ai mer, trouvera de la douceur dans cette parole en la repass fant souvent dans son eĂprit. Et en Ă©fet, mon Dieu ! lors que tu Ăšs prĂ©sent, tout est doux; mais lors que tu tâabsentes, tout mâest amer. Ta prĂ©sence rend le cĆur tranquille, elle le remplit de joie, de liesse & de paix. Tu nous aprens Ă bien juger de toutes choses, & Ă te louer en tout ce qui est & qui arrive. Rien ne peut plaire long-tems fans toi ; tout ce qui doit ĂȘtre agrĂ©able & de bon goĂ»t, doit ĂȘtre assaisonnĂ© de ta grĂące & de ta sagesse. 2. Celui qui te goĂ»te que peut-il trouver d amer dans rout ce qui lui arrive ? Et celui qui ne te goĂ»te pas, que peut-il trouver dâagrĂ©able & de doux? Mais ceux qui nâont du goĂ»t que pour la Sagesse du monde ou pour la chair, nâont garde dâen trouver en ta divine fa- 2^6 De lâImitatton gesse;puĂs que celle qu i!s goĂ»tent nâeft que vanitĂ© & que mort. Cependant lesr vrais sages Ădnt ceux qui te suivent en mĂ©prisant tout ce qui est dans le monde, & en mortifiant leur chair; puis quâils passent ainsi de la vanitĂ© Ă la vĂ©ritĂ©, & de la chair Ă lâesprit. Dieu a du goĂ»t pour ces personnes ; eux aussi ra- portent Ă la gloire du CrĂ©ateur tout ce quâils trouvent de hon dans les crĂ©atures. Mais quoi quâils goĂ»tent Dieu & dans les crĂ©atures & dans lui-mĂȘme, ils reconnoissent bien en mĂȘme tems quâil y a beaucoup de diffĂ©rence entre le goĂ»t qui vient immediatement deDieu, & celui qui vient par la crĂ©ature ; entre leternel & le temporel ; entre la lumiĂšre illuminante & incréée, Sc la lumiĂšre illuminĂ©e. j. O lumiĂšre Ă©ternelle, Ă©levĂ©e au dessus de toutes les lumiĂšres! Lance tes rasons Sc tes Ă©clairs dâenhaut, & pĂ©nĂštre par ta vive clartĂ© les plus profondes cachettes de mon cĆur. Purifie , rĂ©jouis, Ă©claire & vivifie mon Esprit, avec toutes ses puissances, afin que je nVunisse Lc mâĂ©lĂšve Ă toi par les joies DE C/ 257 ineffables que tu quand viendra lâheureux moment que je ferai rassasiĂ© de ta prĂ©sence , & que a tu nous fer as t ont en tous? Majore ne fera pas pleine que je ne voie l'ac- complilĂźement de cette promesse ; & cependant je fuis encore misĂ©rable, parĂ©e que je sens que le vieil-homme vit encore dans moi, &quâil nâestpas encore parfaitement ni crucifiĂ©, ni mort. Il a encore des dĂ©sirs violens par lesquels il se soulĂšve contre l'Esprit j il me fait une guerre domestique & intestine; & il ne permet point Ă iâeĂprit de rĂ©gner en paix. 4. Mais toi b qui as pouvoir fur les flots de la mer , & qui peux rabaisses ; toi qui as pouvoir fur mes passions lors qu'elles font le plus Ă©mues & qui les peux calmer; lĂšve-toi, aide-moi. c Dijflpe les nations qui me font la guerre, & les brise par le bras de ta force. Fai-moi voir les merveilles de tes Ćuvres, & que ta main se rende glorieuse par ma dĂ©livrance ; car je n ai point 00 r. Cor, 15. v. 2§. {b Ps. 89. v. 10. 0 Ls8 De limitation point dâelpĂ©rance ni point de refuge quâen toi seul, mon Seigneur & mon Chapitre XXXV. â Dieu destine les stau h foufrir dans ce » inonde. » I. ON fils! tant que tu seras dans iVJ â c^tte vie mortelle, tu ne te ,, verras point en si uretĂ©, & tu auras ' â toujours besoin dos armes de lâEs- â prit. Tu Ăšs cortinuĂ«llementau mi- » lieu de tes ennemis, &ilstâattaquent s Ă droite & Ă donc tu nâop- » poses Ă tous leurs traits le bouclier » de la patience, tu feras bientĂŽt cou- >3 vert de plaies; & si tu ne me donnes 33 entiĂšrement ton cĆur & ne mâofres 33 une volontĂ© prĂȘte Ă foufsir tout pour 33 lâainour de moi, tu ne pourras foĂ»- 33 tenir la violence de leurs assauts, ni >3 remporter la palme de la victoire. 33 Tu dois pasier courageusement au 33 milieudâeux&les renverser avec un 33 bras invincible, a Car la manne cachĂ©e a A }â oc . %, D. 17. de LĂŹvr. I!L Cb. z s. 2s- â cbĂ©e r'cĂ que pour les vainqueurs , & il s, ne reste pour les lĂąches & les vaincus â que des peines Ă©ternelles. 2. â Si tu cherches du relĂąche & du â repos en cette vie, comment prĂ©tens- ,, tu parvenir au repos Ă©ternel ? Nâat- â t?n point de repos ici - bas ; mais â dispose toi Ă y voir ta patience bien ,, exercĂ©e. Cherche la vraie paix non ,, sur la terre, oĂč elle nâest p;.s ; mais â dans le Ciel, oĂč elle se trouve ; non ,, dans les hommes, ni dans aucune â crĂ©ature ; mais en Dieu seul. Il nây a â rien que tu ne doives soĂșfrir de bon ,, cĆur pour samour de ton Dieu; les â travaux, les douleurs,les tentations, ,, les traverses, les atstictions les plus â prestĂ ntes, la dĂ©stitution, les mala- ,, dies, les injures, les dĂ©mentis, les â rĂ©primandes, les humiliations, les â confusions , les corrections, les mo- â queries & le mĂ©pris, tout te doit ĂȘtre â agrĂ©able, parce que je le veux. Tou- ,, tes ces choses servent Ă acquĂ©rir la ,, parfaite & solide vertu, Ă Ă©prouver 5 , les vrais Soldats & disciples dejĂ©sus- ,, Christ, 8 Ă Ă former cette couronne qui 2 jO De lâImitation â qui doit ĂȘtre la rĂ©compense de leur o victoire. Ne tâai-je pas promis une â rĂ©compense Ă©ternelle pour un petit ,, travail, & une gloire infinie pour un ,, oprobre temporel? Z. Crois-tu toujours avoir des joies ,, & des consolations spirituelles Ă ta ,> disposition & selon ta volontĂ©? Mes ; s, plus grands Saints en ont Ă©tĂ© privĂ©s j, eux-mĂȘmes. AttaquĂ©s d'une foule ,, de tentations ils Ă©toient souvent Ă ,, charge Ă eux-mĂȘmes & dans des dĂ©- â laiĂĂŻemens surprenans. Mais ils ont possĂ©dĂ© & loutenu leurs Ăąmes par la â patience, & se sont du tout rĂ©signĂ©s ĂŹĂŹ Ă moi ils savoient bien , dĂ©nuĂ© de tout; car, comment pour- â rois-tu ĂȘtre bien Ă moi, & moi Ă toi, s, fi tu nâĂ©tois entiĂšrement dĂ©pouillĂ© de ,, toute volontĂ© propre au dedans & ,, au dehors ? Plus tu serapromt Ă exĂ©- ,, cuter ce commandement ; plus te 5, trouveras-tu fort ; 6 c plus tu le feras ,, pleinement & sincĂ©rementiplus aussi ,, feras-tu agrĂ©able Ă mes yeux & en- j, richi de mes grĂąces. 4. Il y a des gens qui se dosent Ă moi, â mais câest avec quelque rĂ©serve ; ils â ne se confient pas entiĂšrement en moi; ,, ils veulent aussi pourvoireux-mĂȘmes â Ă ce qui les regarde. Dâautres sâof- â Ărent dâabord entiĂšrement Ă moi, â mais de Cb.$7. z6 f â mais la premiĂšre tentation qui les at- ,, raque les fait retourner vers eux-mĂȘ- â mesj&ainsiilsnâavancentpointdans ,, le bien j ils ne viendront jamais Ă la â vraie libertĂ© des cĆurs purs, & ils ,, nâatteindront point Ă TĂ©tĂąt de la fa- ,, miliaritĂ© avec moi, 6 prĂ©miĂšrement â ils ne renoncent absolument Ă eux- â mĂȘmes, & sâils ne sâofrent tous les », jours Ă moi en sacrifice;car fans cela, ,, cette divine Union par laquelle o» â jouĂźt de moi, n'a point de lieu. s. JeteTaiditĂouventj&jetelere- ,» dis encore ; Quite-toi, laiĂĂŻe-toi, », abandonne-toi, & tu joiiiras dâune â paix profonde & le â tout pour le tout ; ne cherche plus ,, rien; ne demande plus rien. Demeu- â re Ă moi purement & fermement; & », tu joiiiras de moi. Ton cĆur fera â alors tout libre ; 8c les tĂ©nĂšbres ne ,, t environneront plus. Fai Ă©fort pour â venir Ă cet Ă©tat ; prie, soupire, de- â mande dâĂȘtre dĂ©livrĂ© de toute propre â recherche, & que mis dans le dĂ©nuĂ«- », ment tu suives JĂ©sus dĂ©nuĂ© de tout ; t> que tu meures Ă toi-mĂȘme,& que tu M â vives 266 De lâ Imitation â vives Ă©ternellement pour moi. Alors ,, toutes les folies & les vanitĂ©s qui ,, ont occupĂ© tes pensĂ©es,tousjes trou- ,, blĂ©s inconsidĂ©rĂ©s , & tous tes foins ,, inutiles difparoirront;les craintes fri. â voles seront bannies de ton ame, & ,, lâamour detoi-mĂȘme mourra dans j, toi. Chapitre XXXVIII. j Demeure libre en tout, consulte Dieu j sur tout. I 1 âą "\ \ OX fils ! en quelque lieu que IVl ,, tu fois, quoi que tu fasses, ,, Ă quoi que tu fois occupĂ©, aĂŻe toĂ»- ,, jours un grand foin dâĂȘtre libre au â dedans de toi âą, conserve un empire â fur toi-mĂȘme ; tien toutes choses ,, fous toi, Sineterenspasleurefcla- ,, ve;afin quâĂ©tan t maĂźtre de tes actions, â tu fois un HĂ©breu vĂ©ritablement li- ,, bre, aĂŻant part au fort & Ă la vĂ©rita- â ble libertĂ© des en fans de Dieu , qui i ,, font au dessus dc toutes les choies ; ,, qui paroissentpour un tems j qui ne 3, considĂšrent que les Ă©ternellesjqui ne . â voient de J. Christ. Livr - III. 8. 267 â voient que de Tocil gauche le mon- ,, de qui passe ; & qui regardent de ,, lâĆil droit les choses permanentes & ,, spirituelles ; qui ne se laissent pas ,, entraĂźner ni attacher aux choses tem- â porelles, mais qui les entraĂźnent â plutĂŽt & les contraignent de servir », aux usages pour lesquels les a Ă©ta- », blies Dieu leur crĂ©ateur,qui nâa rien ,, laissĂ© dans les crĂ©atures Ă quoi il nâait ,» prescrit un ordre rĂ©glĂ©, & comment », il sâen faut servir. 2. Que si dans toutes les choses qui », tâarrivent, au lieu de tâarrĂȘter Ă lâap- â parence extĂ©rieure & dâenvisager », dâun Ćil charnel ce que tu vois ou » que tu entens, tu entres incontinent â dans le Sanctuaire avec MoĂŻse, pour », demander conseil Ă ton Dieu en tou- â te rencontre; tu recevras souvent des », rĂ©ponses toutes divines qui satisfe- â ront Ă toutes tes difficultĂ©s & qui tâin- â struiront touchant les choses prĂ©sen- », tes & Ă avoit son recours », auTabernacĂepoursâĂ©daircir detou- â tes les difficultĂ©s qui lui survenoient; », & lors que lâimpiĂ©tĂ© des hommes Ma â Tat- % 6 8 De l Imitation â lâattaquoit, il n'avoir son recours â qu Ă la priĂšre. Fais-en de mĂȘme; â entre dans le sanĂ»uaire de ron coeur; â implores-^ la grĂące & le secours â dâenhaut. JosuĂ© & les IsraĂ©lites fu- ,, rent trompĂ©s par les Gabaonites,par» ,, ce> ditlâEcriture, quâils ne confultĂš- ,, rent point la bouche du Seigneur; & ,, qu ainsi ils se laiffĂšrent trop facile- ,, ment persuader par les artificieuses ,, paroles de ce peuple, & sĂ©duire par ,, une compassion indiscrette. Chapitre XXXIX. Tu dois laĂŹjser Ă Dieu le soin de ta conduite. I. ĂŹ /jsoN fils 1 remets toujours en- \/i ,, tre mes mains tout ce qui **- v te concerne; &jediĂpo- â ferai de tout pour le mieux, lefai- ,, sant rĂ©ussir lors qu'il en fera tems. ,, Atten mes ordres & les Ă©fets de ma j, volontĂ©;& tout ira trĂšs bien pour toi. 2. Seigneur! je tâabandonne de tout mon cĆur & avec beaucoup de joie le foin de ce qui me regarde ; car jere- connois de III. 269 connois par expĂ©rience que lors que je veux me garder, & me rĂ©gler par mes propres foins, je travaille inutilement. PlĂ»t Ă ta bontĂ© que jâeuĂĂĂš aisĂ©s de force,lors que je connois ce qui tâest agrĂ©able, que de mâofrir dâabord tout entier Ă ta Divine volontĂ©, fans raisonner ou me mettre beaucoup en peine touchant les consĂ©quences de lâavenir! Z. Mon fils ! souvent un homme se >, tourmente pour aquĂ©rir une chose j, quâil dĂ©sire avec ardeur; & quand il ,, la possĂšde, il sâen dĂ©goĂ»te, & chan- â ge de sentiment ; parce que les incli- ,, nations des hommes font inccnstan- â tes & changeantes j elles ne demeu- â rent pas les mĂȘmes ; mais elles paf- ,, fentdâun objet Ă son contraire. Ce â r/est donc pas une petite vertu que ,, de renoncer Ă foi-mĂȘme dans les plus â petites choses. 4. De vrai progrĂšs dâun homme dans â la piĂ©tĂ©, est de renoncer Ă fa propre ,, volontĂ©. Celui qui est dans le saint â renoncement Ă foi, est dans un Ă©tat â trĂšs libre 5 c assurĂ©; ce qui nâempĂȘche 5, pas que lâennemi ancien qui est con- M z traire X]Q De lâIlilTATlOK â traire Ă tous les Saints , ne le tente â encore par toutes sortes de moĂŻens ; 3> il lâattaque fans doute, il lui tend â des embĂ»ches jour & nuit pour le ,, faire tomber dans ses piĂšges lors qu il 3, ne le trouvera pas fur ses gardes. â d VeillĂ©s donc & priĂ©s, de peur que 3, vous riemrĂŹĂ©s en tentation, dit le Sei- 3, gneur. ĂĂŻ M dttk, 16. v, 4 ĂŻ* Chapitre XL. JJ Homme ria rien de bon ; c est Ă tort qu on le lotie. âąWĂJ EIGNEĂR I qriefl - ce que de O f homme que tu te souviennes de lui, & du fils de fhontme que tu le visites? Quâa mĂ©ritĂ©lâhomme pour reporter Ă lui donner ta grĂące ? Seigneur ! si tu veux mâabandonner, de quoi me pourrai - je plaindre ? Ou si tu me refuses ce que je redemande, avec quelle justice pourrois -je murmurer contre toi ? Certes, je puis bien & penser & dire avec vĂ©ritĂ© ; Mon Dieu ! je ne W p f 8. v. 5. de C&.40. 2J1 ne suis rien , je ne puis rien, je n ai rien de bon de moi-mĂȘme ; je manque de tout & en tout; je tends fans cesse Ă ce qui n est quâun nĂ©ant;& fĂŹ ta force ne me soutient & que ta grĂące ne mâenseigne dans lâintĂ©rieur, je fuis tiĂšde & tout lĂąche» L» Mais toi , Seigneur ! tu Ăšs toujours Je mĂȘme ; tu demeures dans toute ĂâĂ©ternitĂ© toujours bon , toujours juste, toujours saint. Tu disposes toujours de tes ouvrages avec bontĂ©, avec justice, avec saintetĂ©, & avec sagesse. Mais moi, qui fuis toujours plus portĂ© par le poids de ma fragilitĂ© Ă reculer quâĂ m a- vancer dans tes saintes voies, je ne puis toujours demeurer dans un mĂȘme Ă©tat; parce qssĂ©tant temporel, je fuis sujet L la variĂ©tĂ© & Ă la vicissitude des rems. Mon ame nĂ©anmoins ĂĂš trouve mieux , aussi-tĂŽtquâil te plaĂźt de me regarder favorablement &de me tendre ta main secourable ; car tu peux seul me secourir sans lâaide Ă©trangĂšre dâaucun homme ; ru peux mâafermir dâune telle forte que je ne fois plus sujet Ă prendre tant de diĂßéxens visages, 8c Ă changer si souvent ; A7Ăź DĂŻ lâImitation vent^mais que mon cĆur se tourne tout vers toi, & ne se repose quâen toi. z. Que si je savois bien renoncera toutes les consolations humaines , en considĂ©rant que ce renoncement me peut disposer Ă la ferveur delâesprit, ou que lâimpuisiance dâĂȘtre consolĂ© de Ja crĂ©ature, me contraint heureusement de rechercher le seul CrĂ©ateur ; sans doute que jâaurois sujet d'espĂ©rer de recevoir ta grace;&de me rĂ©jouir du nouveau don de tes divines consolations. 4 . Seigneur 1 je te rens grĂąces de tous les biens que jâai jamais eus, parce que câesttoi qui en Ăšs fauteur. Je ne fuis devant toi que le nĂ©ant & la vanitĂ© mĂȘme, quâun homme composĂ© de foibles- se 8c clâinconstance. Quel sujet ai - je donc de me glorifier ? Pourquoi dĂ©fiâ re-je quâon mâĂ©stime & quâon me lotie ? Est-ce Ă cause de mon nĂ©ant ? Il nây au- roit rien de plus vain que cette extravagance. O que la gloire humaine est ridicule ! ĂŽ la peste dangereuse ! ĂŽ l'Ă©- trange illusion ! Autant quâelle sâattri- buĂ«, autant dĂ©robe -1 - elle Ă la vraie gloire ; elle dĂ©pouille de grĂące ceux qui de Livr. TII. Ct. 40. 27 ] se revĂȘtent ĂĂącrilĂ©gement rhomme qui sâagrĂ©e&seplaĂźtĂ lui mĂȘme , dĂ©plaĂźt Ă tes yeux divins ; & pendant quâil aspire aux vaines louanges des hommes j il perd les biens vĂ©ritables & solides. 5. Il nây a point de vraĂźe gloire ni de joie sainte quâen se glorifiant non pas de soi-mĂȘme ni en soi, mais de toi, ĂŽ mon Dieu ! & en toi. Il nây en a quâen se rĂ©jouissant de tes perfections, & non pas de celles quâon croit avoir ; &qu en ne trouvant de joie en aucune que pour l'a- mour de toi. Due ton Nom soit loiiĂ©, Lc non pas le mien 1 que tes Ćuvres soient Ă©stimĂ©es & non pas les miennes que ton trĂšs-saint Nom soit bĂ©ni,& que je nâaĂŻe jamais de part aux louanges des hommes ! Tu Ăšs ma gloire ; tu Ăšs la joie de mon cĆur. Je me glorifierai & me rĂ©jouirai de toi seul tout le temsde ma vie; & pour moi, a je ne me glorifierai que de mes infirmitĂ©s & de mes foiblesfes 6 . Queles hommes cherchent, comme les Juifs faisoient autrefois , {bj la M 5 gloi- 00 l. Cs r. n, v. b Jean. v. 44, 2^4 Or t? Imitation gloire qu ils se dament mutuellement ; pour moi je ne chercherai que celle qui vient de Dieu toute la gloire humaine , tout shonneur temporel, toute grandeur mondaine, auprĂšs de ta gloire Ă©ternelle,sinon pure vanitĂ© & folie ? O vĂ©ritĂ© qui mâenseigne ! ĂŽ misĂ©ricorde qui me soutient ! ĂŽ mon Dieu Ăź TrinitĂ© heureuse ! Quâil nây ait que Toi seul qui sois louĂ©, honorĂ©, exaltĂ©, & glorifiĂ© ; & que ce soit pour jamais Si dans tous les siĂšcles. Chapitre XLI. Laisse toi mĂ©priser , c est ce que tu mĂ©rites. l."\ yfONfils! netâatristepointde JX/I ,, voiries autres honorĂ©s ,, Ă©levĂ©s en dignitĂ©, & que ,, pour toi tu Ăšs rejettĂ© & ,, ve ton cĆur au ciel vers moi, & le ,, mĂ©pris des hommes de la terre ne ,, tâaflĂŹigera point. 2. O Seigneur ! quenoussommes aveugles, & promts Ă nous laisser sĂ©duire par la vanitĂ© ! Si je considĂšre bien de J. Christ. C&.41. 27;' bien ce que je suis, je vois clairement que quelque traitement que lâon me fasse, on ne me sautoir jamais faire aucun tort ; Lc que je nâai pas la moindre raison du monde de me plaindre de toi ni dâaucune crĂ©ature, comme sijemĂ©ri- tois dâĂȘtre mieux traitĂ©. Au-contraire je mĂ©rite que toutes tes crĂ©atures sâar- ment contre moi pour me fraper 8c pour me dĂ©truire , parce que je me fuis rĂ©voltĂ© trĂšs-souvent contre toi, ĂŽ CrĂ©ateur ! par f excĂšs de mes pĂ©chĂ©s. Ainsi, il est trĂšs-justeque la honte & le mĂ©pris soitmon partage, & que tu sois louĂ©, honorĂ©, & glorifiĂ© en tout. Jesai, Seigneur ! par la connoissance que tu m'as donnĂ©e, que je ne suis vĂ©ritablement dispose Ă ĂȘtre mĂ©prisĂ© & rĂ©jettĂ© de toutes les crĂ©atures, jene ferai jamais affermi dans la paix, ni Ă©clairĂ© parfaitement par ton Esprit , ni pleinement uni Ă toi. M 6 Cha De lâImitation Chapitre XLII. JVâaĂŻes d'ami qu'en Dieu, n aime rien que lui seul. ON fils! si TamisĂ© & lâunion ,, que tu as avec quelquâun j s est fondĂ©e fur ce quâil a ,, les mĂȘmes fentimens que toi,& quâil ,, sâaccommode Ă tes opinions & Ă ta â conduite, tu nây trouveras point de ,, fermetĂ©, ni de tranquillitĂ©. Mais si â tu as Ă©gard Ă la vĂ©ritĂ© qui est vivan- 3 , te Ă©ternellement Sc qui ne change ja- j, mais, le dĂ©part ou la mort de ceux ,, que tu te feras rendus amis par cette ,, considĂ©ration ne tâalstigerapointzpar- ,, ce que lâamour que lâon a pour un â ami doit ĂȘtre fondĂ© en moi, Lc câest ,, pour moi que tu dois aimer tous ,, ceux qui te parodient vertueux, Si 5 , qui te font lesplus chers dans cette s, vie. Sans moi nulle amitiĂ© nâest ni 5 , valable, ni durable; Lc lâamour qui ,, lie les personnes nâest ni vĂ©ritable,ni 3, pur, si je ne fuis moi-mĂȘme le nĆud ,, qui les lie. Tu dois ĂȘtre tellement 3 mort Ă TaffeĂion des personnes que tu d de ]. 42 . 277 â tu aimes, que tu fois content dâĂȘtre , », pour ce qui te regarde, sĂ©parĂ© dâel- ,, les pour jamais. Moins on adâatta- â ehe au soulagement que son trouve », dans les crĂ©atures, plussâaproche-t- », on du CrĂ©ateur. Plus aussi une per- », sonne qui se recueille & qui sent son ,, nĂ©ant, se trouve basse & abjecte,plus », sâĂ©lĂšve-t-elle vers Dieu. 2. Celui qui sâattribuĂ« quelque bien, ,, empĂȘche que ma grĂące ne se rĂ©pan- ,, de en lui; parce que la grĂące da St. â Esprit ne cherche que les cĆurs qui », font humbles & fans bonne opinion â dâeux-mĂȘmes. Si tu ĂĂ vois tâanĂ©antir », parfaitement, &vuiderton cĆur de â lâamour des crĂ©atures, je viendrois â dans toi avec Fabondance de mes gra- ,, ces. Cette vue que tu jettes fur les », crĂ©atures, tâempĂȘche de voir le CrĂ©a» â teur. Apren Ă te vaincre en tout Ă ,, cause de ton CrĂ©ateur, & ii te rem- â plirade sa divine connoissance. Tu â ne saurois aimer dĂ©sordonnĂ©ment la ,, moindre chose qui soit au monde,ni ,, arrĂȘter ta vue fur elle , fans ĂȘtre re- ,, tardĂ© dans ta course vers le souve- M 7 â rain 278 De lâ Imitation â rain bien, & sans souiller ton cĆur ,, de pĂ©chĂ©. Chapitre XLIII. Dieu rend intelligcns les petits & les I. A X ON fils ! nâaĂŻe point dâĂ©gard \/ ,, Ă lâĂ©lĂ©gance des paroles ni ~ ,j Ă la subtilitĂ© des discours â des hommes. Car a le Roiaume de ,, Di u nc conĂfle pas dans des paroles, 3 , mais dans la ai attention Ă mes ,, paroles qui embrasent les cĆurs, & ,, qui illuminent les Ăąmes; qui brisent â lâesprit& qui le consolent. Nelija- â mais ma parole pour en paroĂźtre ou â plus savant ou plus sage devant les ,, hommes. Etudie toi Ă faire mourir ,, tes vices; cela te fera incomparable- ,, ment meilleur que la connoissance 33 des questions les plus difficiles. 2. Lors-que tu as lu beaucoup & que 3, tu connois beaucoup, tu dois rapor- â ter le tout Ă une feule chose,savoir Ă 33 moi,qui suis le Principe de 33 moi a 4. Ăź 1 . Ăź. DE 279 ,» moi qui enseigne aux hommes la vĂ©- 3 ritable sience, & qui communique ,, plus de lumiĂšre ĂC ^intelligence aux 3, humbles & aux petits, que tous les 33 hommes ne leur en sauroient donner. 33 Celui Ă qui }e parle intĂ©rieui ement, 33 est bien-tĂŽt sage & avancĂ© dans 'a vie 33 Ă ceux qui cher- 33 chent Ă satisfaire leur curiositĂ© dans 33 les sciences humaines 3 & qui ne se 33 mettent point en peine de me servir ! 33 Un jour viendra que le Souverain 33 Docteur & MaĂźtre 3 JĂ©sus le Roi des 33 Anges, paroĂźtrapour oiiir chacun re- 3, citer ses leçons, je veux dire, pour 3, examiner ĂŹâĂ©tat de toutes les con- â sciences. Alors a on cherchera avec 3, des lampes dans les lieux les plus secrets â de JĂ©rusalem, & ce qui Ă©toit cachĂ© dans â les tĂ©nĂšhrisparoitra fi Ă©videmme nt Ă la ,, lumiĂšre. que les langues seront muet- ,, te s & confuses,& tous leurs discours 3, & leurs raisonnemens renversĂ©s. z. JâĂ©lĂšvesihaut lâesprit humble en 3, un moment, 6c lui fais incompara- ,, blement plus comprendre de vĂ©ritĂ©s ,, Ă©ternelles,5c dâune maniĂšre plus ex- a Sophon, i,v. 11, 4.».y. n i&o De r/I mit'ation ,, cellente quâun hommejqui auroit Ă©tu* », diĂ© un grand nombre a annĂ©es dans â les AcadĂ©mies les plus cĂ©lĂšbres,nâen ,, pourroit savoir. Jssenseigne sans bruit â de paroles , fans confusion dâopi- », nions, sansambition d'honneur,sans â combats dâarguments. Jâenseigne Ă ,, mĂ©priser le monde ; f aprens Ă se dĂ©- », goĂ»ter des choses prĂ©sences, Ă cher- », cher & Ă goĂ»ter les Ă©ternelles, Ă fuĂźt », les honneurs, Ă soufrir les scandales, », Ă mettre en moi seul toute son espĂ©- », rance, Ă ne dĂ©sirer rien hors de moi, ,, &Ă mâaimer ardemment par dessus », toutes choses. 4. Il y en a qui en m'aimant de tout â leur cĆur ont apris les mistĂšres les â plus divins & en ont parlĂ© dâunema- ,, niĂšre admirable. Us ont plus profitĂ© ,, en renonçant Ă toutes choses, quâen ,, sâapliquant Ă toute la subtilitĂ© de lâĂ©- â tude. Mais je ne me communique ,, pas Ă©galement Ă tous; j'enseigne aux ,, uns des choses gĂ©nĂ©rales, &Ă dâau- ,, tres de plus particuliĂšres. Jâinstruis ,, agrĂ©ablement les uns par des ombres â & par des figures 3 & les autres par â une vr J. Christ. Ch 44. 281 iĂŹ une clartĂ© toute lumineuse qui leur >, fait voir mes secrets les plus cachĂ©s â aux hommes Quoi que mes livres di- ,, sent Ă tous la mĂȘme chose,ils ne font â pourtant pas la mĂȘme impression â dans tous; parce quâil nây a que moi ,, qui mette la vĂ©ritĂ© dans iâame , qui â pĂ©nĂštre le fond du cĆur, cpi con- â noilse les pensĂ©es, & qui opĂ©rĂ© intĂ©- 5, rieurement, donnant Ă chacun telle â portion de mes grĂąces quâil me plaĂźt. Chapitre XLIV. 21 faut mourir au monde afin Savoir ma paix. On hls! tu dois te conduire 1VA â en beaucoup de choses com- ,1 me fĂŹ tu ne les savois pas, & te consi- â dĂ©rer comme un homme mort fur la 5, terre, a Ă qui tout le monde efl cru- â cifiĂ© .Tu dois aussi ĂȘtre sourd Ă beau- â coup de paroles,& ne faire attention â qu'a ce qui regarde la paix intĂ©rieure â de ton cĆur. U vaut bien mieux dĂ©- 3, tourner tes yeux de dessus les choses â qui fr Gai. 6. V. 14. 28r De lâImitatioh ,, qui te dĂ©plaisent, & laisser penser Ă â chacun ce quâil lui plaĂźt,que de sâem- ,, harasser dans des contestations & des ,, disputes. Si tues bien dâacord avec ,> Dieu, & que tu considĂšres quâil te â jugera un jour, tu nâauras point de ,, peine Ă soustir quâon te tienne pour ,, vaincu, & quâon prĂ©fĂšre les raisons â des autres aux tiennes. 2. HELAS Seigneur! oĂč en sommes nous ? Nous pleurons amĂšrement une perte temporelle^nous travaillons, nous courons de tous cĂŽtĂ©s pour un petit gain j mais on ne veut pas penser Ă la perte que Ton fait de son ame,& câest rarement quâon daigne y faire quelque rĂ©flexion. On a beaucoup de soin de ce qui ne sert que de peu, ou de rien du tout, & on nĂ©glige ce qui est de la derniĂšre importance ; parce que lâhomme se rĂ©pand entiĂšrement sur les choses visibles & extĂ©rieures, & il y cherche absolument son repos , si tu ne lui donnes la grĂące de se convertir» de Livr, III. C/ 28; lili Issir f/ii isĆ 1;;. iĂ as & Chapitre XLV. GÂŁuou se repose en Dieu sans conter fur les hommes, I ,a TT~\Onne-nous, Seigneur ! ton se- JL/ cours, pour sortir hors de dĂ©tresse car le secours de l'homme riest que ĂŹ vanitĂ© . Combien de fois ai-je Ă©tĂ© trompĂ© en ne trouvant point de fidĂ©litĂ© oĂč jâeĂpĂ©rois en trouver ? Combien de fois en ai - je trouvĂ© oĂč je nâen attendois point ? Câest donc en vain que lâon espĂšre quelque chose des hommes ; aussi les justes nâespĂšrent rien que de toi seul. BĂ©nisois-tu, ĂŽ monSeigneur 8c mon Dieu ! dans toutes les choses qui nous arrivent de ta part. Jette les yeux fur nĂŽtre foibleffe 8csur nĂŽtre inconstance, qui nous exposent Ă tant de chutes 8c de changemens. 2. OĂč est lâhomme qui se tienne sur ses gardes avec tant de circonspection, quâil ne tombe jamais dans quelque surprise ou dans quelque peine d'eO- prit qui lâinquiĂšte ? Mais ĂŽ Seigneur ! celui 00 ?/. 60 . V. zF. 284 Dr lâImitation celui qui met sa confiance en toi, & qui te cherche sincĂšrement dans la simplicitĂ© de son cĆur, ne fera point sujet Ă ces sâil arrive quâiltoro- be dans quelque semblable accident, quelque engagĂ© quâilysoit, il en sera dĂ©livrĂ© bien-tĂŽt & consolĂ© par ta grĂące; parce que tu nâabandonnes point ceux qui espĂšrent en toi avec persĂ©vĂ©rance. On trouve rarement un and fidĂšle qui nâabandonne pas son ami dans les maux les plus grands & les plus pressans, Mais toi, Seigneur 1 tu Ăšs un ami trĂšs- fidĂšle en toutes les rencontres, &il n r y en a point de pareil Ă toi, z. O ! que cette sainte ame Ă©toit divinement sage, qui disoit dâelle avec vĂ©ritĂ©, sfesuis afermie, je suis fondĂ©e dans le Seigneur ffĂ©fus ! Si je pouvois me rendre avec vĂ©ritĂ© le mĂȘme tĂ©moignage, je ne serois pas si facilement Ă©mu par des craintes humaines ; ni parles paroles & les injuresles plus piquantes. Ya-t- il quelcun qui puiĂse prĂ©voir tous les mauxauxquels nous sommes exposĂ©s & se bien prĂ©munir contrâeux ? Si nous en sommes si touchĂ©s lors qu ils nous K va ac; 1 ° tu ai k m fa Ci Si n 1 v tt j c i Ă DE Ch. 45. L? Z arrivent aprĂšs les avoir prĂ©vus auparavant, comment nâen serons nous pas acablĂ©s sâils sondent sur nous Ă lâim- pourveu ? MisĂ©rable que je luis ! pourquoi ne pren-jepas la prĂ©caution qui est la plus seure contre tant de maux , en nsabandonnant Ă Dieu ? Pourquoi ai-je pris si aisĂ©ment ma confiance dans les hommes ? En vĂ©ritĂ© nous ne sommes que des hommes, &des hommes fragiles, quoi que nous passions pour des Anges dans /estime de plusieurs. Sur qui donc me dois-je fier, Seigneur mon Dieu! sinon fur toi seul? TuĂšsla vĂ©ritĂ© ; mais {a tout homme efi menteur, foible, & inconstant ; il est si sujet Ă tromper & Ă dĂ©mentir ses paroles, quâon ne doitpassây rendre facilement, quoi que ce quâil dise ait ĂŹâaparence de la vĂ©ritĂ©. 4. O Dieu ! queĂźes advertissemens que tu nous as donnĂ©s font pleins de sagesse ! b DonnĂ©s vous de garde des hommes, nous as - tu dit ; & encore, Les domestiques de Ăhomme seront ses propres eme* OOP/. 116. v, II. 286 De l Imitatio» ennemis; {aLors qu'on vous dira;le Christ, est ici, ou il est lĂ , ne le croies pas. Jâai apris ces vĂ©ritĂ©s Ă mon domage;8c Dieu veuille quâau lieu de demeurer toujours dans ma folie, jâen devienne plus sage 8c plus circonspect Ă lâ homme me recommandera souvent avec beaucoup dâinstances de tenir cachĂ©e une chose quâil ne pourra lui-mĂȘme tenir sĂ©crĂ©tĂ©, mais il ira incontinent le- venter, abusant ainsi de ma crĂ©dulitĂ©, Lc de fa parole. Garde moi, mon Dieu! de toutes ces illusions, 8c de ces personnes legeres 8c imprudentes; de peur que je ne tombe entre leurs mains, ou que je ne devienne semblable Ă eux. Affermi dans ma bouche la paroi e de la vĂ©ritĂ© , 8c Ă©loigne de moi la langue trompeuse. Fai moi la grĂące de ne pas commettre moi-mĂȘme ce que je ne puis soufrir en un autre. f. O ! quel avantage 8c quelle paix, que de ne point parler de ce qui regarde les autres ; de ne point croire aisĂ©ment tout ce quâon entend; de ne se pas plaire Ă faire de longs discours ; de dĂ©couvrir Ă peu de personnes les secrets a Mstth. Ă dtl toĂȘ cet r»- pli w ce ho Ăec iv tĂš ! ti ; Ă m ĂŹ ĂŹ Ă d K Ă - P. ! »kĂ . pks; '.litt ives n UiĂ vnJ Cift; Ej; snb fflllLV ĂĄlĂic ib iitr. f? K 3 » de 287 de son cĆur ; de te rechercher & t avoir toujours devant les yeux comme celui qui connoit le fond de nĂŽtre cĆur ; de ne se pas laisser emporter Ă lâinconstan- ce dĂšs paroles des hommes ; mais de souhaiter uniquement que tout se faste au-dedans & au - dehors selon le bon plaisir de ta sainte volontĂ© ! O ! lâassurĂ© moĂŻen pour conserver dans son cĆur la grĂące cĂ©leste, que de fuir tout ce qui a de lâapparence 8 c de lâĂ©clat devant les hommes» 8 c de ne point dĂ©sirer les choses qui nous rendent remarquables 8 c recommandables au dehors ; mais plĂ»- tĂŽt de sâapliquer uniquement Ă celles qui peuvent servir Ă nous rendre meilleurs» 8 c Ă augmenter la ferveur de nĂŽtre piĂ©tĂ© ! O ! combien y a-t-il de personnes Ă qui leur propre vertu a Ă©tĂ© funeste pour avoir Ă©tĂ© connue 8 c louĂ©e mal Ă propos ! Quâil est avantageux de conserver la grĂące dans le silence en cette vie fragile, qui nâest qu une guerre & une tentation continuelle sur la terre ! 288 De lâImitaĂŻion Chapitre XLVI. Laisse juger le monde , & voi ce que Dieu juge. l. It ON fils ! demeure ferme, & jLVJ. â espĂšre en que font â toutes les paroles des hommes que ,, du vent ? Elles battent 1 air, mais el- », les ne peuvent Ă©branler la fermetĂ© de â la tu Ăšs vĂ©ritablement cov- ,, pable de ce quâon dit de toi, prende ,, lĂ occasion de tâen corriger ; & si tu », Ăšs innocent,pense Ă soufrir avec joie ,, poiirlâamour de que tune ,, peux encore soufrir les coups, au â moins apren Ă soufrir quelquefois Ăź, des paroles. Pourquoi de si petites », choses tepiquent-ellesjusquâau vif, ,, sinon parce que tuĂ©s encore charnel, ,, & que tuas plus dâĂ©gard auxhom- â mes que tu ne devrois?Tu crains dâĂȘ- â tre mĂ©prisĂ© d'eux; & câest pour cela ,, que tu ne veux pas quâon terepren- ,, ne de tes fautes, & que tu cherches p, toĂ»jours des excuses pour les couvrir, a. Mais considĂšre toi mieux que tu AA n ĂąS »a 7 j. 46. 289 55 nâas fait jufquâĂ prĂ©sent, & tu verras â que ie monde vit encore dans toi,& â que tu Ăšs encor ailes vain pour dĂ©- », sirerde plaire aux hommes. Tune », saurois mieux prouver que tu nâĂšs », pas vraiement humble , que tu nâĂšs â pas mort au monde, & que le mon- yy de ne tâest pas crucifiĂ©, quâen fu'Ăant, y, comme tu fais, dâĂȘtre abaiffĂ©, d etre â repris, & de recevoir de la confu- », sion de tes fautes. Ecoute donc ma â parole autrement que tu nâas fait, 8c yy toutes les langues & les paroles ne yy te toucheront point. Di moi un peu, », quand le monde publieroit pour te », noircir tout ce que la calomnie peut », inventer de plus malin, quel mai te », feroient toutes ces mĂ©disances si tu », les laiĂĂŹbis palier & emporter par le »> vent comme un peu de paille? En » tomberoit-il un cheveu de ta tĂȘte? ' Z. H est vrai que celui dont le cĆur» â au lieu dâĂȘtre appliquĂ© Ă la considĂ©ra- â tion de son intĂ©rieur, est tout rĂ©pan- », du au dehors,& qui nâa pas Dieu de- », vant les yeux,fe choque incontinent u de la moindre parole de blĂąme quon N yy Id Ăź90 De lâ Imitation ,, lui dir, mais celui quĂźaĂŻant renoncĂ© ,, Ă son propre jugement, nesâapuĂŻe ,, que fur moi seul, ne craindra rien, ,, quoi que les hommes puissent dire ,, ou faire contre lui. Car je fuis le Ju- ,, gedetqus; je connois ce quiestca- ,, chĂ© dans les cĆurs de tous; je faĂ ,, comment toutes les choses fe font ,, passĂ©es;je connois celui qui a le tort, ,, & celui qui le soufre. Jâai permis que ,, tout ce qui tâa Ă©tĂ© dit & fait en cette ,, rencontre, arrivĂąt ainsi, aafinque ,, les pensĂ©es de plusieurs fe manifestassent. ,, Je jugerai le coupable & lâinnocent ,, au dernier jour ; mais il mâa plu au- ,, paravant de sonder fun& lautre par ,, un jugement secret & cachĂ©. 4. Le tĂ©moignage que leshommes ,, donnent, eft trompeur; mais mon ,, jugement est vĂ©ritable, il est ferme, ,, & ne sera jamais renversĂ©. Il est ca- ,, chĂ©; &ilnâya que peu de gens qui - ,, voient comment je juge des hommes j ,, & des choses humaines bien autre- > â ment que lâon ne pense ; nĂ©anmoins ,, il est fans erreur,& il ne fe peut trom- -, per, a I x>e Cfj.^6. 20l , per , quoi quâil ne paroisse pas droit , auxyeux des insensĂ©s. Câest donc Ă , moi que lâon doit avoir recours dans , tous les jugemens qui se peuvent fai- , re de toutes ks choses qui font fur la , terre, fans sâapuĂŻer fur son propre , sens. Le juste ne sera point Ă©fraĂŻĂ©, , quoi que Dieu permette qu il lui ar- , rive. Il ne se mettra point en peine , des jugemens injustes quâon fera de , lui ; Lc ne se rĂ©jouira pas beaucoup , sâil voit que dâautres prennent son , parti pour le dĂ©fendre raisonnable- , considĂšre que [a je r uĂ» celui , qui sonde les cĆur s & les reins, & qui , ne juge point selon le dehors & se- , Ion ce qui paroit aux yeux des hom- , mes. Car trĂšs souvent j c blĂąme & je » condamneçe queleshommesjugent , bon & louable. f. Seigneur mon Dieu ! juste Juge, fort & patient, qui connois parfaitement la fragilitĂ© & la corruption des hommes, fois ma force & tout mon apui ; car ma conscience ne Ăufit pas pour me dĂ©fendre & pour me rendre N a inno- 00 Apo fl. ij. 2$2 DĂ©limitation innocent. Tu vois dans moi ce que je nây vois pas moi mĂȘme ; câest pourquoi jâai sujet de mâhumilier toutes les . fois que lâon me reprend & que lâon me blĂąme, & je dois fuporter tout avec douceur. O mon Dieu / pardonne moi tous les pĂ©chĂ©s que jâai commis toutes les fois que je nâai pas agi de la forte; & me fai la grĂące que dĂ©formais jâa- prenne mieux Ă foufrir. Je recherche plutĂŽt lâabondance de tes misĂ©ricordes pour obtenir le pardon de mes pĂ©chĂ©s , que non pas la prĂ©fomtion de ma propre justice pour justifier ma conscience, dont je ne comtois pas bien la corruption. Ăa Car quoique je ne me sente coupable en rien, je ne suis pas pour cela justifiĂ© . En Ă©fet, si fans avoir Ă©gard Ă ta misĂ©ricorde , tu veux nous juger Ă la rigueur, b nul homme ne fera justifiĂ© devant toi. & tâa'oaif* », ferais jusquâĂ choisirais plĂ»- ,, tĂŽt dâĂȘtre le dernier de tous que dâe- », tre prĂ©fĂ©rĂ© Ă qui que ce puisse ĂȘtre. ,» Tu ne dĂ©sirerais ni les beaux jours ,, ni le bon tems de cette vie ; mais », tu aimerais mieux foufrir pour lâa- », mour de Dieu toutes les traverses », quâil lui plairait de tâenvo'ier. Tu », tiendrais pour un trĂšs grand avanta- ,, ge dâĂȘtre mĂ©prisĂ© & tenu pour rien ,, entre les hommes. 4. O si tu trouvais du goĂ»t en tou- », tes ces choses,& quâelles te touchas- », sent le cĆur'.Comment oserois-tu te ,, te plaindre tant soit peu de quoi qui ,, tâarrivĂąt? Quoi donc ! ne faut-il rien ,, foufrir, ou plutĂŽt,ne faut-il pas tout ,, foufrir pour la vie Ă©ternelle ? Est-ce ,, si peu de chose que de perdre ou dâa- â quĂ©rir le RoĂŻaume de Dieu ? LĂšve N 4 les 2 , p 6 De ^Imitation j ,, les yeux en Ă moi; re- ' [ ,, garde Ă mes Saints, qui onĂź Ă©tĂ© dans 1 p â ce monde en de grands combats, & ,, qui les ont soutenus avec courage, ^ m s. Voici ils font maintenantdans la joie jc dans la consolation; ils font dans t; ,, la seuretĂ© 8 C dans le repos, & ils de. Ăź â meureront Ă©ternellement avec moi i ,, dans le Roiaume de mon PĂšre, i _________ ÂŁ Chapitre XLVIĂI. Parmi les maux prĂ©fens pense aux biens Ă venir . I, HEUREUSE demeure de la citĂ© cĂ©leste! O jour lumineux de rĂ©ternitĂ©, que la nuit du pĂ©chĂ© nâob» fcurcit point, mais que la vĂ©ritĂ© souveraine Ă©claire incessamment ! O jour de joie sainte & interminable ! jour assurĂ© contre les chutes & lâinconstance ! PlĂ»t Ă Dieu que tu fusses prĂ©sent, & que ces choies temporelles fustent disparues ! Il est vrai que ceux qui font ĂĂ ntifiĂ©s jouissent dĂšs ce monde de ta clartĂ© Ă©ternelle ; mais ils n'en jouissent que comme de loin ; ils n y participent que de Ci j. 48. 25 7 - que comme par le moĂŻen dâun miroir pendant quâils voiagent fur la terre. z. Il nây a que les CitoĂźens de la JĂ©rusalem cĂ©leste qui connoisfentbien la joie dont elle est comblĂ©e , pendant que les EnĂans d ! Eve gĂ©miĂlent dans le sentiment des peines & des amertumes de leur jours de cette vie mortelle font courts & mauvais, douleurs & de misĂšres. Lâhomme y est souillĂ© par une infinitĂ© de pĂ©chĂ©s, enchaĂźnĂ© par une multitude de pallions, tourmentĂ© par beaucoup de craintes, embarafĂe de mille soucis, dissipĂ© par la curiositĂ©, possĂ©dĂ© par la vanitĂ©, aveuglĂ© par Terreur, abatu par les travaux, accable parles tentations, amolli par les dĂ©lices, & tourmentĂ© par la pauvretĂ© &par la disette,. HĂ©las T quand ces maux siniront- ils pour moi? hĂ©las! quand Ăâerai-je dĂ©li- fĂvrĂ© de la malheureuse servitude des vices ? quand viendra le tems oĂč toutes choses Ă©tant oubliĂ©es pour moi, je ne penserai plus qu'Ă mon Dieu, & ne me rĂ©jouirai plus que de mon Dieu?Quand Ăerai-je dĂ©livrĂ© de mes chaĂźnes, de tous N 5 \ es 2$$ De iâImitatios les obstacles que je trouve Ă ma liberté» de ce qu il y a dans mon corps & dans mon ame qui mâempĂȘche dâĂȘtre tout Ă Dieu ? Quand aurai-je une paix solide avec Dieu j une paix qui ne puisse plus ĂȘtre troublĂ©e; une paix intĂ©rieure & extĂ©rieure ; une paix ferme & qui ne cesse jamais ? O! mon Sauveur trĂšs-misĂ©ri- cordieux , quand serai-je afermi dans la saintetĂ© parfaite pour voir ta face en justice ? Quand verrai-je rĂ©tablissement de ton RoĂŻaume dans moi & hors de moi ? quand seras-tu mon tout en toutes choses ! Quand serai-je uni Ă toi dans le RoĂŻaume que tu as dĂ©stinĂ© dĂšs TĂ©ternitĂ© Ă tes amis ? Regarde, je fuis ici abandonnĂ© comme un pauvre banni» vagabond dans une terre dâennemis,oĂč la guerre est continuelle, & les maux fans mesure &ĂĂąns nombre. 4. Je ne soupire quâaprĂšs toi, Seigneur ! console moi dans mon exil & modĂšre mes maux. Tout ce que le monde me peut prĂ©senter pour me rĂ©jouir m'est pĂ©nible. Je dĂ©sire ardemment de jouĂŻr de toi dans mon ame» mais je ne puis atteindre jusquâĂ toi pour bi J. Chris r. Ch. 48. 299 pourtâembrasser. Je dĂ©sire de mâĂ©levet & de mâattacher aux choses spirituelles & cĂ©lestes; mais les temporelles^ mes passions qui font encore vivantes, me traĂźnent eh bas, &mâylient. Jevou- drois bien selon lâEsprit ĂȘtre Ă©levĂ© au dessus de toutes choseszmais la foibles- se de la chair me contraint dây ĂȘtre soĂ»- mis malgrĂ© moi. Ainsi, misĂ©rable que je suis, je me combats moi-mĂȘme, &je fuis insuportable Ă moi-mĂȘme, parce que lâeĂprit tend en haut > 6c la chair en bas. .5. O quelle peine ne Ăoufre-Je pas lors que mĂ©ditant dans lâoraison des choses spirituelles & cĂ©lestes, je me vois tout dâun coup prĂ©cipitĂ© dans la boite des pensĂ©es terrestres & charnelles ! O mon Dieu 1 {a net Ă©loigne f oint de moi t ne te dĂ©tourne point de ton serviteur en ta colĂšre. Lance tes Ă©clairs & tes fou âą= Ares , & dijfipe toutes ces illusions. Tire tes flĂšches , & dĂ©trui ces pensĂ©es ennemies. Uni tous mes sens Ă toi ; fai moi la grĂące que jâoublie toutes les choses du monde, que je rejette & mĂ©- N 6 prise * P/. 2,7. v , 9> & iS, v. 15» ĂŹoo De lâĂmitatioĂźj prise les premiĂšres impressions du pĂ©chĂ©, & quâelles ssefacent incontinent dc mon esprit. VienĂ mon aide, VĂ©ritĂ© Ă©ternelle, afin oue je ne fois point Ă©branlĂ© par la vanitĂ© temporelle.. Plai sir chaste & divin, fai toi goĂ»ter Ă mon ame, afin que TimpuretĂ© des plaisirs du monde sâĂ©vanouĂŻsse de devant toi. Par- donne-moi, mon Dieu ! St u st envers moi de misĂ©ricorde, toutes les fois que je pense Ă autre chose qu a toi dans mes priĂšres. Je te confesse que câest une faute qui mâarrive souvent. Souvent je ne fuis pas oĂč est mon corps ; mais mort esprit est ailleurs oĂč 1 Ă©garement de mes pensĂ©es & de mes inclinations m'entrainent; & ce qui me plait naturellement, ou que l'aceoutumance rn'a rendu agrĂ©able, se prĂ©sente souvent Ăl aisĂ©ment Ă moi. 6-, Câest pourquoi, ĂŽ VĂ©ritĂ© in créée! tu nous as dit en termes trĂšs - clairs , {a Oh est vĂŽtre trĂ©sor , lĂ est auflĂŹ vĂŽtre cĆur. Si donc jâaime bien les choses spirituelles,' sâil est vrai que je prenne pour mon trĂ©sor les choses cĂ©lestes, jây dois Manb, 6 bernacle de ton corps , afin que tu â puisses contempler ma lumiĂšre Ă ,, plein & fans obstacles , tu dois ou- ,, vrir ton cĆur, lâĂ©tendre, & em- j, brasser de tous tes dĂ©sirs cette sainte ,, inspiration. Ren grĂąces Ă ma fou- â veraine bontĂ©, qui daigne bien te ,, favoriser de la forte, te visiter si ,, agrĂ©ablement , tâanimer par des s, mouvemens si vifs , tâĂ©leverparune â main si puissante , de peur que ta ,» propre pesanteur ne te fasse enfoncer ,, dans la terre. Pren bien garde que 5 > tu nâattribuĂ«s ces bons Ă©fets Ă tes â Ă©forts ou Ă tes pensĂ©es ; car ils ne ,, viennent que de la pure mifĂ©ricor- ,, de & du bon plaisir de DieUjasin que â tu prennes courage en tâavançant â dans la saintetĂ© & dans f humilité» » hue ru te prĂ©pares sux combats Ă ve- â nir; sr Livr. III. Ch. 45. jof ,, nir,& que tu tâĂ©forcespour tâattacher ,, Ă moi de toutes les affections de ton â cĆur, & pour mâobéïr avec une ar- â dente volontĂ©. 2 . Mon fils! souvent le feu brĂ»le» », mais sa flamme ne monte pas fans â fumĂ©e, jl y a aussi beaucoup de gens ,, qui poussent vers le Ciel des soupirs », brĂ»lans, qui nĂ©anmoins ne font pas ,, Ă©purĂ©s du malheureux Ă©gard Ă eux- ,, mĂȘmes Lc Ă la â bien qu'ils demandent Ă Dieu avec â beaucoup dâardeur & de zĂšle les cho- »> ses cĂ©lestes, leurs dĂ©lĂŹrs font impurs; â parce quâils ne cherchent pas la feule â gloire de Dieu dâune maniĂšre toute â pure & toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Câestun », dĂ©faut qui se trouve souvent dans tes â priĂšres & dans les soupirs que tu mâa- ,, dresses avec tant dâardeur &dâimpor- ,, tunitĂ©; Car tout ce qui estinfectĂ© par ,, l'amourpropre & par lâĂ©gard au pro- ,, pre avantage, nâest ni pur, ni parfait, z. Demande moi, non pas les cho- â ses qui te font agrĂ©ables & avanta- ,, geuses^mais celles qui me plaisent & â qui font pour ma gloire ; car tu dois bien 3 z »4 De l'Imitation -, bien juger quâil est juste que tu prĂ©~ ,> fĂšres ma volontĂ© Ă tes dĂ©sirs Sc Ă tout ,, ee que tu. souhaites j St que tu dois. ,, quiterlâĂ©gard Ă toi pour suivre mon », bon-plaisir. Je saibien ce que tu dĂ©- s y sires, je vois bien aprĂšs quoi m scĂ»- » pires si souvent. Tu voudrois dĂ©ja » ĂȘtre dans Ăźa libertĂ© de la gloire des » enfans de Dieu-, ton plaisir seroit dâĂȘ- », tre dans la maison de TĂ©ternitĂ© & dans » la cĂ©leste patrie qui est pleine de joie; â mais lâheure nâest pas encore venue ; ». il y a encore un sems Ă palier,un terris » de combat & de guerre ; un rems de. » travail 8c d Ă©preuve. Tu dĂ©sires dâĂȘ- » tre rempli du souverain bien, mais » ce nâest pas en le dĂ©sirant par raport » Ă ta volontĂ©. & Ă ton avantage que » tu y atteindras. Le souverain bien. » est moi-mĂȘme & ma volontĂ© ; ?.t- » ten moi donc, atten ma volontĂ©> » juĂquâĂ ce que leRoiaumede Dieu » vienne dans toi. 4 . Tu dois encore passer parbeau- » coup dâĂ©preuves dans ce monde ; tu » y dois encore ĂȘtre exercĂ©en beaucoup » de rencontres. Quelquefois je te se- Ch. 45?. 505 â rai sentir mes consolations ; mais il â ne te fera pas donnĂ© dâĂȘtre pleine- ,, mentraffasiĂ©. Fortifie toi donc,& sois ,; courageux, tant pour agir, que pour j, soufrir les choses qui font contraires ,, Ă la nature. Tu dois te revĂȘtir de ,, rhomme nouveau ; tu dois ĂȘtre chan- â gĂ© en un autre homme. Tu dois sou- ,, vent faire ce que tu ne voudrois pas; â &ne pas faire ce que tu voudrois. ,, Tu verras rĂ©ussir les defleins & les â dĂ©sirs des autres ; & que les tiens ne â prospĂ©reront pas. On Ă©coutera ce â que les autres disent ; & on ne te ,, voudra pas Ă©couter, ou bien on nâau- ,, ra point dâĂ©gard Ă ce que tu auras dit. â Les autres feront des demandes, & â on leur accordera ce quâils veulent; â mais pour toi, si tu en fais, on te ,, les refusera. 5. Les autres seront estimĂ©s & loties ,, partout; mais on ne dira rien de toi. ,, On donnera aux autres des charges â & des emplois ; & on te laissera lĂ ,, comme si tu nâĂ©tois utile Ă rien. Câest 3, pourquoi la nature fera quelquefois 5, atristĂ©e dans ces rencontres ; & ce se- ;o6 DelâImitation ,, ra beaucoup, si tu soufres ces choies ! ,, dans le silence. Or câestpar ces cho- ,, ses, & par de semblables, que Dieu â Ă©prouve la fidĂ©litĂ© de ses serviteurs, i, & quâil leur veut aprendre Ă rompre ,, si souvent & si universellement leur â volontĂ©, quâils soient enfin dansle- ,, tat dâun renoncement vĂ©ritable. Il nây ,, a rien en quoi tu aĂŻes plus de sujet de â mourir par un vrai renoncement Ă ,, toi-mĂȘme, que lors que tu Ăšs rĂ©duit ; ,, Ă voir & Ă soufrir des choses qui font } , contraires Ă ta volontĂ©; & fur tout ,, lors qu'on te fait des comandemens 5 , qui te semblent peu raisonnables ou ,, peu utiles. Et parce quĂȘtant fous la â domination dâun autre, tu nâoserois ,, rĂ©sister Ă un plus puissant que toi, il ,, te paroit bien dur de te voir rĂ©duit Ă â te conduire selon la volontĂ© dâautrui, & Ă quiter tes propres sentimens. 6 . Mais si tu pensois bien que ceux s» qui se soumettent de bon cĆur Ă tou- ,, tes ces choses, verront bien-tĂŽt la fin ,, de leurs travaux, & jouiront dâune ,, trĂšs-grande rĂ©compense ; sans doute, ,, que tout cela nç te Ăeroit pas si pesant, 2>e LĂŹv. III. C&- 49 * z 27 â & que ta patience en deviendroitcou- â rageuse. Car en quitant de bon cĆur â ta chĂ©tive volontĂ©, tu en trouves une ,, autre toute cĂ©leste Lc Ă©ternelle, dans â laquelle tous les vrais biens que tu â Ăaurois jarrtaĂs dĂ©sirer,son renfermĂ©s, ,, fans quâon puisse avoir aucun sujet de â craindre quâils sâen perde â lĂ que ta volontĂ© nâĂ©tant autre que â ma volontĂ©, elle ne dĂ©sirera rien d'Ă©- â tranger, ni rien de propre & de parti- ,, culier. Câest lĂ que tu ne trouveras â point de rĂ©sistance,point de plaintes, â point dâobstacles, point dâoppositi- â ons ; mais tous les biens que tu vou- ,» dras seront prĂ©sens ; ils combleront â tes dĂ©sirs ; ils rempliront toute ton â ame. Câest lĂ que je rĂ©compenserai â de gloire les oprobres que lâon aura 5 > souferts ; que je revĂȘtirai de joie â ceux qui ont Ă©tĂ© dans les afflictions ; ,, & que ceux qui se sont mis au-desi- ,, sous de tous, seront assis dans un j, TrĂŽne pour rĂ©gner dans toute lâĂ©ter- â nitĂ©. On verra lĂ les fruits deĂŹâo- ,, béïssance, & de la mortification du ,, vieil homme ; & lâhumilitĂ© y fera ,, glorieusement couronnĂ©e, 7. zo8 DĂź l*Imitation 7. Humilie toi donc profondĂ©ment ,, sous la main de tous, & ne te mets j, point en peine qui aura dit ou com- ,, mandĂ© ce qu'on exige de toi. Mais ,, ticfee principalement de prende tout ,, en bonne part,& de faire de bon cĆur s, ce qui nâĂ©tant pas contre ma volonté» ,, est exigĂ© de toi, ou par tes supĂ©rieurs» â ou par tes semblables, ou par desper- » sonnes qui te font infĂ©rieures. Que 5 , les uns recherchent ceci, & les autres ,> ceja ; que celui-ci se glorifie en cette », chose, & celui-lĂ en une autre, & ,» quâils trouvent des millions de per- ,, sonnes qui les louent. Pour toi, mon », fils, ne mets ta joie dans aucun hom- », me, ni dans aucune chose particuliĂš- ,, re ; mais te mĂ©prisant toi-mĂȘme» ,, mets la dans ma feule volontĂ© 5t dans ,, magloite. lu dois dĂ©sirer seulement ,, que Dieu soit toujours glorifiĂ© dans », toi, soit par la vie, soit par la moru CĂIA de Ch. 50. 309 Chapitre L.. Dans fan abattement il faut quâon fe rĂ©signe. mon Dieu! PĂšre O Saint ! bĂ©ni sori-tu maintenant 8c dans tous les siĂšcles ; car rien ria Ă©tĂ© fait que tu ne lâaĂŻes voulu ; & ce que tu Fais, est toujours bon. Que ton serviteur riait de joie que parce que ta volontĂ© se fait j & non la sienne & quâil rien ait pour aucune autre chose. Il riy a point de vraie joie hors de toi, ĂŽ Seigneur ! ta volontĂ© est mon espĂ©rance & ma couronne, ma joĂźe & ma gloire. Quâa ton serviteur si-non ce quâil a reçû de toi, & encore sans savoir mĂ©ritĂ© ? Toutes choses font Ă toi ; celles que tu as faites, 8c celles que tu as donnĂ©es. Pour moi, je fuis pauvre, & je languis dĂšs ma jeunesse dans mes travaux ; quelquefois mon ame sâatriste jusquâĂ rĂ©pandre des larmes, & quelquefois elle fe trouble en elle-mĂȘmelorsquâelle voit des maux qui font prĂȘts Ă fondre fur elle, 310 De lâ Imitation 2. Je dĂ©sire la joie de ta paixqâafpi- re Ă la paix que tu donnes Ă tes enfans lesquels tu nourris dans la lumiĂšre de tes consolations. Si tu mâaccordescette paix, 11 tu remplis ton serviteur de cette sainte joie, mon aine sera toute pleine dâallĂ©grcfle , Sc chantera tes louanges avec un transport merveilleux ; mais si tu te retires pour quelque teins, comme tu fais trĂšs-souvent, elle ne pourra plus courir dans la voie de tes comman» demens -, mais plutĂŽt la sentant afoi- blie, jâaurai sujet de mâabattre devant toi & de sraper ma poitrine,parce que je ne me verrai plus dans lâĂ©tat oĂč jetois auparavant, lors que ton flambeau lui- soit sur ma tĂȘte, & que jâĂ©tois fous sombre de tes ailes Ă lâabri de forage des tentations. 3. Et maintenant , ĂŽ PĂšre juste & toujours louable en tout ce que tu fais! lâheure est venue que ton serviteur doit ĂȘtre Ă©prouvĂ©. Mon trĂšs-aimable PĂšre ! il est bien juste que ton serviteur soufre quelque chose en cette heure pour l'a- mour de toi. PĂšre souverainement adorable ! voici sheure que tu as prĂ©or- don- de J. Christ. Lw. III. ; n donnĂ©e dĂšs lâĂ©ternitĂ©, en laquelle ton serviteur doit succomber au-dehors pour un peu de tems , asin quâil vive toujours avec toi dâune vie intĂ©rieure. Il doit ĂȘtre mĂ©prisĂ©, humiliĂ© , abatu devant les hommes , accablĂ© dâaffiic- tions & de langueurs, pour se relever avec toi au jour de la nouvelle lumiĂšre, & pour ĂȘtre rempli de la cĂ©leste clartĂ©. PĂšre Saint ! tu l as ainsi ordonnĂ©, tu l as ainsi voulu ; 8c ce que tu as voulu A Ă©tĂ© accompli. 4. O Dieu! tu me traites comme ton ami ; car tu ne fais quâĂ tes amis la grĂące dâĂȘtre prĂȘts Ă soufrir, & dâĂȘtre affligĂ©s pour lâamour de toi dans ce monde, en quelque maniĂšre que ce soit, & par qui que ce soit que tu permettes que lâaffliction vienne. Rien ne se fait sur la terre sans ton conseil, fans ta providence, & sans une juste cause. ll niest bon, Seigneur ! que jâaĂŻe Ă©tĂ© affligĂ©, afĂŹn que jâaprenne tes commandemcns , & que je renonce Ă mon orgueil & Ă la bonne opinion que jâai de moi mĂȘme. Il fest utile que mon visage ait Ă©tĂ© couvert Pfii9'V7t> I 312 De limitation vert de honte , afin que je cherche plutĂŽt ma consolation dans Dieu que dans les hommes. Jâai encore apris par cette conduite Ă rĂ©vĂ©rer avec fraĂŻeur la profondeur de tes jugemens ; car quoi que tu affliges le juste aussi bien que le mĂ©chant, ce nâest pas fans Ă©quitĂ© & fans justice. f. O mon Dieu ! je te rens grĂąces de ce que tu ne m as point Ă©pargnĂ© dans mes pĂ©chĂ©s ; mais que pour mon salut tu m as chĂątiĂ© rigoureusement par les douleurs & par les amertumes dont tu mâas rempli au dedans & au dehors. Il nây a rien fous le ciel qui puiiTe me consoler en cet Ă©tat ; il nây a que toi seul, mon Seigneur & mon Dieu ! cĂ©leste mĂ©decin des Ăąmes , qui Ărapes & qui guĂ©ris, qui mĂšnes juĂques auxportes de lâenfer, & qui en fais remonter. Que ta discipline soit fur moi, & que ta verge mâaprenne Ă me bien conduire ! 6. PĂšre chĂ©ri, je me mets entre tes mains, &je mâhumilie de tout mon cĆur sous la verge de ta correction paternelle. Drape fur moi; abaisse pat, tes coups ma tĂȘte orgueilleuse ; que most M Ă©tii dĂ©a k con w tefi k tn le ce T 1 i\ I x I E c i - i 0!f de ziz mon cou flĂ©chisse , & que ma volontĂ© u p; dĂ©rĂ©glĂ©e & inflĂ©xible se plie selon la 1S ?;; droiture de la tienne. Fai moi la grĂące dâĂȘtre un de tes Disciples en piĂ©tĂ© & en ĂŻp humilitĂ©, tel que tu as coutume de ren- pi; dre tes bien-aimĂ©s, afin que je ne me conduise que par une dĂ©pendance continuelle de ta sainte volontĂ©. Je me re- ^ mets Ă toi, moi & tout ce qui est en I,.â moi, afin que tu me corriges. La cor- - 6 . tection est meilleure dans ce siĂšcle que >.s dans celui qui est Ă venir. Tu fais tout ; jâi. tu connois tout en dĂ©tail ; tu pĂ©nĂ©tres .... les replis les plus secrets des conscien- ces de tous les hommes. Tu vois les choses Ă venir avant quâelles se fallen t, âT & st nâest pas besoin quâaucun tâinforme ât & tâavertisse de ce qui se fait sur la terre. Tu sais ce qui est nĂ©cessaire pour mon ; avancement spirituel, & combien lâĂ©- J xercice des afflictions mâest utile pour s nĂ©toĂŻer mon ame de la rouille & des tĂąches qu elle a contractĂ©es. Mon Dieu! Ăź agi avec moi selon ton bon-plaisir, 8c ; ne me rejette pointa cause de ma vie si ! ' souillĂ©e de pĂ©chĂ©s qui ne font parfaite- * ment connus que de toi. 7. Fai ji4 De i Imitation 7. Fai moi la grĂące, ĂŽ Seigneur! de savoir ce quâil faut savoir ; dâaimerce quâil faut aimer; de'louer ce qui test agrĂ©able; dâestimerce qui eslprĂ©cieux Ă tes yeux ; & de mĂ©priser ce que tu mĂ©prises. Ne permets pas que je juge des choses par une vûë humaine & selon leur aparence,ou selon les raports 8des avis des hommes aveugles; mais que je juge des choses visibles & des invisibles par le dicernement spirituel de ta lumiĂšre vĂ©ritable ; & quâen toutes choses & par deilus tout, je recherche 1 accomplis emen t de ta bonne volontĂ©. 8. Les hommes se trompent souvent en jugeant selon leur sens. Ceux qui font enchantĂ©s du monde se trompent en n'aimant que les choses visibles. Un homme en est-il plus grand, pour ĂȘtre estimĂ© par un autre homme ? Lors cjuâun nomme lotie un autre homme, c est un trompeur qui trompe un autre trompeur, un vain qui en sĂ©duit un autre aussi vain que lui,un aveugle qui en fait acroire Ă un aveugle, & un malade qui state un malade, & qui lui amasse un sujet de dĂ©shonneur & dâoprobre k 11 h ee J. Christ. TAvr. III, Z15 Ă©ternel, prĂ©tendant le combler de louanges & dâhonneur. O ! Dieu que celui lĂ a bien rencontrĂ© qui a dit Autant que chacun est devant tes yeux , autant efl-ĂŹl dans la vĂ©ritĂ©, & pat davantage. Chapitre LI. Jans la langueur d'esprit cherche les ceuvres humbles. TON fils! il nâest pas possible XVX ,, que lâardeur du zĂšle & du â dĂ©sir que tu sens dans toi pour le bien, â y demeure en tout tems & fans inter- ,, ruption. Tunepeuxaussiteconfer- â ver toujours ferme dans le haut dĂ©- j, grĂ© de la contemplation oĂč tu te â trouves quelquefois ; mais la foi- â blesse & la corruption de ta nature â te met dans la nĂ©cessitĂ© de dĂ©cendre â souvent vers les choses infĂ©rieures, â & de sentir malgrĂ© toi & avec peine â le fardeau de ta vie ,, que tu seras dans un corps mortel,tu ,, te sentiras sujet Ă lâennui & Ă lâabat- â tement de cĆur ; ce qui te doit faire ,, gĂ©mir sous la pĂ©santeur de ta chair O % tant zi6 De Ă/Imitation â tant que tu Ăšs liĂ© Ă elle ; parce quâel- â le tâempĂȘche de tâattacher aux cho- â ses spirituelles , & de te donner tout », entier 8i en tout tems Ă la contem- â plation des choses divines. 2 . Lorsque tu Ăšs dans cet Ă©tat dâa- ,, baisiement, il est bon pour toi que ,, tu tâappliques Ă celles dâentre les », Ćuvres extĂ©rieures qui font baffes & â humbles, asin de dissiper cet ennui â par de bonnes actions. Atten avec â une ferme confiance que je re- â tourne Ă toi & que je te visite dâen- â haut, & cependant suporte avec pa- », tienCe ton exil & la sĂ©cheresse de ton », Ame, jusquâĂ ce que je vienne de », nouveau vers toi, & que je te dĂ©liâ â vrede toutes tes peines, jetemet- », trai dans la jouissance dâune paix qui », remplira tellement ton ame, que tu â en oublieras tous tes travaux. Jâex- â poserai Ă tes yeux les beautĂ©s de mes >, Ecritures , afin quâavec dilatation â de cĆur tu commences Ă courir dans », la voie de mes commandemens. », Alors tu diras, {a Les soufrĂąmes du tems a Rom. S . v, 18. de J. Christ. 517 â terris prĂ©sent ne font point a contrepe- â fer Ă la gloire Ă venir qui doit ĂȘtre rĂ©- â velĂ©e en mus. Chapitre LII. Tu ne mĂ©rites rien, brise ton cĆur mauvais. ! je suis indigne de O tes consolations & de tes visites ĂpiricuĂ«lles ; câest pourquoi tu me traites avec justice lors que tu me laisses dans la pauvretĂ© & dans la dĂ©solation de lâesprit. Quand bien mes yeux se foudroient en larmes devant toi- & que mes larmes Ă©galeroienrles eaux de la mer, je ne laisserois pas dâĂȘtre toujours indigne de tes consolations. Je ne fuis digne que dâĂ©tre battu & puni ; parce que je tâai souvent ofensĂ© par mes pĂ©chĂ©s , qui font grands & en grand nombre. Lors donc que je pense bien Ă ce que je suis, je vois clairement que je ne mĂ©rite pas la moindre de tes faveurs. Mais toi, mon Dieu! parce que tu Ăšs infiniment bon & misĂ©ricordieux , & que tu ne veux pas laisser pĂ©rir lâouvra- O Z ge 3 I 8 D E L I M I T A T 1 0 N ' ge de tes mains ; pour faire paroĂźtreles ** richesses de ta bontĂ© dans les vaisseaux nĂ de ta misĂ©ricorde,tu daignes venir con- ! VĂ solerton indigne serviteur dâune ma- 1 P' niĂšre incomparablement plus quâhu- tJ que tes consolations font dif- i fĂ©rentes de celles que les hommes don- 1 nent par leurs belles paroles ! ] 2 . Quâai-je donc fait, Seigneur! qui ! tâengage Ă me dĂ©partir quelque conĂo- j t lation cĂ©leste ? Je ne me souviens point ] d'avoir fait aucun bien ; mais plutĂŽt dâavoir toujours Ă©tĂ© portĂ© au mal, & lent & paresseux Ă me corriger. Tout cela est trĂšs-vrai ; je ne le puis nier fans mensonge. Si'je disois autrement, tu tâĂ©lĂ©verois contre moi pour me convaincre de mon iniquitĂ© , & personne du monde nâoseroit & ne pourroit me dĂ©fendre. Quâest-ce qui mâest dĂ» pour mes pĂ©chĂ©s, sinon TEnfer & le feu Ă©ternel \ Certes, ĂŽ Dieu ! je confesse in- i gĂ©nument devant toi que je fuis digne dâĂȘtre le jouet & le mĂ©pris de toutes les crĂ©atures ; & que ce seroit Ă tort qu on me mettroitau nombre des vrais ChrĂ©tiens & de tes serviteurs. Et quoi que ces db 319 ces paroles me semblent bien dures , nĂ©anmoins je ne puis ĂȘtre du cĂŽtĂ© de la vĂ©ritĂ© quâen me convainquant de mes pĂ©chĂ©s, afin dâobtenir plus aiĂĂ«ment ta misĂ©ricorde. 3. Je suis un criminel ; jâen fuis tout confus ; quedirai-je? Je ne puis ouvrir la bouche que pour dire cette parole ; jâai pĂ©chĂ©, Seigneur! jâai pĂ©chĂ©; aĂŻe pitiĂ© de moi, & me pardonne! Acorde moi le tems de pleurer dans ma douleur avant que je dĂ©cende dans la terre de tĂ©nĂšbres, qui est couverte de sombre de la mort. Que demandes-tude plus dâun criminel & d'un misĂ©rable pĂ©cheur, sinon qu ilsâhumilie, &quâil brise son cĆur dans la vuĂ« de ses pĂ©chĂ©s? Aussi lorsque le cĆur est vĂ©ritablement humiliĂ© & brisĂ©, on sent naĂźtre dans Tarne lâespĂ©rance du pardon, ia paix de la conscience, le recouvrement de la grĂące perdue, lâassurance contre la colĂšre avenir; & alors Dieu &lâame pĂ©nitente se rencontrent, sâembraiĂŻent &se donnent le saint baiser de la paix. 4, Lâhumble contrition du coeur est devant toi, ĂŽ Seigneur ! un sacrifice plus » z 20 De lâImita t ion pins agrĂ©able que lâodeur de lâencens & des parfums. Câest ce parfum prĂ©cieux que tu as voulu ĂȘtre rĂ©pandu fur tes pieds ; car tu nâas jamais mĂ©prisĂ© un cĆur vĂ©ritablement contrit & humiliĂ©. Câest lĂ quâest nĂŽtre refuge devant la colĂšre de nĂŽtre ennemi; & câest par ce moĂen que lâon purifie & que l'on nĂ©- tore lame des souillures Lc des taches qu'elle avoit contractĂ©es ailleurs. Chapitre LIII. On ne fauroit mĂȘler la grĂące & lâamour propre. J.'^yĂŻ'ON fils! ma grĂące est un don XVJL fi prĂ©cieux, quâelle ne peut 5> ĂȘtre mĂȘlĂ©e avec les choses Ă©trangĂš- ,, res, ni avec les consolations terrest- ,, res. Et partant fi tu la dĂ©sires, tu dois â bannir de toi tout ce qui pourroit â lui ĂȘtre un obstacle. Cherche toĂ»- 3 jours le secret ; aime Ă ĂȘtre seul & ,, recueilli dans toi; & Ă©vite les dis- 3, cours & les entretiens des hommes, ,, rappliquant plutĂŽt Ă tâentretenir ,, avec moi par des priĂšres ardentes; Lc V* Ă DE III. Z2I â Ă conserver dans ton cĆur le fenti- â ment de ton indignitĂ©, & la puretĂ© ,, de ta conscience. Tien le monde â entier pour un rien ; & prĂ©fĂšre infi- ' ,, niment Ă toutes les choses extĂ©rieu- â res lâapplication Ă Dieu. Ilnâestpas â possible que tu tâappliquesbien aux j> choses divines, & qu en mĂȘme tems j, tu prennes plaisir Ă celles qui font ,, temporelles & qui pasient. Il te faut ,, retirer de ce qui tâcst le plus familier ,, & le plus cher, & vuider ton ame de â toute la joie & la satisfaction quelle ,, peut prendre dans les choses tem- â porelies, selon sexhortation que St. â Pierre fait aux ChrĂ©tiens, dâĂȘtre a ,, dans ce monde comms des vĂłiagturs & ,, des Ă©trangers, sabstenant de tout ce ,, qui pourroit embaraiTer. 2. O quelle confiance & quelle joĂźe , aura un homme au lit de la mort, , lors qu il nâa point le cĆur attachĂ© Ă aucune des choses qui font au mon- 1 de ! Mais un esprit qui est infectĂ© de , la maladie du pĂ©chĂ© ne peut com- 1 prendre comment on peut ainsi avoir 0 S â le a I, Pierre 2. v, II, 5 3 il Di lâImitation I â le cĆur sĂ©parĂ© de tout ; & shomme ,, animal & charnel ne sait ce que câest ,, que la libertĂ© de shomme spirituel ,, & intĂ©rieur. NĂ©anmoins s'il veut j â devenir spirituel, il doit nĂ©celĂŹaire- ' ,, ment renoncer tant aux Ă©trangers ,, quâĂ ses proches, & se dĂ©fier de lui- ! ,, mĂȘme plus que de tous. Si tu te ,, vaincs parfaitement toi-mĂȘme, tu ,, surmonteras facilement tout le reste. ,, La plus grande & la plus parfaite vi- ! ,, ctoire est celle que son remporte sur ,, soi. Car celui qui se tient tellement â sous le joug, que fa sensualitĂ© obĂ©is j, se Ă la raison , & que sa raison mâo- ,, bĂ©Ăste en tout, est vraiment vain- ,, queur de soi-mĂȘme, & maĂźtre du ,, monde. z. Si tu veux atteindre Ă cette haute ,, perfection , tu dois commencer avec â courage & mettre la coignĂ©e Ă lara- 5, eine delâarbre, afin de couper, dâar- j, racher, de dĂ©truire cette inclination â dĂ©rĂ©glĂ©e qui est cachĂ©e dans le plus j, secret de ton cĆur, laquelle tâattache s, toujours Ă toi-mĂȘme, & te porte ,, vers un bien particulier, propre,sen- ,, iible de C/ , fible 8c matĂ©riel. Ce malheureux yi» , ce par lequel lâhomme se tourne toĂ»- , jours vers foi-mĂȘme, & considĂšre tout par raportĂ lui,est la racine qui , sait vivre & qui soutient tous les au- , tres vices que lâon doit abatte , si , bien que ce premier nâaura pas plĂ»- , tĂŽtĂ©tĂ©domtĂ© & retranchĂ©, quâon se , trouvera dans une grande paix, 8c , dans une ferme tranquillitĂ©. Mais , parce qu'il y en a peu qui fafĂŹent , Ă©fort fur eux-mĂȘmes & pour se re- , noncer entiĂšrement, la plupart de- , meurent toujours liĂ©s & embaraĂsĂ©s , dans eux-mĂȘmes, fans avoir la liber- , tĂ© de sâĂ©lever en esprit au dessus , dâeux. Que si quelquâun dĂ©sire de , marcher avec moi dans la vraie liber- , tĂ©, il doit nĂ©cessairement faire mou- , rir toutes ses inclinations mauvaises , & tous ses dĂ©sirs dĂ©rĂ©glĂ©s, & ne sâat- , tacher Ă aucune crĂ©ature par affe- , ction, 8c par un amour propre 8c par- , titulier. Z24 De t.â Imitation Chapitre LIV. "La grĂące & la nature ont des motifs contraires. I. IV % On fils ! tĂąche Ă biendicerner XVJL â dans toi les mouvemens â de ia Nature dâavec ceux de la Gra- ,, ce, car quoi que ces deux principes ,, soient bien contraires , nĂ©anmoins ,, leur dicernementesttrĂšs-dĂ©licat,&Ă s, peine se peut-il faire Ă moins qu'on 3, ne soit bien spirituel & bien Ă©clairĂ©. 3, Il est vrai que tous les hommes dĂ©si- 3, rent le bien, & quâils ne disent & ne 3, font rien sans se proposer, Ă ce quâils s, disent, lehien pour objet & pour 3, fin j mais ce prĂ©texte du bien a trom- 3, pĂ© une infinitĂ© de gens. - 2. La nature est rusĂ©e & artificieuse; 3, elle entraĂźne la plupart des hommes; 3, elle les amorce ; elle les sĂ©duit ; elle ,, les engage dans ses filets ; & elle a 3, toujours pour fin de se satisfaire elle- 3, mĂȘme. Mais la grĂące marche dans 3, la simplicitĂ©elle Ă©vite les moindres ,, apparences du mal ; elle ne se sert â point de J. Christ, Cb> 54. 52s â point dâartifices & de dĂ©guisemens j ,, & elle fait tout pour Dieu dâune ma- ,, niĂšre pure & dĂ©sintĂ©ressĂ©e , nâaĂŻant ,, que Dieu seul pour motif, & ĂĂ« j, reposant en lui seul comme en sa fin â souveraine. z. La nature ne veut point de mor- ,, tification ni de sujĂ©tion. Mais lagra- ,, ce fait que Ton sâĂ©force Ă se mortifier ,, soi-mĂȘme; que son rĂ©siste auxinclĂ- j, nations charnelles; qu on cherche Ă â Ăe soumettre, quâon dĂ©sire de se vain- ,, cre ; Sc quâaulieu de jouir dâune li- ,, bertĂ© propre, on aime Ă ĂȘtre tenu ,, sous la discipline ; quâon ne dĂ©sire â point de maĂźtriser personne ; mais â que plutĂŽt on se soumet Ă Dieu pour ,, depĂ«dre universellement de lui Ă lâĂ©- ,, gard de la vie, du mouvement, & de â sĂȘtre; & que Ton est prĂȘt Ă sâassujĂ©- ,, tir par humilitĂ© Ă toute crĂ©ature hu- ,, maine selon la volontĂ© de Dieu, 4. La nature travaille pour ĂĂ pro- â pre commoditĂ©, & elle regarde toĂ»- â jours quel bien & quel avantage lui ,, pourra revenir de ce quâelle â la grĂące au contraire aĂŻant fermĂ© les O 7 â yeux z 26 De lImitatioĂźt â yeux Ă son avantage & Ă ses commo» ,, ditĂ©s, ne regarde que ce qui est utile ,, & commode Ă lâavancement de plu- â sieurs. f. La nature prend plaisir Ă ĂȘtre ho- » norĂ©e & respectĂ©e ; Mais la grĂące fait ,» quâon se dĂ©pouille de toute gloire & ,, de tout honneur pour les rendre fi- ,, dĂ©lement Ă Dieu seul. 6 . La nature craint la honte & le » mĂ©pris. La grĂące au contraire se rĂ©- â jouit de soufrir des oprobres pour â lâamour de JĂ©sus-Christ. 7 . La nature aime lâoisivetĂ© & le re- ,, pos du corps; Mais la grĂące ne peut ,, demeurer oisive, elle embrasse de â bon cĆur le travail & les peines. 8 . La nature recherche les choses ,, belles & rares, elle a de l'aversion ,, pour ce qui est vil, commun & gros- â fier. Mais la grĂące se contente des ,, choses les plus simples & les plus ,, basses; elle ne rejette point celles ,, qui font rudes ; 8c au lieu de cher- ,, cher dâĂȘtrevĂ©tuĂ« avec luxe Scavec ,, mollesse , les habillemens les plus ,, grossiers Sc les plus usĂ©s lui fuissent â pour fa couverture, 9, La de Livr. III. LL. 54 . 3 2 7 5». La nature a grand Ă©gard aux cho* ,, ses temporelles, elle se rĂ©jouit dâun gain d'argent;elle s'afflige dâune per- ,, te de mĂȘme nature ; & elle se fĂąche ,, pour la moindre injure quâon lui sas- ,, se. Mais la grĂące nâa Ă©gard quâaux ,, choses Ă©ternelles; elle est dĂ©tachĂ©e ,, des temporelles; elle les peut per- ,, dre toutes fans se troubler ; toutes j^les paroles les plus injurieuses du ,, monde ne lâirritent point. Son trĂ©sor ,, Lc sa joie sont dans le Ciel, oĂč rien â ne pĂ©rit & ne peut ĂȘtre attaquĂ©. 10. La nature est avare; elle aime â mieuxrecevoir que donner ; elle ai- j, me un bien qui lui soit propre & ,, particulier; Mais la grĂące est chari- ,, table; c est comme une fontaine pu- ,, blique qui se rĂ©pand par tout; elle ,, communique ce quâelĂŹe a; elle Ă©vi- ,, te la propriĂ©tĂ© ; elle se contente de ,, peu; elle juge a quâileĂplus heu- â r eux de donner que de recevoir , n. La nature nous fait toujours ,, pancher vers les crĂ©atures; elle nous ,, porte Ă bien traiter nĂŽtre corps , Ă ,, nous divertir, Ă nous promener & Ă u couss . v. z;. Z 28 De lâImitation 1 â courir de cĂŽtĂ© & dâautre. Maisla â grĂące tire le cĆur Ă Dieu & Ă la ver- » tu ; elle quite les crĂ©atures ; elle fuit ,, le monde j elle a en horreur les plai- â Ălrs du corps; elle retranche tous les j s, entretiens & toutes les visites mon- ,, daines, & elle se fait une peine de ' â paroĂźtre en public. 12. La nature a volontiers quelque â chose dâextĂ©rieur oĂč elle puisse ch$r- â cher quelque sujet de joie & quelque ,, plaisir sensible. Mais la grĂące ne cher* â ehe fa joie quâen Dieu seul ; &sâĂ©le- ,, vant au-dessus de toutes les choses â visibles, elle ne trouve son plaisir â que dans le souverain bien. I J. Tout ce que la nature sait est s, pour son gain & son propre intĂ©rĂȘt; ,, elle ne peut rien faire gratuitement. ,, Si elle donne quelque chose, c est ,, pour en recevoir ou autant, ou da- ,, vantage, ou pour en ĂȘtre louĂ©e, ou ,, pour se faire aimer ; elle est bien aise â que l'on considĂšre beaucoup ce quâ- ,, elle a fait & ce quâelle a donnĂ©. Mais â la grĂące ne cherche rien de temporel; 5, elle ne demande nulle autre rĂ©compense de Livr. III. Cb .f 4. 32,9 ,, pense que Dieu seul ; & elle ne dĂ©si- ,, re les biens temporels les plus nĂ©ces j, Ăaires, qu autant quâils peuvent ser- ,, vira Inquisition des biens Ă©ternels. 14. La nature se rĂ©jouĂźt dâavoir beau- â coup dâamis & de parents considĂ©ra- â blĂ©s j elle se glorifie dâĂȘtre de bonne ,, Maison, & de famille noble; elle a ,, de la complaisance pour les puiĂsan- », ces de la terre ; elle flate les riches ; », elle nâaplaudit quâĂ ses semblables. », Mais la grĂące aime ses ennemis; elle », ne sâĂ©lĂšve point dâavoir un grand », nombre dâamis j elle ne regarde p oint », la qualitĂ© des Maisons ou de la nais- », sauce, mais la vertu ; elle favorite », plutĂŽt le pauvre que le riche ; elle est », plutĂŽt du cĂŽtĂ© des innocens que de », celui des puiffans ; elle aime les per- », sonnes vĂ©ritables & simples, &sere- », tire de celles qui font doubles 3 c », trompeuses. Elle exhorte toujours », les bons Ă croĂźtre en grĂąces, & Ă de- ,, venir semblables au Fils de Dieu par », limitation de ses vertus. if. La nature se plaint dĂšs quequel- ,, que chose lui manque ou TinquiĂšte. ,, Mais zzo De limitation ,, Mais la grĂące soufre avec constance ,, la destitution de toutes choses. 1 6 . La nature raporte tout Ă elle mĂȘ- ! ,, me ; elle se dĂ©fend; elle sâopposeĂ ,, ceux qui lui contredisent. Mais la ,, grĂące raporte tout Ă Dieu,parce que 55 tout vient de lui; ellelnesâatribuĂ« ! 55 aucun bien ; elle nâest pas arrogante j 55 ni pr'Ă©somptueuse;elle ne dĂ©bat point, i 55 elle ne prĂ©fĂšre point son opinion Ă 55 celle des autres ; mais elle soumet 55 toutes ses pensĂ©es 8Ă tous ses juge- 55 mens Ă la sagesse Ă©ternelle & au ju- 55 ment de Dieu. 17. La nature dĂ©sire de connoĂźtre les 55 choses cachĂ©es, & dâouĂŻr celles qui 5, font nouvelles ; elle aime Ă paroĂźtre ,5 au dehors, & Ă se convaincre de tout 5, par ses sens; elle dĂ©sire dâĂȘtre con- â nuĂ«, &dâagir pour sâatirer les loiian- 5, ges & lâadmiration des homes. Mais 5, la grĂące ne dĂ©sire point de savoir les ,, choses nouvelles & curieuses, parce ,, que ce dĂ©sir vient de nĂŽtre premiĂšre ,, corruption,& quâil nây a rien de nou- ,, veau & de durable fur la terre. Elle ,, nous aprend donc Ă rĂ©frĂ©ner nos sens, de Cb.^. ZZI â Ă nâavoir ni vaine complaisance, ni â ostentation; Ă cacher par un princi- â pe dâhumiiitĂ© les choses louables Sc ,, les dons particuliers que lâon pour- â roit admirer en elle; & Ă nechercher ,, rien du tout que ce qui peut porter â du fruit, & servir Ă la louange & Ă la â gloire de Dieu. Elle ne dĂ©sire point â quâon la lotie, ni quâon vante ce qui ,, lui apartient ou qui vient dâelle;mais ,, elle souhaite que Dieu soit bĂ©ni dans ,, ses dons ; parce que câest lui qui don- ,, ne tout par une pure bontĂ©. 18 . Cette divine GrĂące est unelu- ,, miete toute surnaturelle ; câest un â don tout particulier de Dieu ; câest le â vrai seau des Ă©lus, & le gage de leur â salut Ă©ternel ; elle Ă©lĂšve lâhomme au- >, dessus des choses de la terre pour lui â faire aimer les choses cĂ©lestes ; 8c ,, dâhomme charnel quâil Ă©toit aupara- ,, van t, elle en fait un homme ipiricuĂ«l. â Plus donc la nature est domtĂ©e 8c â vaincue, plus la grĂące est donnĂ©e â avec abondance ; & lâhomme intĂ©- â rieur se rĂ©nouvellant de jour en jour, â se rĂ©forme selon lâimage de Dieu; parce vl ZZ2. De lâ Imitation >, parce que Dieu se communique Ă ,, lui de plus en plus. [Op leslw Chapitre LV. Sans la grĂące de Dieu nous ne pouvons rien faire. lente pĂ,! me,' 1 â " Bi K Obi Seigneur & mon Dieulqui X v JL mâas créé Ă ton image & Ă ta ressemblance , donne moi, je te prie, cette GrĂące, que tu viens de me faire voir si puissante & si nĂ©cessaire pour le ĂĂ lut, afin que par elle je surmonte la grande corruption de ma nature , qui mâentraĂźne dans le pĂ©chĂ© & dans la perdition. Car je sens que la Loi du pĂ©chĂ© est dans ma chair, quâelle combat la loi de TeĂprit, & quâelle me rend captif pour me faire obĂ©ir en beaucoup de choses Ă ma sensualitĂ©. Je ne puis rĂ©sister Ă mes passions/i ta sainte GrĂące rĂ©pandue dans mon cĆur ne mâanime & ne me donne la force de les vaincre. 2. Jâai besoin de ta grĂące puissante pour vaincre ma nature qui est panchĂ©e vers le mal dĂšs ma jeunesse. Car la nature Ă©tant tombĂ©e Sc souillĂ©e par le pĂ©chĂ© „ fo. I te j fcc- ! Cn i T U dt A I * 1 Ăźi I I os de J. Chris t. Li-vr . III. Ch. f p. z; ; maie; Ă s dans le premier homme , la corruption est tellement passĂ©e dans tous , les hommes, que cette nature, que tu avois créée bonne & droite , est non seulement avec justice apellĂ©e corrom- puĂ«, mais elle signifie la corruption mĂȘme, pour montrer que lors quelle est abandonnĂ©e a elle-mĂȘme , elle ne tend ' qu au mal & Ă lâamour des choses bas- Ă H ses. Le peu de forces qui lui font re- fiĂ©es nâest qu une Ă©tincelle qui est cachĂ©e & couverte fous beaucoup de cendres. Cette Ă©tincelle est fa raison naturelle, qui a encore le dicernement du bien & > s du mal, du vrai & du faux ; mais qui est environnĂ©e de beaucoup de tĂ©nĂšbres, ~ qui nâa pas la force de faire le bien quâ- elleaprouve, qui ne peut jouir Ă plein de la lumiĂšre de la vĂ©ritĂ©, ni rĂ©gler ses - affections Sc ses passions. J. De lĂ vient, mon Dieu! a que je prens plaisir Ă ta Loi selon l'homme intĂ©rieur , parce que je sai que ton com- , mandement est bon , juste, 6c saint, quâil condamne tout le mal, & quâil veut que lâon fuie le pĂ©chĂ© ; mais je suit -r iZ. rr. rs. 334 De lâImitation vr U suis encore soumis Ă la Loi du pĂ©chĂ© selon la chair ; parce que j'obĂ©'is plĂ»tĂŽt Ă la sensualitĂ© quâĂ la raison ; le vouloir est bien attachĂ© Ă moi , mais je ne trouve pat le mĂłien d'exĂ©cuter le bien. De lĂ vient que je me propose souvent de faire beaucoup de bien ; mais parce que ta grĂące me manque, & quâelle ne vient pas secourir ma foibleise, il ne faut que la moindre rĂ©sistance pour rompre tous mes bons desseins. De la vient encore que jâai beau connoĂźtrela voie de la perfection , & voir clairement ce que je dois faire, je demeure nĂ©anmoins toujours plongĂ© dans ma corruption, fans mâĂ©lever vers ce qui est le meilleur S C le plus parfait. 4. O mon Dieu ! que ta grĂące mâest nĂ©cessaire pour commencer le bien, pour le continuer, & pour lâĂąchever! Sans elle je ne puis rien faire, mais lors a quelle me fortifie , je puis tout en toi. O grĂące vraiment cĂ©leste, fans laquelle il nây a point dâĆuvres qui soient bonnes , ni de dons de la nature qui soient estimables! Les arts, les richesses, la beautĂ©, beau ne [ost Ă M font toc clllOS dtlefrt jcaks dĂliPi faul! ni pu 15 rire & ne te font pas agrĂ©ables, fans la grĂące de ta charitĂ© & de ton Amour. . O heureuse grĂące ! qui enrichis de vrais biens celui qui est pauvre dâeĂprit, & qui fais que celui qui a beaucoup de dons & de biens est toujours pauvre & humble de cĆur! Vien, dĂ©cen dans moi,rempli moi dĂšs le matin de ta joie ; de peur que mon ame toute foible & toute sĂšche, ne tombe dans la dĂ©faillance, Je te prie, mon Dieulfai que je trouve grĂące de vant tes yeux. Ta grĂące me fufit, quand bien toutes les autres choses que ma nature dĂ©sire me manque- roient, ?Z6 De lâ Imitat o N roient. Que je sois tentĂ©, que je fois attaquĂ© de beaucoup de maux , je nâen craindrai pas un seul, si seulement ta grĂące est avec moi. Elle est ma force j elle est mon conseil & mon secours. Elle est plus forte que tous mes ennemis j & plus sage que tous les sages du monde. 6. Elle est la MaĂźtresse de la VĂ©ritĂ©, Ja rĂšgle de labonne conduite, la lumiĂšre du cĆur,la joie des oppressĂ©s ; elle bannit la tristesse ; elle chasse la crainte; elle nourrit la piĂ©tĂ©; elle fait de nos yeux une fontaine de larmes. Quesuis-je fans ta grĂące, ĂŽ Seigneur! finon un bois tout sec , un tronc inutile qui nâest propre quâĂ ĂȘtre jettĂ© dans le feu? Faidonc, mon Dieu ! que ta grĂące me prĂ©vienne toujours, & quelle mâapplique toujours Ă faire de bonnes Ćuvres, par J. Christ ton Fils, nĂŽtre Seigneur. Amen ! Chapitre EVI. Shiite toi , fui ffcfus , pron fa croix, & i'imite, I. T ON fils ! tu entreras dans moi IVJl Ă mesure que tu sortiras de toi. ce $ 6 . 337 s, toi, en renonçant Ă â me lors quâon ne dĂ©sire rien dâextĂ©- â rieur ; on voit naĂźtre la paix dans â lâintĂ©rieur ; ainsi lors quâon se quite ,, intĂ©rieurement & du fond du cĆur , â on sâunit Ă Dieu trĂšs Ă©troitement. Je â veux que tu aprennes le renonce- â ment parfait & absolu, & que tu ne », suives plus que ma feule volontĂ© â fans contredit & fans murmure. Sut », moi, a je fuit le chemin , la vĂ©ritĂ© & â la vie. Sans chemin tu ne peux mar- â cher; fans vĂ©ritĂ© tu ne peux rien con- ,, noĂźtre ; fans vie tu ne faurois vivre, ,, Je fuis le chemin que tu dois suivre ; ,, la vĂ©ritĂ© que tu dois croire ; & la vie â que tu dois espĂ©rer. Je fuis Ze chemin ,» trĂšs-affurĂ©; la vĂ©ritĂ© infaillible; & la ,, vie qui ne peut finir. Jefuis lechemitt », trĂšs-droit ; la vĂ©ritĂ© souveraine ; 8c », la vie vĂ©ritable, heureuse & incréée, », Si tu demeures dans ce chemin tu con» â noĂźtras b la vĂ©ritĂ© ; & la vĂ©ritĂ© », fafranchira ; Sc tu recevras la vie â Ă©ternelle. t. } P I z;8 De lâImitatiok 2 . {a Si tu veux entrer dans la vie, â garde les commandtmens. Si tu veux â connoĂźtre la vĂ©ritĂ©, croi en moi.bSi », tu veux ĂȘtre far fait, ven tout ce que tu », as. Si tu veux devenir mon disciple, rc - â nonce Ă toi-mĂȘme. Si tu veux jouir de â la vie vraiment heureuse , mĂ©prise », la vie prĂ©sente. Si tu veux ĂȘtre exal- â tĂ© dans le Ciel,humilie toi sur la ter- â re. Si tu veux rĂ©gner avec moi; por- », te la croix avec moi ; car ceux-lĂ â seulement trouveront le chemin de la », bĂ©atitude & de la vĂ©ritable lumiĂš- â re, qui se seront soumis Ă la croix. z. JESUS mon Seigneur! puis que ta vie a Ă©tĂ© si mortifiĂ©e, si pĂ©nible, & si mĂ©prisĂ©e du monde, fai moi la grĂące que je tâimite en voulant bien que le monde me mĂ©prise. Car c le Serviteur liest, pas plus grand que son Seigneur , ni le disciple par dessus son maĂźtre. Que ton serviteur 'exerce dans l'imitation de ta lĂ inte vie, car mon salut &la vraie saintetĂ© se trouvent en elle. Tout ce que je lis ou que jâentens hors dâelle, ne me Ă st Matth. ip. v. 17. r Matth. 10. V. 14. h Luc. 9. ». LZ. de f 6 . zzz me rĂ©jouĂźt & fne me satisfait point entiĂšrement. 4. MON fils ! puis que tu as lu & â que tu fais bien ce que jâai dit & ce â que jâai fait, tu Ăa seras bien-heu - ,, r eux fi tu pratiques ces choses. Celui ,, qui a mes commandemens & qui les gar- â de, cefi celui-lĂ qui ni aime; & ce- â lui qui m'aime, fera aimĂ© de mon PĂš- ,, re, & je iaimerai & me rĂ©vĂ©lerai Ă lui; j, & je le ferai asseoir avec moi dans le », Roiaume de mon PĂšre. 5. JESUS mon Dieu! accompli, sâilte plait, dans moi toutes les choses que tu viens de dire & de promettre. J'ai receu la croix de ta main ; jel'ai embrassĂ©e; je la porterai jusquâĂ la mort toute telle quâil tâa plĂ» de me Tim- poser. La vie dâun vrai ChrĂ©tien est une croix ; mais câest une croix qui mĂšne Ă Dieu. Jâai commencĂ© une fois;il ne m'est pas permis de retourner en arriĂšre, & encore moins de quiter ce bon chemin. 6. Prenons courage, mes frĂšres, marchons, avançons tous ensemble ; P L JĂ©sus > ,» dans le fond du cĆur, serabien-tĂŽt b â apaisĂ©e si tu implores le retour de ma i * â grĂące. Je fuis encore vivant, dit le ,, Seigneur, je fuis tout prĂȘt de tâaidet R â & de te consoler extraordinairement sb ,, si tu te fies fur moi, & si tu mâinvo- ter 5, ques avec ardeur. ' ib Z. Soumets toi donc patiemment Ă ^ â ces traitemens, sachant bien quâil est ^ », juste que tu les soufres j & mĂȘme ^ â prĂ©pare toi Ă en soufrir de plus durs. 111 ,, Si tu te vois souvent affligĂ© & tentĂ© ^ ,, violemment, ne tâimagine pas que ^ â tout soit perdu pour es hom- ^ â me, Lcnon pas Dieu; l'uĂšschair, ^ â & non pas un pur Esprit comme â lâAnge. Comment pourrois-tutoĂ»- â jours demeurer dans un mĂȘme Ă©tat j > â de force & de vertu, vĂ» que FAnge », dans le Ciel, &lâhomme dans lePa- j â radis, ont Ă©tĂ© sujets Ă lâinconstance ? â Câest moi qui rĂ©lĂšve & qui guĂ©ri », ceux qui gĂ©missent dans leur lan- , ,, gueur, de C&.58. Z4Z ,, langueur, & qui Ă©lĂšve Ă la participa- â tion de ma divinitĂ© ceux qui con- â noissent bien leurs infirmitĂ©s. Q]JE ta parole, ĂŽ mon Dieu ! soit benite Ă jamais ! a elle est plus douce Ă ma bouche que le miel le plus excellent & le plus pur. Que deviendrois-j e dans mes afflictions & dans mes maux les plus pressants, si tu ne me fortifiois par cette sainte parole ? QuenVimporte-t- il donc dĂ©sormais que je doive soufrir beaucoup, ou de quelle maniĂšre, & quels maux je soufre, pourvu quâenfin jâarrive au port du salut ? Seigeur ! fai moi la grĂące que jâachĂšve saintement ce qui me reste de vie ; & que je passe heureusement de ce monde Ă toi ! Mon Dieu ! souvien toi de moi, & me con- dui dans le chemin qui mĂšne le plus droit Ă ton RoĂŻaume ! Amen ! 00 P/-19. v- u. Chapitre LVIII. RefpeUe en te taismt ce que Dieu t'a cachĂ© . 1. Tk M ON fils! abstien toi de dis- XVA. ,, puter & de discourir sur P 4 âdes ĂŹĂŹ II 344 Dr lâImitation ,> des matiĂšres sublimes & Ă©levĂ©es, 8c ,, fur les secrets jugemens de Dieu ; ,, pourquoi ilabanaonne Tun,&pour- â quoi il Ă©lĂšve f autre Ă une si grande ,ti ,, grĂące. Pourquoi un tel est si affligĂ©, â & cet autre Ăi Ă©levĂ© & si content. â Toutes ces choses passent lâcsprit de â l'homme ; il n'^ a dispute del'Eco- â le ni raison humaine qui puisse pĂ©nĂ©- â trer les jugemens de donc â que Satan tâincite Ă cela ; ou que 5 , des hommes curieux tâinterrogent », fur ces sortes de sujets, donne leur â pour rĂ©ponse cette parole du ProphĂš- ,, te, a Tu Ăšs juste, ĂŽ Eternel ! & tous ,, tes jugemens font justes! Et cette autre; ,, b Les jugemens de ĂEternel font la ,, vĂ©ritĂ© mĂȘme; ilsfe trouvent Ă©galement ,, justes , On doit trembler Ă lâaĂpect ,, de mes jugemens , & non pas les ,, examiner; parce quâils font incom- â prĂ©hensibles Ă TEĂprit de lâhomme, 2 . Ne te mĂȘle pas aussi dans des ,, disputes touchant les dĂ©grĂ©s de la », dignitĂ© des Saints, savoir, si f un â est plus saint que f autre. Si celui- ,, ci a P/. IIP. v. IZ7. b. Ps. Ip. ». 10. Ăź de Cb. yS. Z45 â ci est plus grand que cet autre dans ,, le RoĂŻaume de Dieu. Tout cela ne ,, produit que des dĂ©bats & descon- ,, tentions, & ne sert quâĂ nourir lâor- ,, gueil & la vaine gloire , quâĂ ex- â citer des jalousies & des diflentions s, fur la prĂ©fĂ©rence que chacun donne s, au parti quâil embrasse, & que par â un principe de vanitĂ©, il veut faire â triompher. Ces recherches Ăbnt Ănu- ,, tiles,& mĂȘme dĂ©sagrĂ©ables aux vrais 5, Saints, aussi bien quâĂ moi, qui ,, ne fuis pas un Dieu de distendons, â mais un Dieu de paix ; & cette paix ,, ne consiste pas en ce que lâon sâĂ©lĂšve ,, soi-mĂȘme, mais en ce que lâon sâa- n fermisse dans la vraie humilitĂ©. Z. Combien y a-t-il de gens qui par â un zĂšle humain, & non pas divin,ĂĂš â sentent plus portĂ©s dâestime &dâaf- â feéÏion envers quelques-uns de mes ,, Saints, quâenvers quelques autres ? ,, Cependant câest Ă moi, quâil faut â avoir moi qui les ai tous ,, créés; câest moi qui leur ai donnĂ© Ă 3, tous ma grĂące; câest moi qui les ai tous remplis de gloire ; câest moi qui P 5 3, con- Z46 De lImitatio» â connois leurs Ćuvres ; câest moi qui ,, les ai prĂ©venus par mes bĂ©nĂ©dictions, », & qui les ai atirĂ©s par mes douceurs », cĂ©lestes. Câest moi qui ai connu par ,» ma prescience mes bien-aimĂ©s avant â tous les siĂšcles ; & qui les ai choisis â du monde ; car ce nâest pas eux qui », mâont les ai appellĂ©s par ma », grĂące, atirĂ©s par ma misĂ©ricorde, a- », menĂ©s jusquâĂ moi parmi beaucoup », de tentations. Je leur ai donnĂ© des ,, consolations inĂ©fables, une persĂ©ve- S , rance constante , Lc une couronne », pour leur patience. 4. Je les prĂ©connois tous 5 je les ai- »» me tous dâun amour indicible. Je â dois ĂȘtre louĂ© dans tous mes Saints, », bĂ©ni & glorifiĂ© dans ceux que jâai », prĂ©destinĂ©s & apellĂ©s Ă la gloire,fans â quâiĂ y ait eu en eux aucun mĂ©rite qui », aitprĂ©cĂ©dĂ©. Celui qui en mĂ©prise un », des moindres, les mĂ©prise tous ; par- », ce que câest moi qui ai fait le moindre », &le plus grand. Celui qui leur fait », injure, me la fait Ă moi mĂȘme, & à », tous les autres. Ils ne font tous quâun, » par le lien de lâAmour de Dieu ; ils âont 34 7 »» ont un mĂȘme sentiment, une mĂȘme ,» volontĂ© j & ils sâaiment tous dans â lâunitĂ© de celui qui est tout en tous. f. Mais, ce qui est encore bien plus â divin, ils m aiment plus quâils ne », sâaiment eux-mĂȘmes & tout ce qui â les regarde. Car Ă©tant tirĂ©s & trans- », portĂ©s au-deĂlus dâeux mĂȘmes & », hors de leur propre amour , ilspas- », sent entiĂšrement dans mon amour,oĂč â ils trouvent tout leur repos & leur », fĂ©licitĂ© parfaite. Rien ne les peut dĂ©- ,, tourner de ce grand amour , rien ne â les en peut faire dĂ©cendre ; parce â quâĂ©tant pleins de la vĂ©ritĂ© Ă©ternel- », le» la flamme de leur amour est fĂ â ardente que rien ne la sauroit Ă©tein- â dre. Ce nâest donc pas aux hom- â mes charnels & animaux, dont la ,, connoissance & la joie nâont pour », objet que leur satisfaction particu- ,» liĂšre, de parler de lâĂ©tat des Saints, â Ils les mĂ©prisent ; ils les estiment j â ils font comme il leur plaĂźt, sans â consulter la VĂ©ritĂ© Ă©ternelle. 6. Plusieurs agissent ainsi par igno- j, rance,sur-tout ceux qui aĂŻant peu de P 6 ĂŹumi*» 548 De lâ Imitation ,, lumiĂšres, savent peu ce que câest ,, dâaimer quelquâun dâun amour pu- Jj renient spirituel. Ils se 1 aillent me- », ner par une inclination naturelle & », une affection toute humaine; &ju-i Ă ,, gent Ă©galement des choses spirituel- * », les & des terrestres. Maiscespen- 1 », fĂ©es des imparfaits font infiniment , â au-deffous de celles que les hom- j ,, mes illuminĂ©s de Dieu, ont par la j », rĂ©vĂ©lation divine. ' 7 . Evite donc, Mon Fils ! avec ,, grand foin de nourrir ta curiositĂ© de », choses qui surpassent la portĂ©e de », ton Esprit ; pren plutĂŽt Ă tĂąche ,, dâĂȘtre un des plus petits au RoĂŻaume ,, de Dieu. Quand quelquâun sau- â roit qui sont les plus Saints & les â plus grands dans le RoĂŻaume des », Cieux, que lui serviroit cette con- â noiffance sâil nâen prenoitocasionde », sâhumilier devant moi, & de me â louer avec plus dâardeur ? Celui qui ,, sâoccupe Ă penser Ă la grandeur de â ses pĂ©chĂ©s, Ă la foifileffe de fa ver- â tu, & combien il est Ă©loignĂ© de la », vie de mes Saints, mâestplus agrĂ©a- DE LĂźv. III. 349 ble que celui, qui sâamuse Ă dispu- 5 > ter de leur Ă©galitĂ© ou inĂ©galitĂ©. Il », vaut bien mieux demander Ă Dieu ,, avec larmes par des priĂšres arden- â tes, quâil nous salle la grĂące dâimiter », leur sainte vie dans ThumilitĂ©, que ,, non pas de satisfaire nĂŽtre curiositĂ© â par la recherche des choses particu- », HĂšres qui les concernent. 8. Que les hommes se mettent en re- », pos de ce cĂŽtĂ©-ßà ,& qu ils rĂ©priment ,, la vanitĂ© de leurs discours;car quant ,, Ă mes Saints, ils font parfaitement ,, en repos. Ils ne se glorifient point de ,, leurs mĂ©rites ; parce quâils ne sâattri- â buĂ«ntaucun bien j mais ils mâattri- â buĂ«nt tout; parce que câest moi qui », leur ai tout donnĂ© par l'amour infini ,, que je leur ai portĂ©. Us font telleâ ,, ment remplis de mon divin amour, ,, & de la joie inĂ©fable que je rĂ©pans ,, dans leurs cĆurs, que rien ne man- â que a leur gloire & Ă leur fĂ©licitĂ©. â Plus mes Saints font Ă©levĂ©s dans la ,,, gloire , plus sont-ils abaisiĂ©s dans ,, eux-rnĂȘmes par lâhumilitĂ© ; Lc plus ,, ils s abaissent, plus sont-ils proches C 7 de z so De lâImitatioh. â de moi & dĂ©mon pour- ,, quoi il est Ă©crit dâeux, quâils jettent » leurs couronnes devant le TrĂŽne de â Dieu, {a quâiis fe prosternent fur â leurs faces devant lâAgneau,& quâils â adorent celui qui est vivant aux siĂš- », clĂ©s des siĂšcles. 9. U y a beaucoup de gens qui veu- ,» lent savoir qui est le plus grand dans ,, le RoĂŻaume deDieu,& qui ne savent pas sâils font dignes dâĂȘtre mis au â rang des plus petits. Câest ĂȘtre bien â grand que dâĂȘtre le plus petit dans j, le Ciel, oĂč tous font grands , parce â quâils font tous appelles , & quâils â font en Ă©fet,les Enfans de Dieu. b ,, Le plus petit viendra jusqu Ă mille ; au ,, lieu que le pĂ©cheur ĂągĂ© de cent ans fera â maudit. LesDifciples demandant,qui â feroit le plus grand dans leRoĂŻaume â des Cieux, eurent pour rĂ©ponse ces â paroles, c Si vous nâĂštes changĂ©s, & â que vous ne deveniĂ©s semblables Ă de â petits enfans y vous vĂentrerĂšspoint dans â le Roiaume des Cieux. Quiconque donc s%u~ DE J. Christ. Ch.^p. j f i j, s humiliera comme ct petit enfant, fett ra le plus grand dans le RoĂŻaume des â Cieux. io. Malheur Ă ceuxquĂne veulent », pas sâhumiĂŻier de bon cĆur avec les â petits 5 parceque la porte du Ciel », Ă©tant petite,ils ne pourront y paffer. ,, [a Malheur aux riches , qui ont leurs â joies en ce monde ; parce que lorsque », les pauvres entreront dans le RoĂźau- â me des Cieux, ils demeureront de- », hors en criant &gĂ©miĂĂŹant. Hum- â bles,rĂ©jouĂźffĂ©s vous; b pauvres, fau- â tĂ©s de joie; car le Ro'iaume de Dieu est », Ă vous, pourvu nĂ©anmoins que vous ,» cheminiĂ©s dans la vĂ©ritĂ©. a Luc. 6. v. 3. Ă Matth. V. 1 4 . Chapitre LIX. NâespĂšre que Dieu seul , ne cherche rien qu y en lui. I. f~\ SEIGNEUR ! quespĂ©rĂ© je en cette vie ? quel est le sujet de ma joie entre toutes les choses qui sontsousle ciel ? Nâest-ce pas toi, Seigneur mon Dieu! dont les misĂ©ricordes Ăont infinies ? Lors que jâai Ă©tĂ© fans Z 52 De t Imitation 11 sans toi, ai-je pu jouir dâaucun bien vĂ©- ' ritable ? Et quand jâai Ă©tĂ© avec toi,a-t- Ă Io il pu mâarriver aucun mal ? Jâaime f mieux ĂȘtre pauvre pour lâamcur de toi, ' !ĂŻ que riche fans toi. Jâaime mieux ĂȘtre Ă JĂ voĂŻageur sar la terre avec toi, que de k postĂ©der le Ciel fans toi. OĂč tu Ăšs, mon \ Dieu ! lĂ est le Ciel vĂ©ritable j Sc oĂč tu k nâĂšs pas, lĂ est la mort Sc le vrai Enfer. d? Mes dĂ©sirs ne tendent quâĂ toi ; câest toi pourquoi je soupire aprĂšs toi ; je crie 1 mit vers toi, Sc je te recherche fans cesse ul par mes priĂšres. Je ne puis avoir de va confiance en personne quâen toi, ni at- ni tendre dans mes nĂ©cessitĂ©s le secours Iti dâaucun autre que de toi seul, ĂŽ mon on Dieu ! qui Ăšs tout ce que jâeĂpĂšre 8C pu tout ce que jâattens ; Sc qui me confo- fo les Sc mâassistes en toutes rencontres to comme un ami souverainement fidĂšle. a 2 . Tous les autres cherchent ce qui leur est propre ; mais toi, tu ne cher- J! ehe que mon salut 8c mon avance- ment ; Sc tu me fais tourner toutes cho- p ses Ă bien. Quoi que tu mâexposes Ă 1 beaucoup de tentations Sc dâadversitĂ©s^ ' nĂ©anmoins tu les fai toutes servir a Ăź mon - de Ch. 59. Z5Z mon utilitĂ© ; toi, qui as acoĂ»tumĂ© RĂ©prouver en mille maniĂšres ceux que tu aimes, & qui dans toutes ces Ă©preuves Ăšs aussi aimable & digne de louanges, que lors que tu me remplis des consolations les plus cĂ©lestes. 3. Câest donc en toi, mon Seigneur & mon Dieu! que je mets toute mon espĂ©rance & mon refuge. Je remets fur toi toutes mes afflictions & mes calamitĂ©s ; parce que tout ce que je considĂšre hors de toi, nâest que foiblesse & que vanitĂ©. Il nây a puissans qui secourent, ni amis qui aident, ni sages qui conseillent, ni livres qui consolent, ni trĂ©sors qui rachĂštent, ni lieu qui cache & qui puisse mettre en furetĂ© pour beau & pour fort quâil soit, si Toi, ĂŽ Dieu ! ne viens toi-mĂȘme aider , secourir , consoler, racheter, protĂ©ger, & faire tout. 4. Toutes les choses qui semblent nous mener k la fĂ©licitĂ© & k la paix ne font rien fans toi, &ne nous peuvent rendre heureux dans la vĂ©ritĂ©. Câest donc toi seul qui Ăšs la fin de tous les biens ; câest toi seul qui Ăšs le principe Ă©ternel 5 c souverain de la vie ; câest dans toi seul que 554 Di lâ Imitation j que sont cachĂ©s tous les trĂ©sors de science; & la plus forte & plus puissante consolation de tes serviteurs est de nâes- pĂ©rer quâen toi seul. Mon Dieu! mon ] PĂšre ! je lĂšve mes yeux vers toi ; je me fie en toi. Source de misĂ©ricordes. BĂ©ni & santisie mon ame par ta bĂ©nĂ©dic- ' tion spirituelle, afin quâelle devienne ton saint Ciel, ta sainte demeure, &le TrĂŽne de ta gloire Ă©ternelle ; que rien ne se trouve dans ce Temple de ta saintetĂ© qui offense les yeux de ta MajestĂ© ! Divine. Regarde moi par compassion selon la grandeur de ta bontĂ© & la mul- 1 titude de tes misĂ©ricordes; & exauce la priĂšre de ton pauvre serviteur qui est banni & rĂ©lĂ©guĂ© fi loin de toi dans la rĂ©gion de sombre de la mort. Couvre de ta protection, & conserve , famĂ© de i ta pauvre crĂ©ature, qui est environnĂ©e de tant de pĂ©rils dans cette vie mortelle ; & que ta grĂące, ĂŽ mon Dieu ! me tenant toujours compagnie, tu me conduises par le chemin de la paix dans la patrie de la clartĂ© Ă©ternelle ! Amen ! Fin du TroisiĂšme Livre. DE j SO 7 D E LIMITATION JESUS CHRIST. UVRE QUATRIEME. AVIS Sur la traduction ou paraphrase de ce quatriĂšme Livre. E lĂŹvre suivant , qui ci - devant navoit pas et t joint aux traductions qiton avoit publiĂ©es de cet ouvrage pour ceux qui ne font point arite dâautant plus grande, & dans un Ă©tat fi dissemblable , qu'on ne j fait comment oser prĂ©tendre a unir ensemble des chojes dâune fi Ă©tonnante disproportion j & a les lier dâune union qui rien faffe plus qu un jeul tout & un mĂȘme ejsrit , selon les paroles de lâEcriture, Mais puisque c est Dieu mĂȘme qui y apette les Ăąmes , il faut bien lâen croire fur ce point , & se rendre d ses paroles an defjtts de toute apparence j en se souvenant cependant , qu il est du devoir de tout cçeur humble qui /aproche de lui, que sans prĂ©sumer de participer Ă ses grĂąces les plus singuliĂšres & du plus haut degrĂ© , il se contente de la maniĂšre &âą de la mesure selon lesquelles ĂŹl plaira au Seigneur de se communiquer Ă nos Ăąmes , qui doivent vivre ici bat avec lui dâune maniĂšre compatible avec la foi & avec lâeffrĂ©rancc. Z58 D E LIMITATION JESUS CHRIST. LIVRE QUATRIEME* i. Chapitre Aproche toi de Dieu , car c'est Dieu qui t'ĂŹnvite. La voix de JĂ©sus Christ. ENES A MOI, vous tous qui Ăštes travaillĂ©s & chargĂ©s, & je vous soulagerai, dit le Seigneur. b Le pain que je\donnerai, c est ma chair , que je don- neraipourla vie du monde, c PrenĂ©s , est mon corps qui est rompu pour vous s faites ceci en mĂ©moire de moi, d Celui qui mange ma chair & qui a liĂatth. ii. *>. i8. bj S,l. if I. Or. .d Juan,6. f8. &6J. de Cb. i. z sy qui boit mon sang , demeure en moi ; & moi je demeure en lui. Les paroles que je vous ai dites font Esprit & vie. â [Câest-Ă -dire, quâon doit les enten- CjJâ dre de mon Esprit & de ma Vie, â que je donne Ă ceux que jâintroduis ... â dans ma Communion Divine & fpi- -E ,, rituelle pour nâĂȘtre plus quâun avec â eux.] Lâ A M E. ^ I. VOILA tes paroles , ĂŽ JĂ©sus! VĂ©ritĂ© Ă©ternelle, quoi que tu ne les aies pas toutes dites en un mĂȘme tems, & que tes Disciples ne les aient pas Ă©crites en un mĂȘme lieu. Puis donc a que ce font tes paroles , & quelles ;; ; font vĂ©ritables , je dois les recevoir avec actions de grĂąces & avec foi. El- les font Ă toi , car elles viennent de q roi ; elles font aussi Ă moi, car elles ,, j sâadreffent Ă moi ; & câest pour mon -1 salut que tu les as prononcĂ©es. Je les I reçois trĂšs volontiers de ta bouche pour les graver profondĂ©ment dans mon * ] cĆur. Ces paroles pleines de compas. ;. fion, pleines de douceur, pleines d'a- ; Ăź mour » me touchent & me donnent 3 6o De lâImitatiom quelque courage. Mais, mon Dieu! je fuis Ă©pouvantĂ© par la grandeur de mes propres pĂ©chĂ©s ; & lâimpuretĂ© de ma conscience se prĂ©sentant Ă moi, me dĂ©fend de prĂ©tendre Ă des biens fl inĂ©- fables & fi grands. La douceur de tes paroles mâatire ; Ic nombre de mes vices me retire & me dĂ©tourne. 2. Tu veux , ĂŽ mon Dieu ! que je mâapproche de toi avec foi , si je veux avoir part avec toi ; & que je nourrisse mon ame dâune viande qui est Ă©ternelle, si je veux avoir la vie 8c la gloire qui est Ă©ternelle. VenĂȘs - i moi , dis-tu, VenĂȘs Ă moi, vous tous qui Ă©tĂ©s travaillĂ©s & chargĂ©s& je vous soulagerai. O ! que Farne du pĂ©cheur trouve de consolation dans cette aimable parole, par laquelle le Seigneur mon Dieu daigne inviter Ă fa trĂšs- sainte Communion une crĂ©ature pauvre & chĂ©tive ! Mais, Seigneur ! qui Ăuis-je donc , pour oser mâapprocher de toi ? a VoilĂ les Cieux des Cieux ne peuvent te contenir , & tu dis, VenĂ©s tous Ă moi ! 00 L. Qhrtn, 6. v. ig. f l bon; vrai n» moi ik Com taç mai mr fi in teil tĂŹe OIS fit 11e ma ! la M âąF UI P 1 a\ b Ă* . k J * de Ch. i. z6l Z. Que veut dire cette admirable â- bontĂ© qui nous invite si aimablement Ă venir? Mais comment oferai-jevenir, ' moiquisai quâil nây arien de bien dans moi qui puisse me donner la moindre - assurance ? Comment aprĂšs avoir si souvent offensĂ© ta bontĂ© , & violĂ© en ta prĂ©sence tous tes ordres & tes com mandemens , oferai-je tâinviter dâen- trer dans ma maison, qui est mon ame ; ; âą fi impure ? Les Anges & les Archanges te rĂ©vĂšrent; les Saints&les justes trem- ! r blent devant toi ; cependant tu nous . dis j VenĂ©s tous Ă moi! Certes Seigneur*. ... si tu ne le disois toi-mĂȘme, personne , ne pourroit le croire ; & si tu ne le com- T , mandois toi-mĂȘme, qui oseroit avoĂĂ la hardiesse daller Ă toi ? * p- 4. VoilĂ NoĂ© , Ă qui tu rendis tĂ©- moignage dâavoir Ă©tĂ© un homme juste, qui est nĂ©anmoins cent ans Ă prĂ©parĂ©e une arche de bois pour y ĂȘtre sauvĂ© avec c peu de personnes. Pourrai - je donc âąffc avoir en si peu de tems une ame assĂ©s f bien prĂ©parĂ©e pour y recevoir le CrĂ©ateur du monde avec le traitement resi» ,tl pectueux quâil mĂ©rite ? Q. 5, Moi- z6L De l Imitation 5. MoĂŻse , ton grand serviteur & ton ami particulier , fit une Arche de bois incorruptible , & la couvrit d or trĂšs-pur, pour y recevoir la Loi ; & moi, qui ne fuis que corruption & pourriture, oserai-je concevoir la pensĂ©e de recevoir le lĂ©gislateur mĂȘme & sauteur de la vie? Salomon, le plus sage des Rois dâisraĂ«l, emploĂŻa sept annĂ©es Ă bĂątir un Temple magnifique Ă la louange de ton Nom ; il en cĂ©lĂ©bra la dĂ©dicace durant huit jours, & ofrit mille hosties pacifiques pour y introduire solennellement lâArche de salliance dans le lieu quil lui avoir prĂ©parĂ© ; ce quâil fit au son des trompettes , & au milieu,des cris de rĂ©jouissance de tout IsraĂ«l. Et moi, qui suis la plus chĂ©tive & la plus misĂ©rable de toutes les crĂ©atures , oserai-je te recevoir dans ma maison, moi, qui ai peine Ă emploĂŻer une demi-heure Ă lâexercice de la dĂ©votion ; & plĂ»t Ă Dieu encore que jây eusse emploĂŻĂ© assĂ©s dignement autant, ou mĂȘme encore moins ! 6 . Mon Dieu Ăź que ces gens-lĂ fai- soient dâĂ©forts pour te plaire j & moi qu >- Ci m tĂ I ^ J n' f ĂŻ n f Ă Ă t de IV. Cb. i. z6z que jâen sais peu ! Et pourquoi pensĂ©- je quâun tems si court me disposera asies dignement pour te recevoir ? Je rentre rarement dans moi mĂȘme ; mon ame esttrĂšs-peu souvent dĂ©gagĂ©e des choses Ă©trangĂšres & extĂ©rieures ; & ce- Ă , pendant, Ă ta prĂ©sence toutes les pen- .? i - fĂ©es Ă©trangĂšres devroient sâenfuir & sâĂ©- vanoiiirj & toutes les crĂ©atures aban- âą iâ donner la place de mon cĆur ;veu quâil celer, nâest pas question dây loger un Ange, irr mais le souverain Seigneur de tous les Kw Anges. ..b. 7. Je sai quâil y a une diffĂ©rence infi- nie entre lâArche de lâalliance avec ce 11 squâelle contenoit ; Lc toi, ĂŽ CrĂ©ateur 1 ' source unique de toutes les perfections f"" & de toutes les vertus ; entre les sacri- . !1 fices de la Loi, qui nâĂ©toient que des ~ L ombres des biens Ă venir j &toi, ĂŽRe- f !; dempteur ! hostie vivifiante & accom- ⹠À i â plissement de tous les sacrifices ! Pour- f ' quoi donc , lors que ces saints Patriar- *** ches, ces ProphĂštes , ces Rois & ces Princes, avec tout leur peuple, font ĂźiĂii' si pleins dâardeur & de dĂ©votion pour Ke ton divin culte j pourquoi, dis-je, ne si Q. 3 me z 64 De lâImitatiom me prĂ©parerai-je pas avec encore plus ! dâardeur Ă participer Ă tes sacrĂ©s mystĂš- j a res , Ă te recevoir toi-mĂȘme le Saint j, des Saints ? ; j. 8. VoilĂ David qui lĂ€ute de toutes 1 su ses forces devant ton Arche , dans Je te souvenir des biens que tu as faits Ă ses D prĂ©dĂ©cesteurs. Il fait faire des instru- ti mens de musique, il compose des J, Psaumes, il les fait chanter avec aile- greife ; il les chante lui-mĂȘme fur la ha» \i pe, inspirĂ© quâil est du S. Esprit ; il ji enseigne les IsraĂ©lites Ă louer Dieu de t tout leur cĆur, Ă le bĂ©nir tous les jours [ en publiant ses grĂąces par des cantiques 'tĂŹe ont tĂ©moignĂ© tant dar- , deur, sâils tâont louĂ© jusquâĂ ce point 1 devant une Arche matĂ©rielle, qui nĂ©- j haut ! pour ĂȘtre reçu dans nous , & y 1 ] demeurer par un mystĂšre inĂ©fable ? , 5 >. Il y a des gens qui courent dâun cĂŽtĂ© & dâautre pour voir des choses matĂ©rielles qui Ă©toient autrefois Ă lâu- sage de Ch. i. $65 sage desSaintSj dont ils ont ouĂŻ publier la vie & les actions , quâils admirent» honorant leur mĂ©moire, leurs reliques, & les Temples quâon leur avoit consacrĂ©s. Mais, ĂŽ Saint des Saints ! CrĂ©ateur des hommes! Roi des Anges! mon Dieu ! te voici prĂ©sent Ă r mon ame, & tu frapes Ă la porte de mon cĆur ! Combien de personnes font portĂ©es par la curiositĂ© & par le dĂ©sir de la nouveautĂ© vers ces autres choses, qui cependant ne les rendent pas meilleurs, non plus que la connoissance de la vie des Saints, lors quâon en discourt par maniĂšre de divertissement, & sans avoir le cĆur touchĂ© de ton Amour. Mais ici, dans - ce grand mystĂšre, oĂč tu te veux unir 8c donner Ă nos ames,ĂŽ JĂ©sus, mon Dieu! qui t Ăšs uni si Ă©troitement Ă nĂŽtre nature, on trouve trĂšs-certainement un trĂšs- grand fruit, le salut Ă©ternel ; pourvu que lâon y ait part dans la vĂ©ritĂ© & dans la puretĂ© , & que ce ne soit pas un mouvement de zĂšle leger & fans fermetĂ© , qui nous porte Ă toi ; ni le dĂ©sir de satisfaire nĂŽtre curiositĂ© par la lumiĂšre de la connoissance des choses di- Q. Z vines; z66 De lâ Imita t ion vines j ni celui dâĂȘtre satisfaits par des douceurs sensibles ; mais une foi ferme , une espĂ©rance qui ne regarde que toi, & un amour vraiment sincĂšre & dĂ©sintĂ©ressĂ©. 10. O CrĂ©ateur du monde! ĂŽ Dieu invisible aux yeux de la chair ! que la maniĂšre dont tu te communiques Ă nous est spirituelle & admirable ! Combien grandes font les douceurs & les grĂąces que tu communiques Ă tes ElĂ»s lors que tu te prĂ©sentes Ă leurs Ăąmes pour y faire ra demeure ? cela pĂąlie nos pensĂ©es , ravit les cĆurs de ceux qui tâaiment, & les enflame encore plus vivement du feu de ton Amour. Oui, ceux qui te font fidĂšles, & dont toute la vie est un amendement continuel, puisent sans cesse dans cette divine communication qu'ils ont avec toi, le renouvellement & lâaccroissement dans la piĂ©tĂ© & dans lâamour de toutes les vertus. 11. O que cette grĂące est admirable, & quâelle est en mĂȘme tems cachĂ©e ! II nây a que les Ăąmes fidĂšles Ă Dieu qui laconnoissent bien ; les infidĂšles, & ceux de J. Christ. Liv. IV. Cb. i. Z67 ceux qui fervent au pĂ©chĂ©, ne la peuvent Ă©prouver. Cette grĂące est toute spirituelle; lame y retrouve la force quâelle avoitperduĂ«, & sa beautĂ© que le pĂ©chĂ© avoit toute dĂ©figurĂ©e. Cette grĂące est quelquefois fi abondante & st pleine, que par la grande piĂ©tĂ© quâelle fait naĂźtre , non-feulement Tarne sent redoubler ce quâelle avoit dĂ©jĂ de forces ; mais le corps, tout dĂ©bile quâil est, en est aussi fortifiĂ©. 12. Cependant, câest pitiĂ© devoir quâelle est nĂŽtre tiĂ©deur, nĂŽtre nĂ©gligence & nĂŽtre peu de dĂ©sir pour recevoir le Seigneur , dans lequel pourtant est renfermĂ© tout le mĂ©rite & toute lâeĂpĂ©rance de ceux qui veulent ĂȘtre sauvĂ©s. Car il est nĂŽtre santification, nĂŽtre rĂ©demption, la consolation des exilĂ©s, & la joie Ă©ternelle des Saints. Câest un malheur que Ton ne sauroit aisĂ©s dĂ©plorer , que presque tous les homes pensent st peu Ă ce haut & divin mystĂšre , qui pourtant est la joie du ciel , & la conservation du monde. O aveuglement ! ĂŽ duretĂ© du cĆur de rhomme, qui fait si peu dâattention k 0,4 un z68 D L I M I T A T10M un don si inĂ©fable ! qui le nĂ©glige & paroĂźt lâoublier, parce quâil est souvent prĂ©sent Ă ses yeux qui sâaccoutument a le regarder comme une chose commune & de peu de prix. 13. Si certe grĂące Ă©roit attachĂ©e Ă un certain lieu particulier & Ă une certaine crĂ©ature de ce monde, avec combien dâardeur les hommes ne dĂ©vroient-ils pas se porter vers ce lieu & vers cette crĂ©ature? Mais maintenant JĂ©sus veut bien sâoffrir Ă toutes les Ăąmes & les rendre toutes dignes de son union ; asm que sa grĂące & ĂĂ dilection envers lâhomme parodient dâautant plus grandes j que son offre est plus Ă©tendue. JĂ©sus, Auteur des misĂ©ricordes, Grand & Eternel Pasteur des Ames ! je te rens grĂąces de ce qu Ă©tant de pauvres & de misĂ©rables bannis, tu daignes nous rassasier de toi mĂȘme, de ton corps & de ton sang, de ton Esprit & de ta vie ; & de ce que tu nous invites Ă participer Ă ce grand mystĂšre par les paroles de ta bouche , en nous disant, VenĂšs Ă Moi, vous tous qui Ăštes travaillĂ©s & chargĂ©s ; Ă 1 je vous soulagerai . Cha- bi J. Christ. LĂŹvr. IV. ;6j> Chapitre II. Aprocbe-toi de Dieu, mais dans i'b/miluĂ©, I. TE viens donc Ă toi, Seigneur! en J mâapuĂŻant fur ta bontĂ© & fur ta trĂšs-grande misĂ©ricorde. Je mâapro- che du Sauveur & du MĂ©decin , comme Ă©tant malade; je mâaproche de la source de seau vive , comme Ă©tant dans la langueur & dans la soif ; je m'aprocbe du Ciel, comme Ă©tant pauvre ; je me prĂ©sente au Seigneur , comme Ă©tant son Serviteur ; je vai vers le CrĂ©ateur j parce que je fuis fa crĂ©ature ; mon ame sâavance vers le charitable Consolateur , comme Ă©tant toute dĂ©solĂ©e & toute pleine dâamertu- me. Mais, ĂŽ mon Dieu ! dâoĂč vient cela,que tu viennes Ă moi? Qui suis-je, que tu veuilles te donner Ă une crĂ©ature si chĂ©tive?Comment une ame pĂȘcheresse ose-t-elle paroĂźtre devant toi ? & toi, comment daignes-tu te prĂ©senter Ă une ame pĂȘcheresse! Tuconnoiston Serviteur ; tu fais quâil nây. a rien de Q, 5 bon 370 DelâImitation 1 bon dans lui. pour te porter Ă lui faire Ăź cette grĂące. Je confesse que je fuis un c rien, & que je ne vaux rien, & moins f que rien. Je reconnois que tu nâas pour ; â motifque ta pure bontĂ©. Je lotte ta mi- P sĂ©ricorde ; 8c je rens grĂąces Ă ta charitĂ© 1 infinie. Câestpour l'amour de toi-mĂȘ- v me que tu agis de la forte ; & non pas ' que je l aie mĂ©ritĂ© ; tu veux me faire i connoĂźtre de la forte la grandeur de ta 1 bontĂ©, mâinĂpirer une plus grande cha- donnĂ© toi-mĂȘme en viande dâunema niĂšre admirable & mystĂ©rieuse pour la q consolation de tes fidĂšles. Tu Ăšs Ă lame f une nourriture dĂ©licieuse; & celui qui 1 toit te mangera dignement, sera participant > q & hĂ©ritier de la gloire Ă©ternelle. Com- j p me je tombe & pĂšche souvent, & quâil Ăź j », Dieu, & avec une intention toute j », pure, qui nait pour but que la seule > â gloire de Dieu. Examine ta con- i ,, science avec soin ; nettoie-la par une », humble confession de tes pĂ©chĂ©s & â avec un cĆur que le principe de mon â amour ait brisĂ© & contrit ; nây 1 aille », rien que tu lĂąches qui puise te > â charger, ou te donner quelques re- », mors . & qui tĂŽte la libertĂ© de tâa- â procher de moi. AĂŻe un vif dĂ©- », plaisir de tous tes pĂ©chĂ©s en gĂ©nĂ©ral, 3 , & gĂ©mis avec douleur de toutes les ,, fau- de J. Christ. Livr. IV. Ch. 7. 391 j, fautes particuliĂšres que tu commets ,, tous les jours. Ocupe toi Ă con set s , fer Ă Dieu dans le secret de ton cĆur 3j toutes les misĂšres auxquelĂŹes tes 3, passions te rĂ©duisent. 2. Quâune tristesse qui pĂ©nĂštre le 33 fond de ton ame te fasse soupirer ĂČc 3> pleurer devant lui de ce que tu Ăšs en- 3, core si charnel & si mondain ; si peu 33 mortifiĂ© dans tes passions ; si plein de 33 mauvais dĂ©sirs, &si acoutĂ»mĂ© Ă tây â laisser aller j si nĂ©gligent Ă la garde s, de tes sens ; si embarassĂ© de vaines 3» pensĂ©es & de folles imaginations; si s, portĂ© aux choses extĂ©rieures & visi- 3, blĂ©s ; si peu soigneux des intĂ©rieu- 3, res & des invisibles ; si promt Ă rire 33 & Ă tâĂ©pancher en de vaines joies ; si 33 dur de cĆur Ă pleurer tes pĂ©chĂ©s & Ă 33 tâen Ă€stiger vivement. Si prĂȘt Ă te s, relĂącher & Ă donner Ă ton corps ses 3, aises & ses plaisirs; si lĂąche Ă le dom- 3, ter Ă5 pour t exciter Ă la serveur; si s, curieux pour entendre des nouvel* 33 les & pour voir de belles choses ; si 3, lent Ă tâapliquer Ă ce qui est de plus 3> humble & de plus bas ; si ardent Ă R 4 -, passĂ©- 59Z De lâImiiation ] â possĂ©der beaucoup ; si retenu Ă don- 1 â ner; si avare Lc 6 difpoTĂ© Ă retenir; ; j, si inconsidĂ©rĂ© en tes paroles ; fi im- , Ă©veillĂ© pour oiiir des contes &des â fables ; si endormi pour la mĂ©ditati- â on & pour la priĂšre; fi impatient â pour atendre la fin des saints discours â que l'on te fait; si distrait en les Ă©cou- -, tant; si relĂąchĂ© pour y emploĂźer â quelques heures ; si tiĂšde dans le >, culte de Dieu ; si sec lors que tu te -, prĂ©sentes devant lui, & que mĂȘme â tu participes Ă son sacrement ; si-tĂŽt â distrait pour la moindre chose; si â rarement recueilli ; si facilement -, provoquĂ© Ă la colĂšre ; si facile Ă cho- -, quer les autres ; si promt Ă juger au- -, trui; si sĂ©vĂšre Ă reprendre ; si joĂźeux -, lors que les choses vont bien pour -, toi selon le monde ; si abatu lors -, quâelles vont mal ; si fertile Ă former â de bonnes rĂ©solutions, & si stĂ©rile Ă n en produire ses Ă©fets. 3. A- de J. Christ. ZYZ Z. AprĂšs avoir reconnu & confessĂ© â ces pĂ©chĂ©s,& encore beaucoup dâau- â tres dont tu Ăšs coupable, & les a- â voir dĂ©plorĂ©s avec une profonde â douleur de te voir si misĂ©rable & si â infirme, pren une ferme rĂ©solution â de corriger ta vie, & de tâavancer â chaque jour de plus en plus dans le â bien. Alors ^abandonnant entiĂš- â rement Ă moi par une pleine rĂ©si- â gnation de ta volontĂ©, fai que ton â cĆur devienne un autel tout de feu â fur lequel tu tâofres en holocauste â perpĂ©tuel Ă lâhonneur de mon Nom. >, Je veux que tu tâofres tout entier ; â que tu me remettes ton corps & ton â ame, me les abandonnant pleine- â ment ; & quâainsi tu deviennes di- ,, gne de mâaprocher & dâĂȘtre rempli â de ma salutaire prĂ©sence. 4. Il nâya point de meilleur moĂŻen â pour ĂȘtre assurĂ© du pardon des pĂ©ri chĂ©s, & pour en trouver lâexpiation j, que de sâofrir soi-mĂȘme purement & ,, absolument Ă Dieu,avecJĂ©susChrist, ,, lors quâon se prĂ©sente Ă lui pour sj avoir part Ă fa Divine communion. R 5 Si *94 Or lâImitation â Si lâhomme fait ce qui est de son de- ,, voir, & quâil se repense vĂ©ritable- ,, ment ; toutes les fois quâil sâapro- 3, chera de moi dans TĂ©tĂąt que je viens â de dire pour obtenir grĂące & misĂ©ri- â corde ; a sse jure par moi-mĂȘme, dit 3 , le Seigneur , que je ne veux point la â mort dupĂ©cheur, mais plĂ»tĂŽt qu il je 3 , convertisse & qu il vive ; que je ne me ,, souviendrai plus de ses pĂ©chĂ©s mais ,, que je les lui pardonnerai tous, a Eyech . 33. ». n. 16 , Chapitre VIII. Cfre toi tout Ă Dieu,pour lui bien agrĂ©er, I. /^Omme je me fuis ofertmoimĂȘ- Vâ/ â me volontairement Ă Dieu â mon PĂšre pour tes pĂ©chĂ©s,ai'antbien 3 , voulu que mes mains fussent Ă©ten- 3 , duĂ«s&mon corps exposĂ© tout nud â sur une croix, en sorte quâil ne nf est 3 , rien restĂ© qui ne soit entrĂ© dans ce fa- 3 , crifice de rĂ©conciliation & de paix 33 avec Dieu ; de mĂȘme dois-tu tâofrir 3 , volontairement toi-mĂȘme en obla- 3 , tion pure & sainte, lors que tu te ,, prĂ©sentes Ă moi j & tu le dois fai- >, rede de Livr, IV. Cb. 8. 39s ,, re de toutes tes forces, de toutes tes s, afections, & de toute PĂ©tenduĂ« de ,, ton cĆur. Que demande-je detoi avec , plus dâinstance sinon que tu te doues , Ă moi, fans referve ? Je ne me soucie , point de tout ce quetumepeux don- , ner si tu ne te donnes toi-mĂȘme; car , câest toi-mĂȘme que je recherche, & , non pas tes dons. 2 .Comme toutes les choses du mon- , de ne pourroient te sufire si tu ne , mâavois pas ; ainsi rien ne me peut , plaire de tout ce que tu me peux , donner si tu ne te donnes toi-mĂȘme , Ă moi. Osre-toiĂ moi; consacre-toi Ă , Dieu par le don Rentier de toi-mĂȘme, , & alors ton oblation lui fera trĂšs a- , grĂ©able. ConsidĂšre que je me sus*' , ofert tout entier Ă mon PĂšre pour , tosque jâai donnĂ© tout mon corps » , tout mon ĂĂ ng,pour ĂȘtre la nourritu- , re de ton ame,afin que je fĂŒlle tout Ă , toi,8c que tu fusses tout Ă moi. Mais , si tu demeures encore atachĂ© Ă toi,& , que tu ne tâofres pas d^ toute ton , ame Ă ma sainte volontĂ©, lâoblation partagĂ©e que tu me feras ne sera pas R 6 plei- De lâImitatios â pleine, & il nây aura point de parfai- â te union entre nous. Si donc tu dĂ©fi. â res de jouir de la vraie libertĂ© & de la ,, grĂące cĂ©leste , il faut que toutes tes ,, Ćuvres soient devancĂ©es par une ob- ,, lation volontaire de toi-mĂȘme entre â les mains deDieu. Aussi la raison â pour laquelle il y a st peu de gensqui j j soient vraiment illuminĂ©s Lc vraiment », libres dans lâinterieur, est, quâon ne s, ĂĂ it pas renoncer entiĂšrement Ă soi- ,, cette parole,que jâai dite, », est vĂ©ritable & ferme, a fi quelqu m â ne renonce atout , il ne peut-ĂȘtre mon â donc tu veux ĂȘtre mon dis- â ciple, vien tâofrir Ă moi, avec toutes ,, tes afections & tous tes dĂ©sirs. a Luc . 14. Chapitre IX. fifre Ă Dieu toi » tes vĆux , tant pour toi que pour dâautres. L 5 A ME. 3» CEIGNEUR! Ă qui tout ce qui est ^ dans le Ciel Sedans la terre apar- tient, je dĂ©sire de mâosrir Ă toi en obla- sion volontaire» dâĂȘtre Ă©ternellement Ă toi, de J. Chmst. Livr,lV, JP7 Ă toi. Mon Dieu ! je mâofre aujourdâhui dans la simplicitĂ© de mon cĆur pour ĂȘ- tre ton serviteur Ă jamais, pour tâobeĂŻr, &pour te prĂ©senter Ă©ternellement un sacrifice de loiiange. Reçoi-moi avec le sacrifice du corps de ton Fils , qui est maintenant devant toi en prĂ©sence des Anges, & fur lequel je te prie de jetter les yeux, afinquâil me soit salutaire auĂĂi-bien quâaux autres hommes. L. Jâose aussi prĂ©senter,Seigneur! ĂĂčr lâautel de ta misĂ©ricorde & de ta rĂ©conciliation , tous les pĂ©chĂ©s & toutes les fautes que jâai jamais commises devant toi & devant tes Anges, depuis le prĂ©- mier jour que jâai commencĂ© Ă pĂ©cher jusquâĂ cette heure, afin que tu les brĂ»les & que tu lesconsumes toutes par le feu de ton amour, que tu Ă©faces toutes les taches de mes pĂ©chĂ©s ; que tu nettoies ma conscience de toute iniquitĂ© ; que mâ la rĂ©mission entiĂšre de toutes mes ofenses, tu me redonnes la grĂące que jâai perdue en pĂ©chant & que tu mâembraffes par tes compassions infinies,en me donnant le baiser de paix. z. Que puis-je faire pour le pardon R 7 de 35>8 De l'Ămitatios de mes pĂšches finon de les confesser devant toi avec humilitĂ©, de les pleurer, 6c dâimplorer sans ceĂĂŻe ta misĂ©ricorde Sc la grĂące de ta rĂ©conciliation? Je lâim- plore ; je me prĂ©sente Ă toi,mon Dieu ! exauce moi, & me sois propice. Tous mes pĂ©chĂ©s me dĂ©plaisent horriblement ; je suis rĂ©solu de nây plus retomber Ă Ăâavenir ; je fuis atĂŹigĂ© de les avoir commis ; jâen gĂ©mirai toute ma vie avec pĂ©nitence, & en satisfaisant autant quâil me sera possible, Ă la rĂ©paration Ă quoi ils mâobligent. Pardonne-moi, mon Dieu! pardonne-moi mes pĂ©chĂ©s,Ă cause de toi-mĂȘme ; sauve mon ame que tu as rachetĂ©e par ton prĂ©cieux sang. Je me rens Ă ta misĂ©ricorde ; je me remets entre tes mains paternelles. Agi envers moi non selon la grandeur de ma mĂ©chancetĂ© & de mon iniquitĂ©, mais selon ta bontĂ© qui nâa point de bornes. 4. Je tâofre & te prĂ©sente aussi tout ce quâil y a de bien en moi ; quoi quâil y en ait peu, & que cepeu soit encore trĂšs- ĂŹmparfait, asin que tu le corriges Sc que tu le santifies asin que tu te le rendes agrĂ©able,Lc que tu le perfectionnes. Je te prie de J. Christ. LĂŹvr. IV. C&.p. 3pp te prie encore , ĂŽ mon Dieu! que sans avoir Ă©gard Ă ce que je ne fuis quâune crĂ©ature indigne,inutile,lĂąche & nĂ©gligente, tu me prennes par la main, pour me conduire Ă unefinĂŹoĂĂe&heureuse. s. Je tâofre aussi, ĂŽ Seigneur! avec mes priĂšres, celles de toutes les Ăąmes pieuses, te supliant de les exaucer, & d avoir Ă©gard aux nĂ©cesiltĂ©s de mes paĂŻens,de mes amis,de mes frĂšres,de mes sĆurs,de ceux qui me font chers,& de tous ceux qui pour lâamour de toi ont fait ou Ă moi ou Ă dâautres quelques biens spirituels ou te prie pour tous ceux qui ont dĂ©sirĂ© que je me souvienne d'eux dans mes dĂ©votions, afin de demander Ă la misĂ©ricorde que tu as fait paroĂźtre dans le Sacrifice de ton Fils, le pardon de leurs pĂ©chĂ©s. Je tâofre, ĂŽ mon Dieu ! mes priĂšres pour toutes ces personnes-lĂ ,soit quâelles vivent encore dans le siĂšcle,ou bien qu elles lâaĂŻent quittĂ©. Fai leur sentir les bĂ©nĂ©dictions de ta grĂące & le secours de ta consolation; protĂšge les dans les dangers & les dĂ©livre des vrais maux ; afin quâapxĂšs leur dĂ©livrance, leur cĆur tout 400 De l Imitation tout plein dâune divine joie, devienne une source Ă©ternelle de louanges pour ta bontĂ©. 6 . Je te prĂ©sente encore, ĂŽ Dieu! des priĂšres de charitĂ© & de paix pour tous mes ennemis en gĂ©nĂ©ral ; & en particulier pour tous ceux qui mâont jamais fait quelque mal, qui mâont affligĂ©, calomniĂ©,dĂ©shonorĂ©, ou dit des injures; qui mâont fait quelque tort, ou dommage, quel quâil soit ; qui mâont causĂ© des peines ou des douleurs ; comme aussi pour tous ceux que jâai eu le malheur dâofenser, dâafligcr, ou de mettre en quelque trouble ; pour ceux que je puis avoir traitĂ©s avec duretĂ© & rigueur,& que jâai scandalisĂ©s par ma langue ou par mes aĂ©rions, de propos dĂ©libĂ©rĂ© ou fans le savoir. O Dieu! sois nouspropice,Ă nouspauvres criminels, nous pardonnant Ă tous toutes les fautes que nous avons faites les uns contre les autres & contre toi. Ote, Seigneur! ĂŽte de nos cĆurs tout mauvais soupçon , toute indignation , toute colĂšre, tout penchant aux diĂputes, & tout ce qui peut blesser la charitĂ©, ou affeii lir entre de Liv. IV. 401 entre nous lâamour fraternel. Aie pitiĂ©, mon Dieu! aie pitiĂ© de ceux qui te demandent misĂ©ricorde ; donne ta grĂące Ă ces pauvres mendiants qui en ont tant de besoin ; ren nous tels quâĂ©tant dignes de jouir de cette divine grĂące,nous nous avancions fans cesse vers la vie sainte & divine qui nâaura jamais de fn. Amen ! Chapitre X. Uni Ă Dieu ton cĆur en tout tems & fans cesse. LE BIEN-AIME'. I I âU DOIS souvent recourir Ă -Ăą ,, moi qui suis la source de la ,, grĂące & de la misĂ©ricorde, la fontai- â ne de toute bontĂ© & de toute puretĂ©, â afin que tu puisses ĂȘtre nettoĂŻĂ© & guĂ©- â ri de tes passions & de te vices, pour ,, devenir plus fort, & plus vigilant Ă ,, rĂ©sister aux tentations & aux artifi- ,, ces du Diable. Cet ennemi connois- ,, sant le grand fruit que lâon retire de ,, la comunion avec moi, & quâelle est ,, le remĂšde universel Ă tous les maux, ,, tĂąche par tous les moĂŻens imagina- â blĂ©s I 4-oz De limitation ,, blĂ©s dâen retirer les fidĂšles, & dâen ,, dĂ©tourner ceux quâil y voit portĂ©s. 2. De lĂ vient que ceux qui tĂąchent ,, leplusdesây bien prĂ©parer , & dây ,, participer, font attaquĂ©s par de plus ,, grandes tentations de la part du DĂ©- ,, mon. Cet Esprit malin,qui ose bien 5, se trouver entre les enfans de Dieu, 55 corne il est Ă©crit dans le livre de Job, 5> les vient troubler par fa malignitĂ© 5, ordinaire, les intimider, ou les ren- ,5 dre irrĂ©solus, pour diminuĂ«r leurs â bons dĂ©sirs, & vaincre leur foi, afin ,, quâĂlssâĂ©loignentde mostouquâilsne â s avancent vers moi qu avec tiĂ©deur. â Mais il ne faut pas avoir Ă©gard Ă tous â ses artifices ni Ă toutes les imagina- 5, tions & les pensĂ©es, quâil nous prĂ©- ,, fente,qui souvent sont des piushon- 5, teuses & des plus doit 3, au contraire les rejetter contre luiss mĂȘme,en les dĂ©testant. Il faut mĂ©- 3, priser ce malheureux, & se moquer 3, de ses artifices, qui ne font Ă ceux 3, qui ne sây plaisent pas & nây consen- 35 tentpas,quedes fantĂŽmes qui ne leur 33 peuvent nuire ; & quoi qu il attaque lame. »I > J Ăź I ' 1 de Ch . 10. 405 ,, lâamej&quâil excite dans ellequel- â que Ă©motion , on ne doit pas se dĂ©- â courager de la recherche de Dieu, & ,, du dĂ©fir dâentrer dans la divine com- ,, munion de son Fils. z. Souvent aussi un trop grand em- â pressentent pour la dĂ©votion sensible, ,, & trop dâinquiĂ©tude pour rechercher â scrupuleusement tous ses pĂ©chĂ©s ahn ,, de me les confesser en dĂ©tail,devien- s , nent un obstacle Ă sâaprocher de moi. â Sui en cela le conseil que te donne- ,, ront ceux qui craignentDieu,& mets bas toutes ces inquiĂ©tudes qui arrĂȘ- ,, tent la grĂące , & qui ralentissent la â tâ point de moi,pour â un petit trouble , ou pour quelque â pĂ©fanteur d'esprit; mais confelĂŹant Ă 3, Dieu tes foibleffes,rĂ©concilie toi avec 3, tous, & pardonne de bon cceur tou- 3, tes les offenses que lâon peut avoir 3, commises contre sâil test ar- 3, rivĂ© dâoffenser quelquâun,demandes- ,, en humblement pardon , & Dieu te 3, pardonnera de b on cĆur. 4. Poun 404 De iâImitation, 4. Pourquoi voudrois-tu tarder Ă re- â connoĂźtre & Ă confesser tes fautes,& s, ainsi te tenir si long-tems dans TĂ©loi- ,, gnement & la dĂ©sunion de Dieu? â HĂąte toi de laver ton a me; jette hors ,, incontinent le poison qui est en elle; ,, pren vke ce salutaire remĂšde ; Sc tu â ne manqueras pas de tâen trouver ,, mieux que si tu a vois difĂ©rĂ© plus â long-tems. Si tu tâĂ©loignes aujour- », dâhui de ton Sauveur Sc de ton Dieu », pour un sujet, demain peut-ĂȘtre en â trouveras-tu un autre plus pressant; ,, & ai si de fuite, jusquâĂ ce qu Ă©tant j> entiĂšrement dĂ©tournĂ© de ton CrĂ©a- â teur, tu sois hors dâĂ©tat de pouvoir â plus retourner Ă lui. DĂ©fai-toi au â plutĂŽt de tes peines Sc de ta nĂ©gli- â gence. Tu ne gagneras rien Ă tâen- â tretenir dans lâinquiĂ©tude , dans le ,, trouble, dans lâĂ©loignement oĂč lâon â se tient de Dieu par les obstacles â journaliers qui surviennent. Il nuit ,, beaucoup de laisser passer un long- â tems fans sâaprocher vivement de ,, Dieu ; cela endort Tarne dans le pĂ©- ,, chĂ©, & la rend toute dure Sc toute in- sensi- » DE cb. io. 40s , sensible. O prodige! combien y a » t-il de ces lĂąches ChrĂ©tiens & dilso- , lus ; qui font bien aises dâavoir des , prĂ©textes de ne pas penser ni Ă la diC , cuĂĂźion de leurs pĂ©chĂ©s, ni Ă sâap- , procher de Dieu , de-peur que cela 5 ne les oblige Ă veiller dĂ©sormais fur , leurs Ăąmes avec plus de foin ! 5. O gens fans amour de Dieu 8 c , fans piĂ©tĂ© ! Que celui-lĂ au contraire , est heureux & agrĂ©able Ă Dieu qui , vit dâune telle sorte, Lr qui tient tou- , jours fa conscience si pure,quâil ait la , libertĂ© de se prĂ©senter toujours de- , vant Dieu, & quâil puiĂĂŻe recevoir la s plĂ©nitude de toutes les grĂąces de son , Esprit, si Dieu lui permettoit de les , poilĂ©der toutes & parfaitement dans , cette vie ! Que si quelquâun nâose , quelquefois sâaprocher de moi, non , par oubli, ou par indiffĂ©rence, ou par , dĂ©dain ; mais par un sentiment dâhu. , militĂ©, &parce que le sentiment quâil , a de ses pĂ©chĂ©s lui faitreconnoĂźtre , son indignitĂ© ; le respect quâil a pour , moi est trĂšs-loiiable ; mais si cet Ă©loi- , gnement le faisoit relĂącher il doit 4oĂĄ De lâImitation ,, sâexcirer par de nouveaux Ă©sorts. ,, Dieu secondera ses dĂ©sirs & la bonne ,, volontĂ© quâil aura; car Dieu regarde ,, fur tout Ă la bonne volontĂ©. 6. Si quelquâun avec une intention ,, sincĂšre & une bonne volontĂ© dĂ©sire ,, ma Divine Union, & que nâymet- ,, tant point dâobstacles lui-mĂȘme, il ,, nâen fente pas les Ă©fets, les goĂ»ts & », les douceurs dans son ame ; il ne laif- », fe pas pour cela de participer Ă son ,, vrai fruit. Car un vrai ChrĂ©tien peut », avoir avec JĂ©sus Christ une secrĂšte 8 C », pure communion dâesprit & de vie », tous les jours & toutes les heures, & ,, rien ne peut lâen est vrai », que Dieu a des jours & des momens ,» dans lesquels il lui fait sentir &goĂ»- », ter sa prĂ©sence par des sentimens par- », ticuliers de dĂ©votion; mais comme »» lâunion avec Dieu ne consiste pas tant â en ce quâune personne fe sente con- », solĂ©e, quâen ce quâelle sâunise Ă sa », Divine volontĂ©, quâelle la respecte & », lâhonore ; lors que cette volontĂ© per- », met que quelquâun soit dans les sĂ©- ,, cheresses &c ses dĂ©solations spirituĂ«l- DÂŁ les ĂSi » II» âdi 1 l > saintetĂ© je chĂ©ris aussi uniquement la puretĂ©. Je cherche un cĆur pur ; câeĂl lĂ le lieu de mon repos. {a tAprĂȘte moi dans ton intĂ©rieur une chambre-haute bien prĂ©parĂ©e, & je ferai la PĂąque cbĂšs toi avec mes disciples. Si tu veux que je vienne Ă toi, & que je demeure avec toi, b purifie toi du vieux levain , & nettoie la maison de ton cĆur. Bannis-en le siĂšcle, & le tumulte des vices ; rĂ©tire toi Ă part, furie toit; revien Ă toi-mĂȘme, & demeure dans la plus haute partie de ton ame ; fois y c tout seul, comme un passereau solitaire , repassant dans ton esprit avec une grande a- mertume de cĆur les Ă©garemens de ta vie. Toute personne qui aime ardemment , prĂ©pare Ă son Bien-aimĂ© le lieu a Luc. ll. v. 11. c Ps. lOZ. v.$. Ăš 1 . Cor. s. Z'. 7. de J. Christ. Liv W. Ch, 12. 417' >, Ăźe lieu le meilleur & le plus beau 35 qu elle puiste avoir ; car câestpar lĂ 3j que 1 on connoĂźtavec quelle aftecti- 33 on le bien-aimĂ© est reçu. 2 . Je veux nĂ©anmoins que tu saches, 3> que tu ne pourrois jamais te prĂ©parer 33 affĂ©s dignement comme je le mĂ©rite, 33 quand mĂȘme tu empioĂŻerois des an- 3, nĂ©es entiĂšres, & que tu ne penserois 33 uniquement qu a cela. Si je te donne 3, la libertĂ© de te prĂ©senter & de venir 33 Ă moi pour en ĂȘtre repu,c'est un don 3 de ma misĂ©ricorde & de ma pure gra-, 3, ce , comme si un Roi puillant faiĂbit 33 manger Ă sa table un pauvre men- ,3 diant, Ă qui il ne resteroit rien pour 33 reconnaĂźtre ce bienfait que de s hu- 33 milier profondĂ©ment devant lui, & 33 lui en rendre grĂąces. Fai tout ce qui 3, est en ton pouvoir. Reçoi moi avec 3, crainte , avec rĂ©vĂ©rence & avec af- ; â section, & non par maniĂšre dâaquit ,3 ou par un motif Ă©tranger; puis qu Ă©- 3, tant ton Seigneur & ton Dieu, je dai- 3, gne bien venir fraper Ă 3, moi qui tâapelle. Je te commande de venir. Je veux suplĂ©er Ă tout ce S 5 ,3 qui '4ĂŻ8 O L LIMITATION », qui te manque. Vien donc , &me », reçoi. Z. Lors que je touche ton cceurpar â le sentiment de la dĂ©votion, tu cn », dois rendre grĂąces Ă ton Dieu; car ce â nâestpas Ă cause de ta dignitĂ© que je ,, tâai sait ce don, mais Ă cause que jâai â voulu te faire si tu », ne sens pas ces doux mouvemens, â mais plutĂŽt des sĂ©cherefies, redouble â tes priĂšres, gĂ©mi, frape Ă la porte, â persĂ©vĂšre, jusquâĂ ce que tu reçoives 9 , une miette ou une goĂ»te de ma grĂące â nullement besoin de â toi ; mais tu as besoin de moi ; &si 5, tu mâaproches, ce nâest pas pour me ,, santifier, mais câest moi qui viens te â ĂĂ ntifier&te rendre meilleur. 'Tu ,, viens Ă moi pour ĂȘtre santifiĂ© & pour j, mâĂȘtreuni , pour croĂźtre en grĂące, ,, pour recevoir des dĂ©sirs ardens §C â Ă©sicaces de te renouveller de plus en â plus. Ne nĂ©glige donc point ces ,, grands biens auxquels je t apelle j >, mais prĂ©pare moi ton cĆur, &y 3 , introdui celui que tu aimes. 4. Tu 12. 41? 4. Tu ne dois pas seulement te puri- ,, fier&te disposera la serveur de la , piĂ©tĂ© lors que tu veux aller Ă laSainte ,, communion ; mais tây conserver en- ,, core aprĂšs 5 avec grand foin. Tune ,, dois pas veiller & te tenir fur tes gar- ,, des avec moins de foin aprĂšs m avoir ,, reçû,quetule faifois quand tu te prĂ©- ,, parois Ă ma rĂ©ception. Se bien tenir ,, fur ses gardes aprĂšs m'avoir reçu, est ,, une excellente prĂ©paration Ă me re- ,, cevoir encore avec plus de grĂąces. ,, Mais fi lâon fe relĂąche & fe rĂ©pand j, inconsidĂ©rĂ©ment dans des confola- 5 , rions extĂ©rieures, on fe rend incapa- ,, ble de me goĂ»ter encore. Garde toi ,, de parler beaucoup ; demeure en si- â lence dans ton intĂ©rieur, & joûï de â ton Dieu; tu as un bien fans prix » 5, que tout le monde ne te peut ĂŽter. ,, CâestĂ moi que tu dois te donner ,, tout entier & fans rĂ©serve ; afin que â tu ne vives plus en toi, mais que tu ,, vives en moi dans une profonde », paix. S 6 jv C H A» 420 De limitation Chapitre XIII. DĂ©sire avec ardeur de t unir tout Ă Dieu, LâAME. i. /^\UAND sera-ce , ĂŽ mon Dieu! que jâaurai le bien de te trouver seul , de rouvrir tout mon cĆur, tk de jouir tellement de toi selon 3e dĂ©sir de mon ame, a que personne ne mâenmĂ©prise; que nulle crĂ©ature, nul Ă©gard humain, ne me touche plus;roais que tu parles seul Ă moi, & moi Ă toi, comme deux personnes qui sâaiment, sâentre-parlent ; & comme un ami se communique Ă son cher ami ? Je dĂ©lire & je demande uniquement la grĂące dâĂȘ- tre entiĂšrement uni Ă toi ; que mon cĆur soit sĂ©parĂ© de toutes les choses créées ; & que communiquant toujours avec toi, jâaprenne de plus en plus Ă ne trouver du goĂ»t que dans les choses cĂ©lestes & Ă©ternelles. O mon Dieu! quand serai-je tout uni Ă toi, tout absorbĂ© dans toi, & dans un parfait oubli de moi-meme ? Demeure dans moi, & moi - Et je lui rĂ©pondrai ; Daigne, o Seigneur! demeurer avec moi , car tout mon plaisir est de ne te quitcr jamais. Tout mon dĂ©sir est que mon cĆur 8c toutes mes affections soient unis insĂ©parablement Ă Toi. Cha- de Cb. 14. 425 Chapitre XIV. ConsidĂ©rĂ© l ardeur des Saints pour tâanimer. 1. Seigneur [ a que tes biens font ' grands que tu as rĂ©servĂ©s pour ceux qui te craignent ! Lors que je pense Ă laffection avec laquelle quelques- uns de tes Saints se sont aprochĂ©s de roi, je fuis tout confus, & je rougis de honte en moi-mĂȘme 5 de cequejâcseme prĂ©senter devant toi, & te requĂ©rir de te communiquer Ă moi, Ă©tants] tiĂšde & si froid que je suis ; si aride & si peu touchĂ© dans mon cĆur , au lieu dâĂȘtre embrasĂ© en ta prĂ©sence , dâĂȘtre enlevĂ©, dâĂȘtre touchĂ© au/si admirablement que quelques-uns de tes enfans, qui transportĂ©s du grand dĂ©sir de ta divine Communion, & pĂ©nĂ©trĂ©s de la tendresse de ton amour, ne pouvoient sâempĂȘcher de fondre en larmes devant toi ; Qui Ă©tant altĂ©rĂ©s de toi, ouvroient de toute leur force la bouche de leur cĆur, pour W -P/. 31. 424 lâ Imitation pour te recevoir comme ĂŹa fontaine des eaux vives, & nepouvoient autrement apaiser leur faim, quâen te recevant dans eux avec une aviditĂ© spirituelle & dĂ©licieuse. 2 . O que cette soi ardente prouve bien que tu leur Ă©tois prĂ©sent, & que tu a habitois dans eux ! Il nây a vraiment que ceux dont le cĆur est brĂ»lant quand JĂ©sus leur parle en marchant avec eux, qui le connoiĂlent lors quâil leur distribuĂ© ce pain spirituel & divin. HĂ©las! souvent cette dĂ©votion, cette ardeur, cesmouvemensdâamour, font bien Ă©loignĂ©s de moi ! Fai moi misĂ©ricorde , ĂŽ JĂ©sus ! dont la bontĂ© & ĂŹa clĂ©mence nâont point de limites. Accorde Ă ce pauvre mendiant qui se prĂ©sente Ă toi quelques Ă©tincelles de ce feu dâamour qui embrase 1c cĆur ; ahn que sentant les divins effets de ta sacrĂ©e Communion , jâen devienne plus fort dans la foi ; que je mâavance dans iâes- pĂ©rance que j ai en ta bontĂ© ; & que mon amour Ă©tant une fois bien allumĂ©, aprĂšs a Efhes. 3 . v, 17 . de 425 aprĂšs avoir goĂ»tĂ© Ja manne cĂ©leste, il brĂ»le pour jamais fans sâĂ©teindre. Z. Ta misĂ©ricorde est toute-puissan- te pourmâacorder Ja grĂące aprĂšslaquel- le je soupire, & pour me visiter de ton Esprit de feu , lors que le jour de ton bon plaisir fera venu. Carquoi-que je ne ressente pas tant dâardeur que ces saintes Ăąmes, nĂ©anmoins je dĂ©lire par ta grĂące dâen ĂȘtre aussi vivement & souverainement enflamĂ©. Jây aspire de toutes les puissances dĂ©mon ame, ĂŽ mon Dieu ! & je te demande de devenir & d''ĂȘtre toĂ»jours du nombre de ces Ăąmes saintes & ferventes qui tâont aimĂ© avec tant dâardeur & de passion. Chapitre XV. Plus on renonce a foi , plus on s unit Ă Dieu. LE BIEN-AIME'. I. H DOIS rechercher la gra- A ,, ce de la dĂ©votion avec in- ,, stanceUa demander de tout ton cĆur; ,, lâatendre avec patience &avec foi j la recevoir avec reconnoissance ; la â con- >5 426 De lâ Imitation â conserver avec humilitĂ© ; avoir un â grand soin de travailler avec elle; 8c ,, remettre entiĂšrement au bon plaisir â de Dieu le tems 8c la maniĂšre en la ,, quelle il lui plaira de te visiter dâen- ,, haut. Lors que tu ne sens point dans , toi les mouvemens de la grĂące divi- ,, ne, ou que tu nâen sens que peu, tu , dois tâhumilier beaucoup; mais non , pas tâabatre ni tâatrister excessive- , ment. Souvent Dieu done tout dâun , coup ce quâil a long-tems refusĂ©, , Souvent il donne Ă la nn dâune priĂš- , repersĂ©vĂ©rante, ce quâil avoitdifĂ©rĂ© de donner au commencement. 2 . Lâhomme est si foible, quâil ne ,, pourroit pas bien possĂ©der la grĂące,si j, elle lui Ă©toit donnĂ©e dâabord & selon j, ĂĂ volontĂ©. Tu dois donc attendre ,, ./vec une humble patience Lc avec une espĂ©rance ferme les sentimens â de fa prĂ©sence. Sâilsne te font pas ,, donnĂ©s ; 8c mĂȘme si les aĂŻant eus,ils â te font cachĂ©s 8c soustraits, ne l'irn- â pute quâĂ toi 8c Ă tes pĂ©chĂ©s. Il ne â faut quelque-fois quâune petite â chose pour arrĂȘter la grĂące & pour la fai- de Cb . IĂ. 427 5 » la faire Ă©clipser ; si nĂ©anmoins Ton ,, doit appeller petit, 8 c non pas grand, ,, ce qui interrompt le cours d'un si â grand bien. Que si tu surmontes en- â tiĂšrement, & bannis de toi cet ob» 5 , stade quel quâil soit, ce que tu de- ,> mandes te fera accordĂ©. Z. Car aussi-tĂŽt que tu te ĂĂšras aban- », donnĂ© Ă Dieu de tout ton cĆur, & », que tu te feras entiĂšrement remis Ă â lui fans plus checher Ă te satisfaire », en rien; tu sentiras ion union vĂ©rita» », ble, qui te donnera la paix; puisque », rien ne tâagrĂ©era plus , que le bon â plaisir de la volontĂ© divine. Celui â donc qui Ă©lĂšve son intention Ă Dieu », avec un cĆur simple, & qui se dĂ©ta- ,, ehe tellement de toutes les crĂ©atures â quâil nâest touchĂ© pour elles ni dâun ,, amour dĂ©rĂ©glĂ©, nidâaucun dĂ©plaisir, ,, celui-lĂ est le mieux disposĂ© Ă rece- », voir la grĂące de lâUnion de Dieu 82 â de sa tendre Dieu rem- â plie de ses bĂ©nites largesses tous les â vaisseaux quâil trouve bien vuides. ,, plus une personne renonce aux cho- ,, ses basses, 8Ă meurt Ă foi parie mĂ©- 42S De lâ Imitation ,, pris avec lequel il se traite, plus â promtement aussi Dieu & fa grĂące ,, viennent dans lui, & remplissent 5, avec plus dâabondance & de pĂ©nĂ©- ,, tration tout son cĆur, qui par-lĂ est â Ă©levĂ© jusqu Ă la libertĂ© cĂ©lĂ©ste. 4. Câest alors quâil se verra tout dâun â coup avec Ă©tonnement dans les ri- â ehestes & dans lâabondance du ciel; ,, Sc que son cĆur sâĂ©tendra Ă lâinfĂźni ,» pour embrasser le Dieu Infini dont il â sentira la prĂ©sence , & dans la main â duquel il se sera abandonnĂ© pour ,, lâĂ©tenduĂ« de tous les est â la grĂące que Dieu fera Ă lâhome qui », le cherche de toute son ame, & qui », ne donne pas aux choses vaines de », ce monde le cĆur quâil a reçu de », Dieu pour Dieu mĂȘme. Lors quâil â se prĂ©sentera Ă la rĂ©ception de son », Sauveur, il joiiirade lâunion vĂ©rita- », ble avec lui ; parce quâil nâycherche- ,, ra pas tant les doux sentimens de la ,, dĂ©votion & de Ăa propre consolation, ,, que lâavancenient de I honneur & de j, la gloire de Dieu. Cha- de J, Christ. 429 Chapitre XVI. Prie ton CrĂ©ateur qu il vienne agir dans toi . L'AME, \ SEIGNEUR!trĂšs-doux& trĂšs-aimabĂŹe, que je dĂ©sire de recevoir maintenant dans mon cĆur avec un amour sincĂšre , tu comtois ma foiblelfe & le pauvre Ă©tat oĂč je fuis rĂ©duit; tu fais quelles font les plaies & les vices de mon ame ; combien souvent je fuis affligĂ© , tentĂ©, troublĂ© & fouillĂ© de pĂ©chĂ©s. Je viens Ă toi pour trouver le remĂšde, la consolation, & le soulagement que je te prie de mâaccorder. Je parle Ă celui qui fait tout>& dont les divins regards pĂ©nĂštrent ce qu il y a de plus cachĂ© dans le fond de mon cĆur qui est tout Ă nud devant lui. Il nây a que toi seul qui puifĂes me donner du secours,& une consolation fais quels font les biens dont jâai le plus de besoin, & combien je suis pauvre en vertus. z. Tout pauvre & tout nud que je fuis- 4Jo De lâ Imitation suis , je viens, mon Dieu ! comme de- vant ta porte, mendiant ta grĂące, & implorant ta misĂ©ricorde. Donne Ă manger Ă mĂłn ame afamĂ©e qui tâen demande ; aproche moi du feu de ton grand Amour, pour chasser de moi la froideur qui me gele j & illumine mes yeux aveugles, par la clartĂ© de ta divine prĂ©sence. Change moi toutes les choses de la terre en amertume ; que la patience me fasse trouver importables & douces toutes les adversitĂ©s & les contrariĂ©tĂ©s de cette vie; & que je mĂ©prise toutes les choses basses & caduques jus. quâĂ les oublier tout Ă fait. ElĂšve mon cĆur Ă toi vers le Ciel ; & ne permets pas quâil traĂźne davantage fur la terre. Que dĂšs ce moment tu deviennes toutes mes dĂ©lices & toutes mes joies pour jamais, ĂŽ unique nourriture &C breuvage de mon ame ! mon amour, majore, mes dĂ©lices & tout mon bien ! z. O ! que ne suis-je rendu tout ardent , tout brĂ»lant, tout consumĂ© Ă ton Ă©gard, tout transformĂ© en toi, par ta divine prĂ©sence, pour nâĂȘtre plus quâun mĂȘme Esprit avec toi par le Molen de 431 moĂŻen de ton intime Union, & en me fondant dans toi par lâardeur de ton amour'.Ne me renvoie pas Ă jeun , tout afamĂ©, tout froid, & tout sec, de devant toi ; mais opĂšre dans moi par ta misĂ©ricorde, de la maniĂšre admirable que tu as autrefois opĂ©rĂ© dans tesSaints. Faudroit-il sâĂ©tonnersi ra divine prĂ©sence me rendoit tout de feu, & con- sumoit en moi tout ce qui me reste de moi-mĂȘme ; vĂ» que tu Ăšs un feu toĂ»- * jours ardent & qui ne s Ă©teint jamais ; un amour qui purifie le cĆur, & qui Ă©claire iâeĂprit f Chapitre XVII. Redouble ton ardeur pour l'IJnion heureuse. I. TE dĂ©sire, ĂŽ mon Seigneur & mon J Dieu'.de te recevoir avec la piĂ©tĂ© la plus ardente, lâamour le plus enflammĂ©, & les afections les plus vives, que jamais ont dĂ©sirĂ© te recevoir tes Saints, dont la vie tâa Ă©tĂ© agrĂ©able, Ă©tant toute sainte & consacrĂ©e Ă toi par un amour incorruptible, O mon Dieu} Amour Ă©ternel» 4?2 De limitation Ă©tecnel ! mon Unique bien ! fĂ©licitĂ© perdurable! je dĂ©sire de te recevoir avec des transports dâamour aussi ardens, & avec une vĂ©nĂ©ration aussi profonde, quâaucun de tes Saints en aitjamaissen- ti, ou pĂ» sentir. 2 .Et bien que je sois indigne d avoir tous ces sentimcns & toutes ces dispositions j nĂ©anmoins je tâofre toutes les affections de mon cĆur, 8c je te prie que tu les reçoives aussi volontiers que si jâavois seul tous les soupirs Lc les dĂ©sirs les plus enflamĂ©s de tous tes Saints. Tout ce quâune ame enflamĂ©e de dĂ©votion peut concevoir & dĂ©sirer, je dĂ©sire aussi, ĂŽ mon Dieu ! de te le prĂ©senter du plus intime de mon Ăąme, 8c avec un respect trĂšs profond. Je ne veux pas me reserver la moindre chose ; mais ofrir de toute la plĂ©nitude de mon cĆur, & immoler Ă toi en sacrifice purement volontaire, 8c moi-mĂȘme & tout ce qui est Ă moi. Seigneur mon Dieu ! mon CrĂ©ateur 8c mon RĂ©demteur, je dĂ©sire de te recevoir maintenant avec autant dâardeur 8c de respect, avec autant de louange & dâhonneur, avec autant de de J. Christ. Cb t 17. 433 reconnoissance & dâamour, avec autant de foi, dâesperance, & de puretĂ©, que la Sainte Vierge Marie, qui est maintenant dans la gloire, dĂ©lira de te recevoir, & te reçut en Ă©fet, lors que ton Divin Esprit survint dans elle, pour y opĂ©rer le mystĂšre de ton incarnation ; & quâelle rĂ©pondit avec humilitĂ© & avec piĂ©tĂ© Ă lâAnge qui Ăźui anonçoit ces bonnes nouvelles ; a Foici la servante du Seigneur ; quâil me soit fait selon ta parole ! z. Et comme le Bien-heureux Jean Baptiste, ton prĂ©curseur, le plus grand de tous ceux qui font nĂ©s de femmes, tressailloit de joĂŻe par le S. Esprit, lors quâil Ă©toit encore dans les entrailles de fa mĂšre; & que voĂŻant ensuite JĂ©sus qui marchoit parmi les hommes, il dit avec une profonde humilitĂ© & une afection toute ardente ; O U ami de V Epoux qui ajsiĂe devant lui & lâĂ©coute, est tout rĂ©joui pour entendre la voix de P Epoux ; ainsi dĂ©sire-je , ĂŽ mon Dieu ! dâĂ©tre embrasĂ© de ces grands & sacrĂ©s dĂ©sirs T e* a ĂŒtt, X. v- ;Z. Q Jean}.9,2?; 4H Dr LIMITATION en assistant devant-toi avec un ravit r sement de cĆur & en me prĂ©sontant j j Ă toi. Câest pourquoi, mon Dieu, ' ^ prenant part Ă tous les transports da * joĂŻe, Ă toutes les affections brĂ»lais * tes, Ă tous les ravissemens dâesprit, P a toutes les lumiĂšres surnaturelles, Ă r ' toutes les visions cĂ©lestes & divines " des Ăąmes saintes, je te les ofre & te les prĂ©sente avec toutes les puissances I t & toutes les louanges que toutes les crĂ©atures tâont rendues & te peuvent J jamais rendre au Ciel & en la terre. â Reçoi-les comme de ma part, com- Ă me dĂ©sirant de te les rendre; & mets j * les mĂȘmes dispositions dans ceux * pour qui je te dois prier, afin que tu fois louĂ© & glorifiĂ© pour jamais dâune 1 maniĂšre digne de toi. j 4. Seigneur mon Dieu! reçoi, je j ' te prie, les vĆux & les dĂ©sirs que 1 jâai que tu fois honorĂ© par des loĂ»an- 1 ges infinies, & par des bĂ©nĂ©dictions 1 eternelles & fans bornes, comme tu ' le dois ĂȘtre pour la sublimitĂ© de tes 1 InĂ©fĂ bles grandeurs. Je tĂąche de te 1 tendre ce devoir; je dĂ©sire de te le y ' rendre 'S Et -Ă io;L' 31 isi'f l!CĂ Bf be J. Christ. Z/v. IV. Cb. 17. 4z s rendre autant de jours & de momens que ma vie durera; & je souhaite dâavoir pour compagnons tous les Esprits cĂ©lestes, & tous tes fidĂšles. Je les invite tous Ă se joindre Ă moi pour chanter tes louanges, & pour te rendre des actions de grĂąces qui ne finissent jamais. y. Que tous les peuples, toutes les tribus, toutes les langues de la terre teloĂ»ent! quâils magnifient ce saint, ce doux, cet aimable Nom de JĂ©- SUS, par des transports inĂ©fables de joĂŻe & dâamour ! Que tous ceux qui »'approchent de toi avec reverence Sc avec piĂ©tĂ© pour sâunir avec toi dans cette communion sainte, &pour te recevoir par une foi vivante, trouvent grĂące & misĂ©ricorde devant toi, &se souviennent de moi, qui suis un pauvre pĂ©cheur, dans leurs saintes priĂšres & lors quâaiant obtenu ce quâils dĂ©siroient, ils se trouveront pleins de biens, rassasiĂ©s & consolĂ©s par lâUnion pure dont ils jouiront avec toi, quâils daignent se souvenir en bien de la pauvretĂ© de mon ame. 43-6 DE LIMITATION Chapitre XVIII. Rejette les conseils de la chair malheureuse. . °^'E NTREPREN jamais â dâaprofondir mes mystĂš- , res par une recherche curieuse & , inutile, si tu ne veux tomber dans lâabime de lâincrĂ©dulitĂ© &delâinfi- , dĂ©litĂ©. Celui qui veut sonder les > Ćuvres de la MajestĂ© divine, fera , acablĂ© fous le poids de fa gloire, , Les opĂ©rations de Dieu font au dessus de toute la raison & de tou- , te la comprĂ©hension de lâhomme. Le meilleur est de rechercher avec un esprit humble & dans la crainte de Dieu la simplicitĂ© de la vĂ©ritĂ©, dâĂȘtre toujours prĂȘt Ă recevoir instruction, & de tĂącher de suivre la trace des Saints. 2. O heureuse simplicitĂ©! qui ĂĂ ns sâamufer Ă chercher des dĂ©tours par une foule de questions & de discussions fur je ne fai quelles âdiffi- de J. Christ. Ch. ig. 437 â difficultĂ©s, jette simplement les â yeux fur la voie toute simple & â assurĂ©e des commandemens de â Dieu! Beaucoup ont perdu la piĂ©- ,, tĂ© pour avoir voulu comprendre â des choses qui font infiniment Ă©le- 3, vĂ©es au-dessus de lâentendement â humain. Dieu exige de toi la Foi â il exige de toi une conduite sim- â pie & sincĂšre, & non pas une â Ă©lĂ©vation dâesprit, ni une recher- â ehe curieuse de la profondeur de â ses mystĂšres. Si tu ne connois â pas les choses les plus basses, com- â mentvoudrois-tu comprendre cel- les qui sont au-dessus de toi? Sou- â met toi Ă Dieu ; soumet tes fen- â timens Ă fa foi ; & Dieu te fera â comprendre ses voies autant quâil fera utile & nĂ©cessaire pour ton â salut. z. II y en a qui sont violemment â tentĂ©s fur la foi des mystĂšres & des â choses divines ; & leurs doutes ne â viennent pas tant dâeux que de 8a- â tan. NâaĂŻe point dâĂ©gard Ă ces â tentations lĂ ; ne tâentretien point T 3 de 438 De limitation â de ces pensĂ©es; ne rĂ©pon point Ă j, ces doutes que Pennemi te met â dans lâEsprit. Croi Ă la parole de - â Dieu, Ă ce que ses Saints & ses â ProphĂštes tâont dit de fa part ; & â cet çnnemi sâenfuira. II etĂŹ ĂĂČu- â vent trĂšs-utile Ă un serviteur de â Dieu dâĂȘtre tentĂ©. Le Diable ne â tente pas les infidĂšles & les mĂ©- â chans, veu quâil les possĂšde en > â assurance ; câest ceux quâĂl fait ĂȘtre â du nombre des fidĂšles quâil tente â & quâil tourmente en une infinitĂ© â de maniĂšres. 4. Aproche toi donc de ton Dieu â avec respect, avec simplicitĂ©, & â avec foi en ses promesses, pour â jouĂŻr de fa trĂšs-divine comunion, â Ce que tu nây peux comprendre, â remet-le Ă Dieu & Ă fa puissance â infinie. Dieu ne te sauroittrom- .1 â per ; celui-la est trompĂ© qui se fie t â trop Ă ses propres pensĂ©es. Dieu â marche avec les simples ; il se reve- â le aux humbles; il fait compren- ,, dre les choies spirituelles aux pe- â tits; il ouvre lâesprit des Ăąmes pu- â res; Dr J. Christ. Cb. iF. 4Z» â res; mais il cache fa grĂące Ă la cu* â rioiĂtĂ© des hommes superbes. La â raison humaine est foible; elle est », sujette Ă Terreur, & la foi sincĂšre â & vĂ©ritable ne Test pas. f. La raison humaine doit suivre », la foi, & non pas la prĂ©cĂ©der ni la â combattre. Car la Foi & TAmour â excellentsur tout dans cette subli- â me & divii e communion, & y. â opĂšrent admirablement, quoi que â secrĂštement & sous une aparence â basse. Dieu qui est Ă©ternel, tout- â puissant, & incomprĂ©hensible fait â des merveilles quâon ne sauroit â aprofondir & dans le Ciel & fur la â terre. La sublimitĂ© de ses opĂ©ra- â tions est impĂ©nĂ©trable. Si les Ću- â vres de Dieu pouvoient ĂȘtre faci- â lement comprises par Tesprit hu- â main, on ne devroit pas les apester merveilleuses & indicibles. F Ă N, LTK» '***&?* ». m âxy jjfeĂŻĂ 1 KGM %3& >'*"âą 4Ă Bi GMHM v %Ă y m fH.
Lami qui lâa aidĂ© a Ă©tĂ© relaxĂ©. En 2019, un homme atteint de la maladie de Charcot sâest donnĂ© la mort en absorbant un produit lĂ©tal fourni par un ami vĂ©tĂ©rinaire. Poursuivi en justice, ce dernier a Ă©tĂ© relaxĂ© dĂ©but mai. Une dĂ©cision judiciaire rare, qui relance le
français arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois anglais Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liĂ©s Ă votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liĂ©s Ă votre recherche can die may die may kill can kill Ăcoute, si on assouvit pas cette faim, on peut en mourir. Look, if we don't feed the hunger, we can die for that. Si une femme accouche en dehors d'une maternitĂ©, il va de soi qu'elle peut en mourir. If a woman gives birth outside of a maternity ward, it is obvious that she can die. Si cette dĂ©shydratation devient trop importante, la personne infectĂ©e peut en mourir. If the dehydration becomes too severe, the infected person may die. Il a sorti une ambulance de la route et ma femme peut en mourir. He ran an ambulance off the road, and my wife may die because of it. Si vous la punissez trop, elle peut en mourir. If you punish her too much, it may kill her. Donc si on reste ici plus longtemps, on peut en mourir. What you're saying is if we stay here much longer, we could die. Si on le rĂ©veille quand il marche, il peut en mourir. If you wake him up when he walks, he could die. Dr Garvey, le prochain dĂ©tenu que vous privez de traitement, simplement parce que c'est trop coĂ»teux, peut en mourir. Dr. Garvey, the next inmate you deprive of medication... simply because it's expensive, may die. Il peut en mourir ou... ou au moins faire de sacrĂ©s dommages Ă plusieurs organes vitaux. He may die o-or at least do extreme damage to several major organs. Ne coupez pas avec une paire de ciseaux, car la pousse sera Ă©crasĂ©e Ă l'interface et peut en mourir. Do not cut with a pair of scissors, as the shoot will be crushed at the interface and may die as a result. Le nouveau-nĂ© atteint du tĂ©tanos peut en mourir avant son premier mois de vie. The newborn child affected by tetanus can die before its first month of life. Si on ne la soigne pas Ă temps, dans les heures qui suivent, on peut en mourir. I mean, if you don't catch it in time, within a few hours, you could die. Un enfant peut en mourir mĂȘme avec une petite quantitĂ©. A child can die with the smallest dose! Moi, je sais que si on ne se bat pas pour sa liberte, on peut en mourir. I know if we don't fight for freedom, we can die. IdĂ©alement, nous ne voulons pas utiliser de piles pour alimenter ces systĂšmes mĂ©dicaux, car s'il y a une fuite de lithium, le patient peut en mourir », explique Grajal. "Ideally you don't want to use batteries to power these systems, because if they leak lithium, the patient could die," Grajal says. Il convient Ă©galement de noter que tous les types de wallisneria n'aiment pas la prĂ©sence de rouille dans l'eau Si vous avez soudainement un aquarium avec une armature en mĂ©talet peut en mourir. It should also be noted that all types of wallisneria do not like the presence of rust in water If you suddenly have an aquarium with a metal frame, and may die from this. Environ une personne sur dix qui contracte la maladie peut en mourir et une personne sur dix qui s'en rĂ©tablit souffrira de certains effets Ă long terme comme la surditĂ©. About one in ten persons who develop the disease may die and one in ten who recover will suffer some long-term effects, such as deafness. Et pourtant, vous ne vous inquiĂ©tez pas du fait que si quelqu'un est frappĂ© avec le pain que vous servez, il/elle peut en mourir ! Yet u ignore that if someone got hit with the bread u serve he/she could die! La chanson dit "J'avais dans ma maison un puits avec, au dedans, une source d'eau fraĂźche... je pensais que les choses de l'amour Ă©taient comme un jeu mais je dĂ©couvre maintenant que l'on peut en mourir". The song says "I had a well in my house with a spring of fresh water in it... I thought that the matters of love were like play things but now I discover that you can die from them." On peut en mourir ! Because you can die that way. Aucun rĂ©sultat pour cette recherche. RĂ©sultats 53. Exacts 53. Temps Ă©coulĂ© 236 ms. Documents Solutions entreprise Conjugaison Synonymes Correcteur Aide & A propos de Reverso Mots frĂ©quents 1-300, 301-600, 601-900Expressions courtes frĂ©quentes 1-400, 401-800, 801-1200Expressions longues frĂ©quentes 1-400, 401-800, 801-1200
Nousallons tenter de savoir pourquoi il est nĂ©cessaire de mourir. On pourrait en effet imaginer un monde dans lequel la mort nâexiste pas : chaque ĂȘtre vivant serait alors un ĂȘtre Ă lâ existence infinie. La perspective de la mort sâĂ©vanouirait et la vie serait peut-ĂȘtre plus heureuse. Tentons de rĂ©pondre Ă la question : Pourquoi
Elles ont aimĂ© follement. Elles y ont cru, Ă la dĂ©raison. Puis un jour l'amour les a clouĂ©es sur place, abandonnĂ©es. Et elles n'ont plus trouvĂ© la force de vivre, ni la raison. La tentative de suicide, issue logique de l'amour fou ? DĂ©viation hyper-romantique rĂ©servĂ©e Ă des personnalitĂ©s borderline ? Pour certaines, la mort de l'amour coupe toute envie de vie. Comment peut-on en arriver Ă une tentative de suicide ? "Le dĂ©sir de mort n'est pas dĂ» au chagrin d'amour mais au dĂ©sespoir, souligne Maryse Vaillant 1. La rupture, c'est terrible, mais ça fait grandir. On fait un travail de deuil et on retrouve sa capacitĂ© Ă aimer. C'est le dĂ©sespoir qui met en arrĂȘt, qui pousse Ă vouloir mourir. Pour certaines, le/la partenaire qui s'en va emporte la vie avec lui/elle." La psychologue prĂ©cise "J'ai moi-mĂȘme vĂ©cu cette passion destructrice. J'ai voulu mourir par amour. C'est une folie, on sort du rationnel. Dans des circonstances analogues, la 'bonne santĂ©' aide Ă rĂ©flĂ©chir, Ă prendre du recul. LĂ on est dans la passion, au sens chrĂ©tien de 'souffrance', on se laisse surprendre par l'embrasement. On tombe dans la passion comme on tombe en tragĂ©die..." La fin tragique n'est pas forcĂ©ment le signe du grand amour Mais la "bonne santĂ©" existe-t-elle en amour ? "Ce qui est en jeu, en amour, c'est une chute, commente le psychanalyste Jean-Pierre Winter 2. Une chute dans l'autre on tombe en amour. "Je me fondais dans son monde", se remĂ©more Laurence, 43 ans. Or, le jour oĂč l'ĂȘtre aimĂ© s'en va, il part avec, et emporte dans la tombe. Cette part de nous qui est en lui." La plupart finisse par se relever. Alors qu'est-ce qui conduit certaines Ă ne plus rĂ©ussir Ă vivre ? "L'amour sert parfois de prĂ©texte. La mort l'ennui Ă©tait dĂ©jĂ lĂ . Le suicide chantage ou acte Ă©tait souvent programmĂ© avant la rencontre." La fin tragique n'est pas forcĂ©ment le signe du grand amour. Peut-ĂȘtre juste l'expression d'une fragilitĂ© soudain mise Ă vif. Trois survivantes nous racontent comment un jour la folie a pris le pas sur l'amour. Et comment elles sont revenues Ă la vie. Constance, 34 ans "Je ne voulais plus vivre" "Je suis tombĂ©e amoureuse de Jacques Ă 15 ans. Il Ă©tait ÂmariĂ©, avait un enfant et vivait dans une maison que j'apercevais depuis ma chambre. Pendant des mois j'ai rĂȘvĂ© du grand amour avec ce voisin inaccessible. Et finalement mon rĂȘve a Ă©tĂ© exaucĂ©. Pendant sept ans nous avons vĂ©cu une relation clandestine, avec ses dĂ©chirements, sĂ©parations tragiques et retrouvailles brĂ»lantes. Je vibrai, comme j'en avais rĂȘvĂ©, mais j'Ă©tais Ă©puisĂ©e. Ce qui me tenait debout, c'Ă©tait l'espoir qu'il quitte sa femme. MĂȘme s'il me rĂ©pĂ©tait qu'il ne divorcerait pas, je croyais que notre amour serait le plus fort. Lui me parlait de sa femme avec lassitude, moi je jubilais... Jusqu'au jour oĂč j'ai appris qu'elle Ă©tait enceinte d'un deuxiĂšme enfant. Je crois qu'il n'a pas mesurĂ© le mal qu'il m'avait fait. D'autant que j'avais toujours dit que je ne voulais pas d'enfant. J'ai sauvĂ© les apparences, mais j'ai eu lâimpression que tout mon monde s'Ă©croulait. Je suis allĂ©e travailler, Ă l'hĂŽpital oĂč j'Ă©tais aide-soignante, comme un zombie. C'est lĂ que j'ai commencĂ© Ă me documenter sur les mĂ©dicaments Ă prendre pour en finir. Il n'y avait plus d'espoir, plus d'avenir pour cette histoire ni pour moi. Jacques Ă©tait l'homme de ma vie, et donc, aussi, celui de ma mort. J'ai continuĂ© d'aimer Jacques en silence Je ne voulais plus vivre. Je voulais arrĂȘter de souffrir. Ce matin-lĂ , je suis allĂ©e en forĂȘt avec mon pĂšre. Tout me faisait mal cette nature pleine de vie m'Ă©tait insoutenable. Mon pĂšre a senti mon malaise, il a tentĂ© de me pousser Ă me confier. Mais j'ai tout gardĂ© pour moi. ArrivĂ©e chez moi, j'ai avalĂ© un cocktail a priori fatal. Puis je suis allĂ©e travailler - j'avais peur d'Ă©chouer en restant seule. Un collĂšgue, effrayĂ© par ma pĂąleur, m'a interrogĂ©e 'Qu'est-ce que tu as fait comme connerie?' J'ai avouĂ© et j'ai Ă©tĂ© prise en charge. On m'a dit que le cardiologue avait criĂ© 'Son cĆur a lĂąchĂ© !' Ăa me paraĂźt tout rĂ©sumer. A mon rĂ©veil, mon pĂšre a murmurĂ© 'Je vais le tuer, ce salopard !' Moi j'ai continuĂ© d'aimer Jacques en silence. Je suis partie vivre Ă Paris, j'ai commencĂ© une nouvelle vie, mais je suis persuadĂ©e que je n'aimerai jamais que lui." Laurence, 43 ans "Ma vie sans lui n'avait plus aucun sens" "C'est uniquement parce que j'ai des enfants que je ne suis pas vraiment passĂ©e Ă l'acte. Mais pendant trois mois je n'ai pas pu m'alimenter. Par amour ! Je ne pouvais rien avaler, Ă part des litres de cafĂ© au lait. Moi qui n'Ă©tais dĂ©jĂ pas grosse, j'ai perdu 11 kg en quelques semaines. Je ne dormais plus, je ne faisais que pleurer. J'Ă©tais maigre Ă faire peur. AprĂšs treize mois de passion, Michel avait choisi de retourner avec son ex. En me reprochant 'le fardeau' que j'avais reprĂ©sentĂ© pour lui. Il se plaignait d'avoir Ă©tĂ© un garde-Âmalade, aprĂšs m'avoir accompagnĂ©e lors du cancer de ma mĂšre. C'est lui qui avait tenu sa main juste avant sa mort. Elle lui avait dit 'Prenez soin d'elle, je vous la confie'... En me quittant, il envoyait valdinguer ses derniĂšres paroles. Pour lui, j'avais renoncĂ© Ă ma vie de famille un mari et quatre enfants. En fait, il m'hypnotisait, j'Ă©tais accro, je me fondais dans son monde, captivĂ©e par ses passions. Le jour oĂč il m'a annoncĂ© qu'il allait revoir son ex, avec qui il avait vĂ©cu vingt ans, j'ai eu un mauvais pressentiment. J'ai angoissĂ© toute la journĂ©e, je l'ai appelĂ© une dizaine de fois. Quand j'ai enfin entendu le ton de sa voix, Ă l'autre bout du fil, j'ai su que je ne m'Ă©tais pas trompĂ©e. Je me souviens de cette phrase 'Non, ça ne va pas.' J'ai senti comme un immense coup Ă l'estomac. Je lui ai demandĂ© de me dire la vĂ©ritĂ©. Il m'a dit que, oui, ils s'Ă©taient embrassĂ©s mais que ça n'avait pas d'importance, qu'il s'agissait d'un baiser platoniÂque. J'ai hurlĂ©, pleurĂ©, menacĂ©, et je lui ai raccrochĂ© au nez. Toutes les nuits, en m'endormant, j'avais l'espoir de ne plus me rĂ©veiller Le lendemain, quand j'ai vu son numĂ©ro s'afficher sur mon portable, un instant j'ai repris vie. Mais il m'a tout de suite annoncĂ© qu'il repartait vivre avec son ex. Moi je l'avais ÂentraĂźnĂ© dans une 'spirale mortifĂšre', il ne voulait plus Âjamais me Ârevoir ni m'entendre. J'Ă©tais face Ă un verdict de mort. Insoutenable. J'avais pu faire face Ă la mort de ma mĂšre, mais je n'avais pas la force de lutter contre celle-lĂ ... En quelques jours je me suis transformĂ©e en morte vivante. Je ne sortais plus, je n'avais plus de goĂ»t Ă rien. Sans antidĂ©presseurs je ne sais pas comment j'aurais survĂ©cu. Je ne supportais plus mes enfants, trop bruyants, trop vivants. Je ressentais un mĂ©lange de dĂ©sespoir, de colĂšre et, bien sĂ»r, de tristesse. Toutes les nuits, en m'endormant, j'avais l'espoir de ne plus me rĂ©veiller, j'avais la nausĂ©e en permanence. Je les imaginais ensemble elle heureuse, lui comblĂ©, riant, faisant l'amour... Une torture. J'ai vĂ©cu ce calvaire jusqu'au jour oĂč j'ai fait un malaise dans la rue. J'Ă©tais avec ma fille, elle a appelĂ© les pompiers. Et c'est lĂ qu'ils ont dĂ©couvert que j'avais un cancer du sein, alors qu'Ă ma derniĂšre mammographie, quatre mois auparavant, je n'avais rien. Ătrangement, je me suis soudain Âsentie libĂ©rĂ©e d'un poids Ă©norme. J'ai enfin dĂ©cidĂ© de prendre soin de moi. Curieusement, j'Ă©tais toujours aussi amoureuse de Michel, et je crois que cet amour m'a portĂ©e. Je l'aimais, mais je n'avais plus mal. La veille de l'intervention, j'ai cru dĂ©faillir en reconnaissant sa voix au tĂ©lĂ©phone. Le jour mĂȘme nous avons dĂ©jeunĂ© ensemble. J'Ă©tais trĂšs sereine. Je lui ai tout racontĂ©, simplement. Lui me buvait des yeux. Au fil du repas je me sentais guĂ©rir... Dans la rue, il m'a fait un 'baiser platonique'. J'Ă©tais la plus heureuse des femmes. DĂšs le lendemain il est venu me voir Ă l'hĂŽpital, aprĂšs l'opĂ©ration. Et Ă partir de lĂ il s'est occupĂ© de moi. Ensemble, on s'est battus, une seconde fois, contre la maladie. Finalement il m'a demandĂ©e en mariage. Nous ne nous sommes plus quittĂ©s depuis. C'Ă©tait il y a treize ans. Aujourd'hui, avec le recul, malgrĂ© tout mon amour, je n'arrive toujours pas Ă comprendre comment j'ai pu vouloir mourir pour lui. Je sais juste que ma vie sans lui n'avait plus aucun sens." Nadine, 39 ans "J'ai avalĂ© un cocktail de mĂ©dicaments" "Avec Philippe, ç'a Ă©tĂ© le coup de foudre. Je me souviens de son entrĂ©e dans la salle des profs une vĂ©ritable apparition ! Nous nous sommes souri immĂ©diatement et, trĂšs vite, sommes devenus complices. A l'Ă©poque j'Ă©touffais dans l'histoire que je vivais depuis plusieurs annĂ©es avec Didier, mon compagnon. Philippe, c'Ă©tait ma bouffĂ©e d'oxygĂšne. Il me faisait du bien, je respirais. J'adorais son univers, il faisait de la musique. Moi j'Ă©tais heureuse de lui faire dĂ©couvrir des auteurs, je glissais des livres dans son casier, ou des carrĂ©s de chocolat ! Un jour nous sommes restĂ©s pour une rĂ©union syndicale dont nous n'avions rien Ă faire. Puis j'ai acceptĂ© d'aller chez lui, officiellement pour Ă©couter ses derniĂšres compos. Nous avons passĂ© la soirĂ©e Ă nous embrasser, c'Ă©tait magique. Je lui ai parlĂ© de Didier, de notre couple, je lui ai dit que je n'Ă©tais pas libre mais que j'Ă©prouvais un dĂ©sir Ă©vident pour lui. Les jours qui ont suivi, ma vie a changĂ© de rythme, j'arrivais au lycĂ©e le cĆur battant, je revivais. Je me sentais parfois bien plus adolescente que mes Ă©lĂšves, surtout quand nous nous embrassions dans la salle des profs, au risque d'ĂȘtre pris en flagrant dĂ©lit par nos collĂšgues... Je crois que j'avais dĂ©jĂ arrĂȘtĂ© d'aimer Didier sans le savoir. Mais je ne pouvais pas le quitter. Philippe, j'avais besoin de me projeter avec lui, de faire mille choses Ă ses cĂŽtĂ©s. J'Ă©tais dĂ©jĂ dĂ©pendante. La veille des vacances, il m'a fait une dĂ©claration - sans me dire 'je t'aime', mais je l'ai interprĂ©tĂ©e ainsi. J'aime un homme qui ne m'aime pas Les jours qui ont suivi, j'ai profitĂ© de notre sĂ©paration forcĂ©e pour lui Ă©crire une lettre de quinze pages dans laquelle je lui hurlais mon amour. J'ai attendu deux semaines sa ÂrĂ©ponse. Il ne m'a donnĂ© aucun signe de vie. Au bout de ces quinze jours j'Ă©tais en loques. J'ai reconstituĂ© mentalement ce trimestre que nous avions passĂ© ensemble et, soudain, certains signes, que j'avais voulu mettre de cĂŽtĂ©, m'ont sautĂ© aux yeux. Le fait qu'il ne me prĂ©sente pas Ă ses amis, qu'il ne parle jamais de ses ex... Ce soir-lĂ je lui ai laissĂ© une trentaine de messages en le suppliant de me rappeler. Les premiers Ă©taient sobres, puis, au fil des heures, je ne me maĂźtrisais plus. Le silence peut jeter dans l'abĂźme. C'est aussi une sorte de rĂ©ponse. Soudain, la vĂ©ritĂ© m'a littĂ©ralement Ă©clatĂ© au visage cet homme ne m'aimait pas, et je n'aimais plus Didier. Une vie sans amour n'avait plus aucun sens. J'ai avalĂ© un cocktail de mĂ©dicaments, laissĂ© un mot Ă mes parents et Ă Didier, en leur disant que je les aimais mais que je n'en pouvais plus. Puis j'ai attendu d'arrĂȘter de souffrir. Quand le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©, j'ai repris espoir en priant pour que ce soit Philippe. J'ai titubĂ© jusqu'au combinĂ© et failli raccrocher en reconnaissant la voix de Didier. Je lui ai dit que j'allais mourir. Il est venu me sauver, avec le Samu. Au rĂ©veil, je lui ai dit simplement 'J'aime un homme qui ne m'aime pas'. Il m'a rĂ©pondu que j'aurais le droit de tomber amoureuse de tous les beaux garçons que je voulais, mais qu'il ne faudrait plus jamais que je tente de nouveau d'en vouloir Ă ma vie. Philippe ne m'a pas donnĂ© de nouvelles. C'est seulement lorsque je l'ai recroisĂ©, aprĂšs ma convalescence, au lycĂ©e, que j'ai rĂ©ussi Ă lui arracher la vĂ©ritĂ©, dans un interclasse. Il vivait une histoire avec une autre femme, qui avait une petite fille. En fait, je m'Ă©tais aveuglĂ©e. Je n'avais rien voulu voir. Nous n'avons pas vĂ©cu la mĂȘme histoire, parce que moi j'avais Âbesoin d'aimer, de tomber amoureuse pour respirer. Il m'a fallu des annĂ©es pour me remettre de cette histoire et apprendre Ă attendre autre chose de l'amour. Je vis enfin aujourd'hui une histoire sereine, dĂ©passionnĂ©e mais tendre qui dure Âdepuis un an et demi. Et j'en suis trĂšs heureuse." 1 Autrice de Il m'a tuĂ©e Ă©d. La MartiniĂšre et de Comment aiment les femmes Ă©d. Seuil. 2 Auteur d'une prĂ©face Ă L'amour fou Ă©d. Maren Sell.
Lesuicide mĂ©dicalement assistĂ© est une aide apportĂ©e Ă une personne consciente qui demande Ă mourir. Un mĂ©decin prescrit des substances lĂ©tales et la personne ingĂšre ces substances ou dĂ©clenche la perfusion. Quelle est la loi en France ? La Loi française interdit l'euthanasie et le suicide assistĂ©. Deux lois rĂ©gissent la fin de vie. â La Loi dite LĂ©onetti
ï»żON PEUT EN MOURIR A LA FIN - Mots-FlĂ©chĂ©s & Mots-CroisĂ©s Recherche - DĂ©finition Recherche - Solution La meilleure solution pour ON PEUT EN MOURIR A LA FIN Solution DĂ©finition EPUISEMENTON PEUT EN MOURIR A LA FIN EN 10 LETTRES Solution DĂ©finition ERGON PEUT Y MOURIR DE SOIFIRC'EST FINIR, A LA FIN!FIN D'INFINITIFFIN D'UN AVENIRFIN D'UN GROUPE DE VERBESFIN D'UN INFINITIFRIREEN MOURIR EST PLUTOT BONIL PEUT PARTIR EN ECLATIL PEUT PROVOQUER DES LARMESON PEUT MEME EN PLEURER !PEUT DEVENIR FOURUECE PEUT ETRE UNE IMPASSEELLE PEUT ETRE ARMEE JUSQU'AUX DENTS EN CAS D'EMEUTEMOT OU L'ON PEUT SE CROISERON PEUT Y RECEVOIR DES CONTRAVENTIONSON PEUT Y VIVRE ET Y MOURIRPERIRC'EST MOURIRMOURIRMOURIR DANS DES CIRCONSTANCES TRAGIQUESMOURIR DE MORT VIOLENTEMOURIR TRAGIQUEMENTTUAAVANCA LA FINFIT MOURIR A LA TACHEHILARANTSI DROLE QUE C'EST A MOURIR DE RIRESEYDOUXLEA, ACTRICE FRANCAISE DE MOURIR PEUT ATTENDREAGONISERETRE PRES DE SA FINMOURIR LENTEMENTADDITIONNOTE DE FIN DE REPASPARFOIS SALEE, ELLE VIENT POURTANT EN FIN DE REPASPEUT DONNER UN GOUT AMER AU CAFEADIEUC'EST LE MOT DE LA FINLE MOT DE LA FINPEUT SE DIRE EN PARTANTAMEELLE PEUT AVOIR DES BLEUSELLE PEUT ETRE DANS UN TRISTE ETATELLE PEUT SE VENDRE AU DIABLEELLE SE REND A LA FINPEUT ETRE EN PEINEANNEEELLE NE PEUT PAS SE DEROULER EN UN JOURPEUT ETRE CIVILE, FISCALE OU SCOLAIREAPPLAUDIRDONNER DES COUPS DE MAINS EN FIN DE SPECTACLEON LE FAIT A LA FIN D'UN SPECTACLEARRETFIN D'UN PROCESSUSPEUT SE FAIRE AU BUFFETSON POINT MARQUE LA FINASIL PEUT ETRE UN COEUR TOUT SEULIL PEUT SE TENIR A CARREAUPEUT BATTRE LA REINEPEUT ETRE BATTU PAR UN VALET A LA BELOTEPEUT ETRE UN JOLI COEURBALFETE DE FIN DE CARNAVALON PEUT L'OUVRIR EN DANSANTON PEUT S'Y RENDRE MASQUEON PEUT Y DANSER MASQUEON PEUT Y VALSERBETEELLE PEUT REPRESENTER LE MALON PEUT CHERCHER LA PETITECAFEIL Y EN A MARC A LA FINPEUT SE BOIRE NOIRCARRIEREELLE PEUT ETRE DE MARBREQUAND ON EN VOIT LA FIN ON PREND SA RETRAITEQUAND ON EN VOIT LA FIN, ON PREND SA RETRAITEJe propose une nouvelle solution ! Compte-rendu de la recherche pour ON PEUT EN MOURIR A LA FIN Lors de la rĂ©solution d'une grille de mots-flĂ©chĂ©s, la dĂ©finition ON PEUT EN MOURIR A LA FIN a Ă©tĂ© rencontrĂ©e. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Un total de 21 rĂ©sultats a Ă©tĂ© affichĂ©. Les rĂ©ponses sont rĂ©parties de la façon suivante 1 solutions exactes 0 synonymes 20 solutions partiellement exactes
Parmiles graphies "complexes" de fin d'apprentissage de la lecture, la lettre y peut poser quelques difficultĂ©s Ă nos Ă©lĂšves. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, si lorsqu'elle succĂšde Ă une une consonne, elle peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă un "simple" i (comme dans stylo), il n'en est plus de mĂȘme lorsqu'elle suit un voyelle, oĂč elle prendra alors la valeur d'un "double" i (comme dans crayon, voyage
Le gouvernement Legault prĂ©sentera finalement un projet de loi pour Ă©largir lâaccĂšs Ă lâaide mĂ©dicale Ă mourir, comme il sâĂ©tait engagĂ© Ă faire lâan dernier. Le ministre de la SantĂ©, Christian DubĂ©, a inscrit mardi au feuilleton de lâAssemblĂ©e nationale son intention de dĂ©poser le projet de Loi concernant les soins de fin de vie et dâautres dispositions lĂ©gislatives. Les partis dâopposition accentuaient la pression depuis des semainesï»ż afin que QuĂ©bec lĂ©gifĂšre sur cette question avant la fin de la session parlementaire, prĂ©vue le 10 juin. En dĂ©cembre dernier, les quatre partis politiques reprĂ©sentĂ©s Ă lâAssemblĂ©e nationale ont cosignĂ© ï»żun rapport renouvelĂ© sur les soins de fin de vie. Le document appelait notamment Ă une modification de la loi pour offrir aux personnes atteintes de maladies incurables la possibilitĂ© de faire une demande anticipĂ©e dâaide mĂ©dicale Ă mourir. DĂšs lors, le premier ministre François Legault avait dit souhaiter lĂ©gifĂ©rer sur la question. Il y a deux semaines, le ministre DubĂ© a par ailleurs dĂ©clarĂ© au Devoir quâil Ă©tait prĂȘt Ă reporter lâĂ©tude de son projet de loi 19 sur lâaccĂšs aux donnĂ©es de santĂ© des QuĂ©bĂ©cois pour accorder la prioritĂ© Ă lâĂ©largissement de lâaide mĂ©dicale Ă mourir. [Le projet de loi] 19, jâespĂšre quâon va pouvoir le faire, mais je veux juste ĂȘtre rĂ©aliste si jâai le choix entre lâaide mĂ©dicale Ă mourir et le 19, hĂ© bien, le 19, si les QuĂ©bĂ©cois nous réélisent, on le fera en commençant la prochaine [lĂ©gislature]. » Le rĂšglement de lâAssemblĂ©e nationale prĂ©voit quâun projet de loi prĂ©sentĂ© aprĂšs le 15 mai ne peut [pas] ĂȘtre adoptĂ© pendant la pĂ©riode de travaux au cours de laquelle il a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© ». Cette rĂšgle peut toutefois ĂȘtre contournĂ©e si le gouvernement obtient lâaccord de tous les Ă©lus. Par consentement, on peut tout faire, et on lâa dĂ©jĂ fait », a rappelĂ© Ă ce sujet la dĂ©putĂ©e pĂ©quiste VĂ©ronique Hivon, plus tĂŽt ce mois-ci, lors dâun point de presse visant Ă tendre la main » au gouvernement afin quâil lĂ©gifĂšre le plus rapidement possible sur la question. Ă voir en vidĂ©o
dzUGThj. a09e9q9ht6.pages.dev/94a09e9q9ht6.pages.dev/160a09e9q9ht6.pages.dev/33a09e9q9ht6.pages.dev/89a09e9q9ht6.pages.dev/407a09e9q9ht6.pages.dev/580a09e9q9ht6.pages.dev/455a09e9q9ht6.pages.dev/421
on peut en mourir a la fin en 10 lettres